• l’année dernière
Réseaux « Dephy Ecophyto »

Category

🗞
News
Transcription
00:00Pour Eric Modard, céréalier dans l'heure, il est possible de réduire de 50% l'utilisation
00:15des produits phytosanitaires pour conduire ses cultures.
00:18Membre d'un réseau de défis qui expérimente dans le cadre d'éco-phyto des solutions
00:22alternatives aux chimiques, il a déjà réduit le nombre de traitements phytosanitaires
00:26sur ses cultures et semble confiant dans l'avenir.
00:29Il est possible de produire avec 50% de produits phytosanitaires en moins demain ?
00:35Oui bien sûr, mais il faut se réapproprier notre métier, j'ai souvent comme discours
00:42le fait qu'à cause des pesticides nous avons « oublié » notre métier, quand on avait
00:46un problème on traitait, aujourd'hui la chimie est en bout de course, il faut donc
00:51revenir vers l'agronomie, revenir vers de la rotation, le choix des variétés et raisonner
00:56également tout ce qui est fertilisation.
00:57Quand vous parlez de raisonnement, comment vous raisonnez ? Quelle est votre approche
01:02du système de production végétale sur votre exploitation ?
01:05Ça repose sur les bases de l'agronomie, refaire des rotations, décaler des dates
01:13de semis, choisir des variétés résistantes ou tolérantes aux maladies ou à l'averse
01:19et lorsqu'on arrive à mettre en place tous ces piliers, le système devient robuste.
01:26Son approche de la production végétale s'effectue de manière globale et si certaines cultures
01:32ne semblent pas directement rentables à l'échelle de l'année, elles peuvent avoir un intérêt
01:36économique à l'échelle de la rotation, comme par exemple restructurer les sols ou
01:40freiner le développement des adventices.
01:42Chaque culture, même si elle peut avoir une moindre efficacité économique, chaque culture
01:53a sa place puisqu'elle permet de résorber un problème de désherbage sur l'échelle
01:57de la rotation.
01:58Donc c'est grâce à cette vision d'ensemble qu'aujourd'hui vous arrivez à avoir une
02:03vision plus précise des impasses et des interventions que vous pouvez réaliser sur vos cultures
02:10?
02:11Tout à fait, ça nous permet de se mettre en situation d'évitement de traitement.
02:16Il y a deux ans j'avais un IFT moyen d'exploitation à 4,2, ces deux dernières années j'ai baissé
02:24d'un point pour arriver à 3,2 et mon objectif ce serait de passer en dessous de 3 voire
02:302,5.
02:31Qu'est-ce qui est le plus difficile aujourd'hui pour réduire justement cet IFT ?
02:35C'est la partie herbicides.
02:36On a toujours du mal à baisser les herbicides mais c'est un travail de longue haleine et
02:42le choix des rotations, les décalages de dates de semis, les fausses semis, doit nous
02:47permettre à plus ou moins brève échéance de réduire l'utilisation d'herbicides.
02:53Cette année j'ai fait un test sur une parcelle d'orge d'hiver où je n'ai pas fait d'antigraminés
02:58et la parcelle était propre.
03:00Donc petit à petit on y arrive.
03:02Et côté rentabilité économique, les charges opérationnelles diminuent et le BE augmente.
03:09J'ai repris des chiffres venant du CER entre 2008 et 2010.
03:14Donc trois années où il y a eu des variations que ce soit en rendement ou en prix assez
03:18importantes.
03:19Et globalement dans mon système d'exploitation, avec moins de produits, j'arrive à dégager
03:25plus d'excédents bruts, entre autres grâce à la réduction de moitié de tout ce qui
03:31est charges opérationnelles, donc phytosanitaires et engrais.
03:35Et en plus, en ayant un assolement diversifié, cela permet d'étaler le travail et donc
03:44ça joue sur le parc matériel.
03:45Et donc j'arrive à gagner une centaine d'euros de charges de structure, notamment
03:50de mécanisation, par rapport à des chiffres régionaux.
03:53Qu'est-ce que vous appelez étaler le travail ?
03:55Les dépôts d'hiver par exemple vont se semer à une période, ça va être début
04:01novembre, où quasiment tout est semé, donc c'est une période creuse quasiment.
04:08Et ça va se récolter en premier d'ici quelques jours.
04:12Donc c'est une culture qui ne rentre pas du tout dans une période de forte pression
04:21de travail.
04:22L'orge d'hiver, les semis se font un petit peu avant les blés, mais la récolte se fait
04:27également d'une manière précoce.
04:29Et puis il y a également le colza qui permet d'être semé au mois d'août et d'être
04:36récolté avant les blés.
04:38Donc la moisson se trouve étalée sur quasiment un mois.
04:41Donc ça permet, il n'y a pas besoin d'avoir une grosse moissonneuse batteuse pour faucher
04:48mon exploitation.
04:49Aujourd'hui, vous chiffrez à combien votre coût de production à l'hectare sur un
04:53hectare de blé par exemple ?
04:54L'année dernière, mon coût de production, prélèvement privé compris, était à 105
05:00euros tonnes.
05:01Alors que la moyenne est à 140-145.
05:03Aujourd'hui, on connaît des variations de cours très importantes, à la hausse ou
05:10la baisse.
05:11Et quand les cours montent, ça monte pour tout le monde.
05:13Mais quand ça baisse, quand on a des niveaux de charges beaucoup plus faibles, on a des
05:17systèmes d'exploitation qui sont plus viables et qui sont en plus moins dépendants des
05:21aides communautaires.
05:22Prochaine étape pour Eric Modard, faire passer son IFT à 2,5 et tester les semi-sous-couverts.

Recommandations