L'édito de Paul Sugy : «La stratégie clivante de LFI précipitait un certain nombre de mécontentements»
Dans son édito du 16/07/2024, Paul Sugy revient sur la proposition des socialistes, communistes et écologistes du nom de Laurence Tubiana pour Matignon, et le refus catégorique de LFI.
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00:00Il est 6h57, c'est l'édito politique de Paul Sujit.
00:03On a appris dans la soirée d'hier que le Parti socialiste, les écologistes et les communistes
00:08se sont accordés sur l'idée d'une personnalité à proposer comme Premier ministre.
00:12Il s'agit de Laurence Toubiana, une haut fonctionnaire engagée dans la lutte pour le climat.
00:17Mais la France insoumise refuse catégoriquement.
00:19Le Nouveau Front Populaire semble déjà très divisé, Paul.
00:22Oui, effectivement, on voit de plus en plus que ce Nouveau Front Populaire s'est fissuré à peine.
00:27Les élections législatives terminées, c'était la logique même,
00:29parce que de toute façon la stratégie clivante de la France insoumise au sein de la gauche
00:33depuis maintenant quelques années précipitait un certain nombre de mécontentements
00:38et il allait être dur de s'entendre.
00:39Il y a un accord qui a été, semble-t-il, topé hier soir entre les autres parties du Nouveau Front Populaire
00:44autour du nom de Laurence Toubiana.
00:46Alors attention, ce n'est pas parce qu'il y a un accord que dès demain elle va s'installer à Matignon.
00:50Ce n'est évidemment pas à la gauche, même unie, de désigner le futur Premier ministre.
00:54C'est Emmanuel Macron seul qui le fera, mais ce nom est intelligent.
00:57C'est une personnalité plus consensuelle que celui du Gadebello
01:00qui avait été proposé précédemment par la France insoumise.
01:02Personnalité engagée notamment dans le combat pour l'écologie
01:05qui peut faire la jonction entre la Macronie et la gauche.
01:09Et puis en même temps, la France insoumise s'exclut de ces négociations
01:12en accusant d'abord dans un communiqué au ton extrêmement violent
01:16les autres parties de gauche d'aller contre l'unité.
01:19Donc en gros en rejetant la faute de la division sur ses adversaires.
01:22Et puis là, en refusant de s'accorder sur ce nom, la France insoumise s'isole.
01:25C'est un très beau cadeau à Emmanuel Macron.
01:27La seule condition à laquelle Emmanuel Macron pourrait envisager
01:30de nommer un gouvernement avec des personnalités de gauche,
01:33ce serait sans la France insoumise.
01:34Si la France insoumise s'exclut en s'écartant des autres parties,
01:37elle facilite au fond cette clarification et permettrait d'envisager plus facilement
01:42une jonction au moins sur un accord de coalition avec les socialistes,
01:45les écologistes, peut-être les communistes et le Bloc central.
01:48Et vous nous dites que la France insoumise fait des cadeaux,
01:50Emmanuel Macron en aura tout vu.
01:51Oui, des cadeaux et ce n'est pas le seul.
01:53Le premier cadeau, c'était ça, donc la division.
01:55Le second, c'est celui de ne s'être pas débarrassé de Jean-Luc Mélenchon,
01:58qui reste la personnalité clivante, celle avec laquelle Emmanuel Macron
02:01ne peut pas envisager un gouvernement.
02:04C'est impossible.
02:05Tant que la France insoumise continue même d'envisager
02:08que Jean-Luc Mélenchon pourrait être légitime à Matignon,
02:11elle joue finalement en faveur du président de la République,
02:13qui aboge lui ensuite de vouloir l'écarter.
02:16Et puis, c'est aussi ce qui a permis d'écarter un certain nombre de frondeurs,
02:19Ruffin, Corbière, qui se sont séparés du groupe de la France insoumise
02:23à l'Assemblée nationale.
02:25La stratégie de l'insurrection permanente menée par la France insoumise
02:28rend service aussi à Emmanuel Macron.