A cinq jours du début des Jeux Olympiques de Paris, focus sur la Seine-Saint-Denis, au coeur de ces JO. Karim Bouamrane, Stéphane Troussel et Mathieu Hanotin, trois acteurs majeurs du département sont les invités du 8h20 de France Inter.
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00:00La banlieue a-t-elle déjà gagné la médaille d'or des Jeux Olympiques ?
00:03À cinq jours de l'ouverture de Paris 2024, la Seine-Saint-Denis est plus que prête à se lancer dans la compétition.
00:10Le 93e département le plus pauvre d'Hexagone accueille des épreuves, des sites d'entraînement et l'immense village olympique.
00:16Alors est-ce une chance ou un mirage ?
00:18Éphémère, on avait envie d'entendre ce matin les élus de ces territoires.
00:21Ils sont trois. Bonjour Stéphane Troussel.
00:23Bonjour.
00:23Vous êtes le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Karim Mouamran.
00:27Bonjour.
00:28Mouamran, oui, maire PS de Saint-Ouen et à distance avec nous Mathieu Annotin.
00:33Bonjour.
00:34Bonjour.
00:34Maire PS de Saint-Denis.
00:37Alors tous les projecteurs sont braqués sur vous, Karim Mouamran.
00:40Même le New York Times a parlé de vous.
00:42Vous avez eu le droit à votre portrait en une du journal américain.
00:44Ce maire français a déjà tout gagné, a dit le New York Times.
00:47Vous êtes d'accord, vous avez tout gagné déjà ?
00:49On a tout gagné, c'est un accélérateur de particules, que ce soit Saint-Ouen, Saint-Denis ou l'ensemble du département.
00:55En termes d'héritage, en termes d'infrastructures, en termes de qualité de vie, en termes de fierté,
01:00en termes d'améliorer concrètement la vie des gens, ça a été...
01:05On va détailler tout ça, mais sur l'image, sur le rayonnement international.
01:08Pendant longtemps, ça a été un département qui était soit méconnu, soit stigmatisé,
01:12pour des raisons qui n'étaient pas forcément florissantes.
01:15Et là, le fait qu'on puisse faire l'année du New York Times, il y a une reconnaissance,
01:19mais il y a aussi surtout un continuum de tout ce qu'on fait depuis des années et des années.
01:22Et c'est intéressant que ce soit un média étranger qui fasse la une.
01:26On aurait souhaité que ce soit un média français.
01:29Bon, ça a été les Américains et ça a donné lieu à d'autres médias ensuite plus locaux, plus nationaux.
01:36Mais c'est une fierté et c'est surtout une reconnaissance de toutes celles et ceux qui s'impliquent chaque jour.
01:41Et au bout d'un moment, lorsqu'on voit l'amorosité ambiante, c'est une bouffée d'air frais.
01:45C'est bien, ça nous donne énormément d'espoir et d'espérance.
01:48Mathieu Annotin, la flamme olympique va terminer son périple chez vous à Saint-Denis, avant la cérémonie sur la Seine.
01:54L'enjeu d'image, il est crucial également ?
01:58Oui, comme le disait Karim, effectivement, pour nous, l'enjeu de changement finalement de l'image projetée,
02:06du regard des autres sur la Seine-Saint-Denis, il est absolument crucial.
02:10Parce que, disons-le, les choses sont en train de bouger.
02:15Et depuis quelques années déjà, et notamment du fait d'un certain nombre de décisions politiques que les uns et les autres,
02:21nous sommes en mesure de prendre.
02:23Mais les Jeux olympiques et paralympiques peuvent nous aider massivement à servir de révélateur sur ce que nous sommes réellement.
02:32Et de ce point de vue-là, je mettrai non pas un bémol, mais quand vous dites « nous avons déjà tout gagné »,
02:40C'est le New-York Times qui le dit. Je me demande si vous êtes d'accord, justement, avec cette ramble.
02:45Je suis d'accord sur le fait que nous avons déjà gagné, puisque l'héritage matériel pour les habitants de la Seine-Saint-Denis,
02:52pour les habitants de Saint-Denis, de Saint-Ouen, de Pleine-Commune en particulier, il est évidemment colossal.
02:58Mais nous n'avons pas encore tout gagné, puisque l'histoire est en train de s'écrire.
03:02Et c'est aussi ça, l'enjeu des jours qui viennent. Karim Bouamrane parlait à l'instant de fierté.
03:08Oui, nous avons besoin de retrouver cette fierté pour nos habitants d'habiter ici, de le clamer haut et fort.
03:17Mais aussi pour finalement, en provoquant ce révélateur que j'évoquais de changement d'image, de donner envie.
03:26De donner envie d'abord à des gens de venir habiter, ça existait déjà, mais aussi à des gens de venir investir.
03:33Et finalement, de nous permettre de créer une sorte de mouvement de progrès qui, demain, continuera de bénéficier aux habitants et aux habitantes.
03:44Mathieu, à noter, la flamme termine son périple à Saint-Denis, devant la basilique.
03:48Qui seront les trois derniers porteurs de la flamme, vous pouvez nous le dire ?
03:52Je ne vais pas vous le dire.
03:54Parce que c'est un visage de la France que vous allez présenter, j'imagine, ça doit être très impolite.
03:59Ce qu'on a voulu, ce qu'on a travaillé avec, notamment, toutes les équipes de Paris Nobile 24, c'est pour qu'effectivement, ce moment, il soit symboliquement extrêmement fort.
04:07Et j'allais dire, c'est pour moi particulièrement important dans le contexte politique national que nous vivons, pour ne pas dire que nous subissons tous et toutes.
04:19Je pense que plus que jamais, nous avons besoin de messages de rassemblement et de concorde républicaine.
04:27Finalement, Saint-Denis, à travers le changement que j'évoquais préalablement, c'est aussi ça le message qu'on veut porter et qu'on veut finalement apporter à la République.
04:40De montrer que oui, une société cosmopolite, une société de toutes les diversités, elle peut bien vivre, bien sûr, mais elle peut demain devenir désirable.
04:53Et ça, c'est pour nous le meilleur antidote aux différentes passions tristes.
04:57Alors, ce que je peux vous dire, c'est que sur le 26, je ne vais pas vous donner les noms, mais on va faire quelque chose qui va être vraiment assez exceptionnel.
05:04Ça a été annoncé, il y aura le chanteur Slimane qui sera là pour un dernier concert juste avant le démarrage de la cérémonie d'ouverture.
05:16Et ce qu'on vise avec nos trois derniers relayeurs, parce qu'il y en aura toute la journée des relayeurs qui vont être très connus autour du Stade de France, du Centre Aquatique.
05:27D'autres qui seront aussi des relayeurs avec beaucoup de sens au niveau local, des acteurs et actrices du territoire très investis.
05:36Mais les trois derniers, l'idée, c'est qu'il y en ait un qui incarne vraiment Saint-Denis et un parcours de réussite absolument incroyable.
05:47Un ou une autre qui incarne évidemment notre pays, la France et toutes nos valeurs républicaines.
05:53Et puis un qui incarne notre ouverture au monde.
05:55Et pourquoi pas, on pourrait imaginer qui incarne ce pont avec nos amis de Los Angeles, avec lesquels on travaille déjà pour préparer la prochaine Olympiade.
06:03Il y a des indices. Le défi en termes d'images, on a compris. Il y a aussi un défi en termes d'héritage matériel.
06:09Stéphane Troussel, la Seine-Saint-Denis, votre département a perçu 80% des investissements publics des Jeux Olympiques.
06:16Exactement. Quand nous nous sommes investis tous ensemble dans cette candidature de Paris 2024, finalement la préoccupation qui était la nôtre, en particulier les élus de Seine-Saint-Denis,
06:26c'était à la fois bien sûr de participer à cette grande fête, à ce plus grand événement sportif international, mais c'était d'abord de penser l'après-jeu.
06:36C'était de penser les logements, les gymnases, les piscines...
06:41Ça se chiffre en milliards d'euros ?
06:43Oui, puisque par exemple le budget de la Solidéo, l'entité qui a été chargée de construire les équipements durables,
06:52c'est un budget d'à peu près 4 milliards et 80% de ce budget de la Solidéo se déploie en Seine-Saint-Denis.
07:00Et donc oui, c'est colossal.
07:01J'ai l'habitude de dire d'une formule que quand la flamme sera éteinte et quand un touriste dans 5, 10, 15 ans se dira qu'est-ce qu'ont été les Jeux de Paris 2024,
07:13ce n'est pas sous la tour Eiffel qu'ils viendront voir la trace des Jeux.
07:17C'est à Saint-Ouen, à Saint-Denis, à l'Île-Saint-Denis, à Duny, au Bourget, à la Courneuve et ailleurs, où il y a des logements encore une fois,
07:23il y a des espaces agrandis, il y a des ponts, des passerelles...
07:27Oui c'est ça, il n'y a pas que des équipements sportifs en fait.
07:29Non, il y a...
07:30Il y a eu beaucoup de budget mis sur les pistes cyclables, les routes...
07:32Les pistes cyclables, les routes, l'enfouissement de...
07:34Enfin, imaginez que...
07:35Carrément à Boisne-Rhin sur votre territoire...
07:37Je termine par ça, imaginez qu'à l'Île-Saint-Denis, une ville en pleine zone dense, il y avait encore des pylônes avec des lignes à haute tension.
07:47Grâce aux Jeux, elles sont enfouies, des murs anti-bruit, des passerelles et des ponts sur l'autoroute ou sur la Seine,
07:53la reconquête des berges de la Seine, en Seine-Saint-Denis, alors que le fleuve a été longtemps tourné vers l'activité économique.
07:59Grâce aux Jeux, les habitants, les territoires vont pouvoir en faire des lieux de promenade, de loisirs, de détente.
08:07Et ça, ça change, oui, concrètement la vie des gens.
08:09À Saint-Ouen aussi, on va bénéficier de nouvelles infrastructures ?
08:13Déjà, déjà, déjà. Vous avez par exemple, pas que sportives, vous avez l'aspect culturel.
08:17On a une aréna qui s'appelle l'Île-des-Vannes, qui a été conçue en 1971,
08:23et qui a eu la chance de recevoir Bruce Springsteen, le boss dans les années 80, Pink Floyd, Led Zeppelin,
08:28et évidemment, Georges Marchais, le leader communiste, qui a été un autre style, plus cultural,
08:35une voix un peu plus posée, plus passionnée.
08:41Un investissement à la hauteur de 14 millions, on a des crèches, une école,
08:45et ce qu'on appelle le village olympique, qui va recevoir des milliers et des milliers d'athlètes,
08:49qui va se traduire par ce qu'on appelle une réversibilité, c'est-à-dire qu'on va avoir 1000 logements,
08:54avec une partie de logements sociaux pour pallier une partie de la crise de logements.
08:58On a également un élément qui est fondamental et qui est consubstantiel à toute ville,
09:03c'est l'arrivée des commerces, avec diversité en termes de commerces.
09:07– Vous le sentez, ça, dès aujourd'hui ? Une attractivité ?
09:09– Très concrètement, l'attractivité, on l'a vu encore il y a 15 jours,
09:13avec l'arrivée du commerce de Thierry Marx, où on a ouvert un bouillon,
09:17on a ouvert un commerce avec Olivier Bertrand,
09:19on a rénové, avec l'aide de Pleine Commune, qui est présidée par Mathieu Annotin,
09:23toute la place de la République, et là également de la région.
09:27Ça a été vraiment un accélérateur de particules,
09:29et on a pu, indirectement, bénéficier de l'aide de l'État
09:33pour pouvoir rénover nos logements sociaux, 1700 logements sociaux,
09:36grâce à un dispositif très simple qui s'appelle l'ANRU.
09:39Et s'il n'y avait pas eu, en amont, les Jeux Olympiques,
09:42on n'aurait pas pu avoir des éléments de négociation avec l'État,
09:46comme ce que j'appelle souvent un accélérateur de particules.
09:48Donc il y a des aides directes, mais aussi indirectes,
09:50que ce soit au niveau logement, au niveau culture, au niveau sportif, au niveau santé.
09:55On a un campus hospitalier qui va s'installer.
09:57La santé est un élément important, avec le pouvoir d'achat pour les Françaises et les Français,
10:02où on a 12 000 étudiants qui font ça.
10:04Proximité des services publics, exactement, donc améliorer très concrètement la vie des gens.
10:07Et surtout, un élément qui est fondamental, les transports.
10:10On a inauguré, il y a quelques semaines, la ligne 14 avec le président de la République,
10:15la gare Carrefour-Pleyel, qui va nous donner la possibilité
10:18de mettre vraiment la Seine-Saint-Denis au centre de la métropole,
10:21avec des villes comme Saint-Ouen-Saint-Denis, où on a développé le baril-centre.
10:25Donc sur le plan économique, sur le plan culturel, sur le plan socio-culturel,
10:28sur le plan aussi existentiel, parce qu'il y a encore une fois une fierté.
10:31Je dis souvent Paris est devenu la banlieue de Saint-Ouen,
10:34et Paris est devenu la banlieue de la Seine-Saint-Denis.
10:37Alors justement, sur cet échange de population, Mathieu, à noter,
10:39les appartements qui sont aujourd'hui le village olympique,
10:45qui vont se vendre après, ils ne se vendent pas très très bien apparemment.
10:49Est-ce que les prix ne sont pas trop chers ?
10:52Est-ce qu'on ne vise pas des populations hors 93 ?
10:55Est-ce qu'on ne vise pas faire venir par exemple des parisiens dans le 93,
11:00au détriment des populations qui y sont aujourd'hui installées ?
11:04– Alors, vous savez d'abord que nous ne sommes pas une république autonome.
11:07– Absolument.
11:08– C'est important de le préciser,
11:10c'est qu'il y a quand même une crise de lignes mobiliers partout en France,
11:13et elle touche également le territoire de Saint-Denis,
11:17nos villes, de manière similaire.
11:21Quand l'accès au crédit bancaire avec la crise du logement est extrêmement compliqué,
11:25il l'est aussi pour nos habitants
11:30et pour les gens qui souhaitent venir vivre à Saint-Denis.
11:33– Mais là on a dit que les prix de départ étaient un peu trop élevés,
11:34d'ailleurs les prix ont baissé après pour vendre ces appartements.
11:37– C'est ça, c'est l'avantage de la confrontation
11:41entre la réalité d'un souhait et la réalité d'un marché.
11:48Donc moi je l'ai dit aux promoteurs,
11:50effectivement je pensais que leur prix était trop élevé,
11:52ils ont pour un certain nombre d'entre eux souhaité quand même s'y confronter,
11:56et puis la réalité a repris le dessus.
11:58De toute façon s'il n'y a personne pour acheter,
12:00c'est que le prix est trop élevé.
12:02– Il y a un procès en gentrification, vous l'entendez aujourd'hui ?
12:05– Je l'entendais, j'attendais que vous le traduisiez,
12:08parce que ce n'était pas très clair dans votre question d'origine.
12:11Moi je… comment dire, ce procès est complètement farfelu en gentrification.
12:19D'abord parce qu'on n'a pas attendu le village olympique
12:21pour construire des logements, qu'on est en zone dense
12:25et qu'effectivement il n'y a pas besoin de passeport pour venir à Saint-Denis.
12:27Donc les habitants de la région parisienne
12:32à la recherche d'une solution de logement,
12:35ils viennent déjà depuis de nombreuses années.
12:38Notre défi est plutôt de réussir à suffisamment changer nos villes
12:43pour leur donner envie de rester plutôt que de leur donner envie de venir.
12:46Puisque l'attractivité foncière de Saint-Denis, de Saint-Ouen,
12:49elle est déjà depuis de nombreuses années une réalité.
12:53En changeant le climat quotidien dans nos villes,
12:57on permet aux gens de se projeter
12:59et donc de ne pas venir juste pour 3-4 ans et après revendre.
13:05Donc le but c'est que ça profite quand même aux populations du 93 ?
13:08Bien sûr, mais ce que je voulais vous dire,
13:10c'est quoi les populations du 93 ?
13:12Qu'est-ce qui fait qu'on est communauté locale ?
13:16Une communauté locale, c'est les gens qui choisissent justement un destin commun,
13:21ceux qui choisissent de venir pour habiter sur un territoire.
13:25Et nous, nous voulons et nous continuons de travailler,
13:29Karim Bouamrane l'évoquait à l'instant,
13:30avec l'ANRU pour l'amélioration de tous nos logements sociaux.
13:33On continue effectivement à construire à la fois des nouveaux,
13:38mais aussi à les rénover.
13:39Mais nous souhaitons également pouvoir diversifier notre offre de logement.
13:45Parce que ce n'est pas dans une logique de séparatisme social à l'échelle de l'île de France,
13:50qui est quand même celle qu'on connaît depuis 30-40 ans,
13:53qu'on construira des solutions pérennes.
13:56Karim Bouamrane veut réagir à ce que vous dites.
13:58La question que vous posez est la question effectivement,
14:00lorsqu'il y a développement, lorsqu'il y a progrès,
14:02est-ce qu'il est partagé ou est-ce qu'il est privatisé ?
14:04Et la première question, c'est le logement.
14:05Et effectivement, des villes comme les nôtres,
14:07avec des transports, avec un dynamisme économique,
14:11engendre de l'attractivité.
14:12Ça va faire venir des Parisiens ?
14:14Ça fait venir automatiquement des Parisiens.
14:15La question, c'est comment nous, responsables politiques locaux,
14:19on arrive à agir directement sur les questions du logement.
14:22Donc il faut vraiment travailler sur une politique de logement
14:24en direction de l'existant.
14:25Donc faire en sorte que le turnover, le renouvellement,
14:29puissent bénéficier surtout à celles et ceux qui y vivent,
14:32les jeunes, celles et ceux qui sont fragilisés,
14:35qui sont précarisés en Ile-de-France.
14:37Et Mathieu Annotin l'évoquait,
14:39on a quasiment 8 millions de mal logés ou de précarisés
14:42sur les questions de logement.
14:43Donc ça, c'est le premier point.
14:43Et surtout, lorsqu'on construit, impliquer,
14:48appliquer de façon très claire un pourcentage de logements sociaux.
14:51Et logements sociaux, ça ne veut pas dire
14:53gatorisation ethnique, sociale ou religieuse.
14:55Ça signifie qu'à partir du moment où
14:57on n'a pas forcément un salaire extrêmement confortable,
15:00on puisse bénéficier d'une politique de services publics.
15:02Donc le levier est le logement.
15:04Stéphane Troussel ?
15:04Oui, bien sûr, vous savez, on est très engagés
15:07tous les trois ensemble et on partage cette même vision
15:09de ce que doit être le développement de notre territoire.
15:12Et après les Jeux, la Seine-Saint-Denis restera en Ile-de-France
15:17et même, je pense, en France métropolitaine,
15:20le département qui aura le pourcentage de logements sociaux le plus élevé.
15:25Et parce que c'est notre histoire, parce que depuis toujours,
15:29j'ai envie de dire, y compris par-delà les alternances politiques.
15:32Oui, il y a un souhait d'avoir un territoire équilibré
15:36qui permet à chacun de pouvoir s'y retrouver.
15:39Ce n'est pas tellement à la Seine-Saint-Denis
15:40qu'il faut faire le reproche de la gentrification et de la séparation.
15:44Parce que la réalité, c'est plutôt une réalité de l'Ile-de-France
15:49qui reste très fracturée socialement.
15:53En dépit des évolutions de la Seine-Saint-Denis,
15:55en dépit de ses programmes de logement,
15:58vous avez un déséquilibre ouest-est qui reste très fort
16:03avec une faiblesse du nombre de logements sociaux
16:06dans d'autres territoires de l'Ile-de-France.
16:08J'ai envie de dire que chacun de ces territoires
16:11doit contribuer justement à la solidarité,
16:15à l'équilibre de l'Ile-de-France.
16:17Et oui, en Seine-Saint-Denis, il faut continuer d'agir
16:21pour à la fois diversifier l'habitat,
16:24mais permettre qu'il y ait tout type de solutions
16:27qui permettent à chacun, quelle que soit sa situation,
16:30de pouvoir choisir la Seine-Saint-Denis,
16:32de pouvoir choisir d'y rester.
16:34Y compris parce que c'est souvent l'argument qui, par le passé,
16:37nous a été opposé quand il y avait des volontés de diversifier l'habitat.
16:41Eh bien, il y a des gens qui ont vu leur situation évoluer,
16:45qui n'ont pas trouvé en Seine-Saint-Denis les moyens d'y rester et sont partis.
16:48Et donc, nous, ce que nous voulons,
16:50c'est de la mixité, de la diversité et de l'équilibre.
16:53Et je veux dire autre chose,
16:54c'est que finalement, les Jeux, à la fois qu'Arim et Mathieu le disaient,
16:58c'est un révélateur, c'est un accélérateur
17:01de ce qui est en train de se passer sur ce territoire.
17:04Il y a des transformations qui vont se poursuivre,
17:05à la fois avec les transports,
17:07mais aussi avec de multiples projets.
17:10Centre hospitalier universitaire à Saint-Ouen,
17:12Campus Condorcet au Bervilliers,
17:14grande direction du ministère de l'Intérieur qui vont s'y installer,
17:17Atelier Médicis à Clichy-sous-Bois.
17:19Finalement, on a dix ans de transformations devant nous.
17:22Alors, l'actualité politique des dernières semaines a percuté
17:25les derniers préparatifs des JO.
17:27Est-ce que la dissolution a gâché la fête ?
17:30En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on voyait depuis Marseille
17:34la ferveur populaire en train de se développer.
17:37Quand la flamme olympique est arrivée, du bénef.
17:39Exactement, et on a vu ça dans toutes les villes de France
17:42qui étaient traversées par la flamme.
17:45Et donc, cette annonce du président de la République,
17:47au-delà de l'annonce elle-même,
17:49mais surtout avec le risque qu'il a fait peser sur le pays
17:52d'une victoire de l'extrême droite,
17:54dont les valeurs sont totalement contraires,
17:56non seulement à la République française, mais à l'olympisme,
17:59ce que représente ce grand événement qui rassemble les peuples.
18:05C'est ça qui, oui, à la fois a mis le pays dans un climat lourd, anxiogène
18:10et a mis les jeux, finalement, un peu en arrière de l'actualité.
18:15Et donc, on s'est mobilisés à la fois pour faire échec à l'extrême droite
18:18et puis à reprendre cette ferveur populaire.
18:20Et on est en train de l'augmenter aujourd'hui.
18:22Oui, il y a un aspect anxiogène avec la crainte de la prise de pouvoir du RN.
18:28Et puis, ça nous a attristés aussi, parce qu'effectivement,
18:31on était en pleine dynamique, ça fait...
18:35On n'a pas eu du tout la tête au JO ces dernières semaines, c'est venu là il y a quelques jours.
18:39Nous, c'est un rêve de gosse.
18:41Moi, je suis né à Saint-Ouen, le village olympique est en bas de là où j'ai grandi.
18:46Et du jour au lendemain, le 9 juin, on nous apprend qu'il y a une dissolution
18:49et que le RN peut prendre le pouvoir.
18:50Donc effectivement, ça nous a freinés.
18:51Mais là, on a repris de l'énergie.
18:55Là, on est heureux, comme disent les Américains, on a repris du juice.
19:01Donc non, on a de l'espoir et puis la fête va être belle.
19:03Mais pour parler de politique encore,
19:05est-ce que l'hypothèse d'un gouvernement nouveau Front populaire s'éloigne aujourd'hui
19:09avec ces trois derniers jours, ce qui s'est passé à l'Assemblée ?
19:14C'est un peu compliqué, cette histoire.
19:15En tout cas, moi, je ne le crois pas.
19:17On a une assemblée qui est complètement illisible aujourd'hui, certes.
19:19Mais en l'occurrence, ces élections, elles ont marqué quoi ?
19:24Le refus de l'extrême droite.
19:28Un Front républicain qui a été très large pour faire échec à l'extrême droite.
19:31Et dans ce Front républicain, la gauche et les écologistes sont arrivés à leur tête.
19:36Et donc, la logique politique voudrait que le président de la République
19:43appelle un Premier ministre issu de la gauche.
19:48Les négociations vont repartir à gauche pour proposer un nom ?
19:50Et à la gauche, ensuite, à l'Assemblée, de chercher des majorités, texte par texte,
19:56pour permettre d'apporter les réponses à la colère et au sentiment d'abandon
20:01qui s'est exprimé sur le pouvoir d'achat, sur la sécurité.
20:03La gauche, elle est dans la majorité ? Elle est dans l'opposition aujourd'hui ?
20:06On n'arrive pas à comprendre ça.
20:07À l'Assemblée nationale, elle est de fait dans l'opposition
20:09dès lors que la présidente a été réélue.
20:14Mais c'est au président de la République maintenant de nommer un Premier ministre.
20:18Je pense qu'en étant dans une situation digne de la Quatrième République,
20:20on aurait dû avoir, à mon sens,
20:22c'est des propos qui n'engagent que moi,
20:23un discours un peu plus clair en direction des Françaises et des Français
20:28en disant qu'effectivement, le premier camp qui a gagné,
20:30c'est toutes celles et ceux qui se sont exprimés,
20:31le camp républicain qui s'est exprimé contre le Rassemblement national.
20:34Et au sein de ce camp, c'est la gauche et les revendications de la gauche,
20:37le pouvoir d'achat, l'éducation, le logement.
20:40Et là, trouver une plateforme de projet commun pour éviter qu'il y ait blocage.
20:44Donc on espère qu'il va y avoir des blocages parce qu'effectivement,
20:47la gauche s'est exprimée en tête avec énormément d'espoir et d'espérance.
20:50Merci. Merci beaucoup d'avoir été en direct.
20:53Je ne voulais pas vous couper avec nous ce matin.
20:55Mathieu Annotin, vous étiez à distance,
20:56maire PS de Saint-Denis, Karim Bouamran, maire PS de Saint-Ouen,
21:00et Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
21:03Je vais vous souhaiter de bons jeux.
21:04Je précise simplement qu'on va diffuser la cérémonie d'ouverture sur France Inter
21:08en intégralité vendredi prochain.
21:10Donc ce sera à suivre sur notre antenne.
21:12Je vous souhaite une bonne journée et des très bons JO.
21:14Vive le service public. Merci.