Changement climatique
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur le plateau de la CIMA Internet Web TV, nous accueillons Frédéric Glacet, expert météorologue, directeur de la météo chez MétéoNews, notre fournisseur de contenus météo. Frédéric, est-ce que tu pourrais présenter ton activité ?
00:25Alors, mon activité de prévisionniste depuis bientôt une quinzaine d'années, c'est se lever tôt le matin, faire de la prévision, analyser les modèles, regarder le temps réel, faire une prévision pour les heures à venir, pour le jour à venir, pour les dix jours à venir sur la base de tous les modèles et tous les éléments qu'on a.
00:44C'est un métier très passionnant, pas toujours très gratifiant parce qu'on travaille avec une science qui est inexacte, donc parfois, malgré toute la peine qu'on se donne, toute la bonne volonté, le résultat n'est pas toujours à hauteur de nos espérances, mais on ne va pas perdre pour autant la passion pour la météo.
01:01Alors justement, un sujet qui touche particulièrement la météo, on en parle énormément dans les médias depuis quelques mois, voire quelques années, c'est le réchauffement climatique. On parle beaucoup de ce phénomène, connaît-il réellement ?
01:15Alors effectivement, on en parle beaucoup, peut-être trop pour certains. Depuis, on va dire une dizaine, une quinzaine d'années, c'est une thématique qui devient quasiment quotidienne. On l'utilise aussi à des fins politiques.
01:30Bon, première chose, ce qu'il faut dire, c'est que le réchauffement de la planète, quoiqu'en disent certains, est un fait avéré. Si l'on se base sur les données dont on a à disposition, effectivement, il y a un réchauffement.
01:42Maintenant, le réchauffement n'est pas de la même manière sur certains points du globe. On a des endroits sur le globe qui se sont beaucoup plus réchauffés que d'autres, et on a même d'autres régions qui, elles, ne se sont pas réchauffées, qui sont refroidies.
01:56Donc moi, je préférerais plutôt qu'on parle du changement climatique et de la rapidité de ce changement plutôt que du terme du réchauffement en soi.
02:07Ce qu'il faut dire par rapport au réchauffement, c'est que malheureusement, je dis bien malheureusement, c'est que quand on le présente, on a l'impression de présenter que des aspects négatifs liés au réchauffement,
02:18comme si, en fait, c'était une plaie, qu'il n'y a que des éléments négatifs. Il n'y a pas d'effet positif, ce qui est totalement faux. Donc c'est malheureusement un débat qui a été très orienté. Il y a un rééquilibrage qui se produit à l'heure actuelle.
02:32Alors quel aspect positif, justement ?
02:34Mais je crois que l'aspect positif, c'est qu'il y a des régions du globe qui, pour l'heure, n'ont pas un déficit assez flagrant de précipitations qui, à la suite de ce réchauffement et des conséquences que ça implique à l'échelle globale, auront droit à avoir davantage de précipitations.
02:50Si je prends, par exemple, le Proche-Orient, Israël, les territoires palestiniens, l'Égypte, ce sont des régions qui sont, à l'heure actuelle, arides, mais qui, selon certaines théories, en tout cas, pourraient être beaucoup plus humides.
03:02Donc on pourrait imaginer d'avoir, au niveau de l'agriculture dans ces régions, quelque chose de positif, si le climat évolue comme il évolue maintenant.
03:12Donc il est vrai qu'en général, quand on en parle en Europe occidentale, on pense un peu qu'à nous.
03:17Mais il y a des régions du globe où c'est plutôt positif, l'évolution que ça peut prendre.
03:22Je pense notamment au Canada, pour l'agriculture, où, en fait, les terres agricoles pourraient remplacer de vastes étendues qui sont, pour l'instant, couvertes par une végétation type sapin, épicéa et ce genre de choses.
03:35Alors juste pour bien comprendre, il y a bien une différence entre la météo et le climat ?
03:40Alors, une grande différence. On va dire que les deux choses sont parentes, mais elles ne sont pas sœurs.
03:45La météorologie, c'est vraiment l'état du ciel actuel pour les heures à venir, pour les jours à venir.
03:55Au-delà d'une dizaine de jours, on ne parle plus de météorologie.
03:58Le climat, c'est sur une échelle beaucoup plus vaste, sur 10 ans, sur 100 ans, sur un siècle, même sur des périodes encore plus longues.
04:06Et on constate que, depuis quelques temps, en fait, quand on parle de climat et de météorologie, on mélange un peu les deux.
04:13C'est un peu ce qu'on observe. Il suffit d'avoir une période de sécheresse pour dire, ah, est-ce que ce n'est pas les conséquences du réchauffement de la planète ?
04:21On a des inondations quelque part, on dit, est-ce que ce n'est pas peut-être les conséquences du réchauffement de la planète ?
04:26On ne peut pas lier des événements météorologiques, fustiles extrêmes, avec un changement climatique qui est global.
04:34Je prends juste un exemple. Si on prend l'exemple du mois de décembre qu'on a connu en France, avec beaucoup de neige dès le début du mois,
04:41des conditions hivernales assez impressionnantes, c'est vrai que, météorologiques, des conditions météorologiques, il a neigé, il a fait froid, etc.
04:49C'était vraiment le début du mois. Sur la fin du mois, on a des conditions beaucoup plus douces.
04:53Et au final, sur l'ensemble du mois, donc la moyenne climatique du mois, a montré quelque chose qui était un petit peu plus froid que la normale, mais pas aussi extrême.
05:03Donc, même déjà sur un mois, ce que le climat va nous montrer, si on fait des moyennes du mois, ne reflète pas la réalité météorologique vécue au quotidien.
05:13Et c'est là que la nuance s'observe. Les gens, dans le territoire, en agriculture, on vit les situations météorologiques, on vit les situations aussi extrêmes.
05:24Mais le climat, on ne le ressent pas. On peut voir quelques observations par rapport à l'évolution de la nature, mais on ne le ressent pas concrètement au jour le jour.
05:32Et c'est là que souvent des dérivations se font, pas forcément dans le bon sens, malheureusement.
05:38Alors, certaines explications montrent que c'est tout simplement cyclique, c'est-à-dire qu'il y a des aires qui ont été un peu plus chaudes et un peu plus froides que d'autres.
05:46Alors ça, c'est un fait. Le phénomène, l'explication naturelle, elle joue et elle jouera toujours. Effectivement, on a connu des périodes froides, des périodes chaudes.
05:54Il ne faut pas oublier que malgré tout, à l'heure où on parle de réchauffement actuellement, nous sommes dans un interglaciaire.
06:00Dans quelques milliers d'années, nous aurons une nouvelle période glaciaire. Je vous l'annonce en primeur. Ça va arriver. Donc quoi qu'il arrive.
06:08Donc effectivement, on mélange parfois ces choses-là. L'homme a certainement un rôle. On le démontre de plus en plus souvent.
06:16Donc sur la constatation que le climat se réchauffe et le climat change, malheureusement, je trouve que dans le débat, en fait, il est beaucoup trop orienté.
06:27On est dans des extrêmes. Soit des extrêmes, d'une part, la frange écologiste, Greenpeace, etc., qui est vraiment dans un extrême où, en fait, tout est de la faute de l'homme.
06:38On court droit à la catastrophe. La situation va empirer. Ou alors ensuite, on est dans l'autre catégorie un peu de nihiliste qui nie tout en bloc.
06:48C'est un peu la vision de Claude Allègre un peu extrémiste ou même pire où l'ancienne administration Bush qui, en fait, pour des raisons aussi politiques,
06:59pour des raisons économiques, avait tout intérêt aussi à tout nier en bloc. Je crois que malheureusement, ce qui manque dans ce débat, c'est une vision un peu plus centriste,
07:09c'est-à-dire ne pas toujours utiliser l'extrême de part et d'autre et avoir plutôt des genres de débats un peu qui permettent d'aller de l'avant avec une vision centriste
07:18qui prend les éléments de part et d'autre, qui essaie de les combiner pour avoir une vraie évolution. Sinon, ce qui se passe, c'est que les gens vont continuellement
07:27se taper sur la figure verbalement par rapport à tout ça et on n'arrivera pas à trouver une vision, une conciliation par rapport à tout ça.
07:35Et dès lors qu'il faut prendre des décisions politiques, on est obligé de trouver un consensus.