Un été de Résistance - Episode 11 - Annonay, la Résistance attaque un train et sauve des déportés

  • il y a 3 mois
Un fait unique de la Résistance française a eu lieu en Ardèche, à l'été 1944 : elle a réussi à détourner un train qui partait vers les camps de la mort. Avec le musée du Teil, on revient sur cette histoire héroïque d'une poignée de résistants intrépides.

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Transcription
00:00C'est un fait d'armes unique, une exception dans l'histoire de la résistance française.
00:22Elle a eu lieu en Ardèche, en août 1944, c'est l'histoire d'un train et de résistants
00:28intrépides. Sandrine Gohm, directrice du musée de la résistance et de la déportation aux Thaïs,
00:33nous dit qui était dans ce train. Ce train partait de Marseille, il y avait à l'intérieur 70 personnes,
00:40des prisonniers, pour certains des résistants, d'autres des opposants politiques, des personnes
00:45de confession juive et également deux droits communs de nationalité allemande. Ce train part
00:50de la gare de Marseille le 1er août et il va vers Drancy et Compiègne. Donc ces gens étaient
00:58partis pour la déportation. Des cheminots se rendent compte de la terrible destination du
01:02train. Ils font remonter l'information de gare en gare. Au Thaïs, le 3 août, la résistance
01:08ardéchoise veut attaquer le convoi mais arrive trop tard. C'est plus au nord, à Perrault, le soir
01:13même, que le convoi est rattrapé. Et là, les résistants arrivent enfin à atteindre cette gare
01:19à temps, sauf qu'il y a un train de soldats de la Wehrmacht qui est stationné juste à côté. L'attaque
01:25est trop risquée et donc ils décident de monter dans la locomotive et d'essayer de détourner ce
01:32train. Donc c'est les cheminots qui vont d'abord avoir leur première action, c'est-à-dire qu'ils
01:37vont aiguiller le train vers Annonay, ce qui n'était pas du tout sa destination. L'opération
01:42est risquée et pourtant elle fonctionne. Le train file maintenant vers Annonay où il est stoppé,
01:48puis attaqué d'abord par une douzaine de résistants à peine, dont leur chef Georges Nova. Ils demandent
01:54des renforts. Aujourd'hui décédé, il a raconté dans une interview la libération des prisonniers
01:59du train. Quand le convoi est arrivé en gare d'Annonay, il était à environ 3h du matin, Gérardier est
02:05arrivé le premier avec ses hommes, il s'est approché du train et il a capturé immédiatement le chef du
02:11convoi qui descendait pour s'informer de la situation. Nous sommes arrivés après cette
02:16zelle-là, tout de suite après, et quand nous sommes arrivés près du train, on a été accueillis par des
02:21tirs très importants et nous n'avons eu le fait de ne pas avoir de perte que parce qu'ils avaient une
02:27nuit très noire et qu'ils ne pouvaient pas viser. Les tirs ont été moins nourris, on a compris qu'ils
02:33avaient moins d'armes, moins de possibilités. À ce moment-là, on a commencé à s'approcher plus du
02:38train. Un groupe a pu se mettre derrière en monticule, un autre a poussé un chariot, enfin on
02:45est arrivés très près du train, l'assaut final a été donné, on est monté sur le train, monté
02:50sur le train. Trois prisonniers sont morts. Ils ont été utilisés comme boucliers humains par les Allemands,
02:55qui finissent quand même par se rendre sans tuer les 67 autres prisonniers, selon le compte de
03:01Sandrine Gaume. À cette époque-là, on préférait assassiner ces prisonniers que d'envisager qu'ils
03:07soient libérés. L'histoire nous montre que c'est ce qui se passe la plupart du temps. Or là, ils ne vont
03:14pas utiliser leurs munitions pour tirer sur leurs prisonniers. Je ne vais pas vous dire que c'est
03:22grâce à la chance, mais quelque part, ce n'est pas cohérent avec ce qui se passe partout ailleurs.
03:26Cette attaque de train réussie, c'est unique en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
03:30Il y a eu des tentatives, mais par contre, ça n'a jamais réussi. Il est arrivé une fois,
03:35une attaque réussie, c'est en Belgique. Mais en France, c'est l'unique. C'est l'unique et
03:40c'est Ardèchois. 80 ans plus tard, Sandrine Gaume a retrouvé une des survivantes du train,
03:45Rebecca. Elle vit près de Marseille, vivante grâce à la résistance ardèchoise. Son histoire,
03:51son témoignage, celui de son frère aussi, sont au cœur de la prochaine exposition du musée du Theil.

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