Ce mois-ci dans les Grandes Questions du Sport, Anthony DREVET présente la Grande Collecte des Archives Nationales du Sport. En compagnie de ses invités, retour sur la genèse de ce projet et sur les différents acteurs impliqués. Invités : Brigitte GUIGUENO (service interministériel des Archives de France) Lydiane GUEIT-MONTCHAL (Archives départementales d'Indre-et-Loire) Denis JALLAT (Historien) Michel CHAUVEAU (Membre du comité d'histoire des ministères) Colin MIEGE (Sport et Citoyenneté) Claude PESCHIER (Champion du Monde de kayak 1969)
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00:22Soyez les bienvenus sur Sport en France,
00:24une nouvelle émission, les grandes questions du sport.
00:27On va s'intéresser au sport, à la culture et aux archives.
00:31Dans ce nouveau numéro,
00:33les Jeux olympiques arrivent à grands pas,
00:35les Jeux de Paris 2024, évidemment,
00:37et on s'est demandé s'il était de bon ton
00:40de pouvoir collecter des archives.
00:43C'est ce qu'on va évoquer dans ce numéro.
00:45Il y a quelques mois, on s'était demandé
00:47si le sport et la culture étaient liés.
00:49Avec cette émission, deux grandes parties.
00:52Une partie dédiée à la grande collecte et à sa présentation,
00:56et une deuxième partie avec des cas concrets,
00:58avec une donation, des contributeurs qui vont s'exprimer.
01:01Il sera question de l'héritage, peut-être aussi.
01:04Après Paris 2024, c'est tout l'enjeu de cette émission.
01:07Pour en parler sur mon plateau, j'ai le plaisir d'accueillir
01:11Brigitte Guiguenot, chargée du pilotage
01:13de la grande collecte des archives du sport
01:15au service interministériel des archives du sport.
01:18Bonsoir. On va parler de cette grande collecte
01:21avec Lydiane Gate-Monchal,
01:23directrice des archives départementales d'Indre-et-Loire.
01:26Bonsoir. On a également Denis Jalat,
01:28historien et à l'université de Strasbourg,
01:30qui a fait le déplacement sur notre plateau.
01:33Merci beaucoup.
01:34On va parler aussi histoire avec Michel Chauveau,
01:37membre du comité d'histoire des ministères
01:39chargé de la jeunesse et des sports,
01:41et ancien directeur de l'INSEM.
01:43Bonsoir, Michel.
01:44On a un gros plateau et un beau plateau.
01:46On a également, en visio, la présence de Colin Miege,
01:49président du comité scientifique du Think Tank Sport
01:52et citoyenneté et membre de ce même comité
01:55d'histoire des ministères chargés de la jeunesse et des sports.
01:58Bonsoir, Colin.
01:59Bonsoir.
02:00On va parler de beaucoup de choses.
02:02L'occasion, peut-être, avec votre présence,
02:05de rappeler le partenariat existant entre sport en France
02:08et le Think Tank Sport et citoyenneté
02:10dans le cadre de cette saison des grandes questions du sport.
02:14On commence sans plus tarder avec cette collecte
02:16dédiée aux archives nationales du sport,
02:19le lien fort entre le sport et la culture.
02:21C'est Tony Estanguet, justement, qui le dit.
02:23J'aime bien cette citation pour commencer.
02:26On oppose parfois le sport et la culture,
02:28mais ils ont beaucoup de choses en commun,
02:30la performance, les émotions et la recherche de la beauté du geste.
02:34On aura l'occasion de revenir en 2e partie
02:36sur la performance de Tony Estanguet
02:38avec un certain coéquipier.
02:40Justement, il y a un lien sur ce plateau,
02:43le lien entre la culture et le sport, évidemment.
02:46Brigitte, c'est très clair.
02:48On va parler de cette grande collecte.
02:50Comment est-ce intervenue ? Depuis quand ?
02:53Pourquoi cette grande collecte des archives du sport ?
02:55Peut-être tout d'abord dire que c'est une grande collecte
02:58pilotée par le ministère de la Culture
03:01en lien étroit avec l'ANOF,
03:02l'Académie nationale olympique française.
03:05On s'est posé la question de savoir ce que pouvaient faire
03:07les archives pour les Jeux olympiques.
03:09On s'est dit qu'une grande collecte était une occasion
03:12d'amener les citoyens à participer aussi à cette histoire nationale
03:17parce que le sport, on voit que ça infuse
03:20toutes les parties de la société.
03:22C'est à la fois un aspect politique,
03:25un aspect économique, un aspect de mode,
03:28un aspect de santé.
03:30Et ce sont des archives qui sont insuffisamment présentes
03:35dans les fonds des services publics d'archives.
03:38Donc, c'est une occasion unique de pouvoir collecter
03:41et donc de pouvoir enrichir cet aspect du sport
03:45très présent dans notre vie sociale.
03:48C'est vrai que ce sport, Michel Chauveau,
03:50on sait que c'est un lien aussi social, ce sport,
03:54et de se souvenir de belles choses comme ça
03:56avec la perspective des Jeux Paris 2024,
03:58c'était évidemment une bonne occasion.
04:01Oui, c'était une excellente occasion.
04:04Tu citais Tony Estanguet.
04:07Il y a une citation que j'aime bien d'Edgar Morin qui dit
04:10« Le chemin vers l'avenir passe par un retour aux sources. »
04:14La grande collecte s'inscrit comme un des moyens très importants,
04:18nécessaires mais pas forcément suffisants, j'y reviendrai peut-être,
04:21pour revenir aux sources et préparer mieux l'avenir.
04:25Mieux l'avenir, c'est l'héritage des Jeux olympiques.
04:28C'est un objectif de la nation,
04:30affiché notamment par le président de la République.
04:32C'est vrai. On aura l'occasion d'y revenir
04:34avec le président Emmanuel Macron qui voulait, avec l'ANS notamment,
04:37le lancement de l'ANS, pouvoir fédérer à travers le sport.
04:40Alors, on ne parle pas que de Jeux olympiques.
04:42On est d'accord dans cette grande collecte, évidemment.
04:44Les archives départementales sont importantes
04:46et on peut s'intéresser à des sports qui sont peut-être un peu moins connus
04:49ou des manifestations moins connues.
04:51Oui, tout à fait.
04:52Selon les endroits de France où les services d'archives
04:55se sont lancés dans la grande collecte,
04:56on peut être sur un ou quelques disciplines sportives,
04:58mais aussi en omnisport.
05:00On peut être sur des collectes auprès de particuliers,
05:03auprès d'associations, auprès de comités,
05:05auprès de fédérations au niveau national,
05:08et sur tout type de sujet.
05:10Comme le disait Brigitte tout à l'heure,
05:12ça peut être effectivement des événements sportifs,
05:14des associations et leur vie associative.
05:17Ça peut être juste une activité économique autour du sport,
05:20par exemple une entreprise qui produit des éléments autour du sport.
05:23Ça peut être tout type de contenu qui ont un lien avec cette pratique
05:27qui, effectivement, irrigue le quotidien de tous en réalité.
05:30Et alors, en tant qu'historien, Denis,
05:32j'imagine qu'on voit d'un bon œil une grande collecte comme celle-ci,
05:36de se dire, finalement, c'est peut-être l'occasion aussi
05:37de se souvenir de choses qu'on a peut-être oubliées.
05:39Non seulement c'est l'occasion de se souvenir
05:41de choses qu'on a peut-être oubliées,
05:42mais c'est surtout l'occasion, comme ça a été dit,
05:44de compléter le matériau qui est déjà à notre disposition.
05:49Et effectivement, les pratiques sportives
05:52ont peu l'habitude de donner leurs archives.
05:55Alors, on fait avec ce que l'on a,
05:58mais quand il y a une grande collecte comme celle-ci qui est organisée,
06:01c'est l'occasion, finalement, d'enrichir les sources
06:04que l'on peut mobiliser,
06:06et puis de compléter l'histoire que l'on peut produire
06:08à partir d'autres documents.
06:11Très souvent, on a affaire à des sources officielles,
06:13institutionnelles, les fédérations,
06:16et encore, elles ont du mal à verser leurs sources,
06:18leurs archives, pardon.
06:20Mais là, ça va être l'occasion de rentrer
06:23par d'autres domaines, d'autres sujets,
06:26pour compléter l'histoire que l'on a déjà produite
06:29et que l'on a déjà réalisée.
06:31Alors, Brigitte, on est parti d'un constat, j'imagine,
06:33avec ces archives, justement, qui font l'histoire du sport.
06:37On a eu envie, je l'imagine, en tout cas, de se souvenir.
06:41Comment a démarré ce projet
06:43et quel est l'objectif, finalement, de cette collecte ?
06:45– Alors, on a été justement bien soutenus et incités par les historiens
06:50pour lancer cette grande collecte.
06:52Les historiens et historiennes autour d'Emmanuel Laurentin,
06:56dans un petit comité qui était lié à Paris 2024.
06:59Et c'est vrai que le premier élément que ces historiens ont fait ressortir,
07:05c'est qu'il nous manque des sources, donc une grande collecte serait opportune.
07:10Alors, elle a une grande sœur, cette grande collecte,
07:12c'est la grande collecte 14-18,
07:13qui avait très bien fonctionné lors du centenaire de la Grande Guerre.
07:17Et donc, on travaille un peu sur le même principe,
07:21c'est-à-dire que c'est vraiment tout le réseau des services d'archives
07:24qui est concerné, archives nationales, départementales,
07:26municipales, régionales, en métropole, dans les territoires d'outre-mer.
07:31Et suivant les opportunités, suivant les fonds qu'ils ont déjà aussi,
07:37ils peuvent se lancer dans telle ou telle orientation,
07:40faire une collecte de quelques jours, faire une collecte sur plusieurs mois,
07:43faire une collecte auprès des clubs,
07:44faire une collecte plutôt auprès du grand public.
07:47En tout cas, ce que l'on souhaite, c'est vraiment,
07:50c'est une collecte participative, vraiment une collecte citoyenne,
07:54où chaque personne peut se dire,
07:57j'ai peut-être quelque chose dans mon grenier,
07:59dans mon garage qui peut intéresser.
08:03Et en fait, finalement, on ne se rend pas forcément compte
08:07qu'on a des choses intéressantes pour l'histoire,
08:09parce qu'on vit avec, c'est notre quotidien,
08:11on a fait ça, on a fait un peu de sport quand on était jeune,
08:14on a été président d'un club, on se dit bon, oui, d'accord.
08:18Mais finalement, l'archiviste est peut-être aussi là pour révéler
08:21l'intérêt que peuvent avoir des documents auxquels on ne pense pas.
08:27– Alors, choisir, c'est renoncer, on a l'habitude de dire,
08:30mais est-ce qu'on accepte toutes les archives ?
08:33Est-ce que ce sont des archives plutôt papier ?
08:35Est-ce qu'on a des archives vidéo
08:37au sein des archives départementales d'André Loire ?
08:39– La notion d'archives, elle est très vaste,
08:41puisque c'est quel que soit le support,
08:43et y compris un que vous n'avez pas cité qui est le support numérique,
08:46c'est-à-dire que dans la collecte que nous avons déjà obtenue,
08:49il y a aussi des supports numériques, des fichiers,
08:52notamment des photographies sous forme nativement numérique,
08:56mais aussi effectivement des vidéos et des documents en papier.
09:01Ce qu'on ne va pas toujours réussir à prendre,
09:03puisque dans un service d'archives,
09:04on n'a pas les infrastructures pour cela, ce sont les objets.
09:08Alors après, la limite entre un objet et un document, parfois, elle est infime.
09:11Est-ce qu'un fagnon est un objet ?
09:13Est-ce qu'un fagnon est un document d'archives ?
09:15On pourrait discuter longtemps sur ce point.
09:18Donc, on va faire la part des choses aussi en fonction de notre interlocuteur.
09:22Et puis souvent, quand il est confronté à une grande masse,
09:26ce qui est parfois le cas,
09:27parfois on a juste quelques photographies,
09:29parfois on va avoir tout un fonds d'archives,
09:30on va l'aider à essayer de trouver dans cet ensemble-là
09:34ce qui serait prioritaire pour la conservation,
09:37puisque malheureusement, dans un service d'archives,
09:39effectivement, on ne pourra pas tout prendre,
09:42malgré le fait que les historiens puissent le regretter,
09:45mais effectivement, de temps en temps,
09:46on va prioriser les éléments qui nous semblent les plus importants.
09:51– Colin Miège, je sais que vous avez une affection, évidemment, pour l'histoire.
09:56Est-ce qu'on regrette, parce que je rebondis sur le côté numérique,
09:59est-ce qu'on regrette, entre guillemets,
10:01cette nouvelle façon de consommer les iconographies et les choses comme ça,
10:06qui ne sont plus des archives, j'allais dire,
10:08comme à l'époque, avec des tickets peut-être, ou des photos imprimées ?
10:12Est-ce qu'il y a une évolution, justement, dans la société de ça ?
10:15Et comment vous la voyez, cette évolution ?
10:17– Oui, alors, ce n'est peut-être pas à moi de répondre
10:19sur la qualité des archives aujourd'hui,
10:22par rapport à celles qu'elles étaient autrefois,
10:24mais je voudrais peut-être revenir sur le parallèle
10:26qui a été fait entre les deux collectes,
10:28celle concernant la Grande Guerre et celle d'aujourd'hui,
10:31qui nous occupe.
10:32Alors sur la Grande Guerre, vous vous en souvenez,
10:34c'était quand même participer au grand récit national,
10:38il y avait un côté émotionnel,
10:40la guerre avait touché absolument toutes les familles,
10:43et on voyait bien qu'il y avait un contenu
10:45quand même très chargé, très fort en émotions.
10:48Aujourd'hui, c'est un peu différent,
10:50donc l'émotion est moindre,
10:53mais l'intérêt est tout autant fort, je crois.
10:57Moi, il me semble que finalement,
11:00l'histoire du sport est assez peu connue, malgré tout,
11:03et ce qui est très intéressant, finalement, dans cette collecte,
11:05c'est de remonter un peu vers le passé,
11:08et moi, ce qui m'intéresse, finalement,
11:10c'est de voir à quel point, en quelques décennies,
11:14les mentalités ont complètement changé,
11:16alors à la fois dans la manière de pratiquer le sport,
11:19on était beaucoup plus sur un sport compétitif,
11:22le sport santé était très loin de nos préoccupations,
11:25les handicapés, on ne s'en occupait pas,
11:28et il y avait aussi des attentes qui étaient finalement très différentes.
11:33Donc c'est ça qui est intéressant,
11:34et je pense que cette collecte doit pouvoir nous,
11:37comme on l'a dit, compléter un peu les manques,
11:39et nous amener à avoir une image finalement globale
11:43plus précise de tout ceci.
11:45Un petit mot pour vous dire,
11:47et pour illustrer ce que je viens de vous dire,
11:50il se trouve que j'appartiens à un club,
11:52un gros club de randonnée, de sport de plein air,
11:55qui fête aujourd'hui ses 60 ans, dans les jours qui viennent,
12:00et ça nous a amenés à nous repencher, par exemple,
12:03sur l'objet social qui avait été déclaré de cette grande association,
12:09il y a 60 ans, en préfecture.
12:11C'est absolument sidérant,
12:12c'est-à-dire que le club était là pour inciter les jeunes ouvriers
12:18à pratiquer du sport, à les éloigner de l'alcoolisme, etc.
12:22On voit à quel point le contexte était tout à fait différent d'aujourd'hui.
12:27Alors l'objet social du club reste très fort,
12:30mais l'objet a complètement changé.
12:32Voilà, c'est ce que je voulais dire en quelques mots.
12:34On se rend compte effectivement, avec cette collecte d'archives,
12:37les habitudes qui étaient peut-être différentes.
12:40Michel, une petite réaction ?
12:41Oui, je voudrais revenir sur la question d'archives numériques,
12:44pour dire deux choses.
12:46D'abord, il se trouve que dans ma carrière à l'INSEP,
12:49j'ai eu le plaisir de créer l'iconothèque.
12:52Il y avait des ressources photographiques, cinématographiques,
12:56depuis Demeni, depuis le début du siècle,
12:58extrêmement riches, mais mal exploitées.
13:00Et j'ai fait en sorte qu'elles soient exploitées,
13:02et sur des supports numériques,
13:03qui les rendent, ces supports, accessibles maintenant à tout le monde.
13:08Et ça, c'est un grand progrès.
13:09Et la numérisation des documents traditionnels,
13:12des archives sur support papier, c'est aussi un très grand progrès,
13:16parce que ça permet aux chercheurs, Denis le dira peut-être mieux que moi,
13:19en tout cas dans ma pratique quotidienne de chercheur amateur,
13:23grâce aux supports numériques et à Internet,
13:25on a accès à un nombre d'informations,
13:29de sources d'informations beaucoup plus riches,
13:31beaucoup plus facilement qu'antérieurement.
13:33Et ça, c'est très bon pour le développement
13:35et l'avenir de la recherche, à mon avis.
13:36Enfin, Denis aura peut-être un avis sur ce sujet.
13:38Justement, Denis ?
13:39Oui, c'est vrai que le métier a changé.
13:42Ça fait un petit moment que j'exerce maintenant,
13:45et les journées passées dans les bibliothèques,
13:48dans les centres d'archives ne sont plus ce qu'elles étaient.
13:51Aujourd'hui, on a, comme vous le disiez,
13:53accès à beaucoup de ressources qui sont numérisées,
13:56et les centres d'archives, effectivement,
13:58font cet effort de rendre disponible l'archive.
14:01Il n'empêche que le métier d'historien,
14:04c'est aussi mettre les mains sur du papier,
14:06sur des choses anciennes, poussiéreuses peut-être,
14:09et qu'on a ce plaisir aussi
14:12d'aller chercher le document original
14:16qui vient d'émerger.
14:19Ça donne aussi, finalement, à notre histoire
14:22une forme d'originalité, de diversité.
14:25Si nous consultons tous les mêmes archives,
14:28on va produire peut-être pas la même histoire,
14:30parce que chaque historien a sa lecture personnelle de l'archive,
14:34mais on risque de s'appuyer sur les mêmes sources.
14:36Nous parlions tout à l'heure du croisement des sources,
14:39mais un croisé des sources, c'est aussi aller chercher
14:41des documents différents, originaux,
14:43que... Alors, c'est pas une compétition entre historiens,
14:47mais qu'un autre historien n'a pas forcément trouvé,
14:50et que les centres d'archives, que la Grande Collecte
14:52va faire émerger, et ça, c'est intéressant.
14:55Alors, Brigitte, on se rend compte aussi
14:56quand même qu'on s'appuie sur des grands événements,
14:59en fait, pour lancer les Grandes Collectes.
15:00On a parlé de la Première Guerre, évidemment,
15:01et là, des 100 ans des Jeux de Paris 1924.
15:04– Oui, alors, c'est vrai que c'est des opportunités
15:06pour parler d'un sujet, parce qu'en fait,
15:08il y a plein de sujets dans la société.
15:10Mais c'est une occasion de mobiliser,
15:13et pour nous, de nous plonger dans ce monde,
15:16dans ce monde que l'on découvre.
15:18Et vous disiez tout à l'heure, archives et sport,
15:22est-ce que culture et sport, oui, il y a des liens, c'est sûr.
15:27– Je complète là ce que disaient les deux derniers interlocuteurs,
15:32pour dire que c'est vrai que la recherche,
15:35aujourd'hui, on a beaucoup plus de moyens de la faire,
15:37notamment, nous avons un portail France Archive,
15:41qui est un portail interministériel,
15:43et c'est vrai que les possibilités de fouille de données,
15:46d'un portail qui va permettre d'aller chercher des informations
15:52qu'on ne trouverait pas s'il n'y avait pas ce portail,
15:55et en tapant sport, par exemple,
15:57on a plusieurs dizaines de milliers de réponses,
16:00et on peut découvrir des éléments qu'on ne serait pas allé chercher
16:04au fin fond de tel département parce qu'on n'avait pas connaissance.
16:07Donc c'est vrai que ça révolutionne aussi,
16:09le numérique révolutionne la façon de chercher.
16:13– Mais ça n'empêche pas qu'il faut collecter.
16:15– Il faut collecter, alors évidemment, si on n'a pas collecté,
16:17effectivement, c'est la base.
16:19– Quels sont les acteurs, j'ai déjà une petite idée sur le plateau,
16:21mais quels sont les acteurs qui sont impliqués dans cette grande collecte,
16:24on a le côté archives nationales ou départementales,
16:28mais on a aussi des restaurateurs, on a des archivistes, comment ça se passe ?
16:32– Alors dans un service d'archives, il y a plusieurs métiers,
16:34effectivement, il y a une répartition,
16:37il y a une répartition d'abord des personnes qui collectent,
16:40qui vont sur le terrain pour aller voir les personnes
16:46qui peuvent donner, les potentiels contributeurs,
16:50et puis oui, après il faut classer les archives, il faut les indexer,
16:55d'où l'intérêt après d'être dans un portail national pour pouvoir être repéré,
17:00pour que les documents soient recherchables et repérés.
17:05Et puis vous avez aussi les restaurateurs,
17:08c'est-à-dire que si on a besoin, si un document est abîmé,
17:11on en a besoin par exemple pour une exposition,
17:13eh bien on va pouvoir faire restaurer le document
17:17pour qu'il soit montrable,
17:20mais aussi qu'il puisse être consulté par l'historien,
17:22parce que s'il est vraiment trop abîmé, on ne va pas le communiquer,
17:25il sera provisoirement mis de côté.
17:29Donc il y a aussi effectivement cet aspect curatif,
17:34si les documents ont été conservés dans de mauvaises conditions,
17:38et ça c'est une partie aussi de conseils que l'on peut faire
17:42auprès des personnes que l'on voit,
17:45on ne se rend pas forcément compte que les documents que l'on a s'abîment
17:47parce que c'est humide,
17:49parce qu'il y a des canalisations qui passent et donc elles peuvent éclater,
17:56et donc il y a cet aspect-là.
17:59Et puis in fine, évidemment si on collecte, c'est pour communiquer,
18:03donc on a la partie historien, mais de tout citoyen.
18:09Tout citoyen peut gratuitement venir dans un service d'archives,
18:13consulter un document, c'est vraiment le patrimoine de la nation.
18:17Donc quelqu'un qui s'intéresserait à sa commune, à son club,
18:21à un athlète, peut venir gratuitement consulter les documents.
18:27Et ça pour nous c'est extrêmement important,
18:30parce que c'est vraiment la finalité de ces collectes.
18:33– D'ailleurs j'ai eu la chance d'aller aux archives départementales à Nanterre,
18:37j'ai rencontré Pierre Chanserelle,
18:38et on se rendait compte justement de l'importance par exemple
18:41d'un stade dans une région,
18:44on se rend compte de choses qui ont marqué le territoire justement,
18:48et les populations, ça côté historien justement,
18:52c'est quelque chose d'important de se dire que finalement,
18:55ça a pu aussi modeler ces différentes constructions de stades,
18:58ces performances d'équipes, etc.,
19:00modeler toute une région et une population.
19:04– Oui, enfin c'est évident que la connaissance du patrimoine des archives
19:09permet aussi aux décideurs de prendre des décisions
19:12mieux éclairées par l'histoire.
19:14Je voudrais revenir un tout petit peu sur le côté proactif de la démarche.
19:19Les archives, on n'attend pas sereinement, béatement le dépôt,
19:23il faut aller les chercher,
19:25et je trouve que la Grande Collègue,
19:26ça c'est une initiative extrêmement intéressante,
19:28parce qu'il faut rappeler régulièrement
19:31à tous ceux qui peuvent fournir des archives,
19:34qu'ils peuvent les donner, que c'est intéressant en soi,
19:36et c'est intéressant pour l'avenir, pour les autres,
19:39pour la collectivité,
19:40donc il faut une démarche proactive, elle a été engagée.
19:43C'est très bien, comme disait Brigitte,
19:46les archives, il faut les classer, les indexer,
19:48il faut les présenter,
19:49il y a tout un travail des archivistes qu'il faut saluer là,
19:52parce que c'est une des clés de la bonne exploitation des archives,
19:55et puis il faut les communiquer, c'est une opération très importante.
19:59Il y a aussi une autre chose à faire quand c'est possible,
20:02c'est d'avoir une démarche auprès des acteurs.
20:05Je prends un exemple tout à fait récent,
20:06la Dijop, la délégation intermédiaire pour les Jeux olympiques,
20:09est en train, dans quelques mois, d'avoir terminé son activité,
20:13comme le Cojo, le comité d'histoire auquel j'appartiens
20:17les a sensibilisés, ce n'a pas été difficile,
20:19mais sur l'importance de donner dès à présent leurs archives
20:23aux archives nationales pour qu'elles puissent être exploitées,
20:26et en complément,
20:28si on a les moyens d'aller faire des entretiens auprès des acteurs,
20:32on contribue à enrichir toutes les données,
20:35parce que, comme le disait aussi Denis tout à l'heure,
20:38les archives, c'est bien, c'est un regard,
20:40parfois un regard subjectif, il faut le compléter,
20:43il faut le croiser avec d'autres données.
20:45– Colin Miège, c'est un projet ambitieux
20:48que la France s'est lancée justement cette collecte,
20:50comment ça se passe au niveau européen ?
20:52Est-ce qu'il y a des données qui sont lancées comme ça ?
20:56Est-ce qu'il y a des projets de ce type ?
20:57Parce que là on est quand même, je ne vais pas dire précurseur,
20:59mais pas loin quand même avec cette grande collecte
21:02justement des archives du sport.
21:04– Alors, j'avoue franchement que je n'ai aucune idée
21:08de ce qui peut se passer dans les autres pays,
21:11les autres États membres de l'Union européenne.
21:14Ce que je peux dire simplement,
21:15c'est que l'Europe et le sport ont une histoire commune quand même,
21:22qui remonte finalement à Jacques Delors,
21:25président de la Commission européenne,
21:28il y a déjà quelques décennies.
21:30Jacques Delors qui était vraiment un passionné de sport
21:35et qui avait conçu un petit peu le sport
21:39comme un élément fédérateur,
21:42une espèce de ciment entre les États membres
21:45qui étaient beaucoup moins nombreux à l'époque.
21:49Il avait même voulu mettre sur pied des épreuves sportives européennes
21:54autour de l'Europe à la voile, etc.
21:57Bon, tout ça n'a pas duré très longtemps,
22:00mais c'est simplement pour dire que…
22:02Alors, il y a une histoire qui est finalement contrastée,
22:06qui est un petit peu en montagne russe, en haut et en bas,
22:11pour arriver ensuite à ce qu'on a aujourd'hui,
22:14c'est-à-dire une compétence certes faible,
22:17mais qui a été donnée à l'Union européenne en matière de sport.
22:21Et tout ça peut être retracé.
22:23Moi, j'ai tenté de le faire dans un ouvrage qui date un petit peu maintenant,
22:29et je suis certain qu'il y a là aussi, pour les archivistes,
22:32une source intéressante.
22:35Alors, où sont les archives ? Ça, c'est une question.
22:38Je suppose qu'elles sont quelque part à Bruxelles,
22:41au sein de l'unité sport qui existe pratiquement depuis le début.
22:46Voilà, mais simplement pour se dire que là aussi,
22:50il y a un récit à retranscrire,
22:53il y a des sources à retrouver,
22:56il y a quelque chose qui peut nous intéresser,
22:59parce qu'au fond, le sport contribue également à la dynamique européenne.
23:04Et on a souvent l'objectif, nous, ici, dans les grandes questions du sport,
23:08de mettre en lumière certaines améliorations qui sont produites.
23:14L'exemple de la Slovénie, notamment, avec le lien entre la culture et le sport,
23:17c'est vraiment quelque chose de fort.
23:19Je pense que le ministère des Sports et le ministère de la Culture sont liés.
23:22C'est vrai qu'en France, il y a quelques rapprochements qui se font, Michel.
23:26On a une grande nation sportive en devenir,
23:28en tout cas la grande cause nationale est là pour ça.
23:31Je crois que vous allez sortir un livre, justement, aussi, à horizon 2025,
23:34pour parler de cette nation sportive française.
23:37On peut profiter de ça aussi, finalement ?
23:39Oui, oui.
23:40Sur ce livre, il est déjà accessible en ligne,
23:43grâce à la numérisation.
23:45Parce que les délais d'impression papier, ce sont des délais…
23:49Ça prend du temps.
23:50Mais, justement, ce livre, il est fondé sur quoi ?
23:52Il s'inscrit parfaitement dans la perspective des Jeux olympiques,
23:56de l'héritage.
23:57Et le président Emmanuel Macron, en 2017,
24:00lorsque la France a obtenu les Jeux olympiques,
24:02a déclaré vouloir faire de la France une vraie nation sportive.
24:08Et le livre reprend cette citation en rajoutant le mot « chiche ».
24:14Parce qu'évidemment, ce n'est pas si simple que ça.
24:17Alors, c'est intéressant, grâce, justement, aux archives,
24:19de pouvoir comparer la situation de la France
24:21par rapport aux autres pays, notamment européens.
24:25On constate que la France est une nation assez sportive,
24:28mais pas tant que ça.
24:30Il y en a qui sont quand même meilleurs.
24:31Donc, il y a de la marge de progrès.
24:34C'est très bien.
24:35Mais ce que je veux dire, simplement, c'est que les archives
24:39servent à mettre en évidence des difficultés actuelles.
24:41Je prends un simple exemple.
24:43La ministre en exercice essaie de promouvoir
24:46la continuité sportive du jeune, de sa famille, de l'enfance,
24:50de l'école jusqu'à l'université et jusqu'à la fin de la vie.
24:54C'est un objectif très louable.
24:55C'est la continuité sportive.
24:57Dans cet ensemble, l'éducation nationale
24:59joue un rôle très important avec l'éducation physique et sportive.
25:03Nécessaire, mais pas forcément suffisante,
25:05parce qu'il y a des choses avant et après.
25:07Eh bien, certaines actions,
25:09comme 30 minutes d'activité physique quotidienne, par exemple,
25:13ou deux heures de sport en plus au collège,
25:16se trouvent objectivement freinées.
25:18Je ne vais pas rentrer dans le détail du livre,
25:20mais on comprend mieux les freins quand on connaît l'histoire
25:23des relations entre le sport civil, l'éducation physique,
25:26l'éducation physique et sportive, etc.
25:29Donc, je reprends la citation d'Edgar Morin.
25:34La connaissance, enfin, le retour aux sources
25:36permet de mieux déterminer l'avenir
25:39et de mieux orienter les politiques à condition...
25:42Il faut avoir un certain courage pour étudier le passé,
25:44parce que, quelque part, ça remet en cause,
25:46ça peut remettre en cause les décideurs actuels.
25:49Est-ce que, finalement, je fais assez nouveau ?
25:51Est-ce qu'on l'a déjà fait ?
25:52Si on l'a déjà fait, est-ce que ça a bien marché ou pas ?
25:55Si ça n'a pas bien marché, pourquoi ? Il faut analyser.
25:58Donc, vraiment, cette connaissance du passé est très utile
26:01pour ceux qui veulent faire l'effort
26:03et accepter de se remettre potentiellement en question,
26:06construire l'avenir.
26:07– Et Brigitte, il y a eu un sacré courage aussi
26:09pour lancer cette grande collecte, finalement.
26:10Alors, chiche de rassembler beaucoup d'archives,
26:14justement, c'est ambitieux de se dire qu'en un an,
26:16finalement, on va lancer cette machine.
26:18On espère que ça va durer aussi assez longuement, non ?
26:21– Alors, bravo à nos collègues archivistes
26:24qui, dans maintenant 180 sites, collectent les archives,
26:28comme fait Lydiane en Indre-et-Loire.
26:31Donc, c'est eux, effectivement, c'est une grande aventure.
26:34Grande collecte, grande aventure.
26:36Ce qui me frappe, c'est de voir que c'est aussi l'occasion
26:41de faire ressortir des spécificités locales.
26:43Par exemple, les archives du Gers,
26:46en l'occasion de la Coupe du Monde de rugby,
26:48fait une collecte autour du rugby.
26:49Et donc, on voit aussi qu'il n'y a pas une uniformisation
26:53dans les archives, mais qu'on est vraiment sur le terrain,
26:57sur le territoire, et que ça permet de faire ressortir
27:02de très belles choses, vraiment de l'histoire,
27:05de l'histoire très précise.
27:08Et donc, la suite, on espère qu'on en parlera peut-être.
27:13Bien sûr, dans la deuxième partie d'émission, évidemment.
27:15Denis, un petit mot ?
27:16Oui, je voulais réagir sur ce que vient de dire Brigitte.
27:19L'intérêt pour les historiens de la grande collecte,
27:22il y a les archives des institutions,
27:24qui, même si certaines fédérations ne les versent pas forcément facilement,
27:28on les récupère, on peut y accéder.
27:31L'intérêt, c'est aussi l'histoire par le bas,
27:33par les petits, par les acteurs locaux,
27:36par les petits clubs qui n'ont pas eu des grandes carrières.
27:39Et ça, pour un historien, c'est aussi très important
27:41parce que ça confirme ou infirme des grandes tendances.
27:44Ça permet de compléter des histoires qui se sont faites au niveau national
27:49et on les descend au niveau local, ou à l'inverse,
27:51de voir des mouvements qui sont partis de clubs
27:54et qui ont essaimé et qui ont construit quelque chose de plus grand,
27:58de national, par exemple.
28:01Et je crois que la grande collecte a aussi cet intérêt
28:03de sensibiliser des acteurs qui se croient
28:06ou qui ne pensent pas...
28:08Mineurs, voilà.
28:09Ou qui ne pensent pas être utiles ou intéressants
28:12à, finalement, verser, donner ce qui a été leur jeunesse,
28:16leur vie, leur histoire personnelle, leur histoire intime,
28:20qu'on n'aurait pas forcément,
28:22ou qu'on n'aurait que par des relations personnelles,
28:25mais qu'on n'aurait pas forcément de manière
28:27beaucoup plus importante et beaucoup plus large.
28:29Et c'est ça, l'intérêt.
28:30Les institutions, finalement, elles ont obligation
28:32ou elles versent quand...
28:34Pas forcément facilement, mais elles essayent de verser ou de conserver.
28:37Les petits clubs n'ont pas cette sensibilité
28:40à l'importance de laisser trace,
28:43de laisser...
28:47des éléments de leur passé,
28:48même s'il a été relativement modeste.
28:51Et ça, c'est intéressant pour construire une histoire sociale,
28:54pour construire une histoire locale, par exemple.
28:56Vous me faites la transition, c'est parfait, Denis.
28:58Non, non, mais merci beaucoup, justement.
28:59Et puis, je voulais aussi, peut-être,
29:01nous replonger dans les archives,
29:02mais à travers une manière ludique, finalement.
29:05Voilà, pour les jeunes, on a des petits quiz, justement.
29:09Ça, c'est important aussi de faire ce lien, justement.
29:11On parlait du sport, de la culture et de la jeunesse.
29:13Ben voilà, on y est là-dedans.
29:15Et on a parfois de bonnes surprises.
29:17Et c'est en ça que vous me faites la belle transition,
29:18parce qu'on va passer à la deuxième partie de cette émission
29:21dans les grandes questions du sport,
29:22parce que certains sportifs ont eu un super parcours,
29:25mais n'ont peut-être pas été mis en valeur comme ils se devaient.
29:29Ils ont lancé une belle tendance
29:31et on aura l'occasion d'y revenir dans quelques instants.
29:33L'occasion de vous remercier, mon cher Michel,
29:35d'avoir été présent avec nous.
29:37Et donc, ben voilà, en tout cas, on regardera attentivement
29:40et on lira attentivement
29:41« Faire de la France une vraie nation sportive »
29:43Chiche, c'est aux éditions...
29:46L'INSEP publiera et c'est accessible en ligne
29:49sur le site du comité d'histoire depuis quelques jours.
29:53Eh ben parfait. Merci beaucoup, Michel Chauveau, en tout cas.
29:55Et puis nous, on se retrouve dans quelques petits instants
29:57avec un nouvel invité.
29:58Vous allez voir, c'est un champion
29:59qui nous rejoint dans cette seconde partie d'émission.
30:02Générique
30:04...
30:09Les grandes questions du sport sur Sport en France.
30:11Évidemment, on s'intéresse à la grande collecte
30:14des archives nationales du sport.
30:16La Fort Dynamique des Jeux de Paris 2024, évidemment,
30:19a impulsé une belle opportunité.
30:21Je suis toujours en compagnie de Brigitte Guignénot,
30:24au service interministériel des archives de France.
30:26J'ai raccourci un petit peu, mais directrice du pilotage
30:29de cette grande collecte.
30:31Denis Jalat, toujours présent également, historien.
30:34On a également Lydiane Gaët-Monschal,
30:36qui est toujours là, et on a la présence d'un contributeur,
30:39d'un donateur, d'un champion, je le disais,
30:41Claude Péchier, champion du monde de kayak en 1969.
30:44Bonsoir, Claude.
30:45Bonsoir.
30:45Merci d'être présent.
30:47Merci de m'avoir invité.
30:49On est ravis de pouvoir, dans cette deuxième partie,
30:52s'intéresser plus à l'aspect pratique, justement,
30:54et comment est-ce qu'on devient contributeur, donateur ?
30:57En tant qu'ancien champion, je veux tout savoir, Claude,
31:00comment s'est passé le rapprochement, justement,
31:02et comment avez-vous entendu
31:03cette grande collecte des archives du sport ?
31:05Eh bien, le club de vallon a été sollicité,
31:09le club de vallon de kayak,
31:12qui avait un certain nombre d'archives,
31:14mais pas autant que moi.
31:16Et donc, la directrice des archives départementales de l'Ardèche
31:19m'a appelé, et on a matché de suite.
31:22Et moi, j'étais intéressé
31:25par donner un certain nombre d'archives que j'avais chez moi,
31:29qui étaient, bien sûr, comme on le disait précédemment,
31:33dans un garage ou dans un grenier,
31:35donc aux aléas climatiques.
31:38Et donc, j'étais enthousiasmé
31:43par donner tout ce que j'avais, et j'en avais beaucoup,
31:47des caisses d'archives, d'articles de presse,
31:51de vidéos, de photos,
31:54donc, de ma carrière, puis après, celles de mes enfants,
31:58et puis celles du club,
32:00et puis celles de l'épreuve que l'on organise,
32:02qui s'appelle le marathon international des Gorges de l'Ardèche,
32:05qui est la plus belle manifestation au monde
32:08après les Jeux de Paris.
32:09Bien sûr.
32:11Et donc, voilà,
32:15puis j'arrive à un âge aussi,
32:18je me dis, qu'est-ce qui va se passer après moi ?
32:20Après, donc, mes enfants,
32:22ils sont sensibles à l'aspect, bien sûr, histoire,
32:28mais ils n'ont pas peut-être l'occasion
32:31d'avoir autant d'espace que ce que je n'ai pu en avoir.
32:34Et donc, voilà, j'ai décidé,
32:37et c'est vrai qu'avec la directrice des archives de l'Ardèche,
32:41on a eu un échange vraiment très, je dirais, très agréable,
32:49donc, pour faire réunir un climat de confiance,
32:53parce que c'est un peu de nous que l'on verse aux archives,
32:57parce que tout ce qui sera versé aux archives, bien sûr,
33:00ce sera consultable, et c'est fait pour ça,
33:02mais je l'aurais pu à la maison.
33:04Mais je sais que c'est bien, ça sera valorisé,
33:07ça sera de toute façon mieux rangé qu'à la maison,
33:11et voilà, j'en suis très heureux.
33:15– Alors, je parlais en ouverture de Tony Estanguet,
33:17ce n'est pas un hasard, évidemment, parce que Benoît a été champion olympique
33:21avec Tony Estanguet en 2004, donc c'était à Athènes,
33:24en plus un symbole, Athènes, les Jeux, évidemment, c'est le lien,
33:27et puis Nicolas, double champion du monde également,
33:29donc c'est une famille qui est très impliquée dans le kayak.
33:33On parlait avec Denis tout à l'heure du fait d'essaimer
33:36et de lancer une dynamique, c'est ce qui s'est fait en 69, j'imagine.
33:39– Oui, moi j'ai eu la chance en 69 d'être nommé cadre technique CTR,
33:45donc le ministre qui était présent, qui s'appelait Joseph Comiti,
33:49m'a dit, ben voilà, tu as rempli ton contrat, qu'est-ce que tu veux être ?
33:52Moi, j'avais pas d'emploi stable, puisque j'avais quitté l'école très tôt
33:57pour gagner de l'argent, pour me payer du matériel,
34:00et donc j'ai été nommé CTR, et donc j'ai fait de ma passion mon métier,
34:06et bien sûr mes enfants ont suivi, ils avaient le choix,
34:11ils ont fait du tennis, ils ont fait du ski, ils ont fait tout un tas de sports,
34:15mais ils sont toujours revenus au kayak,
34:18et donc ils ont fait une carrière de haut niveau,
34:21donc Nicolas a fait les Jeux aussi en 2004,
34:25et donc ils ont été deux fois champions du monde en équipe avec Tony,
34:30et puis Benoît a été champion olympique à Athènes,
34:33ce qui a été pour nous, pour la famille, quelque chose d'extraordinaire,
34:39pour les amis, pour la fédération de l'époque,
34:42il n'était pas favori,
34:44donc c'était un autre athlète français qui était, sous le papier, meilleur que lui,
34:50et il a fait comme moi en 1969,
34:53et bien il a su créer l'opportunité de faire un très grand résultat,
35:00donc c'est tout ce que j'ai donné aux archives de l'Ardèche.
35:02Ça, c'est quand même génial en tant qu'historien,
35:04Donny, j'imagine que des histoires comme ça, ça doit être quand même quelque chose, non ?
35:07Tout à fait, oui, ces histoires magnifiques,
35:10et puis surtout qui se prolongent dans le temps,
35:12avec plusieurs générations, sont exceptionnelles,
35:14parce qu'elles racontent aussi quelque chose des pratiques sportives, du sport,
35:19on voit la passion, on entend la passion quand Claude parle,
35:23pour l'historien, c'est aussi important de se saisir des émotions que suscite le sport,
35:29donc voilà, merci, et puis ça contribue finalement à enrichir aussi,
35:35et à faire du sport, pas quelque chose qui est tourné uniquement vers le passé,
35:40c'est ce passé qui est beau,
35:43et qui fait qu'on a envie de continuer de prolonger ces expériences.
35:48Cette histoire qui continue, Lydiane, qu'est-ce qu'on fait
35:54quand on a justement un champion comme Claude qui se manifeste,
35:58ou qu'on est allé chercher, parce qu'on est proactif,
36:00est-ce qu'on a des verbatimes,
36:01est-ce qu'on a des manières de collecter justement ces archives ?
36:05C'est ça qui fait que la Grande Collecte,
36:07c'est un projet pour un service qui est extrêmement intéressant, extrêmement porteur,
36:10puisque notre mission première à nous,
36:12c'est d'aller collecter les archives des administrations,
36:14avec des règles et un cadre assez strict, réglementaire.
36:18Une Grande Collecte, c'est un projet d'équipe,
36:20parce qu'on va être dans une rencontre,
36:22enfin dans des rencontres avec nos contributeurs,
36:25avec des échanges, et en général, on a les archives,
36:28mais avec les archives, on a le récit, comme vient de le faire Claude,
36:32et c'est ça qui est aussi extraordinaire pour nous,
36:35parce que c'est un petit moment incroyable qu'on peut vivre avec les personnes,
36:39une rencontre, ça match, comme vous l'avez dit.
36:42Donc, c'est ça qui est aussi très intéressant,
36:44et c'est ce qu'on essaye effectivement de conserver pour nos futurs lecteurs,
36:48que ce soit des historiens ou des particuliers,
36:51en essayant, lorsque l'on réalise les inventaires
36:53qui vont donner accès à ces archives,
36:55d'y intégrer, en fait, tous ces échanges, tous ces éléments
36:59qui ne sont pas dans les archives, mais qui les accompagnent,
37:02qui les expliquent, qui les éclairent,
37:03et puis qui sont des récits extraordinaires.
37:05Donc, on a plein de héros, en fait, du sport dans nos territoires,
37:12et on est très, très content, nous, d'avoir ce moment privilégié avec eux,
37:15de pouvoir les rencontrer, ça, c'est vraiment une expérience,
37:18et qui est, en plus, une expérience intéressante,
37:20parce que tous les collègues, tout à l'heure, Brigitte te disait
37:23que dans les archives, il y a des métiers, il y a des gens qui collectent,
37:26il y a des gens qui numérisent, il y a des gens qui classent.
37:29Il se trouve que, sur la grande collecte, tout le monde, s'il le souhaite,
37:34est amené à participer parce que, par appétence pour le sport,
37:37par connaissance aussi de telle ou telle personne qui pourrait venir,
37:43et du coup, c'est vraiment un projet qui est différent,
37:46qui est une aventure, et c'est aussi pour ça
37:49que c'est très, très intéressant pour nous
37:51et que c'est un petit moment de plaisir.
37:53– Oui, mais c'est ça aussi le sport, c'est partager le plaisir, bien sûr,
37:57et Denis, en tant qu'historien, on se sent encore plus utile
38:00qu'habituellement parce qu'on est là aussi, peut-être, j'imagine,
38:03sollicité pour vérifier les propos, pour s'assurer que ce récit
38:08soit correctement donné ?
38:12– Oui, il faut nécessairement vérifier les propos
38:14parce que cette belle histoire de certains acteurs,
38:17elle peut être embellie, elle peut être modifiée par le temps,
38:20par l'inconscient ou par d'autres choses,
38:22donc le travail de l'historien, c'est effectivement de venir vérifier
38:26les dires de ces champions ou de ces grands athlètes.
38:30Mais en même temps, ce qui est intéressant,
38:33c'est justement que derrière notre travail,
38:36il y a aussi l'idée de ressusciter des histoires passées,
38:41des histoires anciennes, des beaux moments de la vie de l'un ou de l'autre,
38:46et c'est aussi ce qui nous fait avancer,
38:48c'est d'aider à se souvenir de ce qui s'est passé
38:54et de montrer aux générations futures aussi,
38:56on parlait tout à l'heure d'héritage,
38:58au sens où ça a été posé dans les politiques récentes,
39:02l'héritage, c'est pas seulement de regarder dans le rétroviseur derrière,
39:05c'est aussi de se projeter vers l'avenir et de donner des exemples
39:09et de montrer des histoires qui sont de belles histoires,
39:12qui sont des histoires positives.
39:14C'est important aussi de pouvoir faire partie d'une belle aventure.
39:18Quand on a lancé la grande collecte, Brigitte,
39:20est-ce qu'on s'attendait à avoir de si belles expériences
39:23et d'expériences si positives, des histoires,
39:26comme celle, évidemment, de la famille Péché ?
39:28C'est toujours une aventure, la collecte.
39:31On ne sait pas sur quoi on va tomber,
39:32on ne sait pas sur quelle personne on va rencontrer.
39:38Donc oui, c'est toujours un peu une surprise
39:41et il y a toujours des belles surprises.
39:44Évidemment, c'est fait pour ça.
39:47Je voudrais revenir sur ce que disaient Claude et puis Denis,
39:51sur le fait qu'il est important de collecter aussi
39:57la mémoire vivante de la personne
40:03et ce que vous faites en Indre-et-Loire.
40:06C'est pour ça qu'on a lancé aussi deux programmes de recherche
40:10avec l'Université de Nanterre,
40:12avec des sociologues et des historiens,
40:15pour essayer d'être au plus près,
40:17je dirais, être le plus scientifique possible,
40:19parce que c'est bien ça aussi qui est en jeu,
40:22c'est de restituer au plus près ce qui s'est passé.
40:26Et donc, on a ce programme de sociologie
40:29sur la grande collecte pour qu'aujourd'hui,
40:33on aille interviewer les donateurs,
40:36on aille interviewer les archivistes
40:39pour voir comment ça se passe et qu'est-ce qu'il y a derrière.
40:42Sinon, ça va répondre à votre question là,
40:45parce qu'on avait un petit peu regretté pour la guerre 14-18
40:48de ne pas avoir fait cette démarche
40:50pour la grande collecte 14-18.
40:52Et là, on s'est dit que c'est vraiment une opportunité à saisir
40:56et qui vient donc enrichir la collecte et les fonds.
41:02Et on a un deuxième programme de recherche
41:05qui concerne les présidents et présidentes
41:08de fédérations sportives
41:11pour justement aussi leur donner la parole,
41:13parce qu'ils sont dans le feu de l'action,
41:15ils ne pensent pas forcément raconter ce qu'ils font,
41:18ce qu'ils ont été aussi, souvent, ils ont un passé sportif.
41:21Donc là, c'est un bon complément qui est apporté
41:25et on donne la parole à des personnes
41:27qui ne l'apprendraient pas forcément spontanément.
41:30Alors, Claude, on peut tout donner,
41:32on peut contribuer de manière différente
41:34ou est-ce qu'on garde les trophées à la maison et dans le garage ?
41:37Les médailles d'or de Benoît, par exemple,
41:41il la garde, puisqu'il a l'occasion
41:45de la mener dans des écoles, par exemple,
41:49dans des cérémonies.
41:52Donc, les médailles, je crois qu'elles sont conservées,
41:55mais tout le reste, je pense que ça peut être versé aux archives
42:00et moi, je trouve que c'est vraiment très bien
42:04parce qu'on peut dormir tranquille,
42:07c'est protégé, c'est valorisé.
42:12Et puis, moi, je le disais ce matin,
42:15j'avais des posters que j'avais dans mon garage
42:18auxquels je tenais beaucoup
42:19quand les premières compétitions internationales que j'ai faites
42:23dans les ex-pays de l'Est,
42:25ils faisaient des magnifiques posters.
42:27J'avais un tube plein de posters
42:30et un jour, j'ai voulu sortir pour les montrer à quelqu'un,
42:32et les souris étaient passées par là.
42:35Et ça, je me suis dit, quand Juliette Gauthier est venue,
42:39la directrice des archives de l'Ardèche,
42:41est venue me rencontrer,
42:42j'ai pensé de suite à cette histoire-là
42:44et je me suis dit, bon, on arrête, on lui donne tout,
42:47sauf les médailles,
42:49et on sait que ça serait bien gardé.
42:54Bien sûr. Le rôle des archives départementales,
42:56il est important, justement,
42:57parce qu'il y a aussi ce côté valorisation.
42:59Comment est-ce qu'on peut valoriser des archives ?
43:01Alors, on sait qu'on peut les numériser,
43:03on sait qu'on peut les restaurer, on l'a évoqué.
43:05On peut aussi, peut-être, organiser des expositions temporaires ?
43:08Alors là, on a commencé déjà dès maintenant,
43:10puisqu'on a entamé la Grande Collègue
43:12depuis un certain temps maintenant.
43:13Donc, on a déjà plusieurs projets qui ont été entrepris,
43:16par exemple, chez nous, en Indre-et-Loire,
43:17des projets pédagogiques, des projets avec des scolaires,
43:20puisqu'on l'évoquait tout à l'heure,
43:22mais je crois qu'un des grands éléments
43:23qui rapproche aussi la culture et le sport,
43:25quelque part, c'est la transmission.
43:27La transmission d'une génération à l'autre,
43:29la transmission auprès des plus jeunes
43:31par les éducateurs ou par les entraîneurs
43:34dans les associations,
43:35et la transmission des archives et de cette histoire-là.
43:39Et donc, les ateliers de jeu
43:42ou les ateliers purement pédagogiques pour les élèves,
43:45c'est quelque chose qu'on a un peu tous mis en place.
43:48Et puis, les expositions.
43:49Donc, par exemple, le 17 mai prochain,
43:52on ouvrira à Langeais, en Indre-et-Loire,
43:54une exposition qui s'appelle Champion
43:56et qui est consacrée à l'histoire du sport en Touraine
43:58et qui est basée sur la Grande Collecte.
44:01Alors, la Grande Collecte,
44:03des archives que nous avons donc collectées,
44:07mais aussi, en passage, le prêt d'objets
44:10par ces mêmes contributeurs,
44:12objets que nous ne garderons pas
44:13puisque ce n'est pas notre vocation,
44:15mais qui nous ont, du coup, été montrés
44:19et que nous présenterons lors de cette exposition
44:21qui dure donc jusqu'au 7 juillet,
44:23et qui est, voilà, l'idée étant de montrer,
44:25justement, ces pratiques anciennes,
44:27ces techniques anciennes, ces matériels anciens,
44:29puisque une raquette de tennis de 1920,
44:32ce n'est pas une raquette de tennis d'aujourd'hui,
44:35parce qu'une tenue sportive, notamment,
44:37on en parlait tout à l'heure aussi,
44:39c'est vrai que c'est...
44:40Voilà, aujourd'hui, c'est technologique,
44:42c'est très pensé, c'est très...
44:43Mais il y a eu des périodes où on faisait du sport
44:46dans des tenues jugées aujourd'hui assez invraisemblables,
44:49mais ça fait aussi partie de l'histoire du sport
44:51et c'est important de le montrer, notamment aux jeunes,
44:54mais d'ailleurs aussi aux plus grands,
44:57qui aussi, comme ça, revivent une partie de leur propre épopée.
45:00Colin Miège, vous êtes toujours avec nous,
45:02président du comité scientifique Singtank Sport et Citoyenneté.
45:06Je voulais vous solliciter, Colin,
45:09en entendant ces belles histoires, justement,
45:12est-ce que là, on se rend compte quand même de l'utilité
45:14et du lien entre le sport, la culture,
45:16et du fait que ça forge, justement,
45:19une société française beaucoup plus unie ?
45:21Oui, oui, tout à fait.
45:23Moi, ce que je retiens de ces grands collègues, finalement,
45:26c'est que, par rapport aux archives traditionnelles,
45:30on élargit considérablement le champ des contributeurs, on l'a dit.
45:34Les archives traditionnelles, c'est plutôt alimenté par des institutions,
45:37c'est ce que nous ont dit ces dames.
45:39Et là, les contributeurs, c'est souvent des personnes privées
45:43qui donnent des documents personnels,
45:46du matériel qu'ils ont utilisé il y a déjà bien longtemps.
45:51Donc, voilà, c'est...
45:53Et alors, à partir de tout ce qu'on a pu récolter,
45:57il faut voir l'intention aussi.
45:59L'intention, je crois, c'est d'analyser ce qui nous a été amené
46:04et tenter de mieux comprendre une époque passée
46:08pour la resituer par rapport à notre époque actuelle.
46:14Moi, je pense véritablement qu'on a une grande rupture aujourd'hui
46:19par rapport au passé.
46:20On n'imagine plus du tout les choses telles qu'elles ont pu se passer.
46:23Les jeunes sont souvent très, très surpris
46:25de voir comment on pouvait pratiquer,
46:28fonctionner il y a encore quelques années.
46:31C'est ça, l'intérêt aussi,
46:33c'est de relativiser le présent par rapport au passé.
46:38Donc, voilà, c'est quelque chose de très salutaire.
46:41Ce que je voulais dire aussi en incitant,
46:42c'est par rapport aux archives,
46:46je voulais signaler que les archives de l'ISER,
46:48le département où je réside,
46:50a collecté tous les documents
46:54qui concernaient les JO de Grenoble.
46:57Nous voilà les premiers JO d'hiver qu'on avait pu organiser.
47:02Donc, après ce Chamonix, néanmoins, dans 1568.
47:06Alors, il y a un fonds absolument considérable.
47:10Et quand on s'y penche un peu,
47:12on voit à quel point l'État fonctionnait différemment,
47:17les organisations sportives.
47:20Enfin, voilà, il y a un contexte qui, finalement,
47:22est extrêmement dépaysant.
47:25C'est intéressant de comparer l'ancien par rapport à aujourd'hui
47:30et de voir quelle est, finalement, la distance qui nous sépare.
47:35Mais c'est intéressant, c'est salubre, je pense.
47:38Oui, cette grande collecte, elle a vraiment un lien important,
47:42elle a une importance capitale, je dirais, Brigitte.
47:45On est encore, évidemment, en appel aux dons,
47:49j'allais dire, ou aux contributions.
47:51On parle beaucoup des jeux, mais encore une fois, j'insiste,
47:54on peut donner des objets qui n'ont pas de lien
47:59avec les jeux ou la Coupe du Monde ou des grands événements.
48:02Ça peut être des événements plus petits.
48:04Tout à fait, oui, c'est vraiment... On l'a élargi au sport, en général.
48:06Donc, en fait, le sport, c'est large.
48:09Et puis, parfois, il y a des frontières, je te montre,
48:11sport et danse, par exemple, parce que la danse, c'est vraiment du sport.
48:14– Ah, là, il y a le breakdance au Girod.
48:16– Breakdance, breakdance, là, cette année.
48:19Donc, oui, on élargit à tous les sports pour toucher plus de monde.
48:26Et l'idée, c'est de faire vraiment émerger l'histoire locale,
48:29parce qu'on se rend compte qu'elle est très riche.
48:32Par exemple, les archives de l'Aisne viennent de collecter
48:36des archives de compagnies de tir à l'arc,
48:39dont le plus ancien document remonte à 1805.
48:41C'est un très beau document, très bien écrit.
48:44Et donc, c'est des petites perles, on parlait des surprises, des perles.
48:48Ça, on est une.
48:50Donc, plusieurs compagnies tirées à l'arc dans l'Aisne,
48:53on n'aura pas forcément pensé à ça, mais voilà, ça a émergé.
48:56Donc, c'est ça, la grande collègue, c'est les bonnes surprises.
49:01– On s'approche des archives départementales,
49:03on s'approche aussi, je vois une adresse patrimoine
49:05at musée-du-sport.fr, par exemple.
49:07Si on est du côté de Nice, on a des fédérations aussi.
49:10Comment est-ce qu'on s'y prend, si on n'est pas un grand champion,
49:13peut-être, qui est sollicité, si on a nous-mêmes envie de faire don ?
49:17– Alors, le plus simple, c'est de se rapprocher
49:19de son service archive le plus proche.
49:21Il y en a à peu près 800 sur tout le territoire.
49:24Et puis, donc, demander conseil à l'archiviste.
49:27Alors, c'est vrai qu'il y a cette frontière un petit peu
49:29entre archives et objets.
49:32Là, c'est l'objet d'une discussion avec l'archiviste.
49:36Il y a des musées locaux qui peuvent être intéressés
49:40par ce genre d'objet.
49:43Parce qu'on se rend compte aussi qu'il y a des sports locaux.
49:47C'est aussi l'occasion de collecter des archives sur les sports locaux.
49:51Alors, archives et objets.
49:53– Bien sûr.
49:54– Donc, ça aussi, ça fait émerger des choses qui, parfois,
49:57peuvent renaître, d'ailleurs, à des occasions comme ça.
50:00Je ne sais pas, la quille de Neuf, le gourène.
50:04Et donc, c'est vrai que souvent, archives et objets peuvent être liés.
50:10– Et on a aussi de belles surprises et de beaux trésors, justement.
50:13On a des images de Saint-Étienne qui était une ville pionnière
50:16dans le fait d'accueillir des compétitions dédiées aux parasportifs.
50:21Alors, on appelait ça des handis sportifs à l'époque.
50:24Pionnière des Jeux paralympiques, finalement.
50:25Alors, moi, ça me touche aussi parce qu'en étant impliquée
50:27sur Sport en France avec Avomark,
50:29l'émission qui fait le lien aussi avec les sportifs et les parasportifs,
50:34on se rend compte de l'importance aussi, à l'époque, de certaines villes.
50:38C'est quand même dingue, en 1969, on avait déjà…
50:401969, c'est une année qui parle, évidemment.
50:43On avait, voilà, cette organisation-là.
50:45Alors, je m'adresse peut-être à l'historien, Denis,
50:47de trouver des trésors comme ça.
50:49Ça doit raviver des souvenirs.
50:51Et puis, parfois, c'est tout simplement aussi des belles surprises.
50:54On ne s'y attendait pas.
50:55– Ça ravive des souvenirs, certainement, surtout pour les Stéphanois, bien sûr.
50:59Mais ce qui est intéressant, c'est de montrer, en fait,
51:01que le sport n'est pas hors-sol.
51:03C'est-à-dire que ce choix de Saint-Étienne,
51:06je ne le connais pas particulièrement,
51:07mais j'imagine aussi, enfin, il s'inscrit aussi
51:10dans des politiques territoriales, locales.
51:12Et finalement, le sport n'est pas déconnecté
51:15de son environnement, de son contexte.
51:17Et c'est ça qui est aussi intéressant,
51:19c'est, certes, nous sommes passionnés tous par le sport,
51:21certes, nous faisons une histoire des sports,
51:24mais en même temps, on peut croiser avec d'autres formes d'histoires,
51:28des histoires politiques, des histoires économiques,
51:30des histoires sociales, des histoires culturelles.
51:32Et le sport vient illustrer, vient compléter,
51:35vient enrichir ce type d'histoire-là.
51:38Et là, pour le cas de Saint-Étienne,
51:40j'imagine que derrière, il y a eu toute une campagne aussi
51:43de communication autour de l'idée, et puis des acteurs locaux,
51:47des acteurs qui se sont saisis de cette idée.
51:50Yves Nêm, notamment, on va le citer.
51:52C'est lui qui a été l'acteur, enfin, évidemment, privilégié,
51:56parce que lui-même était en situation de handicap,
51:58et étant Stéphanois, forcément, ça pouvait aider.
52:01Les archives de Saint-Étienne, d'ailleurs,
52:03font une opération de collecte de témoignages
52:06autour des personnalités qui ont connu Yves Nêm
52:08pour, justement, en savoir un petit peu plus sur cette origine-là.
52:12– Donc, on peut compter sur des ambassadeurs,
52:13comme Claude Péchier, évidemment, pour cette grande collecte,
52:16mais pas que, enfin, je veux dire, on a vraiment tout type de profils
52:20qui peuvent devenir collaborateurs, contributeurs.
52:23– Oui, tout à fait, oui, c'est vraiment un appel, là, au grand public.
52:26On a beaucoup parlé des clubs, on a parlé des athlètes,
52:29mais on parle de l'histoire économique, qui est importante aussi,
52:33parce que derrière, c'est des entreprises,
52:35c'est des infrastructures qui ont construit des stades, des piscines,
52:40c'est l'habillement, les photographes,
52:45donc, c'est vrai qu'en fait, c'est un monde avec tous ces satellites
52:50extrêmement importants, et comme le disait bien Denis,
52:53il y a beaucoup de choses qui se croisent après.
52:55– Oui, on a même des stades d'eau vive
52:57qui portent le nom de certains champions, n'est-ce pas mon cher Claude ?
53:00– Oui, Bourse-et-Maurice, mais vers-sur-Marne,
53:03il y a un bassin qui va servir, donc, au slalom,
53:07et au slalom cross, qui est une nouvelle discipline,
53:10c'est un stade qui a été construit avec un système de pompe sur la Marne
53:16qui remonte l'eau et qui fait un torrent aux portes de Paris,
53:20c'est extraordinaire.
53:22– Et ça, il faudra qu'on s'en souvienne, évidemment, dans quelques années.
53:24Alors, pour conclure, parce qu'on arrive bientôt
53:26à la fin de cette émission, la collecte est prévue jusqu'à quand ?
53:29Est-ce qu'il y a une date butoir ?
53:31Est-ce qu'en 2025, 2026, 2027, on pourra quand même encore être contributeur ?
53:35– Alors, officiellement, il faut qu'elle s'arrête,
53:37donc nous avons fixé ça au 31 décembre 2024,
53:40pour aussi collecter des documents qui auront été produits
53:45pendant les JO de cet été, mais évidemment,
53:48les services d'archives sont là depuis plus de 200 ans,
53:50donc ils continueront à être là et à pouvoir accueillir
53:55les contributeurs qui souhaiteraient, dans quelques temps,
53:58venir déposer des archives.
54:00– Est-ce qu'il y a d'autres collectes qui seraient prévues
54:02à plus ou moins moyen terme ?
54:03On a bien compris qu'en 1914 et donc 2014,
54:06on avait profité de ce centenaire, en 2024 aussi,
54:09est-ce qu'il y a d'autres objets, d'autres projets, j'allais dire, de collectes ?
54:14– Alors, pour l'instant, non, mais on verra, on verra,
54:18et actuellement, il y a une autre collecte qui est en cours,
54:22c'est celle liée à la libération.
54:23Donc 80 ans de la libération et un appel qui a été lancé
54:26par le Président de la République il y a quelques semaines
54:28pour collecter des éléments encore sur cette grande page d'histoire.
54:34– Bon, et bien, on aurait pu encore parler pendant longtemps,
54:36mais je vous remercie beaucoup, Brigitte Guiguenot,
54:38donc au service interministériel des archives de France
54:40et donc directrice de ce pilotage de la grande collecte des archives du sport,
54:44Denis Jalat, historien, Université de Strasbourg.
54:47Pour vous, Claude Péchier, champion du monde 1969 en kayak,
54:51qui évidemment est donateur aux archives départementales de l'Ardèche.
54:54On salue également Michel Chauveau qui était avec nous dans la première partie,
54:58Lydiane Monschal également, bien sûr,
55:00directrice des archives départementales d'Indre-et-Loire.
55:05Et puis, Colin Miège qui était avec nous en visio,
55:07merci Colin pour avoir participé à cette émission
55:11en tant que Président du comité scientifique du Syngtank Sport Estoyanté.
55:15Et puis nous, on va se donner rendez-vous dans quelques semaines,
55:18justement, sur Sport en France pour une nouvelle émission,
55:21les grandes questions du sport dédiées à un autre thème.
55:23Merci à toutes les équipes en régie également,
55:26Julien, Pierre, Lucie, Gwendoline et Pierre également au maquillage.
55:30Et on se donne rendez-vous très vite. Merci beaucoup.
55:48Sous-titrage ST' 501