Pierre de Vilno revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui, il reçoit Gérard Holtz, journaliste et commentateur sportif, dans le cadre des préparatifs de la cérémonie des Jeux olympiques. L'occasion d'évoquer le nouveau livre de Gérard Holtz, "Légendes des Jeux", qui revient sur 400 incroyables histoires d'athlètes olympiques.
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00:0011h, 13h, Europe 1 et vous, Pierre Devigne.
00:05Vous écoutez Europe 1, elle est midi 5 et Pierre, nous avons l'honneur de recevoir M. Gérard Holtz.
00:11Mais on va s'aplatir devant lui. On va s'aplatir devant Gérard.
00:15Non, c'est trop, c'est trop. Et c'est surtout un grand plaisir, Pierre.
00:20C'est un grand plaisir d'être avec vous, Pierre, parce que mon rêve, presque d'adolescence,
00:26c'était d'entrer à Europe 1, de travailler à Europe 1, d'être à votre place, comme ça.
00:30Et là, de temps en temps, comme ça, grâce à des amis, grâce à Pascal Praud, grâce à Pierre,
00:35grâce à Sophie Davant, je me permets de passer sur votre antenne et c'est un grand plaisir.
00:39Mais c'est aussi un énorme plaisir pour nous, Gérard, vous le savez bien.
00:43Vous le savez bien et d'autant que les JO approchent, Paris est totalement quadrillé.
00:48Je crois que vous n'êtes pas à Paris, vous avez fui, mais vous allez peut-être revenir pour...
00:53Vous allez peut-être revenir pour voir les épreuves, notamment dans la Seine,
00:56puisque maintenant, vous avez vu qu'on pouvait se baigner. Certains ont donné le la.
01:00Et puis surtout, on a cette cérémonie qui arrive et à l'occasion de ces Jeux,
01:06voici ce très beau livre que vous signez avec votre fils.
01:09Légende des Jeux, 400 histoires qui ont fait la légende du plus grand événement mondial de sport.
01:15Question simple, Gérard Rolls, pourquoi ?
01:17Est-ce que c'est le plus grand événement mondial de sport ?
01:20Est-ce que c'est d'abord parce que c'est le plus ancien ?
01:23Alors oui et non. Oui, c'est vrai que c'est le plus ancien, 776 avant Jésus-Christ.
01:29Et ça a duré 12 siècles, jusqu'en 394.
01:32Et puis l'avantage de cette époque-là, c'était la paix entre cités qui, sans arrêt, levait les armes.
01:39Et là, on a transformé, on a posé les armes pour transformer ça en compétition sportive,
01:45avec le lancement du disque, le lancement du jablot, la course à pied, la course de char.
01:49Donc oui, c'est l'un des plus anciens.
01:51Non, c'est surtout parce que, en fait, c'est la grande fête mondiale du sport.
01:55C'est-à-dire que là, on va avoir 206 nations qui vont venir à Paris.
02:00On va avoir tous les sports, pratiquement.
02:03Bon, malheureusement, il n'y a pas le karaté.
02:05Et j'ai des copains qui font du karaté qui se disent « mais c'est incroyable, on n'est pas aux Etats-Unis. »
02:09Ah oui, il y a toujours des râleurs qui disent « il n'y a pas de tel sport » ou « il n'y a pas de tel sport ».
02:12Enfin, à un moment donné, on essayait quand même de faire un consensus.
02:14Tous les peuples, tous les sports, là, réunis dans un climat de fraternité, d'amitié, de partage.
02:23C'est la fameuse histoire que je vous raconterai peut-être tout à l'heure
02:26entre Luke Sloan et Jesse Owens en 1936, là,
02:30entre le blanc et l'afro-américain qui sont devenus des amis sous les yeux d'Hitler,
02:36donc le fureur furieux.
02:38Bref, mais c'est typique, ça, de la symbolique de ces jeux mondiaux
02:43qui est à la fois l'un des plus grands spectacles de sport qui puisse exister
02:48avec du suspense, avec des drames, avec des héros.
02:52Et en même temps, c'est la mise en image et la mise en scène,
02:56puisque ça va se faire sur la scène,
02:58de petites nations qui vont avoir le droit et à la télévision et aux applaudissements
03:04et aussi à leur place dans la grande retransmission.
03:09C'est ça qui est extraordinaire, c'est ce grand mélange.
03:12Trina a une question pour vous, ma chère Trina.
03:14Qu'est-ce que vous pensez de l'arrivée de nouvelles disciplines aux JO,
03:18comme le breakdance ou le skate, par exemple ?
03:20Alors, il le faut, mais pas trop.
03:22Pourquoi pas trop ?
03:25Il le faut parce que le sport, il faut s'en souvenir aussi,
03:28même si Pierre le disait à l'instant, c'est incroyable,
03:31ça date de 776 avant JC,
03:34cette façon de faire du sport là,
03:37mais le sport tel qu'on le connaît aujourd'hui est très récent.
03:40Ça a commencé dans les années 1820-1830,
03:45un peu de football,
03:47le vélocipède 1861,
03:51le rugby qui est arrivé à la fin du 19ème siècle.
03:56Le sport moderne, c'est très très très récent,
03:59et ça bouge tout le temps.
04:01Donc c'est un peu normal d'accueillir des disciplines
04:04qui vont avoir besoin d'un petit peu de médiatique.
04:07C'est ça, à toute époque, il y a eu un sport nouveau.
04:10Voilà, c'est comme ça.
04:11Exactement, voilà.
04:12Alors, on est loin quand même,
04:14parce qu'il faut aussi s'en souvenir,
04:16c'est dans le livre, on le raconte avec mon fils,
04:19dans la légende, en 1900,
04:21pour les premiers Jeux à Paris,
04:23il y avait des sports complètement dingos,
04:25c'est-à-dire qu'il y avait une épreuve d'apnée,
04:27donc il fallait parcourir la plus grande distance sous l'eau,
04:30il y avait tir à la corde,
04:32il y avait montée de corde,
04:34il y avait des hors-bords,
04:36il y avait du motomotisme sur la scène,
04:38des hors-bords aux Jeux Olympiques, vous imaginez,
04:40et puis surtout, le comble du comble,
04:42tir aux pigeons vivants.
04:45C'est-à-dire qu'au bois de Boulogne,
04:47il y a eu une épreuve olympique
04:49qui a été de tirer, il lâchait des pigeons vivants,
04:52et il fallait en tuer le plus possible.
04:54C'était en 1900 aux Jeux Olympiques.
04:55C'est pour ça que de temps en temps,
04:57c'est bon, ça évolue quand même un peu.
04:58Il y a eu le baltrap,
05:00et d'ailleurs, il y a eu un célèbre club à Paris
05:03qui ont tiré sur des pigeons
05:05encore jusqu'en 1976,
05:08le tir aux pigeons,
05:11qui aujourd'hui s'appelle Le Tir,
05:13et qui est plus un club de tennis
05:15qu'un club de tir aux pigeons,
05:16puisque ça a été interdit.
05:18Il y a un auditeur qui voudrait vous poser des questions,
05:20mon cher Gérard.
05:22On a Daniel qui souhaite vous interroger sur le Tour de France,
05:24puisque sur les Jeux Olympiques,
05:25Daniel, vous êtes avec nous ?
05:27Oui, oui, oui, je suis là.
05:29Bonjour Daniel !
05:30Bonjour, bonjour,
05:31je vais peut-être donner un peu du vague à l'âme à monsieur Holtz.
05:34Je suis à Pietrasanta, au bord de la plage.
05:37Peut-être connaissez-vous la Pietrasanta ?
05:39Oui, la réponse est oui !
05:44Alors moi, j'ai une ou deux petites questions à vous poser.
05:46A quand le retour pour des petits spots comme ça,
05:48sur d'anciens cyclistes,
05:50ou même l'ancienne gloire olympique ?
05:53Quand est-ce le retour ?
05:55À la télévision, vous voulez dire ?
05:57Ou des petites émissions sur les anciennes globes ?
06:01Oui, des petits spots !
06:03Un peu ce que faisait Frédéric Tadei,
06:05camarade Frédéric, avec l'art,
06:07le fameux Darda.
06:09Pourquoi pas des petits spots sur des encadrés,
06:12comme on dit dans notre métier, Gérard Holtz ?
06:15Daniel, c'est une super bonne idée,
06:17parce que moi je dis que,
06:19pour profiter des événements au maximum,
06:23de les vivre, comme là on va vivre 3 jours de folie,
06:25vendredi, samedi, dimanche, sur le Tour de France,
06:27c'est une folie ce qu'on va vivre dans les Alpes-Maritimes,
06:30avec ces décors-là.
06:32Vous êtes là-bas, on va trahir des secrets,
06:34vous êtes à Nice, Gérard.
06:36Moi je suis à Nice.
06:38Au côté de la patronne du Théâtre National de Nice, je crois.
06:42C'est ma femme d'amour,
06:44la Murielle d'amour,
06:46qui est à la fois la patronne du théâtre
06:48et en même temps de la villa Eiffreussy.
06:50Donc pour répondre à Daniel, oui, évidemment.
06:53Et j'avoue que ça,
06:55même si je n'ai pas trop envie de revenir à la télévision,
06:57j'ai tourné la page, sans regret,
06:59de la part des émissions,
07:01mais m'intéresser comme portrait des anciens,
07:04pour mieux faire apprécier les champions modernes.
07:07De se souvenir de l'histoire,
07:09de se souvenir des exploits,
07:11de se souvenir des drames,
07:13avec des petits spots qu'on pourrait très bien mettre,
07:15par exemple avant le journal télévisé,
07:17ou avant les grandes retraites qu'on faisait à l'époque.
07:19Lorsque je faisais le Véloclub,
07:21je m'occupais du Véloclub,
07:23je laissais toujours une place à Jean-Paul Olivier,
07:25polo la science, pour qu'il me raconte
07:27des histoires d'Henri Anglade,
07:29des frères Pellissier, de Lison Bobet,
07:31Edwin Duren, plus récent même,
07:33ou de Bernard Hinault.
07:35Oui, je pense qu'à chaque fois,
07:37pour le sport, il faut se souvenir du passé,
07:39pour mieux jouir du présent.
07:42Si la télévision n'en veut pas,
07:44nous on vous prend sur Europe 1,
07:46si vous voulez faire des petits encadrés sur le sport.
07:48Alors on en reparlera.
07:51Et je pense que ça peut être une bonne idée.
07:53Vous savez Pierre,
07:55moi mon modèle,
07:57qui a été mon grand et premier grand patron,
07:59qui a été Philippe Gildas.
08:01Sacré Philippe, paix à son âme.
08:03Et il a été à Europe 1, bien sûr,
08:05avec Marie,
08:07il faisait tous les matins, bien sûr.
08:09Philippe m'a dit,
08:11lorsqu'ils m'ont embauché avec
08:13Pierre Desgropes sur France Télévisions,
08:15enfin France Télévisions sur la télévision publique,
08:17Philippe m'a dit, Gérard,
08:19tes reportages, essaie à chaque fois
08:21de commencer par Il était une fois.
08:23Une histoire.
08:25Raconte-moi une histoire, avec des détails,
08:27pour le faire vivre.
08:29Et je pense à ça encore aujourd'hui,
08:31lorsque j'écris mes bouquins.
08:33L'histoire c'est...
08:35C'est toute l'histoire d'Europe 1.
08:37C'est toute l'histoire d'Europe 1 que vous racontez,
08:39Gérard Rolls.
08:41En 1955, vous connaissez l'histoire d'Europe 1.
08:43L'idée première c'était de faire une radio européenne,
08:45puis finalement c'était assez compliqué
08:47de mettre d'accord plusieurs pays européens
08:49pour une radio globale dans plusieurs d'Europe.
08:51Et du coup, qu'est-ce qu'on a fait à Europe 1 ?
08:53Qu'est-ce qu'ont fait les fondateurs d'Europe 1 ?
08:55Ils se sont focalisés sur
08:57l'histoire, raconté des
08:59histoires. Salut les copains,
09:01c'était des histoires d'artistes.
09:03C'était des histoires extraordinaires.
09:05Les journalistes sportifs, c'était des histoires
09:07de sport, des histoires d'hommes.
09:09Des histoires d'hommes politiques, économiques,
09:11de patrons, d'entrepreneurs, et c'est ce qu'on fait
09:13jusqu'aujourd'hui à Europe 1.
09:15Et grâce à vous, comme invité, midi 14,
09:17on va marquer une pause. On vous retrouve dans un instant
09:19bien sûr avec les auditeurs, ma chère Plénard.
09:21Vous êtes les bienvenus pour réagir jusqu'à 13h
09:23avec Pierre Devineau et Gérard Rolz,
09:2501 80 20 39 21.
09:27C'est un numéro non surtaxé.
09:29A tout de suite sur Europe 1.
09:31Europe 1 et vous, 11h, 13h,
09:33Pierre Devineau.
09:39Avec Gérard Rolz
09:41qui a l'amabilité
09:43de nous faire un petit coucou pour son livre
09:45écrit avec son fils, Julien Rolz,
09:47légende des jeux 400 histoires
09:49qui ont fait la légende du plus grand
09:51événement mondial de sport.
09:53Gérard Rolz, vous le disiez,
09:55ce qui a la pépite
09:57dans tout ce livre qui explique
09:59aussi,
10:01j'ai vu Guy Drude tout à l'heure,
10:03l'ancien ministre qui était
10:05en athlétisme.
10:07J'ai vu Galfion,
10:09le dieu apollon français.
10:11Toutes les filles criaient
10:13quand on le voyait dans un stade tellement
10:15il était beau, Jean Galfion.
10:17J'ai vu des noms
10:19qui me sont revenus. Vous avez parlé de
10:21Luz Long et de Jesse Owens,
10:23cette histoire de racisme,
10:25justement,
10:27d'anti-racisme sous les yeux d'Hitler.
10:29J'ai vu... Et puis alors,
10:31il y a plein d'anecdotes. Et les anecdotes,
10:33c'est vraiment, j'allais dire,
10:35ce sont vos souvenirs,
10:37ce sont les souvenirs que vous avez traqués
10:39votre fils Julien également.
10:41Toutes ces anecdotes qui font,
10:43c'est comme disait Catherine Ney à propos
10:45de la politique, ce sont les petites histoires
10:47qui font la grande histoire en fait.
10:49Exactement. C'est ça qui nous intéresse
10:51et qui nous intéresse à écrire
10:53et puis ensuite qu'on partage.
10:55Combien de fois on m'a parlé. Par exemple,
10:571948,
10:59les Jeux Olympiques de Londres,
11:01le football, ça existait déjà pour les Jeux Olympiques.
11:03Là, l'équipe
11:05venant d'Inde a joué
11:07contre l'équipe de France de football.
11:09Ils ont joué un match pieds nus.
11:11Pourquoi ?
11:13Parce que c'était leur tradition.
11:15Ils jouaient en Inde
11:17sur des moquettes
11:19de croquet, de cricket.
11:21Donc du gazon.
11:23Mais du gazon très doux, du velours
11:25en fait. Voilà. Et ils se sont dit
11:27on va continuer comme on a fait à la maison.
11:29C'est-à-dire qu'ils ont joué pieds nus
11:31aux Jeux Olympiques de Londres. Mais ils ont gagné au moins ?
11:33Non, ils ont perdu. L'équipe de France
11:35a gagné et ensuite on leur a dit
11:37s'il vous plaît, soyez gentil, vous allez vous blesser.
11:39Et donc mettez des chaussures. Et ils ont mis des chaussures après.
11:41L'histoire aussi
11:43qui était assez extraordinaire,
11:45c'est l'histoire de Johnny Weissmuller,
11:47le grand nageur des années 1920,
11:49triple médaillé
11:51en 1924, donc il y a 100 ans,
11:53à Paris, pour les Jeux Olympiques de Paris.
11:55Donc il était dans ma piscine, parce que moi
11:57j'ai eu la chance de naître à Belleville,
11:59le quartier populaire de Paris. Donc là, rue des Couronnes,
12:01passage Julien Lacroix. Et j'allais,
12:03c'était gentil, j'allais à la piscine des Tourelles.
12:05A la piscine des Tourelles, Johnny Weissmuller,
12:07donc là, bord du monde.
12:09Il est le premier
12:11homme à passer sous la
12:13minute aux 100 mètres.
12:15Et pourquoi c'est intéressant ? Parce que,
12:17et ça il fait son souvenir pour tous les parents
12:19qui nous écoutent et qui ont
12:21des garçons ou des filles qui ont des problèmes de santé,
12:23il a eu la poliomyélite.
12:25Johnny Weissmuller.
12:27Et les médecins lui disaient,
12:29jamais de sport. Alors,
12:31éventuellement natation.
12:33Ils l'ont mis à la natation. Ils sont
12:35tombés sur un entraîneur qui a dit à Johnny,
12:37tu vas me haïr,
12:39mais tu vas être le meilleur du monde.
12:41Et il a été le meilleur du monde, dans les bassins.
12:43Et quelques années après, il est
12:45devenu Tarzan. Parce qu'à Hollywood,
12:47il lui a donné la place de Tarzan.
12:49Il a été connu dans le monde entier.
12:51Alors qu'à un moment, il était condamné pour le sport.
12:53Ça c'est des anecdotes.
12:55C'est des histoires de vie, ça. C'est ça qui est
12:57extraordinaire. Il y a une autre chose, et on en
12:59parlait hier avec Ariel Dombal,
13:01qui était notre invité pour
13:03son hymne, notamment
13:05Olympics, et qui disait
13:07quand même, et qui citait
13:09Coubertin, qui avait
13:11alors, je ne sais pas, je ne vais pas aller
13:13vérifier, mais selon Ariel Dombal,
13:15Coubertin avait
13:17décidé, pour les Olympiades,
13:19de ne pas trop fatiguer les femmes.
13:21Qu'il ne fallait pas trop leur donner de sport.
13:23Voilà, donc il y avait le tennis, il y avait deux, trois
13:25personnes. Et puis là, effectivement, il y a tout
13:27un chapitre sur la féminité en jeu
13:29dans votre livre, Gérard Holtz.
13:31Pierre, nous on a, moi j'ai enquêté
13:33sur Coubertin, parce que ce
13:35personnage-là qui est porté au nu
13:37en disant c'est formidable, c'est vrai.
13:39C'est vrai que c'est un génie, et que c'est un génie
13:41visionnaire. D'avoir
13:43eu l'idée
13:45de rénover les Jeux Olympiques de
13:47l'Antiquité, de les avoir transformés comme ça,
13:49l'idée de
13:51rassembler tous les quatre rangs dans une
13:53même ville, tous les athlètes du
13:55monde entier, formidable. Mais,
13:57il faut le dire aussi, Coubertin visionnaire
13:59et Coubertin réactionnaire.
14:01Il était raciste, il le disait,
14:03il l'écrivait. Il était
14:05misogyne, et à un point
14:07il dit, une Olympiade
14:09féminine serait impratique,
14:11incorrecte.
14:13Les femmes
14:15n'ont le droit, entre guillemets, de
14:17venir au stade que pour récompenser les vainqueurs.
14:19Et il a bloqué les femmes pendant
14:21plus de 20 ans sur les Jeux Olympiques.
14:23Il a fallu attendre, justement,
14:251924 pour avoir vraiment une
14:27participation féminine. Donc, il a été d'un
14:29machisme insupportable
14:31Coubertin. Mais en même temps, c'est vrai que c'était
14:33un génie.
14:35C'est dur à entendre quand on entend
14:37la renommée de Pierre de Coubertin.
14:39Ça serait intéressant de faire un débat entre vous
14:41et Diane de Navasel, qui est
14:43l'héritière de Coubertin, qui était
14:45chez nous il n'y a pas très longtemps, au micro de
14:47l'Enaïc Meunier, et de voir
14:49exactement comment est-ce qu'on peut
14:51voir les choses. C'est vrai que quand on
14:53regarde, on repense, moi,
14:55dans mon adolescence, Marie-Jo Pérec, etc.
14:57C'est quand même fou de se dire
14:59qu'à une époque, les femmes étaient écartées.
15:01C'est totalement dingue, en fait.
15:03Et il a fallu attendre
15:051984,
15:07les fameux Jeux de Los Angeles,
15:09là où j'étais, les premiers Jeux que j'ai vécus, moi,
15:111984, Los Angeles,
15:13pour avoir le marathon féminin.
15:15Parce qu'on a raconté pendant des années
15:17que ça abîmait le corps des femmes.
15:19Que ça abîmait les seins,
15:21que ça posait des problèmes.
15:23Que ça développait des muscles là où il ne fallait pas.
15:25Toujours pareil, les hommes
15:27qui se mêlent de la condition féminine.
15:29C'est extraordinaire.
15:31Rien n'est mieux que la mixité.
15:33Que la mixité en sport, évidemment.
15:35Alexandre, voulez-vous poser une question
15:37à Gérard Rolsa ? Oui, justement, je voulais rebondir
15:39sur vos premiers Jeux en juillet 1984
15:41à Los Angeles. C'était du cinéma,
15:43des étoiles, et vous dites que ça ressemblait
15:45à une super production hollywoodienne.
15:47Racontez-nous ça, je crois qu'il y a une petite anecdote avec James Stewart,
15:49notamment.
15:51Ah oui !
15:53L'homme de fenêtres sur cours, notamment,
15:55dans Hitchcock.
15:57Je fais la bêtise de jouer au rugby
15:59deux jours avant de partir à Los Angeles
16:01alors que j'étais donc sélectionné
16:03dans l'équipe de France Télévision,
16:05on va dire.
16:07J'ai le bras dans le plat.
16:09Je pars aux Jeux Olympiques avec le bras dans le plat.
16:11Mais ce n'est pas très malin.
16:13J'arrive à Hollywood,
16:15on me trouve un hôtel assez formidable
16:17à Beverly Hills,
16:19avec mon copain de caméraman qui s'appelle
16:21Bernard Berlier, on se dit pour récupérer
16:23du décalage horaire,
16:25on va tout de suite aller faire un footing.
16:27J'étais en pleine forme à l'époque, et donc footing, footing,
16:29comme ça, bien fatigué, et ensuite
16:31je vais dormir. Je sors de l'hôtel,
16:33on va faire le footing, on croise un type
16:35promenant son chien,
16:37mon copain Bernard me donne un grand coup de coude,
16:39il me dit tu l'as reconnu, je dis non, on se retourne,
16:41et le gars il fait hello,
16:43et c'était James Stewart.
16:45C'est-à-dire que j'étais là moi depuis une heure
16:47à Los Angeles,
16:49et pratiquement le premier type
16:51en dehors du concierge de l'hôtel,
16:53premier type que je vois, c'était James Stewart
16:55qui me dit coucou.
16:57Je me dis là c'est quand même bien parti
16:59ces Jeux.
17:01C'est bienvenu à Los Angeles, c'est ça.
17:03La cérémonie d'ouverture a été exceptionnelle,
17:05100 pianos blancs
17:07qui jouaient, l'homme volant,
17:09aujourd'hui maintenant c'est très courant, mais à l'époque
17:11il avait des rétrofusées dans le dos
17:13et il se baladait au-dessus du stade.
17:15C'était d'une beauté,
17:17moi je plongeais là-dedans
17:19comme un gamin.
17:21Comme un gamin que je suis
17:23encore aujourd'hui.