ÉDITO - Jean-Luc Mélenchon sait que "ça ne peut pas être lui" au poste de Premier ministre
Alors que le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des législatives, mais sans majorité absolue, les tractations sont en cours pour proposer un nom de Premier ministre à Emmanuel Macron.
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00:00Mathieu Croissanteau, Matignon, donc la gauche depuis 48 heures, Neurone, pour essayer de trouver, de présenter un candidat,
00:07proposer un candidat au président de l'ARAC-PIC. Olivier Faure disait que ça devrait intervenir à la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine.
00:14Ça peut être Jean-Luc Mélenchon ?
00:15C'est la question serpent de mer, évidemment. Il n'est absolument pas disqualifié, a dit hier Mathilde Panot,
00:22qui était la présidente du groupe parlementaire LFI dans la précédente législature.
00:26Je fais partie de la solution, pas du problème, s'en est tiré par une pirouette de désormais un classique.
00:31Jean-Luc Mélenchon, hier soir, en fait, ça fait trois semaines que ça dure, ça finit un peu par être lassant.
00:36Le seul intérêt pour les Insoumis, d'une certaine façon, en reparlant de Jean-Luc Mélenchon,
00:41c'est de faire monter les enchères avant la négociation avec leurs partenaires.
00:45Puis c'est un moyen aussi d'exister alors que monte une certaine concurrence à gauche pour occuper le poste à Matignon.
00:50Mais vous diriez qu'il n'est plus en position de force, Jean-Luc Mélenchon ?
00:53Alors, Jean-Luc Mélenchon, il est en train de perdre sa centralité à gauche.
00:56En fait, la gauche est en train de se recomposer, les rapports de force se rééquilibrent, on l'a vu.
01:00Les socialistes sont désormais un peu plus nombreux dans le nouveau front populaire.
01:03Et il n'a plus pour lui, en fait, Jean-Luc Mélenchon, que son score de 2022.
01:07Vous savez, vous entendez ses partisans dire, oui, mais il a fait 22%.
01:10Ils oublient de dire, oui, mais il a perdu trois fois la présidentielle.
01:13Mais il n'a plus que ça pour lui. Il sait que ça ne peut pas être lui à Matignon.
01:16Pourquoi ? Parce que ses partenaires n'en veulent pas et parce qu'Emmanuel Macron ne le nommera jamais.
01:20Mais il sait aussi que si un autre réussit à sa place, si par miracle la gauche réussissait sans lui, il serait effacé.
01:27Du coup, il a deux options. Soit faire nommer quelqu'un qui fera tout ce qu'il dit, le doigt sur la couture du pantalon,
01:32un peu comme Marine Le Pen l'avait fait avec Jordan Bardella.
01:35Soit faire en sorte que le nouveau front populaire ne puisse pas gouverner, mais sans vraiment l'assumer.
01:40Mais vous dites qu'il ne souhaite pas le succès du nouveau front populaire ?
01:43Alors, il ne le dira jamais comme ça, Jean-Luc Mélenchon.
01:46Mais comment faire ? Il dit des trucs qui sont inapplicables ou intenables.
01:51D'abord, en interdisant toute possibilité de coalition.
01:54« Tous ceux qui le feront porteront le chasuble de la traîtrise à vie », avait prévenu Jean-Luc Mélenchon dans l'entre-deux-tours.
02:01Rien que ça, quand même.
02:03Ensuite, il défend l'application intégrale du programme. Vous l'avez entendu dimanche soir.
02:06Le programme, rien que le programme, tout le programme.
02:09Tous ceux qui en déviraient d'un pouce seraient des parjures en puissance.
02:13Vous conviendrez que quand on dispose de 190 députés à l'Assemblée,
02:16que vous ne pouvez pas faire de coalition et que vous devez appliquer absolument tout le programme,
02:19ça laisse quand même peu de marge de manœuvre.
02:21Mais Jean-Luc Mélenchon s'en fiche, parce que si ça foire, comme il l'espère,
02:25il dira que ce n'est pas de sa faute, qu'on aurait dû l'écouter,
02:27que lui incarne la gauche pure, sans compromission, la seule à même de l'emporter pour 2027, évidemment.
02:35Mais du coup, ses partenaires au sein du nouveau front populaire sont coincés ?
02:38Oui, prenez les socialistes, par exemple, qui ont l'expérience du pouvoir.
02:41Ils trouvent ça absurde. Ils savent que ce n'est pas comme ça que ça marche.
02:44Mais ils ne peuvent pas le dire trop fort, sous peine de passer une fois de plus pour des traîtres à leur parole.
02:48Vous savez, le fameux Chazub le revoilà.
02:50Mais ils savent, eux, que si la gauche veut réussir à réformer,
02:53elle ne peut pas se contenter de décréter, mais qu'elle devra convaincre
02:56et qu'il faudra au minimum monter des coalitions,
02:58que ce soit texte par texte, à défaut d'une coalition dans la durée.
03:01En fait, ce qui se joue, c'est vraiment les deux gauches qu'on disait irréconciliables,
03:05celle de la réforme contre celle de la révolution,
03:07celle qui gouverne et transforme dans la pratique et le compromis
03:10contre celle qui rêve et s'oppose dans la théorie et les discours.
03:13Au premier, les mains sales, évidemment.
03:15Au second, les idées pures. On verra ce que ça va donner.