Législatives : le RN remporte 143 sièges à l'Assemblée

  • il y a 3 mois

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00:00Marie Schuster, elle se trouve au siège du Rassemblement National.
00:04Bonjour Marie. Le Rassemblement National, qui a vécu un retournement de situation inattendu hier soir, pourtant, il refuse de parler de défaite.
00:13Oui, absolument. Le Rassemblement National, qui refuse de parler de défaite, dans son allocution hier soir d'ailleurs, Jordan Bardella a parlé même de percées historiques.
00:25Il faut dire que le Rassemblement National a obtenu 143 sièges. C'est presque le double des 89 qu'ils avaient auparavant lors des législatives 2022.
00:36Mais c'est bien loin des 289 escomptés. C'est bien la douche froide pour le Rassemblement National, qui se voyait déjà gouverné.
00:44Alors, pour expliquer cette défaite, un argument revient dans la bouche de Jordan Bardella et de Marine Le Pen.
00:52Eh bien, il s'agit de cette alliance, ce front républicain pour faire barrage au Rassemblement National, cette alliance qualifiée de contre-nature par tous les classiques du Rassemblement National dès hier soir.
01:04Et puis, cette seconde explication livrée par la présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, qui parle de campagne de diffamation et qui renoue là avec un grand classique de l'argumentaire du parti.
01:16Toujours est-il que le bureau du Rassemblement National doit se réunir. Nous avons vu passer, il y a quelques minutes, Laurent Jacobelli se réunir pour tirer les enseignements de cette campagne.
01:28Ce que je peux vous dire aussi, c'est que l'ambiance est bien différente de celle d'hier soir. Ici, devant le siège du Rassemblement National, appellent à peine quelques journalistes,
01:36alors qu'ils étaient près de 300 accrédités pour la soirée électorale du Rassemblement National. Et devant ce siège, aucun militant.
01:46– Merci beaucoup Marie, vous étiez en direct du Rassemblement National. Antoine, on va notamment s'arrêter sur cette progression du Rassemblement National à l'Assemblée Nationale.
01:58On l'a vu, ils ont gagné en siège 89 et maintenant ils en sont à plus de 143 avec leurs alliés.
02:06– Oui, c'est à la fois, tout le monde a l'impression que c'est un échec et finalement, quand on voit les résultats, on a l'impression que c'est un échec terrible pour le Rassemblement National.
02:14Mais on oublie que c'est une percée, encore une fois, extrêmement importante de l'extrême droite qui prend de plus en plus de place au sein de nos institutions.
02:23En termes de voix, on l'a vu aux européennes et au premier tour des élections législatives, il s'est imposé comme le premier parti de France, rappelons-le.
02:30Et puis aujourd'hui, on avait 8 députés élus en 2017, il y en avait 89 en 2022 et à ces élections-là, on est en effet à 143.
02:40Alors on ne double pas, mais ça permet quand même d'avoir plusieurs dizaines supplémentaires, plus de 50, 54.
02:46C'est quand même une percée extrêmement importante, c'est la deuxième plus grosse percée hier, après le Parti Socialiste qui retrouve un peu des couleurs,
02:55après avoir été un peu dans les limbes de la gauche depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
03:00Alors, à la fois, ils sont très importants, en même temps, on voit bien qu'il y a toujours un plafond de verre pour l'instant,
03:06on voit qu'il y a toujours un front républicain qui s'impose systématiquement face au Rassemblement National.
03:12Pour autant, cette année, et il faut quand même le signaler, ce front républicain, il a eu des fissures.
03:17On a vu pour la première fois des candidats de la majorité ou des représentants de toute la majorité, comme Bruno Le Maire, comme Édouard Philippe,
03:25dire hors de question de voter Front National, mais hors de question aussi de voter la France insoumise.
03:29Donc il n'y a plus un épouvantail seulement à droite, mais il y en a un aussi à gauche, ou plutôt à l'extrême droite et à l'extrême gauche,
03:34en fonction des avis de chacun. Et donc ça, c'est quelque chose de nouveau, parce qu'est-ce que, en plus, on a vu un parti dit républicain,
03:43qui s'appelle Les Républicains, dont le Président a décidé pour la première fois de franchir le Rubicon et de faire une alliance avec le Rassemblement National.
03:50Donc hier, Jordan Bardella a dit « ce n'est que le commencement ». Ce n'est que le commencement.
03:55Parce qu'on voit bien que ça commence à se déliter, qu'ils prennent du poids, et ils ont en tête évidemment 2027, avec la candidature à venir de Marine Le Pen,
04:03et ils auront l'avantage de ne pas avoir été au pouvoir pendant les trois années précédentes, et donc de ne pas avoir de boulet au pied de ce côté-là.
04:10Mais on voit bien que ce barrage républicain n'a pas été la seule raison, finalement, de l'échec relatif du Rassemblement National au second tour.
04:18Toutes les brebis galeuses, pour reprendre le terme de Jordan Bardella, avec quand même une dizaine de candidats racistes, antisémites, homophobes,
04:27et ce sont des choses étayées, sur lesquelles il y a des vidéos, il y a des écrits, ce ne sont pas une vue de l'esprit de la gauche ou des médias, parce qu'il serait facile de taper dessus.
04:35– C'est-à-dire que les électeurs du Rassemblement National se sont peut-être aussi rendus compte qu'il y avait un hic sur certains candidats ?
04:41– C'est peut-être ceux qui hésitaient à y aller, parce que les électeurs du Rassemblement National, on voit depuis des années,
04:47et on a été ensemble sur le terrain, parfois sur la politique, on voit bien qu'ils assument de plus en plus de voter Rassemblement National.
04:53Je me rappelle de reportages que j'ai fait à Hénin-Beaumont, où est désormais le fief du Rassemblement National, mais de Marine Le Pen notamment,
05:01il y a 15 ans, où pour la première fois on les voyait vraiment assumer très ouvertement.
05:05Aujourd'hui c'est beaucoup plus fréquent, et aujourd'hui d'ailleurs, ils ont gagné énormément de votes du côté de la jeunesse et du côté des ouvriers.
05:12Et François Ruffin, ancienne personnalité de la France Insoumise, mais toujours personnalité de la gauche, a dit, il ne faut pas s'y tromper,
05:19on est certes en tête là, mais calmons-nous, restons les pieds sur terre, parce qu'on a perdu les ouvriers.
05:24Les ouvriers aujourd'hui, ils votent majoritairement Rassemblement National, il faut qu'on reconstruise une gauche par rapport à ça, et aujourd'hui ce n'est pas le cas.
05:30Donc il y a une illusion de victoire et d'union pour l'instant, il va falloir voir combien de temps ça dure,
05:36mais du côté du Rassemblement National, il y a une réelle progression permanente, et dans toutes les couches de la population.

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