Jean Roucass / Maurice
Transcript
00:00Alors ça se passe dans un grand magasin. C'est un grand magasin. Le directeur, qui est un homme
00:09qui a fait de bonnes études commerciales, est resté quand même très populaire. C'est un homme
00:15qui donne sa chance à tout le monde. Il a engagé Maurice comme vendeur. Il est là, il dit je ne
00:21sais pas si j'ai bien fait, j'ai ce jeune homme, après tout il n'avait aucune qualification. Je
00:25vais voir un petit peu comment il se débrouille. Il descend comme ça, mine de rien, il surveille
00:30Maurice. Et Maurice il est là avec le jeune boulossier, il est en train de vendre le jeune
00:35boulossier. Alors écoutez, c'est facile, c'est facile. Vous voulez aller à la pêche ? Bon,
00:39la pêche ça va. Vous avez la canne à pêche, vous avez les hamsons, vous avez le fil en crème
00:44florence et tout. La pêche ça va, mais à la pêche, attendez, vous allez y aller comment ? Comment
00:48vous allez y aller ? En vélo ? Vous allez mettre deux heures. Les mecs qui vont en voiture,
00:51ils vont arriver avant vous ? Ils vont arriver avant vous ? Ils vont prendre tout le poisson,
00:54vous allez arriver, vous allez vous emmerder, il n'y aura plus rien. Ils vous font une voiture ? Non,
00:57ils vous font une voiture. Ils vous font un modèle simple avec un coffre spacieux. Moi,
01:03je verrais bien un break, un break. Là, on en a un en promotion à ce moment-là, 85 millions,
01:08enfin si, c'est le beau break. Vous pouvez mettre la glacière, les cannes à pêche, le poisson,
01:13tout ça. Non, parce qu'il vous faut au moins le break. Vous n'allez pas aller... Et le poisson,
01:17si vous en prenez comment, vous allez le ramener ? Non, le break, le break, c'est important.
01:20Quand même, j'ai même une voiture. C'est rien une voiture, putain, si tu n'as pas les moyens,
01:26tu ne vas pas à la pêche, tu restes chez toi. Il te faut au moins ça, il te faut au moins ça.
01:29Imagine, imagine, tu vas à la pêche avec ton break, tout ça. Bon, il fait beau, tu te dis,
01:33je vais rester deux jours au bord du lac à pêcher tranquille. Il te faut une caravane. Tu n'as pas
01:37à dormir en plein air. Tu n'as pas à dormir en plein air. Les fourmis qui te bouffent la nuit,
01:42ou à la baque, tu rigoles ou quoi ? Imagine qu'il pleut, il te faut le matériel de camping. Bon,
01:46on a tout le matériel, on te le fait, on te le solde, 50 millions, on te solde tout.
01:50Allez, 120 millions, on te donne la caravane avec. La caravane avec, alors bien installée,
01:55cuisine anglaise, tout, plaques électriques. Mais quand même, 120 millions. Putain,
02:01si tu n'as pas les moyens, tu ne vas pas à la pêche, tu restes chez toi. Et l'équipement,
02:08tu l'as l'équipement ? Tu l'as l'équipement ? Et le bateau ? Mais je n'ai pas. Tu n'as pas
02:12le bateau. Putain, tu vas à la pêche, tu n'as pas le bateau. On a un petit Christgraf en ce moment
02:16là. Il y a des promotions, on le fait à 60 millions. Bimoteur, coque à l'américaine,
02:22pointée vers l'avant et tout. Plexiglas, tout en biseau, il te faut le bateau. Imagine, tu prends
02:28un gros poisson, comment tu vas le ramener ? Il te faut le bateau. Mais oui, mais le bateau,
02:31ça m'appelle cher. Non, écoute, si tu n'as pas les moyens, tu ne vas pas à la pêche. Il lui
02:35vend pour 380 millions de matériel. Là, il y a le directeur qui arrive. Écoutez, mon ami,
02:42c'est extraordinaire. J'ai jamais vu un vendeur comme vous. Quand je pense que ce pauvre homme
02:48était venu acheter une canne à pêche. Ah non, non, monsieur le directeur, il n'était pas venu
02:53acheter une canne à pêche. Il était venu acheter des Tampax pour sa femme. Je ne vois pas le rapport.
03:02Je lui ai dit, bon, week-end foutu pour week-end foutu, autant aller à la pêche.