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00:00On reste dans le même sujet avec notre invité Gilles Vieil Marchéz, merci beaucoup d'être
00:06avec nous. Vous êtes professeur des universités à Strasbourg, docteur en sociologie des sports.
00:12Première question toute simple, on vient d'écouter ce sujet et le public. Est-ce que ces JO rendent
00:20les français heureux ? Oui, c'est incontestable. On voit les scènes de l'IS partout, surtout dans
00:31la banlieue parisienne, surtout à Paris. C'est très centralisé quand même par rapport à ça. Il y
00:38a aussi des audiences à la télévision qui sont exceptionnelles. Les résultats sont là,
00:46il semblerait qu'effectivement les français soient heureux. A l'évidence, ces victoires,
00:52ces titres font plaisir comme vous le dites. Ce sont des séquences qui peuvent t'aider à faire
00:57société, si l'on peut dire, puisque le pays est quand même sorti assez fracturé de cette
01:02séquence électorale que nous venons de vivre. Alors il y a plusieurs angles d'attaque,
01:07d'analyse en quelque sorte. Moi, à mes yeux, ce qui est vraiment flagrant, c'est qu'on est
01:14dans un moment spectaculaire. On est vraiment, ce que disait Guy Debord, dans une société de
01:20spectacle. Après, faire société, j'y reviendrai, mais ce qui est vraiment frappant, c'est qu'on a
01:30quand même une forme d'auto-spectacle. C'est-à-dire qu'au-delà du spectacle sportif à proprement
01:36dit, chacun se met en scène, ce qui révèle une société vraiment hyper individualiste. De là que
01:43ça fasse, à un moment donné, qu'il y ait un collectif qui se mette en place, on a des
01:48micro-collectifs qui se mettent en place, par le jeu des réseaux sociaux notamment, puisqu'il y a,
01:54en quelque sorte, on partage les images. On y était, ça a été dit tout à l'heure, fier de voir
01:58les hauts marchands, fier d'y être, on partage tout cela. Après, cette euphorie collective,
02:04c'est indéniable. Après, qu'il y ait vraiment société, je crois qu'on doit attendre un petit
02:11peu puisqu'on est là dans une logique du spectacle qui est nécessairement éphémère. Et comme tout
02:17spectacle, effectivement, il est amené à se terminer. Ce qui voudrait dire quoi ? Ce qui
02:22voudrait dire que le retour à la réalité à la fin de ces Jeux Olympiques et Paralympiques sera
02:28peut-être un peu rude ? La réalité va reprendre ses droits. Il ne faut pas oublier aussi qu'on est
02:35dans un moment de congé, de vacances. Donc, c'est un temps un peu extraordinaire, hors du quotidien,
02:43en quelque sorte. Donc, le quotidien va effectivement revenir. Et effectivement,
02:49la situation française est quand même très fracturée. On l'a vu politiquement notamment,
02:55mais aussi socialement, culturellement. Et puisque vous parlez de politique,
03:02on a vu le président Emmanuel Macron extrêmement heureux dans la tribune,
03:07multipliant les gestes d'affection envers les athlètes. On va peut-être apercevoir une photo
03:12d'Emmanuel Macron avec Thési Riner. C'est calculé par cette tente de désaffection politique pour
03:17lui ou au contraire, c'est spontané ? On sait qu'Emmanuel Macron aime les bienfoules.
03:21Oui, mais cette instrumentalisation par le politique, elle n'est pas nouvelle. Le sport
03:29est politique en quelque sorte par essence. Dès sa naissance, il a fallu à un moment donné avoir
03:38des installations sportives. Donc, il a fallu avoir aussi un appui des politiques. Donc,
03:47le sport est instrumentalisé, particulièrement dans la situation actuelle. Et puis, ça a été
03:57utilisé par l'ensemble des présidents de la République française. Emmanuel Macron est
04:02dans une lignée, en quelque sorte, on se souvient de Chirac en 1998. Donc, voilà,
04:10oui, effectivement, je pense qu'il y a une forme d'utilisation des sportifs et du sport par les
04:16politiques. Et tout cela en lien, si l'on vous suit bien, avec la société du spectacle,
04:22Gilles Vieil Marchéz, qu'est-ce que ces images disent ou peuvent dire de la France, mais à
04:28l'étranger ? Alors là, il y a les JO aujourd'hui, qui sont utilisées pour montrer le savoir-faire
04:35français. Et là, on l'a vu pour la cérémonie d'ouverture par rapport à une culture humaniste,
04:40une culture inclusive. Voilà, on est le pays des droits de l'homme. Donc, ces Jeux olympiques,
04:49c'est une vitrine formidable par rapport à ce savoir-faire français. Et je pense que là,
04:55c'est une réussite, notamment par rapport à la place des arts dans ces Jeux olympiques. On le
05:02voit à la fois sur cette cérémonie d'ouverture, mais on le voit aussi à chaque fois sur ces pauses
05:07pour donner un temps, un rythme au spectacle sportif. Il y a des pauses artistiques et cette
05:15place des arts est quand même à noter dans ces Jeux olympiques. Est-ce que ces compétitions,
05:21les succès qui les entourent, sont de nature, selon vous, à réconcilier des Français avec le
05:28sport plus généralement ? Aujourd'hui, on le voit, il y a un sentiment d'appartenance nationale qui
05:36est mis en avant. On chante la marseillaise, on voit les drapeaux français. Donc, il ne faut pas
05:45oublier qu'il y a un sentiment d'appartenance nationale qui est fort, il y a une demande. Le
05:50nationalisme, même si c'est un petit peu différent, c'est quand même plus d'un tiers des électeurs
05:58français. Donc, il y a une forme de soif de France, en quelque sorte, qui émerge de ces Jeux olympiques.
06:05Mais la plupart du temps, de tous ces grands événements sportifs internationaux. Et cette
06:10soif de sport, ces JO peuvent l'étendre en quelque sorte, même si, comme vous le dites aussi, ça ne
06:17durera pas éternellement ? Non, tout cela est très éphémère et concerne, il faut le dire aussi,
06:24une partie de la population. Ces Jeux olympiques restent quand même élitistes au vu des prix des
06:29places. Il faut monter à Paris, tout est très cher. Donc, être dans le spectacle, ça a quand
06:37même un prix et c'est réservé à une certaine catégorie de population. Il y a quand même des
06:42exclus, donc plutôt en région, plutôt dans les quartiers populaires. Donc, attention de ne pas
06:51avoir d'excès de vitesse en termes d'interprétation par rapport à une unité nationale. Merci beaucoup,
06:56professeur Gilles Vieilli-Marchizet d'avoir été avec nous sur France 24, professeur des
07:02universités à Strasbourg, docteur en sociologie de l'esport. C'était l'invité d'A la Une Weekend.
07:08Merci beaucoup.