La Victoire est en Elles - Mélissa Diawakana & Cléa Texier

  • il y a 2 mois
Cette semaine, Maxine Eouzan reçoit la basketteuse Mélissa Diawakana qui reviendra sur son parcours de vie hors du commun et la danseuse bgirl Cléa (Cléa Texier), étoile montante du breaking français.

Category

🥇
Sports
Transcript
00:00:00Bonjour à toutes et à tous, ravie de vous retrouver dans La Victoire, étant elle votre
00:00:23rendez-vous dédié aux femmes dans le sport et encore un très joli programme.
00:00:28Aujourd'hui, on vous a gâté, à commencer par une histoire de dingue.
00:00:32L'ancienne basketteuse demi-finaliste de l'Euro Cup, championne du Mexique, double
00:00:38championne de Belgique, Mélissa Diawakana a accepté de se confier sur son histoire
00:00:42très touchante.
00:00:43Elle vous en parle dans quelques instants.
00:00:45Nous serons également en compagnie de Big Girl Cléa.
00:00:47Le breaking nouvelle discipline olympique pour Paris 2024 n'aura plus aucun secret
00:00:53pour nous.
00:00:54Retour sur sa jeune et très prometteuse carrière.
00:00:58Un programme riche, salut Mélissa, je suis très heureuse de te recevoir dans La Victoire
00:01:03étant elle.
00:01:04Merci beaucoup.
00:01:05Comment tu vas ?
00:01:06Je vais très bien, merci et toi ?
00:01:07Ça se voit, ton sourire illumine tout ce plateau.
00:01:08Merci beaucoup.
00:01:09J'aimerais aussi saluer bien évidemment notre amie Salim Ejnaïmi, comment tu vas
00:01:15Salim ?
00:01:16Bonjour Maxine, bonjour Mélissa, ça va très bien avec un plateau comme celui-là, je suis
00:01:20en infériorité, c'est génial.
00:01:22Tu te sens bien, on est en girl power.
00:01:25Oui, tout à fait, c'est le but de La Victoire étant elle, c'est ce qu'on aime.
00:01:30Alors écoute Mélissa, Salim est un cavalier non-voyant et on a hâte parce qu'on a plein
00:01:34de questions à te poser toutes les deux.
00:01:36Tu es donc basketteuse, enfin ancienne, puisque tu as mis fin à ta carrière en fin d'année
00:01:422021.
00:01:43Tu as un parcours extraordinaire, on va revenir dessus.
00:01:45Et à la fin, vous allez comprendre que dans la vie, tout est possible, je vous le dis.
00:01:50Je voulais te remercier aussi parce que je sais que c'est la première fois que tu prends
00:01:52la parole un petit peu sur ton histoire vraiment en détail, donc merci pour ça.
00:01:57On va revenir de nombreuses années en arrière pour commencer, parce que tu es né à Kinshasa,
00:02:03donc en République démocratique du Congo, en 1992.
00:02:06Tu quittes ton pays très jeune, sans ta famille, donc j'aimerais que tu nous racontes un petit
00:02:10peu cette histoire.
00:02:12Comment ça a débuté en France pour toi ?
00:02:14Alors comment ça a débuté, c'était très simple.
00:02:17Je me rappelle qu'un jour, je vivais dans la capitale avec ma mère, mon frère et ma
00:02:21grand-mère, puisque mes parents s'étaient séparés très très tôt, mais ce n'était
00:02:25pas du tout une grosse séparation puisqu'on vivait quasiment tous au même endroit dans
00:02:29la capitale.
00:02:30Et un jour, avec ma maman, on se met à prendre le bateau, on va vers Brazzaville, mais je
00:02:36ne connaissais rien, j'allais me promener, c'était une belle promenade, et je me retrouve
00:02:40à prendre un bateau, seul, avec une personne que je connaissais à peine, et donc je monte
00:02:47dans ce bateau, mais comme ma mère était encore là, c'était assez, pour moi, je
00:02:51me disais que je ne m'inquiétais pas trop, jusqu'à ce qu'on monte vraiment dans ce bateau
00:02:54et que ma mère reste sur le port, et que les portes se ferment, et c'est là en fait
00:02:58que je reçois...
00:02:59Donc là, elle ne te dit rien, tu ne comprends pas.
00:03:00En fait non, je ne comprends pas, parce que c'était une longue balade, c'était une très
00:03:02très longue balade, mais en fait on était en train de se rendre à Brazzaville, mais
00:03:05j'étais très jeune, je ne savais pas du tout où on allait, mais je faisais confiance
00:03:08à ma maman, donc on allait se promener comme tous les jours, et c'est au moment de la traverser
00:03:15je devais aller monter sur ce bateau, et quand la porte se ferme, c'est un petit vent
00:03:19glacial qu'on ressent, et on se dit en fait, on comprend que là, les portes venaient se
00:03:23fermer, qu'il y avait une grande séparation, et je ne savais pas du tout où j'allais.
00:03:28Tu as quel âge à ce moment-là, Mélissa ?
00:03:30Alors à ce moment-là, je dois avoir 5 ans, puisque je fête ma 6ème année en France,
00:03:35mais je sais aujourd'hui par rapport à ma date de naissance et à peu près comment
00:03:40c'était, mais je dois avoir à peu près 6 ans.
00:03:42Tel que tu l'as raconté, vas-y Salim.
00:03:44Donc là non, mais dans l'idée, c'est juste pour qu'on comprenne bien, mais tu nous racontes
00:03:49mine de rien que là c'est à 5 ans que tu vois ta famille et tes parents, enfin ta maman,
00:03:55pour la dernière fois en l'occurrence.
00:03:56Pour la dernière fois, exactement, c'était comme, ben pour moi c'était, j'avais l'habitude
00:04:00de voir ma famille voyager, j'ai une très grande famille, ma maman, c'est l'avant-dernière
00:04:05de 12 frères et sœurs, donc c'est une grande fratrie, et du même père et même mère,
00:04:08et donc on était nombreux, donc j'avais plein d'oncles et de tantes qui voyageaient, qui
00:04:12venaient en Europe, donc j'avais l'habitude de voir, et j'avais l'habitude de me promener
00:04:15avec ma maman surtout.
00:04:16Elle a travaillé toute la journée, donc quand elle revenait le soir, on allait souvent se
00:04:19balader, et puis ce jour-là, ça reste un souvenir pour moi qui me marque à vie, puisque
00:04:25ma grand-mère, elle était toujours assise sur un fauteuil qui se balance un petit peu
00:04:29en pleurant, je lui disais comme d'habitude, arrêtez de pleurer, j'arrive, on va se promener,
00:04:34pourquoi tu pleures ? Donc j'ai dit attends-moi, donc elle me dit oui, j'ai dit tu me promets
00:04:38que tu m'attends, je reviens, elle me dit oui, mais elle pleure, mais elle savait, moi
00:04:41je savais pas, mon frère je l'avais à peine vu, et je me rappelle que c'était une très
00:04:46longue balade, une très très longue balade, mais sans savoir que c'était la dernière
00:04:50fois que je voyais les miens.
00:04:52J'imagine exactement la scène et ce regard que t'as dû porter pour la dernière fois
00:04:57j'ai envie de dire à ta mère, est-ce que dans ses yeux tu t'es dit directement là
00:05:02ça te pue quoi, là je vais pas la revoir pendant longtemps.
00:05:05Alors la seule chose je me rappelle c'était le frisson glacial que j'ai eu lorsque les
00:05:11portes se ferment, parce qu'en fait jusqu'à là j'avais une totale confiance, je me disais
00:05:14bah je sais que ma maman, donc il pouvait rien m'arriver, elle m'avait fait des couettes,
00:05:18elle m'avait fait toute belle, je me rappelle j'étais folle, des sandwiches à l'époque
00:05:22pour nous c'était une richesse, donc je me rappelle avec le petit sandwich qu'elle m'avait
00:05:26acheté, c'était le plus beau jour de ma vie, donc on allait se promener, mais quand
00:05:30on monte dans ce bateau, quand je monte dans ce bateau en fait et je réalise que quand
00:05:33tu rentres à l'intérieur il y a des grandes vitrines, et je vois ma mère en fait de l'extérieur,
00:05:37mais c'est quand la porte se ferme et qu'elle est à l'extérieur, c'est là que je me
00:05:42prends un frisson et je me dis en fait là c'est sérieux, c'est sérieux, mais on se
00:05:47pose pas la question où est-ce qu'on va, on se pose pas, on se dit juste pourquoi je
00:05:50suis là et pourquoi je suis pas avec ma mère.
00:05:53Alors justement tu arrives en France à Champigny-sur-Marne, Team 94, il faut savoir que tu ne reverras
00:06:01jamais ta famille du Congo, tu es seule en France, tu es donc placée dans une famille
00:06:05d'accueil, mais pas totalement étrangère finalement, raconte-nous un petit peu tout
00:06:10ça.
00:06:11Alors ma mère m'envoie chez son frère, donc chez mon oncle, sauf que c'est un oncle que
00:06:15je ne connais pas, donc ma mère comme je l'ai dit c'est une très grande famille, elle
00:06:18a beaucoup de frères et soeurs, et elle m'envoie chez un de ses oncles qui est un des plus
00:06:23anciens de la famille aussi, mais que je ne connaissais pas, donc pour moi c'est arrivé
00:06:26dans un pays que je ne connais pas, un inconnu, donc on allait beau me dire que c'était
00:06:31mon oncle, je ne connaissais pas cette personne, et le plus difficile c'est quand vous arrivez
00:06:35là et qu'au bout de 2-3 jours on vous dit lui c'est ton père et sa femme c'est ta mère
00:06:40et les 2 enfants qui sont là c'est tes frères et soeurs, vous avez quasiment 6 ans, vous
00:06:44savez qui est votre père, qui est votre mère, qui est votre famille, qui ne l'est pas, et
00:06:48donc il y avait beaucoup de choses là-dedans, il y avait beaucoup de sentiments, quand on
00:06:53est enfant, on a conscience lorsqu'on arrive quelque part et on ressent la chaleur comme
00:06:58le froid, donc on sait quand on est bien accueilli, on sait quand on est bienvenu, on sait quand
00:07:02on n'est pas, et le sentiment que j'ai à ce moment-là quand j'arrive c'est oula,
00:07:06ça va être, c'était froid, c'était glacial, j'arrivais quelque part que je ne connaissais
00:07:11pas et j'étais juste assis sur un fauteuil en regardant les gens où j'étais et puis
00:07:15on t'explique que c'est ta famille mais vous êtes enfant, vous ne comprenez pas en fait,
00:07:20juste vous ne comprenez pas.
00:07:21Et tu n'as pas ce sentiment d'abandon quand même de la part des tiens ?
00:07:26La seule chose, en fait c'était assez drôle parce que la promesse de ma grand-mère,
00:07:33ma grand-mère m'avait dit qu'elle m'attendait, donc je me disais en fait pendant très longtemps
00:07:36je me suis dit…
00:07:37Tu es allé y retourner ?
00:07:38J'allais y retourner en fait, j'étais là, c'était temporaire et que je n'avais
00:07:41aucune raison de ce que je faisais là, je ne savais pas le pourquoi, du comment, j'avais,
00:07:47comme je dis il y a une confiance, quand on est enfant on a confiance en ses parents,
00:07:49j'avais confiance en ma mère, elle ne m'a jamais laissé plus de 2-3 jours quelque
00:07:53part, c'était impossible pour moi à ce moment-là de me dire que, je me disais que
00:07:56c'était un cauchemar et que j'allais me réveiller ou que j'allais un jour repartir
00:08:01et en fait j'ai gardé cet attache, ce raisonnement pendant très très longtemps et c'est ça
00:08:05qui m'a…
00:08:06Je me disais j'allais repartir, ce n'était pas possible quoi.
00:08:09Alors justement le basket, comment il arrive dans toute cette histoire, à quel moment
00:08:13?
00:08:14Alors le basket, donc pendant cette période où ma vie change, donc je comprends très
00:08:19vite que ma vie elle est un peu difficile, dans un endroit où je n'étais pas vraiment
00:08:24accueillie, dans un endroit où on ne m'attendait pas forcément, je n'étais pas à la bienvenue
00:08:29et je saurais vous dire, mais je remercie toujours, je suis très croyante donc je remercie
00:08:33toujours Dieu de me dire que je me suis dit à ce moment-là, je devais sourire, parce
00:08:37que j'avais l'impression, quand je regardais les gens sourire, j'avais l'impression
00:08:40qu'ils étaient heureux.
00:08:41Tu vois c'est ce que je te dis au début de cette émission avec ton sourire.
00:08:43J'avais besoin d'être heureuse et je me suis dit peut-être que je devrais sourire
00:08:47parce que ça rend heureux et aussi en souriant, on vous pose moins de questions, donc très
00:08:53jeune je me suis dit je vais sourire parce que je voulais être heureux, j'en avais
00:08:57besoin et ce sourire que j'ai aujourd'hui qui est pour moi, c'est mon meilleur maquillage,
00:09:04et ça m'a protégé de beaucoup de choses, ça m'a permis, j'étais très prudente
00:09:08de mon histoire, j'en avais peur, j'en avais, donc j'ai gardé derrière un sourire
00:09:12parce qu'on pense que vous êtes heureux, vous êtes bien, donc on ne vous pose pas
00:09:15de questions et donc ma vie se résume à me lever, à avoir aucune idée d'où je
00:09:20suis, de ce que je fais, je me mets à aller à l'école, mais pareil, dans ma tête
00:09:25je me dis un jour que je vais me réveiller et je vais rentrer chez moi, je vais retrouver
00:09:29ma mère, mon frère, ma grand-mère, mes amis, c'est ça qui me fait tenir et vous
00:09:34allez à l'école, vous vous mettez à aller à l'école, donc un an passe, vous êtes
00:09:37toujours au même endroit, mais vous continuez à sourire parce que vous vous dites que ça
00:09:41va aller, vous allez vous réveiller, vous allez rentrer chez vous, et ensuite, j'étais
00:09:46très hyper active et je cachais mon histoire, même si je sais qu'à l'école je disais
00:09:51des choses, mais je ne voulais pas tout dire, j'avais peur de la vérité, j'avais peur
00:09:54de… puis on entend beaucoup de choses, on sait que quand ça ne va pas, vous pouvez
00:09:59être… il n'y avait rien que je ne comprenais rien, c'est un monde que je ne comprenais
00:10:03absolument rien, j'avais peur de raconter les choses, peur de dire les choses et du
00:10:07coup…
00:10:08Peur de ce que les gens pouvaient penser aussi.
00:10:09Exactement, donc vous vous mettez à mettre des carapaces sur vous qui font en sorte qu'on
00:10:13ne vous pose pas de questions, et je tombe hyper active, je fais beaucoup de sport, je
00:10:18suis agitée, un caractère… vous cherchez qui vous êtes puisqu'au final vous avez
00:10:21perdu votre identité.
00:10:22Et donc le basket vient du fait qu'on a l'EPS à l'école et j'avais mes professeurs
00:10:30qui me disaient souvent « Mélissa fait du sport » parce que je ne tenais pas sur place
00:10:34et j'étais assez… je courais assez vite à l'école en EPS, donc il y avait un gymnase
00:10:38qui était vraiment en face de l'école et jusqu'à ce qu'un jour j'allais m'inscrire
00:10:42au foot, finalement je voulais faire du foot, j'adore le foot, ça fait partie des sports
00:10:46que j'aimais le plus.
00:10:47Et en allant m'inscrire, je rencontre une amie qui était dans mon école et qui me
00:10:51dit « Écoute Mélissa, tu devrais aller au basket puisqu'on joue dans un gymnase
00:10:54donc l'hiver il fait chaud » et c'était juste l'argument qui a fait en sorte que
00:10:58je pourrais aller dans le basket.
00:10:59Alors très tôt tu rencontres une coach à Champigny qui va te donner beaucoup de conseils
00:11:05et qui va croire à fond en toi, c'est Marie-Françoise Betou, parle-nous un petit
00:11:09peu d'elle, quelles relations vous avez créées toutes les deux ?
00:11:13Marie c'est le début de… je vous le dis là, de 6 à 7, 8, 9 quasiment, c'est dans
00:11:22les 9 ans, 10 ans que je fais la rencontre de Marie en rentrant dans ce gymnase, c'est
00:11:28la personne qui me sauve la vie, c'est cette femme, c'est pour moi, j'ai ma mère,
00:11:35mais ici en France c'est ma maman, c'est cette femme.
00:11:38Comment elle a fait pour te sauver la vie ? Qu'est-ce que tu peux nous dire là-dessus
00:11:41? Alors ce qu'elle a fait pour me sauver la
00:11:43vie c'est très simple, elle n'a jamais cherché, elle ne m'a pas posé de question,
00:11:50je pense qu'en étant adulte et aujourd'hui maintenant j'arrive un petit peu à comprendre,
00:11:55elle avait compris beaucoup de choses sauf qu'elle ne m'avait jamais brusqué, elle
00:11:58m'avait toujours laissé le temps de… c'est-à-dire qu'à ce moment-là j'avais
00:12:02un caractère très fort, parce que vous êtes livré à vous-même, vous n'avez que vous,
00:12:06et j'ai compris très vite dans la vie que c'est où on se fait marcher dessus et où
00:12:10on est victime, où il faut être fort et donc ça passait par… j'étais à la recherche
00:12:16donc j'avais mis une carapace d'une personne qui était très… j'étais très dure,
00:12:19j'étais très agitée, j'étais sûre de moi, je parlais beaucoup, je parlais fort,
00:12:23et en fait c'était… je me cachais derrière beaucoup de choses et cette femme, elle a
00:12:27vu à travers tout ça, donc autant autour de moi on me disait mais voilà elle est agitée,
00:12:33il faut la laisser, elle ne va jamais y arriver, elle ne comprend rien, elle n'écoute rien,
00:12:37et bien cette femme elle est passée au-dessus de tout ça et je vous raconte un truc, c'est…
00:12:42je rentrais dans ce gymnase à 4h30 et c'était la coach de l'équipe première donc l'entraînement
00:12:47c'est comme ce que je vis aujourd'hui maintenant, c'est l'entraînement du soir qui commence
00:12:50à 20h qui termine à 22h30 et bien jusqu'à 22h30 j'étais dans ce gymnase, de 16h30
00:12:55à 22h30 donc cette femme elle restait là, elle contrôlait mes devoirs, elle m'a inscrite
00:13:01au collège, pour vous dire c'est elle qui m'a inscrit au collège, elle m'offre
00:13:04mes premiers vêtements de basket, mes premières chaussures, mais tout c'est elle et surtout
00:13:10comme je dis elle n'a jamais forcé les choses, ça veut dire que pendant des années
00:13:14j'étais avec elle, elle ne connaissait même pas mon histoire mais elle allait me
00:13:17chercher, elle me déposait chez moi tous les soirs, elle attendait jusqu'à ce que
00:13:21je rentre et que la porte se referme, elle rentrait chez elle, on passait des heures
00:13:25dans sa voiture et elle me disait toujours que peu importe ce qu'il se passait dans
00:13:29la vie, qu'il fallait être une bonne personne, elle me disait Mélissa le plus important
00:13:34souviens-toi c'est de rester une bonne personne, souviens-toi c'est toujours faire
00:13:37le bien autour de toi, c'est toujours, c'était que de la bienveillance et je passais
00:13:42mon temps à lui dire oui mais non, mais toi tu ne comprends pas, ce n'est pas ça,
00:13:46mais je vis ça, je n'aime pas les gens, les gens me traitent comme ça et elle me disait
00:13:51toujours que tout allait toujours finir par bien se passer lorsqu'on fait les bonnes
00:13:56choses.
00:13:57Je suis tellement d'accord avec ça.
00:13:58Mais à ce moment-là voilà, donc je ne pourrais pas vous dire, en fait tout se résume
00:14:02à ça, donc c'est des heures où je la contredit, où je ne suis pas d'accord avec elle, on
00:14:05est sans lui.
00:14:06Mais elle te fait réfléchir en fait.
00:14:07Mais elle me fait réfléchir, elle me fait dire Mélissa de t'accrocher, c'est-à-dire
00:14:11que peu importe à quel point la vie elle est difficile, continue à faire les bonnes
00:14:14choses parce qu'à un moment donné ça va tourner, à un moment donné ce que tu fais
00:14:18de bien ça finira par payer, à un moment donné la vie, il y a quelque chose qui va
00:14:23changer, mais seulement on continue à faire ce qui est juste et ce qui est bien et c'est
00:14:27ce qu'elle a, comment elle a réussi.
00:14:31Donc elle t'a apporté, elle a apporté beaucoup à Mélissa la jeune fille en devenir, etc.
00:14:37Qu'est-ce qu'elle a apporté à Mélissa la sportive, à Mélissa la future championne
00:14:42de basket ? C'est-à-dire que t'as rêvé, on te voit très bien, on t'imagine bien rêver
00:14:47devant ses équipes premières entre 20 et 22 le soir après les cours, qu'est-ce qu'elle
00:14:53t'a donné à toi pour te dire demain il n'y a pas moyen, ce sera moi à la place de ces
00:14:59gens-là ?
00:15:00Elle m'a laissé être moi-même alors qu'on était, les générations sont en train de
00:15:04changer, on est en train de vivre totalement d'autres choses aujourd'hui où on voit les
00:15:06jeunes briller, on voit les jeunes avoir de la chance beaucoup plus tôt, à mon époque
00:15:11on enlève une dizaine d'années, c'était très très dur de performer en première division
00:15:16surtout dans la ligue féminine en France, c'est un niveau qui est énorme depuis des
00:15:20années donc c'était dur d'avoir sa place et ce que j'ai adoré chez cette femme c'est
00:15:25que, ce qu'elle a apporté à Mélissa la basketeuse c'est qu'elle m'a toujours laissé être
00:15:29moi-même.
00:15:30Alors je rentrais, je ne connaissais absolument rien au monde du basket, moi j'arrivais de
00:15:33jouer en National 2 avec elle parce que c'était tout ce que je connaissais mais elle m'emmenait
00:15:36tellement partout avec elle, voir les matchs de la National 2 et on est tombé un jour
00:15:44en jouant contre les espoirs de l'USVO Valenciennes à l'époque qui jouait en National 2 mais
00:15:47l'équipe première c'était l'USVO, le grand USVO encore, Valenciennes, cette équipe
00:15:52jouait dans le championnat français mais qui jouait l'Euroleague et j'avais aucune
00:15:55connaissance de ça, j'avais même aucune idée qu'on pouvait vivre du basket et qu'on
00:15:59pouvait en faire son métier, c'est encore pour moi juste une passion et elle m'a laissé
00:16:04m'exprimer et être moi-même sur le terrain, ça veut dire que toute la rage, toute l'incompréhension,
00:16:09toute la détresse, la misère que j'avais, j'ai mis sur le basket c'est tout ce que
00:16:14j'avais donc je jouais avec de la rage, je jouais avec... parce que tout ce que j'avais
00:16:20intérieurement je ne savais pas l'extérioriser extérieurement en parlant, en me confiant,
00:16:25je n'avais personne pour me confier, je ne trouvais personne à qui vraiment raconter
00:16:29ce qui m'arrivait en fait donc du coup j'ai mis ça dans la balle et alors j'étais dure,
00:16:33j'étais agressive, mais tout ça c'est tout ce qu'il y avait intérieurement et elle
00:16:37m'a laissé en fait, bien évidemment en essayant de me cadrer mais on était dans
00:16:41un monde, dans un système où on voulait que les jeunes jouent comme ça, on est encore
00:16:47dans un monde où on veut que les gens rentrent dans des box et elle m'a permis très jeune
00:16:51moi de m'exprimer sur le terrain en étant moi-même donc j'allais regarder les vidéos
00:16:54à l'époque, on avait pas, on avait encore les grands ordinateurs, je me rappelle, du
00:16:58coup je commençais à m'intéresser un peu au basket puisque quand elle m'amène voir
00:17:01ce match-là, je fais un paradoxe, je lui dis, donc je découvre là ce milieu, ce monde
00:17:05de basket pro et je la regarde dans les yeux et elle était à ma droite, je lui dis tu
00:17:10sais quoi Marif, bah moi je vais jouer là, je vais jouer en Eurolique et c'est une promesse
00:17:15que je lui fais en me regardant dans les yeux, elle rigole quoi, elle rigole mais pas tellement,
00:17:19il y a peut-être moyen, elle rigole et en me regardant dans les yeux je lui dis je vais
00:17:24y arriver là, je vais jouer et je vais faire ça et j'allais regarder du coup les vidéos
00:17:29sur internet, je regardais comment Kobe jouait, donc je prenais des petits trucs qui se passaient
00:17:33sur internet et je venais à la salle et je lui disais regarde ce que j'ai appris et
00:17:36elle me laissait faire, donc ce qu'elle a apporté c'est qu'elle m'a démontré que
00:17:41on pouvait être soi-même dans une société où on voulait entre guillemets formater les
00:17:46gens, on voudrait que les gens puissent être comme ça et pas autrement et on veut que
00:17:50ça soit, elle m'a laissé m'exprimer être moi-même, elle m'a démontré qu'en étant
00:17:55soi-même on peut réussir aussi. Alors entre tes 15 et 18 ans tu vas jouer à Valenciennes,
00:18:00à Reims, à Villeneuve-d'Ascq et surtout tu essayes un petit peu de quitter le domicile
00:18:05où ça se passe pas très bien, tu passes pas du tout par l'INSEP, raconte-nous un petit peu
00:18:10ces années avant d'aller chercher tes premiers contrats pros. Avant d'aller chercher mes premiers
00:18:15contrats, tout commence par Marie, en voyant un petit peu la personnalité, le jeu qui
00:18:22était un peu atypique à l'époque parce qu'on n'avait pas vraiment des filles qui faisaient
00:18:25ce qu'on appelle des cross, des jeux un peu comme les hommes, elle a commencé à parler
00:18:29un petit peu de moi un peu partout, elle a parlé à l'INSEP justement, elle a parlé
00:18:33à pas mal de centres et j'ai pas eu la chance d'aller en centre de formation à l'INSEP,
00:18:39il s'avère que c'était, bon il y avait déjà le caractère qui passait pas parce que j'avais
00:18:42encore un caractère qu'il fallait énormément cadrer et donc je rentrais pas du tout dans
00:18:47les codes mais j'ai eu la chance à cette époque-là, il y avait François Gomez qui
00:18:51était le coach de l'INSEP qui m'appelait pour me voir, donc il m'appelait parfois à
00:18:56aller m'entraîner là-bas, il m'entraînait individuellement et donc j'ai pas eu la chance
00:19:00d'y aller, après il y a aussi des choses qui sont au-delà mais que je ne savais pas
00:19:03du tout, c'est que je suis arrivé en France dans cette famille qui était la mienne entre
00:19:09guillemets de sang mais je n'avais jamais été déclarée, donc ça veut dire que j'étais
00:19:15congolaise mais lorsque vous êtes jeune en France, vous êtes mineur en France jusqu'à
00:19:20avant votre majorité et que vous allez vous étudier, la loi française vous couvre et
00:19:24vous êtes protégé, vous êtes considéré comme étant français mais je n'avais pas
00:19:27de papier, donc de mes 6 ans jusqu'à mes 17 ans, je vis en France sans papier et je
00:19:33ne le savais pas, donc en fait tout ce qui concerne les instances fédérales, tout ce
00:19:38qui concerne, en fait il y a beaucoup de choses puisqu'on m'appelle en groupe élargi
00:19:44U15 France, donc l'équipe de France U15, je n'ai pas pu aller au bout mais comme je
00:19:48dis je pense qu'il y a le caractère déjà qui bloquait pas mal de choses mais si je
00:19:51vais aller plus loin, je n'avais aucun passeport, je n'avais aucun document sur moi, je vivais
00:19:55en France comme un clandestin, et donc du coup il y a beaucoup de choses, il y a énormément
00:20:04de choses.
00:20:06Donc ton rêve, tu l'as dit, c'était l'Euroleague, tu vas jouer à Rennes, Calais, puis retour
00:20:11à Villeneuve d'Ascq où tu intègres le centre de formation, justement ton rêve de
00:20:15jouer en élite à ce moment-là, il se rapproche vraiment beaucoup.
00:20:19Alors oui, lorsque je découvre, mon coach m'arrive qui parle de moi un peu partout
00:20:24pour me donner la chance, je ne passe pas par le pôle espoir, je n'avais pas été
00:20:30pris dans le pôle espoir, j'avais 12 ans et la raison pour laquelle je n'avais pas
00:20:34été pris, c'est parce que j'avais dit à un des coachs que je voulais jouer en
00:20:37WNBA ou en NBA, donc c'était la raison pour laquelle je n'avais pas été pris,
00:20:41ça a passé pour de l'arrogance, bon c'était des choix, j'ai respecté ce choix-là,
00:20:47mais vous êtes jeune, quand vous dites ça, on m'a fait passer pour la fille qui a un
00:20:51caractère, qui se la raconte, qui est complètement folle, qui a des rêves, j'ai envie de dire
00:20:56que vous avez 12 ans, vous rêvez de jouer en NBA ou en WNBA, où est la faute ? Mais
00:20:59bon, ce n'est pas très grave, je n'avais pas été pris, j'ai eu la chance d'aller
00:21:03en centre de formation, puisque cette coach et justement François Gomez et sa copine
00:21:09à l'époque, ils avaient parlé de moi un peu partout, donc j'ai pu avoir la chance
00:21:11d'aller en centre de formation de l'USVO, j'avais le choix entre Bourges, entre Mondeville
00:21:16qui étaient aussi des très grosses équipes à l'époque, donc j'ai fait le choix d'aller
00:21:19à l'US Valenciennes, parce que l'USVO, j'ai des amis à moi qui sont là-bas, je
00:21:23me sentais un peu plus à la maison, donc je me suis dit je vais aller là-bas, donc
00:21:27je tombe en centre de formation, et oui, on parle de ce milieu parce qu'on voit les
00:21:32pros s'entraîner, on est à leur contact un tout petit peu, mais le rêve, j'étais
00:21:37encore très très loin, mais ça y est, on était sur le bon chemin.
00:21:42Alors après une saison, tu dois quitter Villeneuve, tu te retrouves à Chartres en Ligue 2, tu
00:21:48es dans des conditions un petit peu compliquées, ça ne se passe pas forcément bien, ce n'est
00:21:52pas là où tu t'épanouis, tu es contrainte de rentrer chez toi, à nouveau, comment tu
00:21:57vis ce moment-là, est-ce que tu le vois comme un échec de retourner à la maison
00:22:03où tu n'es pas finalement trop chez toi ? Oui, parce que je quitte la maison, j'ai
00:22:0813 ans, j'allais avoir 14 ans lorsque je suis arrivé en centre de formation de l'USVO,
00:22:12et c'était la première fois que je quittais vraiment Champigny, et qui était pour moi
00:22:16le cauchemar, qui était pour moi l'endroit, je passais mon temps au gymnase, donc je partais
00:22:20du matin, et imaginez juste, vous sortez de l'école et vous arrivez dans un gymnase
00:22:23de 4h30 à 22h, personne ne vous cherche, je me suis même déjà perdue, c'est des
00:22:28amis d'école, c'est encore des anecdotes que des amis à moi me racontent, j'ai une
00:22:31amie qui, quelque chose qu'aujourd'hui me raconte, c'est une anecdote, son père
00:22:33m'a retrouvée dans la rue, le père d'une amie à moi qui était à l'école m'a
00:22:40retrouvée dans la rue, j'étais perdue, j'essayais de rentrer chez moi, sauf que
00:22:42c'était le soir et je me suis perdue, et ce monsieur ouvre la fenêtre et me dit « mais
00:22:48est-ce que ça va, est-ce que tu es perdue ? » donc j'étais en larmes, et il me raconte
00:22:52toujours parce que j'ai lu le message, elle me dit « je pleurais, et j'ai dit à ce
00:22:56monsieur « ne me faites pas de mal s'il vous plaît, je n'ai pas le droit d'arrêter
00:22:59dans la voiture des inconnus, mais ne me faites pas de mal, je suis perdue » donc j'étais
00:23:02en panique totale, et ce monsieur m'a ramenée chez lui, et donc il dit « est-ce que quelqu'un
00:23:08la connaît ? » donc il était énervé du fait d'avoir retrouvé une jeune gamine,
00:23:12une jeune enfant qui était juste perdue, je vous passe l'anecdote, mais je voulais
00:23:16juste partir de là, quitter cet endroit qui était pour moi l'enfer, qui était douloureux,
00:23:23je n'avais pas de chez moi en fait, je n'étais pas à la maison, donc des centres d'information
00:23:26j'y enchaîne, pour moi le but c'est de tout faire pour ne jamais retourner, mais comme
00:23:32je vous dis, je continue à avancer sans mentor, je continue à avancer sans parents, je continue
00:23:39à avancer sans amis, je continue à avancer, si, avec des connaissances, mais comme je
00:23:43dis personne ne connaît votre vie, ce que vous vivez lorsque vous quittez l'école,
00:23:46lorsque vous quittez le gymnase, et tout ça c'est en moi, c'est-à-dire que je fais chaque
00:23:51étape, chaque centre de formation, où vous voyez tous vos amis aller dans les matchs
00:23:55avec leur famille, leurs parents, vous êtes seul, et donc de mes 9 ans, j'ai eu ce centre
00:24:02de formation, donc 9, 10, 11, 12, 13, 14, vous pouvez les compter, jusqu'à aujourd'hui
00:24:07j'ai envie de vous dire, vous êtes livré à vous-même, vous devez être votre propre
00:24:11mère, votre propre père, votre propre coach mental, vous êtes votre tout, sauf que je
00:24:17suis jeune et je ne connais rien de la vie, je suis juste en train de la vivre et de subir
00:24:21tout ce qui m'arrive, donc c'est où je subis et je raconte ma vie à tout le monde et je
00:24:25suis la pauvre malheureuse, où vous vous dites, tu dois t'en sortir, tu dois trouver
00:24:30un moyen, donc comme vous devenez votre propre mentor, et donc j'avais cette personnalité
00:24:36de toujours me battre parce que j'avais que ça, alors oui, je tape dans les portes, ça
00:24:41marche pas mal parce que vous êtes à peu près bon au basket, sauf qu'à un moment
00:24:44donné, la vie va vous mettre face à des challenges, parce que plus vous allez haut
00:24:51et plus ce qu'il y a en haut, entre guillemets, vous devez vous y préparer, et en haut c'était
00:24:55plus qu'une question de basket, à haut niveau c'était plus une question de basket, c'est
00:24:57une question de savoir vivre, c'est une question de discipline, c'est une question de plein
00:25:01de choses, que lorsque vous n'avez pas, plein de bases, que si vous n'avez pas ça, vous
00:25:05allez vous écrouler là-bas.
00:25:06Donc Mélissa, ce que tu nous dis aussi, c'est que cet échec là, à ce moment-là précis,
00:25:11t'as servi un peu d'électrochoc, c'est-à-dire là, je m'étais promis de jamais revenir
00:25:15à la maison, de jamais quitter les centres de formation, paf, là c'est fait, ça arrive,
00:25:19donc bon, t'as qu'une envie j'imagine, c'est de repartir sur les chemins du basket.
00:25:24Pas vraiment, parce que vous voyez déjà, c'est douloureux, l'enfance elle est douloureuse,
00:25:28vous arrivez malgré tout à vous en sortir parce qu'on vous dit tous les jours, tout
00:25:31autour de vous, vous n'allez jamais arriver à cause de votre caractère, à cause de
00:25:34votre… parce que vous ne rentrez pas dans les codes, vous ne voulez pas faire comme
00:25:36tout le monde, donc c'était déjà difficile, mais vous devez vous supporter ce point-là
00:25:41en disant qu'on verra, parce que c'était à chaque fois qu'on me disait que je n'y
00:25:43arriverais pas, je me disais on verra, et je faisais tout pour y arriver et prouver
00:25:46aux gens qu'ils avaient tort, mais ça c'est… vous prenez des coups et vous devez avancer
00:25:51avec ces coups-là, vous prenez des couteaux, c'est des blessures que vous devez encaisser
00:25:54et les mettre de côté et continuer à avancer, donc, et comme je dis, vous êtes jeunes,
00:25:59vous êtes bons, donc on arrive à se passer, on arrive à, entre guillemets, à mettre
00:26:04de côté vos défauts, mais sauf qu'à un moment donné, vous arrivez dans un monde
00:26:08où tout le monde est bon, c'est-à-dire que vous n'êtes pas la seule, des joueuses,
00:26:11il y en a plein, donc c'est où vous rentrez dans le moule, mais à ce moment-là, je manque
00:26:19de maturité, c'est surtout ça, c'est-à-dire que je me bats, ce qui m'arrive, j'ai
00:26:23été le chercher, c'était légitime, je me suis battu, on ne me l'a pas donné,
00:26:26mais à un moment donné, ce qui m'est arrivé à Chartres, je vais vous le dire, donc je
00:26:30quitte l'ESBVA, l'ESBVA, le V9 Dask, donc je jouais en pro, c'était la première
00:26:38fois que je suis en train de jouer en pro, j'ai joué l'Eurocup, on est en demi-finale
00:26:40de l'Eurocup, et l'ESBVA, c'est un des clubs, pour moi, les plus carrés qu'on
00:26:47peut connaître en ligue féminine, il y avait un manager Valentin qui était extraordinaire,
00:26:51donc c'était très pro, je quitte ce monde pro parce que je me dis, je ne suis pas venu
00:26:54là pour jouer deux minutes, je ne m'entraîne pas tous les jours pour être sur un banc,
00:26:58ça ne m'amusait pas, entre guillemets, ce basket-là, même si j'ai énormément
00:27:01appris et ça fait partie de l'apprentissage, je voulais jouer au basket, je ne voulais
00:27:04pas être sur le banc, je voulais jouer, donc je prends le challenge d'aller jouer
00:27:07en ligue 2, et je me dis, si j'arrive à prouver en ligue 2 que je peux tenir une
00:27:12maison, que je peux tenir une équipe, on me fera encore plus confiance, ça c'était
00:27:15mon idée, et donc j'y vais, je suis allé, je passe de la première division à la deuxième
00:27:22division, j'arrive là-bas, j'ai eu un appartement qui était insalubre, j'arrive
00:27:28dans un endroit où les conditions de vie n'étaient pas terribles, donc je devais
00:27:33vivre temporairement chez une joueuse, et en fait il y avait beaucoup de choses, parce
00:27:37que, comme je vous dis, j'ai une pression de vie qui est, je ne peux pas échouer, parce
00:27:42que je n'ai pas d'endroit où retourner, je ne peux pas retourner à Champigny, donc
00:27:47il faut que ça marche, donc j'ai une pression qui est, tout ce que je fais ça doit fonctionner,
00:27:51sinon je suis dans la rue, je n'ai rien, donc dans mes conditions, et la seule chose
00:27:55que vous avez besoin quand vous êtes sportif, c'est que votre lieu de vie, c'est tout
00:27:58ce que vous avez, parce qu'à l'extérieur c'est la compétition, à l'extérieur
00:28:02vous devez performer, donc le seul endroit où vous êtes bien, finalement c'est chez
00:28:08vous, et moi chez moi, je n'en avais pas, je vivais chez une autre joueuse, donc c'était
00:28:13très compliqué, il y avait beaucoup de choses, et je n'avais pas assez de maturité
00:28:15pour mettre un peu d'eau dans mon vin, être un peu patiente, donc c'était que de la
00:28:20pression, de la surpression, et donc du coup ça ne marche pas, ça ne marche pas, j'expose
00:28:25toujours, je ne suis pas content, je me plains, sauf que ça ne marche pas avec l'équipe
00:28:28quoi, parce que je suis sur le côté, mais c'est tant pas le basket, parce que j'avais
00:28:31un coach que j'adore aujourd'hui, c'est quelqu'un que j'ai beaucoup d'amour et
00:28:35de respect, parce qu'il m'a tendu la main, plus une fois il a essayé de me faire comprendre
00:28:39que ça va aller, mais j'ai 20 ans, je ne l'entends pas du tout, j'ai peur de rentrer
00:28:45chez moi, j'ai peur d'échouer, je prends le challenge de quitter la première division,
00:28:49et vous prenez le risque de vous faire oublier, parce que si ça ne marche pas en deuxième
00:28:52division, ce n'est pas aussi simple de remonter, donc j'ai beaucoup de pression, de beaucoup
00:28:56de choses, de ma vie perso, mais pareil, vous dites à la personne, vous vivez ça,
00:29:01et je n'avais pas assez de recul, pas assez de maturité, donc je vais au clash, et à
00:29:05ce moment-là, on est obligé de se séparer parce qu'on n'arrive pas à collaborer,
00:29:09sauf que comme je dis, là je donne raison à 10 ans de gens qui disaient qu'elle n'y
00:29:15arrivera jamais, son caractère, son comportement, etc., j'ai donné raison à toutes les personnes
00:29:21aujourd'hui qui jusqu'à là, entre guillemets, ne pouvaient rien dire, puisque ça marchait,
00:29:25et bien en un geste, en une chose, je leur ai donné tous raison, et là en fait, non,
00:29:30vous n'avez pas vraiment envie, là vous prenez une grosse claque, et je suis à terre.
00:29:35J'ai envie de te dire, tu leur as donné raison, mais pas longtemps, parce que cette
00:29:39femme qui est en face de moi est une véritable globe trotteuse, parce qu'ensuite il y a
00:29:43eu l'Allemagne, donc tu jouais en division 1, après l'Allemagne, il y a eu l'Angleterre
00:29:50pour finir la saison, et surtout tu vis une saison 2016-2017 complètement dingue, parce
00:29:54que tu commences à Hannover en Allemagne en septembre, en février, tu as une opportunité
00:29:59à Nice, en ligue féminine de basket, club avec lequel tu te maintiens, et à la fin
00:30:04de la saison, en mai, direction Mexico, pour la Summer League, comment c'était le Mexique,
00:30:11tu seras championne là-bas en plus, en étant MVP, tu y croyais à tout ça ?
00:30:15Alors absolument pas, lorsque tout s'écroule pour moi en 2015, je me dis, j'arrête le
00:30:21basket, de toute façon je n'y arriverai pas, les gens ont raison, j'ai un comportement
00:30:27qui ne me passera jamais, mais surtout je trouvais ça injuste, parce qu'à ce moment-là
00:30:31je me disais que ce n'était pas vraiment ma faute, c'est les circonstances, donc j'arrête
00:30:38tout, je vais faire un peu de foot, parce que ça faisait partie du Juvisy, je vais
00:30:42à Juvisy, Marc aussi, je tape à la porte et je lui dis, écoutez, j'ai joué un peu
00:30:46au basket et je sais un peu courir, est-ce que je pourrais faire un peu des essais chez
00:30:49vous ? Donc je fais pendant 2-3 mois un peu de foot, sauf que je me rends très vite compte
00:30:57que je n'ai pas un niveau exceptionnel et qu'il faut tout recommencer, et que là où
00:31:00je gagnais quand même ma vie, parce qu'il fallait que je continue à manger, c'était
00:31:03au basket.
00:31:04Donc je me lave bien la tête et je remets un peu les idées en place, et il faut que
00:31:08je retrouve un club.
00:31:09Donc à ce moment-là, la France me ferme la porte, puisque justement, comme je vous
00:31:13dis, j'ai donné raison à un million de personnes qui pensaient la même chose, donc
00:31:16je n'ai plus du tout une offre, c'est-à-dire que j'ai joué en première division, j'ai
00:31:20joué en deuxième division, et même en troisième ou quatrième division, je n'avais aucune
00:31:23offre.
00:31:24Et donc je me retrouve à m'exiler à l'extérieur, donc à aller chercher entre guillemets où
00:31:28est-ce que je pouvais continuer à faire du basket mon métier.
00:31:31Et j'entends parler d'un tournoi en Allemagne, donc j'emprunte de l'argent, et je prends
00:31:37un train avec toutes mes affaires, et je débarque à ce tournoi-là en me disant qu'il
00:31:41faut que les choses se remettent, il faut que je me remette sur les rails.
00:31:45Sauf que je n'y vais pas juste comme ça, je fais un gros travail sur moi-même, parce
00:31:50que je me dis, encore une fois, à ce moment-là, je me dis, Mel, on continue comme ça, avec
00:31:55ton caractère, et tu es très dure, tu es très ferme, vu que tu ne veux pas te confier,
00:31:59vu que tu ne veux rien dire, il faut que tu changes quelque chose, puisque de toute façon,
00:32:02ça va me suivre.
00:32:03Donc à ce moment-là, je fais un gros travail personnel sur moi-même, où je me mets à
00:32:09un défi, un challenge, je me dis, c'était la dernière fois que m'est arrivé quelque
00:32:12chose comme ça, c'était la dernière fois que je donnais raison aux gens, et que j'allais
00:32:15devoir changer, tout changer, j'allais devoir aller, entre guillemets, laver ma réputation,
00:32:21et c'était ce challenge-là que je m'étais mis, tout en ayant gardé mon objectif qui
00:32:26était de jouer en Euroleague.
00:32:27Donc je fais un travail personnel sur moi-même, je remets ce sourire, et j'apprends sur toutes
00:32:34mes erreurs, je sais ce qu'il faut faire, je sais ce qu'il ne faut pas faire, c'est-à-dire
00:32:37que peu importe à quel point vous pouvez être fort, il y a quelque chose qui sera toujours
00:32:40au-dessus, c'est un groupe qui sera toujours au-dessus d'un individu, il y aura toujours
00:32:44une personne qui sera au-dessus de toi, qui sera toujours plus fort que toi, qui aura
00:32:47plus d'autorité que toi, donc j'ai compris aussi que ce qui ne te tue pas, ça te rendra
00:32:51toujours plus fort, donc ce n'est pas la peine d'aller à la guerre, de l'injustice, ça
00:32:55ne te tue pas non plus, que parfois, il faut savoir qu'il y a des manières de répondre
00:32:58à autre chose, il y a des manières d'encaisser les choses, donc je refais tout, je remets
00:33:03le système à jour et pendant au moins un an, je bosse sur moi-même, je me dis plus
00:33:07jamais on va me reprendre sur quoi que ce soit.
00:33:10Mais ça, ce qui était assez drôle, c'est que ma réputation a traversé les frontières,
00:33:17j'arrive en Allemagne, je vous assure, et j'ai un coach qui me dit « tu l'ouvres une
00:33:24fois et je te dégage ». Donc, vous dites « ok, donc lui il est au courant de ce qu'il
00:33:30est au courant, sauf qu'entre ce qui s'est vraiment passé et ce que les gens vont vous
00:33:33raconter, il y a un monde entre les deux, il y a beaucoup de choses qui ont été, sauf
00:33:37que vous devez l'assumer parce que c'est quand même vous qui étiez en faute, c'est
00:33:40quand même vous qui étiez en tort, c'était mon manque de maturité, mon manque de connaissance
00:33:44de beaucoup de choses qui ont fait que… ». Et ce travail-là m'a permis de me remettre
00:33:50déjà en tant que femme, de me remettre en tant que joueuse parce que j'ai toujours
00:33:53mon objectif. Et donc, ce gros travail m'amène à prendre sur moi. Donc, la vie me teste
00:33:59aussi puisqu'il n'y a rien sans rien. Vous ne pouvez pas vous demander à la vie
00:34:03« ok, je vais changer, je vais continuer à avancer, je vais devenir une meilleure
00:34:08personne », sans qu'elle puisse t'éprouver, sans qu'elle puisse te challenger et voir
00:34:11si tu as vraiment compris. Donc, je vivais un petit peu à petite dose.
00:34:14Tout à l'aime. Il y a une question qui te… Je vois que tu as une question.
00:34:17Complètement. J'ai envie de savoir un truc. C'est-à-dire que sur ton histoire,
00:34:22il y a quand même un point qui me brûle, mais bien comme il faut. C'est-à-dire que
00:34:26tu te dressais un petit peu contre l'autorité, si je ne me trompe pas. Il y avait la Mélissa
00:34:31un peu volcanique qui avait vraiment dessiné sa réputation, qui a traversé les frontières.
00:34:37Comment est-ce que cette Mélissa finit par se mettre aux côtés de l'autorité ? Et
00:34:43en plus d'une autorité, si je ne me trompe pas, avec qui ça ne passait pas forcément.
00:34:46Je parle d'un de tes entraîneurs avec qui les relations étaient un petit peu compliquées
00:34:51si je comprends bien, pour devenir son assistante. Comment tu gères ça toi personnellement ?
00:34:58Qu'est-ce que ça donne ?
00:35:00Quand vous avez fait tout, comme je l'ai dit, quand vous avez touché le fond, vous
00:35:06avez deux possibilités. Ou vous y restez. Et dans ce cas-là, de toute façon, je me
00:35:11suis toujours dit que c'est simple. Que vous soyez bon, que vous ne soyez pas bon,
00:35:14que vous soyez… Tout dépend de vous. Tout dépendra de vous. Et on pourra beau
00:35:19vous pleurer, on aura beau dire « ah ma pauvre chérie », la vie continue. C'est-à-dire
00:35:24que tout dépend de vous. Si vous pouvez rester en bas, vous allez rester tout seul. Vous
00:35:28allez être en haut, quand bien même vous serez entouré, vous allez vivre ces moments
00:35:31aussi seuls. En tout cas, c'était mon cas.
00:35:33Tu peux nous rappeler où c'était ça exactement ? Avec quel entraîneur, etc. ?
00:35:36C'est en Pologne.
00:35:37Un autre pays !
00:35:38Un autre pays. Et je me retrouve à vivre cette expérience. Mais pour moi, c'était
00:35:43entre guillemets, un test final de tout ce que j'ai pu vivre entre 2015 et… pour
00:35:49voir si j'avais vraiment compris la leçon, si j'avais vraiment… Comment… C'est
00:35:54la foi. Alors, j'ai grandi à Paris, dans la famille que j'ai eue, c'était des
00:35:59croyants. Donc, j'avais un… Mon oncle, qui était mon père, était pasteur. Et donc,
00:36:04pour moi, la notion de la foi, de Dieu, c'était quelque chose que… Mais je ne pouvais pas
00:36:09y croire parce que je ne pouvais pas vivre cette vie-là. Je ne pouvais pas être délaissé,
00:36:13maltraité, abandonné. Et on me disait qu'il y avait un Dieu qui existait. Ce n'était
00:36:19pas possible. Pour moi, c'était incohérent qu'on puisse me dire qu'il y a un Dieu
00:36:21qui est amour, qui est ceci. Et moi, je vivais dans cet état-là. Donc, je n'y croyais
00:36:26pas du tout. Et de 2016, lorsque je reviens d'Angleterre, je fais Allemagne. Je reviens
00:36:34en première division allemande, qui n'est pas dégueulasse comme niveau. J'ai la France
00:36:38qui m'appelle. J'ai un coutu de Nice qui me dit « Écoute, Mélissa, qu'est-ce
00:36:43que tu fais ? » Je dis « Je ne sais pas. Si je peux retourner en France, je serais
00:36:47contente. » Qui me dit « On a deux blessés. On a besoin d'une menace tout de suite.
00:36:50» J'appelle mon agent. Je lui dis « On y va. » Donc, je suis reconnaissante à la
00:36:55vie d'avoir traversé ces moments difficiles, d'avoir accepté de changer, de voir des
00:36:59opportunités arriver. Donc, je reviens en France. Moi qui étais parti avec toutes les
00:37:04portes fermées, j'ai une opportunité. Ma réputation, elle a été lavée. Donc,
00:37:08je passe de l'ingérente à « Oui, elle peut être dans une équipe. Et en plus, elle
00:37:11peut gagner. Et on se maintient. » Je pars au Mexique. Tu finis champion. Tu es fini
00:37:15MVP. Et je suis dans l'Eurocup derrière ça. Donc, tu me dis qu'il y a du bien.
00:37:20Ça a payé. Ça t'a bien fait.
00:37:23Bon, Salim, Mélissa, j'aimerais bien franchement qu'on reste deux heures dans cette émission.
00:37:29J'ai bien envie que tu me racontes un petit peu ce qui s'est passé en Israël parce
00:37:36qu'il est quand même arrivé un truc de fou. Et on va terminer pour ça. Et j'ai
00:37:41envie de dire que de toute façon, si vous qui êtes à la maison, vous voulez retrouver
00:37:45toute l'histoire vraiment au complet de Mélissa, il me semble que tu vas écrire
00:37:48un petit livre aussi. Donc, on termine par ton histoire en Israël et puis ce futur
00:37:53petit livre qu'on attend avec impatience.
00:37:56L'Israël, c'est… D'ailleurs, je te garde l'anecdote du coach parce qu'en
00:38:01Pologne, je ne voulais pas raconter. Mais je vous garderai ça dans le bouquin, du coup.
00:38:06Dans le livre.
00:38:07Dans le livre, du coup.
00:38:08Oh, le suspense.
00:38:09On va te renseigner. Ça marche.
00:38:12Ce qui se passe en Israël. Il y a le Covid qui est passé entre-temps. Il y a l'Euroleague,
00:38:19donc l'atteinte de mon objectif. Après avoir connu des années sombres, finalement,
00:38:24en 2020, je signe un Euroleague. Pour moi, objectif atteint. C'était ce que je voulais
00:38:29faire. C'était fait. Je voulais arrêter le basket à 30 ans. Donc, j'ai eu l'opportunité
00:38:35de jouer l'Euroleague avant mes 30 ans. J'ai arrêté et j'ai ouvert mon entreprise.
00:38:41J'ai créé quelque chose que je voulais faire déjà depuis bien longtemps.
00:38:45Pendant un an, toute l'année du Covid qu'on a eu, de mars 2020 à mars 2021, j'ai totalement
00:38:51arrêté. J'ai mis en place tout ce que je voulais faire après ma carrière. Je préparais
00:38:55déjà ma reconversion.
00:38:56Dans quel domaine c'est ton entraînement ?
00:38:59Dans l'entraînement individuel. Je suis Skills Trainer.
00:39:02C'est ce que tu fais aujourd'hui.
00:39:05Comment ?
00:39:06C'est ce que tu fais aujourd'hui.
00:39:07C'est ce que je fais aujourd'hui, exactement. Et plein d'autres choses à côté. Il faut
00:39:12aller à une structure. J'ai pris le temps de monter un business plan, de faire pas mal
00:39:17de choses. Derrière ça, j'ai monté une autre structure qui aide, qui est amenée
00:39:21à aider les familles justement par rapport à pas mal de choses, avoir les codes pour
00:39:26comprendre entre guillemets comment ce milieu fonctionne. J'ai ouvert une association derrière.
00:39:30Il y a beaucoup de choses que j'entreprends.
00:39:33Quand j'ai fini de faire tout ça, ça m'a pris un an, je me remets sur le marché. Je
00:39:40vais jouer à Villeneuve-d'Ascq, championne de Belgique. Je pars en Israël. Et juste
00:39:48paradoxalement, c'est une petite anecdote, je me blesse au Mexique avant de partir en
00:39:53Israël. La blessure. Mais pareil, je vous garde ça. Je ne peux pas vous raconter ça.
00:39:58Et garde-nous un petit peu de trucs dans la vie.
00:40:02Sinon, ce n'est pas drôle. En Israël, ce qui se passe, c'est qu'on doit y aller, sauf
00:40:06qu'on était censé être qualifiés d'office en Eurocup. Donc, on avait le Eurocup qu'on
00:40:11menaçait en octobre. Donc, on avait largement le temps d'arriver, nous, les étrangères
00:40:15en Israël. Donc, plus financièrement, ça leur permettait de gratter peut-être un mois
00:40:19de ne pas nous payer. On pouvait revenir entre guillemets mi-septembre. Sauf qu'on apprend
00:40:23tard qu'on doit passer par les phases qualificatives. Donc du coup, les étrangères, nous qui étions
00:40:28en vacances, on doit partir en Israël pour pouvoir jouer le match. Donc, on arrive, on
00:40:35était encore pendant la période de Covid. Donc, on devait avoir une isolation de 14
00:40:40jours. Sauf que dans les 14 jours, le match était entre ces 14 jours. Donc, on a une
00:40:45isolation de 5-7 jours. Et ensuite, 4 jours après, on avait un match d'Eurocup. Donc,
00:40:51juste le truc le plus difficile à faire, sans préparation. Et donc, malgré tout,
00:40:57on fait ce qu'on peut. On fait notre confinement, on sort, on a 4 jours, 3 jours de préparation
00:41:01et on jouait le quatrième jour où on avait le match. Pendant le match, on était à
00:41:05peu près à égalité à ce moment-là, d'un mi-temps. Et donc, au retour des vestiaires,
00:41:11j'étais sur le terrain en train de prendre des tirs et ma balle traverse le terrain.
00:41:16Et c'est le coach adverse, le coach turc qui arrête mon ballon. Et au lieu de me redonner
00:41:20mon ballon, il le redonne à un de mes coéquipers, il s'avance vers moi, il me prend par l'épaule.
00:41:23Et en fait, ce coach-là me dit, écoute Mélissa, tu étais passée où pendant un an ? Et j'ai
00:41:30mis mon entreprise en place, je fais mon travail individuel. Il m'a dit, j'aimerais te dire qu'en
00:41:34fait, j'adore ce que tu fais, parce qu'en fait, tu ne savais pas, mais je te suis sur les réseaux
00:41:38et j'adore l'énergie que tu apportes, comment tu entraînes. Moi, je te suis, je suis super fan,
00:41:42donc je tenais juste à t'encourager. Pendant qu'on est en train de discuter de ça,
00:41:46j'ai mes entraîneurs avec le président du club qui sont en train de regarder ça. J'avais
00:41:52totalement zappé qu'entre l'Israël et la Turquie, il y a déjà un conflit entre ces deux pays. Ces
00:42:01deux pays ne s'entendent pas. Donc il y avait déjà un conflit politique. Donc moi, j'étais en
00:42:06train de discuter tranquillement, comme ça se passe dans tout le sport. Sauf que mon équipe
00:42:10était en train de voir ça comme une trahison. Sauf que pour le moment, on est à la mi-temps,
00:42:14donc il n'y a rien qui se passe, sauf qu'on perd le match. On perd le match, plus personne ne me
00:42:18parle, personne ne m'adresse sa parole. Donc je me dis, ce n'est pas très grave, ça arrive,
00:42:22on a perdu le match, donc sûrement que c'est ça le problème. Je m'en vais le lendemain,
00:42:25puisqu'on avait deux jours de repos. Je suis partie visiter l'Israël, puisque pour moi,
00:42:30l'Israël, avec ma foi, je me suis dit, je suis arrivé sur la terre sainte, la terre promise,
00:42:35c'est l'Israël. Ça a toujours été un rêve pour moi d'y aller. Donc je vais me promener à Jérusalem,
00:42:39visite totale, mais je suis dans le summum du bonheur. Et mon téléphone commence à sonner.
00:42:46Là, j'ai plein de journalistes qui m'appellent. Madame Diawakana, est-ce que vous êtes consciente
00:42:50que vous avez vendu le match ? Là, je me dis, mais attendez, qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai mes
00:42:56agents qui m'appellent, on a un problème. Donc je me dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Je reviens
00:43:00vite à Ollonne et c'est là que j'apprends que j'ai été prise pour trahison et j'ai été accusée
00:43:07d'avoir vendu le match qu'on avait perdu en EuroCup, parce que j'ai discuté avec le coach.
00:43:12Ma photo, il y avait une photo entre le coach et moi, main dans la main, qui passait partout
00:43:17dans les journaux. Donc là, on rentre dans une guerre, mais vous ne pouvez pas imaginer. Les
00:43:22journalistes m'appellent et ça ne s'est pas arrêté là, ça allait très loin, parce que comme on vivait
00:43:25les étrangères, on était trois, on vivait ensemble dans la même maison, on avait le même appartement,
00:43:29c'était un grand appartement, on partageait les voitures. Sur le chemin du retour, on est rentrés
00:43:33comme d'habitude, comme on était venus en fait. Et j'ai ma coéquipière, avec qui je vis, avec qui
00:43:38on a mangé un bon poulet avant le match. Elle est partie voir les journalistes en leur disant que,
00:43:42je lui ai dit dans la voiture, que le club m'avait offert un job, le club turc m'avait offert un job.
00:43:48Elle est partie répéter ça aux journalistes. En fait, je ne sais pas du tout ce qui s'est
00:43:52tramé derrière mon dos, mais j'ai des journalistes qui me tombent dessus. Est-ce que vous vous rendez
00:43:56compte ? C'est très grave, c'était très très grave ce qui s'était passé. J'ai ma coéquipière
00:44:01contre moi, j'ai le coach qui est contre moi, j'ai les journalistes contre moi, et là je me dis en
00:44:06fait, Melissa, est-ce que j'ai vraiment parlé ? Donc vous vous remettez en question. Sauf que, comme je
00:44:11dis, j'avais vécu beaucoup de choses avant. La seule chose que j'avais fini par comprendre, c'est
00:44:16que c'est important, lorsqu'on est dans un milieu comme le nôtre, mais dans la vie en général, il
00:44:22faut connaître ses droits, il faut connaître là où on est, il faut être en mesure de savoir gérer
00:44:28les choses et sans compter sur les autres. Donc moi, mon cas, ça va, parce que je n'avais jamais compté sur
00:44:31qui que ce soit, à part Dieu, donc je connaissais à peu près mes droits, je connaissais ce qu'il fallait
00:44:36faire, le protocole. Donc j'ai mes agents qui m'appellent, qui me disent « Melissa, on ne va pas bouger
00:44:41puisque je n'ai pas parlé, je ne suis pas en tort. Ce que j'ai fait, à moins qu'on me sorte
00:44:46un papier, un document qui me dit que c'était interdit ce que j'ai fait et donc c'est justifié ce qu'ils
00:44:51sont en train de me faire et la pression qu'ils sont en train de subir, je ne vais pas bouger, parce que
00:44:54je suis dans mes droits. Et donc en fait, on rentre dans une guerre de procédures où je suis
00:44:58mise à pied pendant sept jours. Votre photo, elle passe partout en Israël, on vous appelle. Mais j'avais
00:45:05vécu beaucoup de choses, donc je ne le vis pas comme quelque chose de... Je me dis, je vais rester
00:45:10tranquille, j'ai un contrat qui est FIBA, les règles, elles sont les mêmes, que ce soit l'Israël ou pas
00:45:14les contrats FIBA, ça reste des contrats FIBA. Et en fait, avec le temps, avec de la patience,
00:45:20je ne tremble pas, je dis à mes agents « faites-moi confiance, je n'ai pas parlé, je n'ai rien fait de mal,
00:45:26je n'ai pas trahi l'équipe, je n'ai pas vendu le match, le coach m'a juste félicité et rien d'autre. »
00:45:30Donc après sept jours, j'ai été confronter ma coéquipière en l'enregistrant, en lui disant « écoute,
00:45:36je ne comprends pas que tu aies été parlé au journaliste alors que... » Donc elle dément, elle-même
00:45:40a dit « non, tu ne m'as jamais parlé, mais... » Elle me dit « j'avais juste envie de parler, j'avais
00:45:44enregistré, j'ai envoyé aux avocats, il suffit qu'une seule personne puisse mentir pour que tout
00:45:48le reste puisse se briser. » C'est ce qui s'est passé. Finalement, les journalistes m'ont appelé,
00:45:52m'ont dit « écoutez, on aimerait vous confronter au journal de 20h, est-ce que vous êtes... » C'était
00:45:56eux contre moi, j'ai dit « il n'y a aucun problème. » Donc quand tout a été entre guillemets « commencé
00:46:00à se sentir bon », l'équipe est arrivée avec une offre, m'a dit « Melissa, est-ce que... voilà,
00:46:06on ne peut plus continuer de toute façon, on a perdu le... » Enfin, on était quasiment disqualifié
00:46:09de l'Eurocup et donc je n'avais toujours pas accepté leur proposition parce qu'il fallait
00:46:13négocier. Et là, on a le match retour. Donc moi, je me suis dit « bon ben, on va négocier,
00:46:18je vais prendre mes affaires et je vais rentrer chez moi. » Sauf que le club me dit « avant que
00:46:22tu puisses rentrer chez toi, on aimerait que tu puisses jouer le match retour en Turquie. » Et
00:46:26là, je me dis « mais c'est votre travail, c'est comme ça, c'est notre monde, vous avez un contrat,
00:46:31le contrat n'était pas terminé. Donc j'accepte d'aller jouer ce match en Turquie. Et en fait,
00:46:35entre les deux matchs, je perds Marif lorsque je suis dans l'avion. Donc en arrivant en Turquie,
00:46:42j'apprends que Marif, qui était pour moi ma mère, qui est mon tout, parce qu'avant de partir,
00:46:48je vais encore l'embrasser en espérant qu'à mon retour, je vais la voir. Je la perds entre les
00:46:54deux avions. Je suis dévasté. Je fais ce match quand même. Donc j'accepte leur offre. Je n'ai
00:46:59plus cherché à négocier, quoi que ce soit. Je veux juste rentrer à Paris parce que j'avais
00:47:03besoin d'aller lui dire au revoir. Donc sur le chemin du retour, on revient en Israël. Je rentre
00:47:11à Paris. J'accepte tout leur offre. Je dis il n'y a pas de problème. Je ne négocie pas. Et je
00:47:16reviens à Paris. Et en revenant sur Paris, lorsque je la perds, elle, pour moi, c'est comme je perds
00:47:21un pilier de ma vie. Je perds quelqu'un de très important. Donc ce que je fais, c'est encore de
00:47:26l'importance parce que tout ce que je fais, c'était pour la rendre fière. C'était pour continuer à
00:47:32l'honorer. Donc je la perds. C'est un grand coup. Mon père est très grandement malade aussi. Donc
00:47:39pour moi, jouer au basket n'avait plus la même valeur que tout ce que j'étais en train de vivre.
00:47:43Et puis j'avais déjà atteint mon objectif. Donc je me pose la question, est-ce que ça vaut encore
00:47:49la peine de continuer ou est-ce que je ne vais pas dans le nouveau chemin que je suis déjà en
00:47:53train de... Et j'arrête tout. Et entre temps, entre essayer d'aller dire au revoir à une
00:47:57personne qui était un pilier, je perds aussi mon père. Donc à un mois d'intervalle des deux,
00:48:01à peine j'ai eu le temps de réaliser que je perds et en fait plus rien n'a de sens et je
00:48:08mets un terme définitif. Eh bien écoute, en tout cas, j'ai hâte, hâte que ton livre sorte.
00:48:13Il sort quand ? Il sort quand ? C'est une très bonne question. Il faudrait l'écrire, mais il
00:48:20m'arrive tellement des choses incroyables entre temps que je me dis, mais même quand je l'écris,
00:48:24il va devoir y avoir des tomes 1, des tomes 2, des tomes 3. C'est pas un livre que tu vas nous faire,
00:48:29c'est un film en fait. C'est ça, je te jure. C'est vraiment ça. Je me dis, parce que j'ai
00:48:34tellement à vous dire, tellement à partager, mais je continue à savourer cette vie et puis
00:48:38tout ce qu'elle m'offre. Merci beaucoup Mélissa, c'était vraiment un plaisir de t'avoir en plateau,
00:48:43cette histoire incroyable. Merci Salim aussi. Merci Maxine, merci beaucoup et merci Mélissa
00:48:50pour cette leçon qui vraiment apporte énormément, que ce soit sportivement, humainement. On a envie
00:48:55de te souhaiter de la chance parce qu'on sait qu'avec les armes que tu as en main, tu saurais
00:48:59quoi en faire. Merci beaucoup. Je te souhaite le meilleur. Prends soin de toi et puis nous,
00:49:03on retrouve tout de suite Big Girl Cléa. Avec moi dans cette deuxième partie d'émission,
00:49:13Cléa Texier, alias Big Girl Cléa. Salut Cléa. Salut. Tu as la forme ? Ça va. Eh bien écoute,
00:49:22c'était un petit ça va quand même. Fatiguée de la journée. Là, je sens que tu es fatiguée
00:49:26de la journée. Ravie de te recevoir en tout cas dans La Victoire est en Aile. Alors,
00:49:32tu pratiques le break. Tiens, justement, d'entrée comme ça, explique-nous un petit peu en quoi
00:49:37consiste ta discipline. Le break consiste à mélanger plusieurs mouvements comme les top
00:49:47rock, les footwork, les freeze, les power move. Par exemple, là, on fait des petits top rock.
00:49:53Tu sais qui c'est ça ? Non. Non plus, je n'arrive pas bien à voir. C'est stylé. Donc,
00:50:01petit top work. Là, elle peut mettre son flow. Là, on est descendu sur les footwork. Ça t'a
00:50:13plu ça, le petit pont sur le côté. Elle nous mélange avec des freeze. Dans les footwork,
00:50:20on peut mélanger des freeze et après repartir dans des autres footwork. Donc, les freeze,
00:50:23c'est quand tu poses, quand tu t'arrêtes un petit peu sur les figures. Quand tu peux t'arrêter trois
00:50:27secondes ou même parfois, tu peux t'arrêter dans la musique. Mais ça, c'est vraiment stylé quand
00:50:33vous arrivez vraiment bien à capter la musique et que vous vous arrêtez pile poil sur le petit
00:50:39temps d'arrêt de la musique. Là, à chaque fois, moi, je suis là. Des points en plus. Tu m'étonnes.
00:50:46Justement, explique-nous un petit peu comment c'est jugé tout ça. Les juges, ça peut être
00:50:52différents juges, mais surtout, ils vont juger l'originalité. Si par exemple, nous, on peut
00:51:00mettre notre touche de créativité dans les footwork parce que si on fait tous les mêmes
00:51:04footwork, ça ne sert à rien de juger. Si tu mets toutes les bases dans le break, parfois, ça marche.
00:51:14Mais parfois, il en faut un petit peu plus. La personne en face, elle met plus de choses. Par
00:51:19exemple, elle met plus de power moves. Si toi, en face, tu n'en as pas mis, peut-être qu'elle risque de gagner.
00:51:24Alors du coup, tu t'inspires de quelques b-boys et b-girls dans tes pas ou c'est
00:51:30vraiment toute ta créativité perso ? Ce serait un peu compliqué si c'est moi qui crée tout. Mais
00:51:37en fait, parfois, on a une base. Par exemple, on prend souvent des bases en footwork et après, il faut
00:51:43qu'on soit on a de l'inspiration directe ou soit vu qu'on s'entraîne en crew ou on a par exemple
00:51:50Instagram, tout ça, on peut s'aider des personnes à côté ou sur les vidéos. Alors tu as terminé
00:51:57troisième des derniers championnats de France, moins de 16 ans. C'était à Bordeaux. Tu as également
00:52:02terminé deuxième du Battle of the Year cette année dans la catégorie Kids, en crew. Tu es née à
00:52:08Béziers en 2006. Mais par contre, tu viens d'une famille de footballeurs parce que ton frère et
00:52:14ton papa faisaient du football. Alors comment Cléa Texier s'est retrouvée à faire du break ?
00:52:23Moi, j'ai essayé le foot et j'ai essayé une journée et ça ne m'a pas plu. Avec un copain à moi, on a vu
00:52:32une affiche de danse. Il y avait écrit breakdance, cours de breakdance, tout ça. Et moi, j'ai voulu
00:52:40aller essayer et j'ai direct accroché. Les mouvements ne me directent plus. Faire des freezes,
00:52:45c'était quand tu es petit, c'est trop bien. Après en plus, tu pouvais faire des spectacles aux
00:52:51parents et tout. J'avoue, trop bien. Non, parce que moi, je faisais des spectacles de chant à mes
00:52:55parents, mais ils étaient un peu moins emballés. Alors justement, tu commences très jeune parce
00:53:01que tu commences à six ans. On va te mettre les images de ta toute première battle de break.
00:53:07Attention, ça ne rigole pas. Big Girl Cléa est dans la place. Et c'est des bons souvenirs, ça,
00:53:14pour toi ? Oui. Ça, ça sera le premier battle que j'aurai dans ma vie. Tes parents étaient là,
00:53:23j'imagine ? Oui, c'est eux qui filment. Dans les juges, il y a mon prof de danse. D'accord. Ça me
00:53:35manque un peu d'ambiance, je trouve. Oui, c'est vrai. Le public n'était pas... Je remarque,
00:53:42mais je n'étais qu'avec des garçons. J'étais la seule fille. De la compétition ? Oui. Incroyable,
00:53:48c'était chez toi, ça, vers Agde ? Oui, c'était vers Montpellier, un truc comme ça. Et alors,
00:53:56le résultat de cette battle, il était comment ? De ce battle ? J'ai perdu. Comme toute première.
00:54:03Oui. C'est sûr, si on gagne au premier, quand même... C'est vraiment carrément... C'est ça
00:54:10qui forge l'expérience et qui fait les victoires derrière. Et alors, du coup, est-ce que tu aimais
00:54:16la danse déjà, avant de te mettre au break ? Ou est-ce que vraiment tu as découvert... Enfin,
00:54:20tu as appris à aimer la danse, quoi ? J'ai appris à aimer la danse. De base,
00:54:25tu avais quand même un petit rythme, un petit flow ? Non. Ah ouais, pas du tout ? Ah non,
00:54:30j'avais fait de la danse classique. Oui, rien à voir. J'ai fait de la danse classique,
00:54:35mais sauf que ça se voyait, ce n'était pas pour moi, parce qu'à peine la prof, elle se tournait,
00:54:39boum, je faisais des roues, tout ça. J'adore. Bon, en tout cas, dis-moi. C'est mon prof de
00:54:47danse qui m'a fait aimer la danse. Ah, les coachs, ils sont forts. Tu intègres un crew
00:54:54Dimension 34 chez toi, à Agde. Dès 7 ans, tu fais tes premiers battles en crew. Comment ça
00:55:02se passe, du coup, un battle un petit peu en crew ? Et c'est quoi la différence entre solo
00:55:06et crew ? En solo, j'ai l'impression que tu as moins de supporters, ou alors il y a moins
00:55:15d'énergie que quand on est tous ensemble. Et en plus, tous ensemble, on peut mélanger des chorés,
00:55:21on peut faire des solos. En crew, c'est agréable, parce que tout le monde est avec toi derrière,
00:55:27tout le monde crie. Donc, tu préfères l'ambiance du crew ? Oui. Alors, c'est assez marrant parce
00:55:35que le Red Bull BC One, qui est la plus grosse compétition de break au monde, ça ne se fait
00:55:40qu'en solo, il me semble. Il n'y a pas de crew. Ça serait énorme, en vrai, qu'ils inventent une
00:55:46version crew. C'est vrai. Je n'y avais jamais pensé. Je viens de lancer une idée. En tout cas,
00:55:53quand tu commences avec ton crew, c'est vrai que tu es la seule fille au début. Comment est-ce que
00:55:59tu vis tout ça ? Et comment est-ce que tu fais pour commencer à te danser auprès des garçons ?
00:56:03Je pense que je me suis vite devenue amie avec les garçons, donc c'était un peu plus facile. Et
00:56:15même, c'est mieux de danser avec des garçons, parce qu'en plus, ils sont mieux, ils peuvent
00:56:25faire plus de choses, donc ils peuvent nous aider à nous aussi. Et surtout, même aujourd'hui,
00:56:31je suis encore la seule fille, big girl, donc je peux m'inspirer d'eux, vu qu'ils font des choses
00:56:35en l'air. Je peux parfois leur voler, tout ça. Donc toi, tu dirais que ça te tire vraiment vers le
00:56:39haut, en fait. Ouais, parfois, oui. Alors depuis cette année, tu as intégré un lycée à Paris,
00:56:48où il y a spécialement une section réservée au hip-hop et au break. Raconte-nous un petit peu
00:56:54comment se passent tes journées au quotidien. Je pense que c'est des journées comme tous les
00:57:01jours. La journée, je vais en cours, parce que je suis en seconde, et le soir, c'est entraînement
00:57:10de 17h jusqu'à 19h, et après, je rentre à l'internat. Quels sont tes points forts ? Mes
00:57:18points forts dans la danse ? Je pense que c'est mon style de danse, et j'ai des facilités aussi.
00:57:27Du talent. Par exemple, il y a un power move, je ne sais pas si vous connaissez, de Thomas.
00:57:37Eh oui, issu de la gymnastique. Je l'ai appris en une semaine, alors qu'il y en a,
00:57:45ils mettent des mois, des mois. Alors tu sais que pour la petite anecdote, je n'ai jamais réussi,
00:57:49pourtant je suis issue de la gym, j'ai pratiqué la gym de haut niveau aussi,
00:57:52je n'ai jamais réussi à faire un Thomas. Ah bon ? Mais c'est hyper technique,
00:57:56il faut trouver le rythme. Oui, c'est vrai. Surtout au sol. Moi, j'aime bien aussi. Essayez
00:58:04de faire ça chez vous, vous allez voir, c'est compliqué. Bon, tu fais troisième au dernier
00:58:10championnat de France, donc moins de 16 ans. J'imagine que pour toi, c'était quand même un
00:58:15résultat de fou. Surtout que l'année dernière, j'ai perdu dès le premier tour. Et là, j'arrive
00:58:23dans le top 3, alors que l'année dernière, j'étais dans le top 16. Donc grosse progression. Qu'est-ce
00:58:28qui a fait la différence entre l'année dernière et cette année ? Qu'est-ce que tu as travaillé ?
00:58:31Tous mes passages, je pense, je dirais. Et mon toucher. Surtout mes footwork aussi,
00:58:43parce qu'il est pour moi. Je me suis toujours posé cette question dans le break. Est-ce que,
00:58:47parce que vous ne connaissez pas la musique, quand vous arrivez sur la descente. Parfois,
00:58:54ils peuvent mettre des musiques super connues, du coup, nous, on écoute s'entraîner. Ou alors,
00:58:58parfois, c'est eux qui ont créé la musique, donc c'est un peu plus compliqué. Mais c'est
00:59:02incroyable. Donc, ça veut dire qu'en fait, en deux secondes, tu dois écouter la musique,
00:59:06un petit peu le rythme, la connaître direct par cœur et faire ton passage dessus. Et ton passage,
00:59:13tu le travailles, c'est-à-dire que tu l'adaptes juste à la musique ? Oui, c'est ça. On le travaille
00:59:19juste avant avec d'autres musiques. Même parfois, on peut répéter, je ne sais pas, des dizaines de
00:59:23fois pour qu'il soit parfait. Et après, juste en battle, juste avant d'entrer, on écoute un peu
00:59:30la musique ou alors on laisse passer l'autre personne en face pour s'habituer à la musique.
00:59:34Et toi, tu préfères quoi ? Laisser passer la personne en face.
00:59:38Tu observes ? Oui, mais en plus,
00:59:40c'est pratique parce que moi, ça permet de voir quel passage je vais mettre en face d'elle.
00:59:44Et est-ce que tu charries pas mal ? Oui.
00:59:48C'est vrai ? Genre tu fais quoi ? Je ne sais pas. Par exemple, j'avais fait un battle,
00:59:53il y avait une fille, elle était plus petite que moi et j'ai passé ma main au-dessus d'elle.
00:59:59J'adore. Et c'est ça, en même temps, qui fait la magie du break aussi. Moi, j'adore.
01:00:06Et après, à la fin, tout le monde se check. Bien sûr, bien sûr. J'aimerais qu'on revienne
01:00:10aussi sur les gymnasiades. Déjà, raconte-nous un petit peu ce que c'est cette compétition-là.
01:00:15Tu as terminé deuxième. Tu vas nous le dire, mais c'est quand même une grosse compétition
01:00:20internationale. J'imagine que ce résultat aussi t'a bien marqué cette année.
01:00:24Les gymnasiades, c'est les Jeux olympiques scolaires. C'est international. Je l'ai fait
01:00:33avec Matteo, Kimmy et Ramy. On est partis tous les quatre au Havre et tous les quatre,
01:00:40on a réussi à finir dans les finalistes, dans le 2 contre 2, c'est-à-dire le Bonnie
01:00:46and Clyde. Et le Bonnie and Clyde, c'est le 2 versus 2 mixte. Moi, j'étais avec Matteo
01:00:49et on a réussi à finir deuxième. Et en 1-1, c'est Kimmy qui l'a remporté et moi,
01:00:57je suis arrivée quatrième. Qu'est-ce que Kimmy a encore un petit peu de plus que toi,
01:01:05j'ai envie de te dire aujourd'hui ? Vous avez le même âge ? Oui, c'est une 2006 elle aussi. Je
01:01:11pense que Kimmy est plus mature dans sa danse et surtout, elle a plus l'habitude de faire des
01:01:17battles et elle a plus de matière. Donc expérience, expérience et matière. Et maturité. On va parler
01:01:29un petit peu des Jeux olympiques. J'aimerais bien avoir ton avis là-dessus parce que pour
01:01:33la première fois de l'histoire, le break sera au programme des Jeux olympiques et Paralympiques
01:01:39de Paris 2024. Raconte-nous un petit peu comment toi, tu as vécu cette énorme nouvelle pour la
01:01:45discipline quand même. Moi, au début, je n'y croyais pas. Non, ce n'est pas vrai. Ça va durer
01:01:55un an et après, ils vont dire non, ce n'est pas possible. Parce que vu que c'est un sport de
01:02:03rue, ça fait un peu bizarre qu'ils se retrouvent aux Jeux olympiques. Et tu trouves ça cool au fond
01:02:10que ça passe un petit peu le cap et puis que ça évolue dans le bon sens, j'ai envie de te dire,
01:02:14parce qu'au début, le break, c'est vrai que c'était une famille qui était vraiment toute
01:02:17toute petite. Et au jour d'aujourd'hui, on construit énormément de choses autour du break,
01:02:20on investit sur le break, il y a des nouvelles structures. Donc ça veut dire de potentielles
01:02:25nouvelles concurrentes, de nouvelles big girls. Oui, mais surtout aussi, ça va permettre d'affronter
01:02:32les autres personnes en international et de pouvoir voir aussi le niveau. Par exemple,
01:02:38les Japonais et tout ça, je sais qu'ils sont très forts. Les Japonais, elles ont un sacré style.
01:02:44Alors justement, c'est quoi un petit peu la compétition qui te fait le plus rêver ? Parce
01:02:50que là, en fin d'année, en octobre prochain, il y aura les championnats du monde de break à Paris
01:02:55et il y a aussi l'élite, j'ai envie de dire le BC One. Toi, c'est quoi vraiment ton rêve ultime ?
01:03:02Bah le Red Bull BC One. Parce que je pense que c'est le rêve de tout breaker de participer au
01:03:09Red Bull BC One parce que c'est là où s'affrontent les 16 meilleurs danseurs du monde. Et faire
01:03:15partie des 16 meilleurs danseurs du monde, c'est quelque chose quand même. Et alors qu'est-ce
01:03:19qu'il faut faire pour y accéder ? Est-ce qu'il y a déjà eu une Française qui a fait le Red Bull
01:03:23BC One ? Oui, et qui a gagné le Red Bull BC One. Incroyable. C'est San Andrea. Elle a gagné le
01:03:32Red Bull BC One. Et cette année, il y a deux biggers qui vont représenter la France au Red
01:03:38Bull BC One. Il y a Kimi. Oui, donc ta concurrente au ZMH. Et Carlotta. OK. Tiens, on voit un petit
01:03:48passage au Red Bull BC One Cypher. Donc ça en fait, c'est les qualifications pour intégrer plus
01:03:54tard le big Red Bull BC One, j'ai envie de dire. Les phases finales du moins. Est-ce que tu es déjà
01:03:59allée voir le BC One toi ? Non. Jamais ? Ni le Cypher, ni la finale ? Non, le Cypher cette année, je ne pouvais
01:04:07pas aller le voir parce que du coup j'étais au Havre. Mais en vrai, je vais essayer de voir avec mes
01:04:12parents si je peux aller à New York pour aller le voir. Il faut négocier là. Écoute, moi je l'ai vu une fois à
01:04:18Amsterdam. Je ne me souviens plus de l'année, mais c'est vrai que c'est quand même monstrueux.
01:04:23Je comprends tellement ton envie de vouloir un jour être sur cette scène là. En plus, elle est énorme.
01:04:29Elle est au milieu, elle est ronde, tout le monde te voit. Ça permet aussi pour le futur, si on veut
01:04:40quelque chose dans le futur, ça peut changer notre vie presque. Alors justement,
01:04:45tu penses à quoi toi dans le futur ? Moi, je pense que j'aimerais devenir chorégraphe.
01:04:51Dans le break ? Dans la danse ? Oui. Ou si ça ne marche pas, devenir prof de danse. Et tu n'aimerais pas
01:05:01intégrer un petit peu une compagnie comme plein de b-boys et de b-girls font ?
01:05:06C'est vrai que ça peut être bien, mais ce n'est pas ce que j'aimerais. Faire des spectacles partout
01:05:14dans le monde ? Oui, ça peut être cool parce que tu voyages dans le monde. Donc là, c'est quoi
01:05:22l'objectif ? L'année prochaine, tu es en première, il va commencer à y avoir le bac, ensuite la
01:05:28terminale. Et donc derrière, tu aimerais te diriger vers enseigner la danse. C'est ça le
01:05:35programme ? Oui, c'est ça. Et gagner le Red Bull BC One ? Ça peut partir, oui. Écoute, je pense que c'est le mot de la
01:05:48fin. Merci beaucoup, Cléa, d'avoir été avec nous dans la Victoire est en elle. Je te souhaite plein
01:05:54de belles choses. Je croise les doigts aussi pour toi, pour que tu te sélectionnes pour les
01:05:57championnats du monde en fin d'année, parce que ce n'est pas fini. Il te reste encore moyen de te
01:06:02qualifier en octobre. Comment ça se passe ? Il y a des qualifications encore, c'est ça ? Oui, il y a des
01:06:08qualifications, je pense, une semaine avant. Et après, encore aux championnats du monde, il y a encore des qualifications.
01:06:14Cette vie n'est faite que de qualifications. Écoute, bon courage et puis à bientôt.
01:06:23Tu reviens quand tu veux. Merci beaucoup de nous avoir suivies dans la Victoire est en elle.
01:06:29Je vous dis à très vite pour de nouvelles aventures. On se retrouve tous les lundis à 19h. Ciao.

Recommandée