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00:00J-7 avant la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris.
00:04Les athlètes arrivent depuis plusieurs jours maintenant dans la capitale, où les affiches, logos, mascottes des JO s'affichent un peu partout.
00:12Et l'homme derrière cette identité visuelle des JO, comme on dit, c'est notre invité aujourd'hui sur France 24, Joachim Roncin,
00:19le directeur du design des JO de Paris, par ailleurs créateur du slogan « Je suis Charlie » après les attentats de novembre 2015,
00:26auquel vous avez consacré un ouvrage en janvier dernier.
00:29Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation aujourd'hui sur France 24 pour parler de ces JO.
00:34Ça fait plus de cinq ans maintenant que vous travaillez sur les JO de Paris 2024, bientôt la fin de l'aventure, l'aboutissement d'une carrière.
00:44Alors d'une carrière, j'espère pas. J'espère pas d'une carrière.
00:47En tout cas, un moment important de votre carrière.
00:49Oui, un moment excessivement important. Je pense que c'est l'histoire d'une vie, ce qui m'arrive depuis cinq ans,
00:55parce que, effectivement, j'ai vécu tellement de choses pendant cinq ans, que ce soit créer une mascotte,
01:02rencontrer des gens qui fabriquent des mascottes, ça ne m'était jamais arrivé,
01:05mais aussi travailler avec la Monnaie de Paris, la Maison Chaumet pour faire les médailles,
01:10ou encore ArcelorMittal pour faire les torches avec Mathieu Lehanner.
01:15Donc voilà, c'est toutes ces choses-là. Condensées en cinq ans, je pense que j'ai vécu une vie de designer sur 30 ans.
01:21Et ça, c'est assez exceptionnel.
01:23Comment vous avez été sélectionné ? Qu'est-ce que vous avez ressenti, d'ailleurs, à ce moment-là ?
01:26Je n'ai pas été sélectionné, on est venu me chercher.
01:29À l'époque, je travaillais, j'avais un magazine qui s'appelait Stylist.
01:33C'était un gratuit féminin qui était distribué à la sortie du métro.
01:36Et voilà, j'ai été repéré par Thierry Roboul, qui est le directeur exécutif,
01:43notamment des cérémonies et de toute la partie création chez Paris 2024.
01:47Et donc, il m'a contacté et il m'a dit que ce serait peut-être intéressant que je rejoigne l'aventure.
01:52Chose que j'ai faite.
01:54Et au début, j'étais un peu frileux à l'idée, parce que je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais.
02:00Et puis, petit à petit, en discutant avec Tony Estanguet, avec Thierry Roboul,
02:04je me suis rendu compte qu'ils étaient prêts à faire énormément pour la création
02:08et qu'ils mettaient un point d'honneur à ce que ces jeux soient des jeux
02:12qui mettent en avant la création française dans toute sa splendeur.
02:16C'était quoi le brief, le cahier des charges initial ?
02:19Et où est-ce que vous avez trouvé l'inspiration pour tous ces éléments ?
02:23A la fois, on l'a dit, la mascotte, les logos et puis les affiches.
02:26On va les commenter ensuite, mais comment ça s'est passé ?
02:29L'idée, c'est d'abord d'essayer, dans le design, que ce soit graphique ou même d'objet ou peu importe,
02:34l'idée, c'est toujours de servir un sens, que ça a un sens, qu'il y a un propos derrière.
02:37Ce n'est pas juste joli. On ne peut pas se permettre d'être joli ou pas joli.
02:41Ce n'est pas sur ça qu'on va juger la création chez Paris 2024.
02:44C'est véhiculer des messages ?
02:46Le message de rapprocher l'Olympisme du Paralympique, par exemple,
02:49était un des premiers messages sur lesquels j'ai travaillé.
02:52Le message de sortir le sport des enceintes sportives et que le sport soit pour tous.
02:58Ça, c'était aussi un message très important.
03:00Et l'autre message qui nous a animés depuis cinq ans, c'est la parité homme-femme.
03:05Ça, c'était quelque chose d'extrêmement important.
03:07En tout cas, en prenant en compte tous ces messages-là, qui sont pour moi aussi très importants,
03:12j'ai essayé de faire mon petit bonhomme de chemin dans la création
03:15et de véhiculer ces messages-là dans la création.
03:17Et on voit d'ailleurs, vous, les mascottes.
03:19Les mascottes, oui.
03:20Comment ça a été décidé, tout ça ?
03:22C'est un appel d'offres qui a été fait auprès d'agences
03:25sur ce que devait être la mascotte de Paris 2024.
03:28Une idée est sortie, à savoir l'idée des mascottes friges, avec le bonnet frigien.
03:34Il y a eu plein de propositions.
03:35Il y avait les pigeons, le chat, les gargouilles, il y avait plein de choses.
03:39Très parisiens.
03:40Oui, oui, très parisiens.
03:41Après, on voulait quelque chose qui évoque aussi notre volonté de rupture.
03:45Et donc, on se dit que le bonnet frigien évoque bien ça,
03:49la rupture et la révolution, en tout cas par le sport.
03:52Alors, vous êtes aussi co-créateur avec le dessinateur Hugo Gattoni
03:56de l'affiche des JO.
03:58Une affiche très belle qu'on va voir à l'antenne dans quelques instants,
04:01avec énormément de détails.
04:04Je crois que c'est 2000 heures de travail à la main.
04:0740 000 personnages sur l'affiche.
04:10Alors là, on voit la version nocturne de cette affiche.
04:14On va commenter justement cette version nocturne dans quelques instants.
04:17Mais sur l'affiche initiale, qui ressemble fortement.
04:21Là aussi, c'était quoi le message ?
04:23Quel était l'univers dans lequel vous vouliez plonger le public ?
04:27Alors, je tiens à préciser que je suis directeur du design de Paris 2024
04:30et pas co-créateur.
04:32C'est une commande que j'ai faite auprès de Hugo Gattoni,
04:35dont je suivais le travail depuis quelques années.
04:37J'aimais beaucoup son travail, il était très riche.
04:39Et il répondait à une envie de Paris 2024
04:42de raconter l'histoire Paris 2024 sur les deux affiches.
04:45Parce que c'est deux affiches qui se rassemblent
04:47et qui créent vraiment la vision de Paris 2024,
04:50à savoir une vision du sport qui sort des arènes,
04:53les athlètes qui se mélangent au public, etc.
04:56Une grande fête populaire.
04:58Et donc, c'est ça le brief que j'ai fait auprès d'Hugo.
05:01Et Hugo a travaillé dans son coin,
05:04a fait pas mal de croquis.
05:06On a eu beaucoup d'échanges de ping-pong créatif,
05:08c'était hyper intéressant.
05:10De placements d'athlètes, de sport, de différentes choses.
05:13Et puis, voilà, le résultat est là.
05:16C'est plus de 2000 heures, comme vous avez dit, de travail.
05:19Incroyable, un travail minutieux.
05:21Moi, la volonté que j'avais, c'était vraiment
05:23de mettre en avant ce savoir-faire à la française.
05:25C'est-à-dire qu'à la différence de ce qui se passe beaucoup en ce moment,
05:28beaucoup d'intelligence artificielle, etc.
05:30Je voulais quelque chose de manuel, d'artisanal.
05:33Et sur les affiches officielles, c'est ça qui est bien,
05:36c'est que c'est manuel.
05:38On peut les apprécier pendant des heures, peut-être 2000 heures même,
05:40parce qu'il y a tellement de détails.
05:42Et puis, un jour, Hugo me dit
05:44« Ah, j'ai fait une erreur, j'ai fait une mauvaise manip sur le fichier
05:48et ça s'est transformé en négatif. »
05:50Mais en fait, je trouve que c'est pas mal, ça donne un truc un peu nuit.
05:53Et c'est comme ça qu'est née cette adaptation nocturne
05:56qu'on voit derrière vous, tout aussi détaillée.
05:58Elle sera bientôt tirée, à partir du 25 juillet, à 2024 exemplaires seulement.
06:03Et donc là, l'idée, c'était quoi ?
06:05On voulait faire une édition spéciale célébration.
06:11Et donc, on s'est dit, on va la sortir la veille de la cérémonie d'ouverture,
06:16en juste 2024 exemplaires.
06:18Ce ne sont pas les affiches officielles.
06:20Les affiches officielles, c'est ce qu'on connaît.
06:22Celle-là, c'est une variation autour.
06:24Une sorte d'édition collector.
06:26C'est exactement 2024 exemplaires, comme vous avez dit.
06:28Ils seront vendus à 200 euros.
06:30C'est les seuls qui sont rassemblés.
06:32Et ils ne sont pas deux affiches séparées.
06:34Et oui, je trouvais ça intéressant,
06:36notamment pour montrer qu'il y a plusieurs aspects à Paris.
06:38Il y a le Paris diurne,
06:40et le Paris nocturne,
06:42qui est complètement différent, mais qui est aussi magnifique,
06:44avec un hommage à la fête,
06:46au vivre-ensemble, etc.
06:48Merci infiniment, Joachim Ronchain,
06:50d'avoir répondu aujourd'hui à nos questions sur France 24.

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