La situation reste très difficile dans l'archipel ce mercredi 18 décembre, où selon un bilan toujours très provisoire fourni par le ministère de l'Intérieur le cyclone Chido a fait 22 morts et 1.373 blessés. Quelque 120 tonnes de nourriture doivent être distribuées aujourd'hui sur les deux îles mahoraises, selon les autorités.
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00:00Et on en parle depuis Mamoudzou, avec Anne-Laure Bance, l'envoyée spéciale de BFM TV, qui est arrivée à Mayotte hier après-midi,
00:11et Patrick Nian, le directeur général de Kwezi TV, la télévision locale à Mamoudzou.
00:16Patrick, vous êtes avec nous chaque matin pour nous raconter le désastre, le désastre humanitaire aussi, le désastre humain, le désastre matériel.
00:26Au début de la semaine, vous étiez très pessimiste sur le nombre de victimes. On a un bilan très provisoire ce matin de 22 morts.
00:33Est-ce que vous êtes toujours aussi pessimiste ce matin, Patrick ?
00:36Alors oui et non. 22 morts, mais c'est vrai qu'on l'a dit depuis le début, ce sont 22 morts des détections du CHM.
00:44Ça veut dire que ce sont des gens qui sont décédés au CHM.
00:47À la minute où je vous parle, on n'a pas encore découvert, pardon pour l'expression, mais un cadavre en dehors du CHM.
00:54Ou très très peu, très très peu. Donc en aucun cas, ça peut être un bilan.
00:59Les secours commencent juste, ils ont commencé hier soir et aujourd'hui ils sont sur le terrain.
01:04Évidemment, on croise les doigts pour que ce bilan reste à 22, mais il n'y a pas grand monde qui y croit ici.
01:12Voilà, c'est le sentiment qui règne aujourd'hui sur Mayotte.
01:18Alors on va rejoindre également l'envoyé spécial de BFM TV, Anne Lorban, ce qui est donc arrivé il y a quelques heures maintenant.
01:24Ce que l'on perçoit avec certitude, c'est que des vivres sont arrivées.
01:29Et ces vivres, elles sont au moins arrivées, Anne Lor, à l'aéroport.
01:33Est-ce que ces premières vivres ont été distribuées ? Est-ce qu'on les voit être distribuées ?
01:41Alors pour l'instant, nous sur place, nous n'avons pas vu ces distributions.
01:46Effectivement, la préfecture de Mayotte a annoncé qu'il y avait des vivres qui étaient arrivées,
01:51qui avaient été affrétées par des avions qui étaient arrivés à l'aéroport.
01:55Mais pour l'instant, nous ne voyons pas ces distributions qui devraient normalement se dérouler,
01:59à la fois sur l'île de Petite-Terre et sur l'île de Grande-Terre,
02:03notamment dans les villes du nord qui ont été particulièrement impactées par le cyclone.
02:08Alors, où je vous parle, nous n'avons pas été témoins avec Domiti Berthoud
02:12de ces distributions auprès de la population.
02:15Une population qui va avoir du mal à se rendre justement à ces distributions
02:19parce qu'ils n'ont pas d'électricité ni d'eau,
02:23donc aucun moyen pour ces populations de s'informer de ces points de distribution.
02:30Une situation qui est très chaotique, alors que la population manque vraiment de tout,
02:35de nourriture, mais aussi d'eau courante et puis d'électricité
02:39pour être au moins informée parce qu'il n'y a vraiment plus aucun réseau.
02:44Justement, vous avez parlé à cette population. Quel est son sentiment ?
02:47Est-ce qu'elle fait preuve de résilience en attendant évidemment cette aide
02:52ou est-ce que vous percevez quand même la colère qui commence à monter
02:55quatre jours après le passage du cyclone ?
02:58Alors, il y a tout d'abord la sidération après le passage de ce cyclone.
03:02On dirait que les gens sont sonnés par ces rafales, par la violence du phénomène météo
03:08qu'ils ont vécu et il y a aussi effectivement cette résilience
03:13qui nous a énormément surpris avec Dominique Couberteau,
03:16notamment dans le quartier de la Vigie à Petite Terre,
03:19sur l'autre côté de Grande-Berge, sur l'autre île.
03:23Nous sommes allés dans le quartier de la Vigie.
03:25C'est l'un des quartiers les plus précaires de cette île.
03:28Ce sont des maisons, des cases en tôle qu'on appelle bangas.
03:33Elles ont été broyées. C'est un amas de confettis et de tôle.
03:38Et quand nous sommes arrivés là-bas, on peut voir les hommes de ce quartier
03:44en train de reconstruire à la va-vite un habitat de fortune
03:49parce que pour l'instant, ces familles dorment à la belle étoile.
03:52Alors, ils récupèrent ce qu'ils peuvent, des morceaux de bois, des morceaux de tôle
03:57et ils sont en train de reconstruire cet habitat parce que pour l'instant,
04:00ils n'ont plus d'eau.
04:02On voit des images où la population est déjà en train de reconstruire des bangas
04:08parce que c'est la saison des pluies aussi qui va commencer à Mayotte.
04:11Patrick Millan, une question. Comment circule l'information à Mayotte ?
04:15Parce qu'effectivement, comment est-ce que les gens peuvent savoir
04:17qu'ils peuvent se rendre sur tel point de rendez-vous pour les distributions alimentaires ?
04:23Alors, il y a la radio, il y a surtout le bouche-à-oreille
04:27et puis le fonctionnement de ce qu'on appelle ici les taxis.
04:31C'est-à-dire qu'il y a un véhicule qui arrive jusqu'à un point de barrage.
04:35Quand je dis un barrage, j'appelle un arbre en travers ou des détritus sur la route.
04:39Et de l'autre côté, il y a un autre véhicule qui repart pour ramener des gens.
04:43Et l'information circule de cette manière-là.
04:46Elle fait des sauts de puces en fait.
04:48Et c'est comme ça que l'on sait qu'il y a en Petite-Terre 20 tonnes de marchandises
04:54qui ont été données du reste par la société Carrefour.
04:5720 tonnes de marchandises qui sont sur le point d'être distribuées.
05:01Et elles sont actuellement acheminées en Grande-Terre par des camions militaires.
05:07Et là, il y a plus de 100 tonnes.
05:09Alors, comment les gens vont savoir qu'il y a de la nourriture ?
05:11Eh bien, ils vont voir les camions arriver dans les villages.
05:14Et là, il y aura une distribution de nourriture et d'eau.
05:20Mais pour l'instant, il s'agit de dons.
05:22On est bien d'accord, on ne parle pas de nourriture qui a été achetée par l'État
05:27et envoyée sur Mayotte, etc.
05:29On parle d'autre chose.
05:30Il y a en tout 120 tonnes de nourriture qui vont être distribuées.
05:32Alors ça, c'est une bonne nouvelle.
05:34120 tonnes dans les heures qui viennent.
05:35Il y a un vrai gros sujet, c'est l'eau aussi, Patrick.
05:37Parce que l'eau non potable est revenue.
05:41En revanche, l'eau du robinet.
05:43L'eau potable ?
05:44Eh bien, ce n'est toujours pas le cas.
05:46Alors, ce n'est pas le cas partout.
05:49Voilà.
05:50Pardon, mais j'ai plein de bonnes nouvelles à vous donner.
05:53Et l'eau en fait partie.
05:56Hier et avant-hier, on n'avait pas d'eau du tout.
05:58Zéro.
05:59Zéro eau.
06:00Aujourd'hui, il y a à peu près entre 30 et 50 % de la population
06:03qui commence à avoir de l'eau de temps en temps.
06:06Bien sûr que ce n'est pas la Bérésina.
06:07Bien sûr que ce n'est pas l'idéal.
06:10Mais ça y est, ça commence.
06:11On commence à avoir des endroits où il y a de l'eau.
06:13Donc, on s'en contente.
06:16On est contents de ça.
06:17Et on nous explique que la SMAE et les eaux de Mayotte
06:28sont en train actuellement de rétablir.
06:31Et on nous dit que sous 48 heures, Mayotte pourrait être réalimentée en eau.
06:36C'est quoi la principale difficulté ?
06:38Il ne suffit pas de dire qu'on tourne le robinet et on a de l'eau.
06:41C'est qu'ici à Mayotte, il faut aller puiser l'eau.
06:45Il faut la transformer.
06:46Et ça, ce sont des usines de transformation.
06:49Mais ces usines, elles fonctionnent avec de l'électricité.
06:52Il faut donc laisser le temps à EDM d'alimenter en électricité ces usines
06:57pour qu'elles-mêmes puissent produire de l'eau et nous l'envoyer dans les canalisations.
07:00On comprend en vous écoutant la tâche titanesque qui attend à la fois les autorités,
07:05tous les corps d'activité de l'État, les secours également.
07:09On assiste en direct à des scènes de la vie ordinaire depuis le cyclone
07:14dans ces bidonvilles dont il ne reste plus grand-chose.
07:19On a vu tout à l'heure une dame étendre du linge,
07:22remettre un peu de couleur dans la boue.
07:24Images terribles de cette désolation dans les bidonvilles de Mamouth.
07:30Je voudrais remercier Anne-Laure Bance et Domiti Berthoud,
07:33les envoyées spéciales de BFM TV,
07:35et Patrick Millan, le patron de cette télé locale
07:39qui travaille de façon très efficace avec BFM TV depuis le passage du cyclone.
07:45On réussit à faire tous les jours un très bon journal.
07:49France Mayotte Matin, avec tous les bons angles dans notre métier,
07:55tous les bons thèmes que l'on peut imaginer dans le numéro qui s'affiche sur votre écran.
07:59Merci infiniment Patrick.