• il y a 6 mois
En cette année olympique et paralympique, Athlètes revient dans ce nouveau numéro sur la reconversion des athlètes de haut niveau. En effet, une grande majorité des athlètes issus des disciplines olympiques non-professionnelles, vivent dans une grande précarité. Alors comment peuvent-ils être aidés, comment préparer sa reconversion après une carrière ? Il existe des solutions que nous allons tenter de vous apporter !

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Sport
Transcription
00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:15Bonjour à toutes et à tous, ravie de vous retrouver sur Sport en France pour cette nouvelle saison.
00:19Bienvenue dans l'émission Athlètes, les rendez-vous de la Cannes.
00:22La saison 2 est officiellement lancée.
00:2452 minutes pour aborder les plus grandes thématiques du sport
00:27pour lesquelles la commission des athlètes de haut niveau se bat au quotidien au sein du CNOSF.
00:32Ce soir, nous allons aborder un thème qui touche tous les sportifs de haut niveau.
00:36On est obligés d'y passer, la reconversion, l'après-carrière.
00:39A mes côtés, j'ai ze bidon, comme d'habitude, c'est Marie Martineau.
00:42Salut Marie.
00:43Salut Marc, ça va ?
00:44Ça va et toi ?
00:45Oui, impeccable, impeccable.
00:46Écoute, comme d'habitude, tu sais ce que j'attends, ton édito.
00:49Allez, c'est parti.
00:50Alors, comment c'est sa vie à 35, voire même à 40 ans, après l'avoir déjà vécue finalement,
01:02recommencer donc sa vie, quand les autres vous ont toujours vu exceller
01:06dans ce que vous entrepreniez et que vous avez plus de chances de faire moins bien
01:11que d'exceller à nouveau.
01:12Alors Maxime, je sais que tu aimes bien quand je fais des vannes,
01:16mais là j'ai eu beau chercher, je t'avoue que je n'en ai pas trouvé.
01:19Ce n'est pas le sujet le plus rigolo de l'histoire,
01:21parce que finalement ce virage que représente la reconversion
01:23est certainement le plus compliqué à entrevoir et à entreprendre.
01:27Alors il faut déjà commencer par bien choisir le moment,
01:30et ça c'est au mieux si tu as eu le choix,
01:33car bien souvent les sorties se font sur baisse de performance,
01:36blessures, voire désaveu des dirigeants.
01:38Il faut ensuite avoir prévu le coup, ou tomber sur la providence,
01:42et c'est quand même rare que les fées se penchent deux fois de suite sur ton berceau.
01:46Et il faut enfin réussir à se convaincre que les meilleurs moments,
01:49les climax, les vibrations, l'adrénaline folle,
01:51les podiums, les franges camaraderies, les partages d'émotions intenses, le flow,
01:55et bien tout ça, peut-être que c'est derrière vous.
01:58Alors bon, on peut se dire qu'on a encore un peu le droit d'y croire,
02:02de le revivre un peu différemment, aller juste un petit peu au moins,
02:07mais non, il faut définitivement tourner la page.
02:10Et personne n'est bien assis pour le reste de sa vie avec le cul entre deux chaises.
02:14J'en avais quand même trouvé une.
02:17Bon alors, je ne vous parle même pas des femmes pour qui c'est encore plus compliqué.
02:21Elles ont dû, pour les trois quarts, sacrifier leur envie de maternité
02:25sur l'autel de la performance.
02:27L'horloge biologique tourne.
02:29Elles doivent manager finalement une nouvelle vie professionnelle et la maternité.
02:34Je ne crois pas que ce soit plus facile non plus
02:36pour ceux qui ont eu la chance de gagner plus d'argent,
02:39parce que l'essentiel n'est pas là.
02:40L'essentiel, c'est sa place, c'est l'estime de soi,
02:44c'est l'équilibre.
02:45La reconversion en anglais, ça se dit transition.
02:48Et la transition, par le mot transition,
02:50on entend le passage d'un état d'équilibre dynamique
02:53à un autre état d'équilibre dynamique.
02:55Il semble donc que ce soit dans le mouvement que l'on trouve son équilibre.
02:59Il suffit donc d'avancer simplement pour réussir sa reconversion.
03:03Alors finalement, c'est quoi le problème ?
03:11Il était beau cet édito.
03:13Je sens que ça venait du cœur, tu vois.
03:14Oui, il y a pas mal de vécu.
03:16Tu l'as dit, on l'a connu toutes les deux.
03:18Marie, être la tête de niveau, c'est prenant.
03:20On vit des moments durs, des moments bien.
03:23Mais c'est vrai qu'une carrière, ça ne dure pas hyper longtemps
03:27et arrive justement ce moment où on doit quand même réfléchir
03:30à l'après-carrière, à la reconversion, à la petite mort, comme on l'appelle.
03:33Alors comment préparer au mieux justement cette reconversion ?
03:36Est-ce que les athlètes sont aidés dans ce processus ?
03:38Pour en parler, justement, on a à nos côtés Delphine Réo,
03:42ancienne médaillée olympique de fosse olympique,
03:44membre du CNOSF et de la Cannes,
03:46en charge du développement du PRA, parcours reconversion athlète.
03:51Oui, on a aussi Laurent Frécon, salut Laurent.
03:54Donc tu vois, tu es référent du suivi socioprofessionnel à la fédération de Handball
03:59et on verra que vous faites partie des fédérations qui font les choses très bien.
04:02On a aussi Benoît Gosseron, directeur du partenariat
04:06Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 pour le groupe BPCE.
04:11Et enfin, avec nous, un petit peu plus loin, mais grâce au réseau en ligne avec nous,
04:16Margot Chévrier.
04:17Alors toi Margot, tu es triple championne de France
04:20et donc championne de France en titre de saut à la perche,
04:22la deuxième plus grande performeuse française de l'histoire.
04:26Et, juste comme ça, à côté, tu es dans ta cinquième année de médecine.
04:32Rien que ça.
04:33Voilà, nickel.
04:34Salut à tous les quatre, en tout cas.
04:35Merci beaucoup d'être avec nous.
04:36Soyez les bienvenus sur le plateau de sport en France.
04:39Alors on va parler tous ensemble aujourd'hui de cette fameuse reconversion des athlètes.
04:42C'est un sujet hyper important et on sait à quel point
04:45ce n'est pas facile justement pour un athlète d'arriver à cette phase de vie.
04:50On va décortiquer en tout cas, Marie, tous ensemble ce problème-là.
04:53Oui, on va essayer.
04:54On va commencer avec toi, Delphine, puisque finalement,
04:56tu représentes la commission des athlètes,
04:58donc tu es à l'écoute des remontées du terrain.
05:01Eh bien, j'ai envie de te demander,
05:03quelles sont-elles finalement, ces remontées du terrain ?
05:05Alors, les remontées du terrain, bon déjà,
05:07vous le savez aussi, quand on pratique le sport de haut niveau,
05:11penser à autre chose, c'est compliqué.
05:14Même moi qui suis reconvertie, j'ai toujours,
05:17voilà, des envies de reprendre ma carrière,
05:21mais bon, à un moment donné, il faut passer à autre chose.
05:24Donc, ce sont toutes les difficultés qu'ont les athlètes en fait,
05:27à trouver leur voie, à préparer l'après,
05:31parce qu'il y a des athlètes qui, en carrière, commencent à y penser un petit peu.
05:35Il y en a d'autres, on est tous très différents,
05:38c'est ce qui fait notre richesse,
05:39qui ne pensent pas du tout parce qu'ils ne sont pas capables,
05:41parce que leur sport, la performance, c'est prépondérant.
05:46Et du coup, quand ils doivent passer brutalement de l'un à l'autre,
05:50quand ce n'est pas préparé, ça peut être dramatique,
05:53ça peut se finir en dépression, c'est vrai que c'est compliqué.
05:56Et aujourd'hui, je pense qu'il existe des dispositifs qui aident les athlètes,
06:00sauf que certains athlètes n'en ont pas forcément connaissance.
06:04Et c'est ça aujourd'hui, je pense, un des sujets, un des problèmes,
06:07c'est communiquer, informer, faire de la pédagogie,
06:11et aussi préparer les entreprises à accueillir des sportifs de haut niveau en reconversion,
06:16parce que je pense que c'est un véritable atout,
06:17et pour l'athlète, et pour l'entreprise, et pour les collaborateurs de l'entreprise.
06:22Il faut le dire aussi Delphine, je ne sais pas si tu l'as vécu à ton arrêt de carrière toi,
06:25mais c'est vrai que c'est vraiment radical quand on décide d'arrêter sa carrière.
06:29Et je sais que beaucoup de sportifs ont cette impression d'avoir été, comment dire,
06:34soit utilisés par les marques entre guillemets pour leur image,
06:37soit même d'un point de vue fédération,
06:41ça veut dire que quand on arrête, on a eu des médailles pour certains,
06:44et en fait, du jour au lendemain, il n'y a plus rien.
06:47Alors tu mets le doigt sur effectivement un autre problème,
06:49c'est que quand on est sportif de haut niveau en carrière et qu'on ramène des médailles,
06:54on a une certaine importance aux yeux de notre fédération,
06:59aux yeux des gens qui nous supportent, dans le bon sens du terme.
07:02Et du coup, là, on passe d'un état à l'autre où on a l'impression d'être plus rien,
07:07de plus compter, de plus rien apporter à la société.
07:11Et c'est ça qui est très compliqué à gérer.
07:14Et c'est vrai qu'on a l'impression d'être lâchée, d'être mise…
07:16En fait, à partir du moment où on quitte le sport de haut niveau,
07:20on a l'impression de plus compter pour personne en fait.
07:22C'est psychologiquement très dur à encaisser.
07:25Alors moi, j'ai un parcours un petit peu différent
07:27parce que compte tenu de la pratique de mon sport,
07:30qui est un sport peu médiatisé, je l'avais anticipé dès…
07:33Alors, c'est ce que je disais, on est tous très différents.
07:35Donc, je l'avais anticipé dès le départ.
07:37Et du coup, moi, je m'étais déjà mise dans une phase de reconversion
07:41grâce aux conventions d'insertion professionnelle
07:44qui permettent à un athlète en carrière d'être intégré dans une entreprise,
07:48d'avoir un temps dédié pour le sport et d'un autre pour l'entreprise.
07:52Donc ça, c'est… Je dirais que ça peut aider aussi,
07:55mais ce n'est pas compatible avec tous les sports.
07:58Ça peut être difficile à mettre en place.
07:59Il faut trouver la bonne entreprise.
08:01Et ce que disait Marie, il faut que ça match quoi.
08:03– Bien sûr, on en parlera des solutions
08:05parce qu'effectivement, il en existe un paquet.
08:08Mais pour rester quand même dans le problème, parce que c'est un problème,
08:13Benoît, toi qui représentes le monde du travail à cette table,
08:16comment tu expliques que les entreprises sont encore réticentes à se pencher
08:19peut-être sur des CV d'anciens athlètes de haut niveau
08:23qui auraient finalement peu de diplômes ?
08:26On est d'accord qu'on est face à cette problématique aussi ?
08:30– C'est vrai qu'il y a une contradiction
08:31parce que toutes les directions des ressources humaines
08:33mettent en avant les fameux soft skills, les life skills,
08:37qui sont ces compétences de savoir-être, de savoir-vivre
08:40qui sont hyper importantes en entreprise
08:42et au moins aussi importantes que la connaissance dure
08:46et l'expertise précise sur un secteur d'activité.
08:50On en parle, mais on ne le met pas suffisamment en œuvre
08:53dans nos stratégies et nos politiques de recrutement.
08:57Et en tout cas pour nous, en tant que partenaire des Jeux Olympiques et Paralympiques,
09:00et je crois que c'est vrai pour un très grand nombre d'entreprises,
09:04la perspective des Jeux, c'est un formidable moyen
09:06d'avoir un gros coup de projecteur sur le sport, sur les athlètes
09:09et sur notre sujet du jour qui est effectivement
09:12l'accompagnement et la reconversion des athlètes
09:15qui commence, comme tu le disais, très tôt.
09:17Oui, on peut imaginer un espèce d'accélérateur et vivre un héritage
09:20puisque c'est le grand mot de ces Jeux de ce côté-là aussi.
09:23Ça c'est sûr, et l'héritage il commence maintenant.
09:26Pour prendre juste un exemple, je salue Margot
09:29qui est soutenue par une caisse d'épargne du groupe BPCE.
09:31Le groupe BPCE c'est les banques populaires, les caisses d'épargne, Natixis.
09:35On essaye de faire en sorte d'être engagé dans la durée
09:40auprès des fédérations, celle du Yand avec les caisses d'épargne
09:43et auprès des athlètes.
09:44On soutient aujourd'hui à peu près 236 athlètes à titre individuel,
09:49notamment via la Fondation du sport.
09:51Il faut faire en sorte de ne pas les lâcher avant, pendant et après
09:56et de préparer dès maintenant l'accompagnement et la reconversion.
09:59Très bien.
10:00Margot, toi tu as tellement anticipé la suite de ta fin de carrière sportive
10:05que tu mènes de front à un double projet exceptionnel
10:08entre la perche et la médecine.
10:10Tu es en cinquième année de médecine.
10:12Est-ce que tu as déjà eu des doutes quant à la faisabilité de ce projet-là ?
10:17Est-ce que tu t'es posé des questions à savoir si ça serait possible ou pas ?
10:23Dis-moi comment ça s'est passé.
10:25En fait, moi je n'ai pas vraiment anticipé cette après-carrière.
10:29C'est que quand j'ai voulu faire médecine,
10:30alors c'est depuis petite, mais quand j'ai fait ce choix
10:32sur les plateformes de choix de post-bac,
10:35je n'avais pas encore réalisé le niveau de performance que j'ai maintenant.
10:38Donc du coup, je suis allée aveuglément en médecine
10:41parce que c'est ce que je voulais faire de ma vie.
10:43Je voulais en même temps continuer le sport,
10:45mais je ne savais pas que ça allait me prendre autant de temps à l'avenir
10:47et que j'allais réussir à faire ce que je voulais faire dans le sport.
10:51Donc, j'ai fait ce choix-là.
10:52Et puis en fait, six mois plus tard,
10:54je n'avais même pas encore passé mon bac,
10:55que j'ai fait des super performances.
10:56Et je me suis dit, là maintenant, je suis prise en médecine.
11:00Je suis prise sur le début des équipes de France et de tout ce qui va suivre.
11:04Et j'ai envie de faire les Jeux.
11:06Et j'ai le niveau pour faire les Jeux à l'avenir.
11:08Donc maintenant, j'ai les deux pieds dans le plat.
11:11Donc, je vais essayer de faire un truc bien.
11:13Et j'ai eu la chance d'avoir un entraîneur qui était super compréhensif,
11:16qui était lui aussi en santé puisqu'il est infirmier.
11:18Et qui m'a dit, c'est ton projet, c'est ta passion.
11:23Et l'athlée, c'est aussi ta passion et ton projet.
11:25Donc, tu t'es mis dans la tête que tu allais faire les deux.
11:28De toute façon, personne ne te l'enlèvera tant que tu n'as pas fait les deux.
11:30Donc, j'ai juste à t'accompagner et à faire en sorte que ça se passe du mieux possible.
11:34Et puis après, forcément, la première année, tu entends que ça ne marchera pas.
11:38Puis tu as ta première année, donc tu entends que les années d'après,
11:40ça ne marchera pas, puis tu as les années d'après.
11:43Et puis finalement, tu n'as pas que le côté étudiant,
11:46puisque sportivement, ça s'est super bien passé.
11:49J'ai progressé tous les ans.
11:50J'ai fait des sélections de plus en plus importantes.
11:53Et puis, ça a pris du temps de se caler.
11:55Mais là, je suis en route pour les Jeux.
11:57Et finalement, on se rend compte que ça parle de moins en moins.
11:59Donc forcément, il y a un moment où ça parle beaucoup.
12:02Pas forcément le positif, à part les très proches qui savent que de toute façon,
12:05tu vas y arriver parce que tu es comme ça depuis que tu es petite.
12:07Mais voilà, je pense beaucoup de doutes, surtout des autres.
12:12Moi, je savais que je sais quelles sont mes capacités.
12:15Je sais ce que j'ai envie de faire et je sais que tant que je ne l'ai pas fait,
12:17je ne vais pas lâcher.
12:18Donc tous les jours, je bossais mes cours.
12:20Le soir, je m'entraînais ou le matin, je m'entraînais.
12:22Puis après, je travaillais.
12:23Et puis voilà, j'ai une université, une faculté qui m'a énormément soutenue,
12:28qui a aménagé beaucoup de choses dans mon cursus.
12:30Et là, finalement, c'est la première année où je fais le choix de faire une césure
12:34pour reprendre ma cinquième année après les Jeux,
12:37pour avoir vraiment l'année complète où je peux m'entraîner à fond.
12:41Je n'ai pas besoin d'être en stage au CHU.
12:42Je n'ai pas besoin de réviser forcément mes cours,
12:44en tout cas pas avec une pression de partiel.
12:47Donc voilà, moi, ce n'est pas vraiment une reconversion vraiment réfléchie en avance.
12:51Alors maintenant que j'y suis, c'est clair que c'est une reconversion qui est carrément chouette
12:55et qui va peut-être me permettre de ne pas vivre, on va dire, le malheur
13:00de ne plus avoir les émotions, de ne plus avoir l'adrénaline,
13:02de ne plus avoir de responsabilité ou d'utilité parce que c'est sûr que c'est différent.
13:06Et je pense que si tu es champion olympique un jour,
13:08tu ne seras peut-être pas le meilleur médecin du monde l'année d'après.
13:12Mais en tout cas, c'est d'autres projets.
13:15Je suis déjà dedans, en fait.
13:16J'ai plein de projets pour après, pour la santé.
13:18Et je pense que le rush et l'adrénaline, je l'aurai dans ma pratique.
13:22Donc ça, je pense que j'aurai une deuxième carrière presque toute aussi sportive que la première.
13:27Oui, mais ton histoire, et c'est pour ça qu'on a vraiment tenu à ce que tu sois là pour nous la raconter,
13:31c'est qu'elle fait partie des bons exemples de dire qu'on peut quand même essayer de vivre deux carrières.
13:35C'est assez récent cette notion de se dire qu'on peut vivre deux carrières.
13:38Et alors justement, depuis 2015, afin de permettre à tous les athlètes de préparer leur avenir
13:43et éventuellement de se pencher sur ce genre de double projet,
13:45chaque fédé doit avoir son référent du suivi socio-pro.
13:48Et vous me voyez venir, on en a trouvé un super.
13:51C'est dans le cadre de la loi Braillard.
13:55L'ancien ministre des Sports qui avait une vraie appétence pour l'accompagnement des athlètes.
13:59Et j'ai eu la chance de bosser un petit peu avec lui.
14:01Et donc j'en témoigne, c'était fort agréable de se sentir autant soutenu.
14:05Et je pense dans le bon sens.
14:07À ma gauche, Laurent, c'est ton rôle à la Fédération française de Hande.
14:11Tu es ce mec-là sur qui on peut compter si on a envie d'avoir un double projet ou si on a envie d'anticiper.
14:18Et même finalement, j'ai envie de te dire, peut-être que c'est toi qui fais le job
14:22d'aller sensibiliser les athlètes à ce sujet-là.
14:26Mais comme on est encore dans l'espèce d'analyse des problèmes,
14:31la question que j'ai envie de te poser, c'est est-ce que finalement,
14:34préparer la suite quand on a 17 ans, t'as l'impression que pour eux,
14:37les gamins avec qui tu interagis, c'est vraiment vital ?
14:41Ils ont compris qu'il y a une suite et qu'il faut la prendre en conscience ?
14:45Ou finalement, t'as l'impression que tu fais un gros job pour les sensibiliser là-dessus ?
14:49Non, c'est vraiment la plus grosse problématique,
14:53c'est de pouvoir faire anticiper les sportifs et les sportives.
14:59Et à un moment donné, d'arriver à susciter chez eux, justement, cette envie.
15:03Et donc, c'est quelque chose qui n'est pas simple.
15:06Peut-être déjà, simplement, le mot reconversion, il faudra peut-être le changer.
15:09Puisque si jamais on commence à parler à quelqu'un à 18 ans du mot reconversion,
15:13il n'a pas envie de vous voir.
15:16Donc en fait, déjà par rapport à ça, rien que par rapport à la sémantique,
15:20il faudra peut-être essayer de voir autre chose.
15:22Alors c'est pour ça qu'on essaye de parler, et nous tous, les autres fédérations aussi,
15:27par rapport au projet de vie.
15:28Et en fait, c'est une transition, tu l'as dit, à un moment donné, c'est une étape.
15:31Et il faut le prendre comme une étape, comme une autre étape de vie.
15:34Mais d'arriver, lorsqu'on va voir, nous, les sportifs qui sont en pôle ou en centre de formation,
15:40on leur dit, il faut que tu penses à ta reconversion.
15:42Mais il a simplement envie de partir, déjà.
15:44Donc voilà, c'est ce travail-là, déjà, qu'il faut qu'on mette en place.
15:48Et après, ça part de, pour nous, le point de départ, c'est l'orientation,
15:51qui est le point de départ de l'accompagnement.
15:53Puisqu'on essaye de lutter contre les choix par défaut.
15:56Parce que si le jeune, dans son deuxième projet, qui n'est pas moins important,
16:00il fait déjà un choix par défaut, c'est déjà extrêmement compliqué.
16:03Donc on doit mettre beaucoup de moyens là-dessus.
16:06On essaie, en tous les cas, de travailler avec des experts de l'orientation par rapport à ça.
16:10– Toi, tu as l'impression qu'on te donne les moyens à la fédé ?
16:13Parce que tu ne peux pas tout gérer tout seul, aussi.
16:15J'imagine qu'il y a du staff autour, tu te sens écouté ?
16:17– Alors déjà, c'est une œuvre collective.
16:19Alors, au niveau de la fédération, moi, j'ai une chance énorme.
16:22J'ai une quotité de travail à 100% là-dessus.
16:24J'ai des collègues qui, des fois, ça fait d'être référent.
16:28C'est une partie de leur ambition.
16:30Moi, le DTN et le Président m'ont donné un 100% par rapport à ça.
16:35Donc ça, c'est vraiment quelque chose de très bien.
16:37Mais c'est une œuvre collective.
16:38Moi, tout seul, je ne peux rien faire.
16:40Souvent, on nous a reproché au handball d'être sport de préau.
16:44Mais c'est un sport de préau parce qu'en fait, il y a beaucoup d'enseignants.
16:47Et donc en fait, ça, ça permet aussi, déjà, dans l'accompagnement,
16:50il y a déjà une sensibilisation des encadrants
16:54par rapport au fait de penser à l'après-carrière.
16:57Ça a un peu bougé parce qu'on est devenu sport professionnel,
17:00pas depuis très, très longtemps.
17:02Donc là, déjà, ça change un peu.
17:04Mais disons qu'il faut vraiment qu'on puisse, en interne comme en externe,
17:10on pourra en reparler avec l'aide du CNOSF, avec l'aide de l'ANS,
17:13en tous les cas, on a des structures support sur lesquelles on peut s'appuyer.
17:18On voit ta fille, je crois, à l'écran, qui fait du handball.
17:22Est-ce que c'est des discussions que tu as avec elle, justement,
17:25tout ce truc d'après-carrière ?
17:27Alors, quand on est parent, des fois, on n'est pas les mieux placés
17:31pour pouvoir parler de ça.
17:33Après, on a essayé.
17:35Après, en fait, c'est parti quand même comme, à un moment donné,
17:38qu'elle se fasse plaisir dans sa vie.
17:40Moi, les enfants, s'ils ont la banane, si je les vois sourire, c'est...
17:44Voilà, quoi.
17:45Quand on te regarde, quand on te rencontre,
17:47on est tout de suite plongé là-dedans.
17:49C'est vrai.
17:50C'est ça qui est le plus important, quoi qu'ils fassent.
17:52Mais après, voilà, c'est des discussions en leur disant,
17:54attention, il faut anticiper, vis ta passion, vis-la à fond.
17:57Mais on a essayé de donner, voilà, à quoi tu t'engages.
18:01Donc il faut bien que tu prennes conscience de ça.
18:04Elles ont fait des études, elles ont arrêté.
18:06J'ai une deuxième fille aussi qui est professionnelle.
18:08Et à un moment donné, là, elles reprennent des études.
18:11Bon, elles font leur chemin.
18:13Bon, on les embrasse.
18:14Bon, heureusement, en tout cas, pas mal de monde
18:16ayant identifié les enjeux d'une reconversion réussie.
18:19Il existe de plus en plus de solutions.
18:21On va justement recueillir vos témoignages d'experts
18:23dans la rubrique suivante.
18:31Laurent, est-ce que tu peux nous expliquer concrètement
18:34ton rôle à la FED et ton travail au quotidien ?
18:38Comment ça se passe ?
18:40Alors, on essaie de partir sur le travail sur...
18:43Il y a deux axes principaux.
18:45Il y a tout le travail d'accompagnement des athlètes proprement dits.
18:49Donc c'est toutes les interactions face à face
18:51qu'on a à faire avec eux
18:53sur la problématique de leur formation
18:56ou de leur orientation, comme on en a parlé.
18:59Et après, c'est également toutes les actions de coordination
19:02de l'environnement du sportif.
19:04Donc là, c'est le travail avec le maillage du territoire,
19:06avec le réseau interne dans notre fédération.
19:10Ça peut être nos partenaires.
19:13Et également externe, avec les structures institutionnelles
19:16avec qui on travaille.
19:18Et on essaie vraiment de relier.
19:20Le but, c'est de relier à chaque fois,
19:22aussi bien en interne qu'en externe,
19:24et d'avoir une vision systémique par rapport à ça.
19:26Ça veut dire que, concrètement,
19:28tu interagis avec combien d'athlètes, par exemple ?
19:30Alors, le périmètre, c'est un gros débat.
19:32C'est un gros débat parce que, normalement,
19:34stricto sans fu par rapport à la loi Braillard
19:36dont tu as fait référence,
19:38normalement, on s'occupe à minima
19:40des athlètes listés.
19:42Relève, senior, et sa chaîne.
19:46Nous, on a souhaité faire un peu différemment.
19:50Par rapport à ça, d'ailleurs,
19:52on a mis en place une organisation
19:54un petit peu atypique.
19:56On travaille avec l'association des joueurs et des joueuses
19:58de handball professionnel.
20:00Ça s'appelle la cellule formation, insertion, reconversion.
20:02On est en partenariat avec eux.
20:04Ce qui nous permet de pouvoir démultiplier des actions.
20:06Et des fois, nous, lorsqu'on n'est pas compétent,
20:08eux, ils ont un champ de compétences
20:10qu'eux, ils ont.
20:12Inversement.
20:14De 150 athlètes listés qu'il y a au handball,
20:16à peu près,
20:18on passe sur un champ avec les pôles,
20:20les CFCP, les centres de formation de club pro,
20:22plus les joueurs et joueuses professionnels,
20:24on passe de 150 à quasiment 2000.
20:26Ah ouais.
20:28Bien vu le coût du 100%.
20:30On est d'accord qu'il ne fallait pas moins
20:32pour que tu puisses quand même avoir la main.
20:34Après, on n'arrive pas à tout faire,
20:36ça c'est sûr.
20:38Mais l'idée, c'est quand même d'essayer de pouvoir répondre
20:40à tout le monde.
20:42On va répondre de manière différenciée,
20:44parce que ce ne sont pas les mêmes moyens.
20:46Certains auront des aides financières,
20:48d'autres n'en auront pas.
20:50Mais en tous les cas, l'être humain,
20:52pour nous, il est pareil, de la même manière.
20:54Donc en fait, on se doit quand même, à minima,
20:56quelqu'un qui va sortir de structure, de pôle,
20:58ou de CFCP, on va essayer de l'accompagner,
21:00en tous les cas, sur une première année,
21:02pour sa sortie.
21:04C'est un joueur de très haut niveau,
21:06mais bon, il a une grande valeur quand même,
21:08et donc on essaie d'accompagner
21:10ces sorties-là, et aussi d'accompagner
21:12naturellement nos athlètes d'élite.
21:14Margot, toi tu t'entraînes à l'INSEP,
21:16tu nous as dit que ton entraîneur
21:18avait joué un rôle,
21:20un très bon rôle,
21:22dans cette reconversion-là,
21:24et dans le fait que ton double projet se passe super bien,
21:26ton école aussi.
21:28Est-ce que la fédération a joué également
21:30un rôle là-dedans ?
21:32Moi je m'entraîne sur Nice,
21:34donc c'est toute l'université et la fac de Nice,
21:36mais pour la fédération,
21:38on a aussi une responsable
21:40au suivi socioprofessionnel,
21:42et je n'ai pas eu forcément besoin
21:44qu'elle vienne jusqu'à Nice
21:46pour discuter avec le doyen,
21:48avec l'équipe administrative pédagogique de la fac,
21:50parce qu'à la fac, j'ai eu la chance
21:52de tomber sur un doyen qui était très pro-sport,
21:54et qui, lui, a mis entre parenthèses
21:56ses études pour faire du rugby,
21:58et qui a du coup raté à peu près tous ses partiels.
22:00Donc du coup,
22:02il était super content de pouvoir m'aider,
22:04il trouvait que le projet était chouette,
22:06et qu'il y avait un étudiant
22:08qui avait fait de la voile
22:10peut-être 4 ou 5 ans avant moi,
22:12donc ils avaient un peu l'habitude,
22:14et finalement, entre partir 3 mois en régate
22:16ou de temps en temps les week-ends en compétition,
22:18ça les arrangeait largement moins fort que le précédent.
22:20Donc je n'ai pas eu besoin
22:22d'utiliser la fédération jusqu'au bout,
22:24mais par contre, ne serait-ce que pour avoir
22:26les contacts, pour savoir
22:28s'il pense qu'il peut être le mieux,
22:30s'il y a d'autres options, si la césure c'est maintenant,
22:32ou il faut mieux que j'attende par rapport aux échéances sportives,
22:34ça c'est sûr qu'on a des contacts et qu'on peut échanger
22:36avec la fédération.
22:38Alors Delphine, il faut le rappeler,
22:40une grande partie des sports olympiques sont amateurs,
22:42et la carrière ne permet pas forcément
22:44de se mettre à l'abri financièrement
22:46pour la suite. Alors une des grandes solutions
22:48ces dernières années, c'est de signer un CIP,
22:50une convention d'insertion professionnelle.
22:52Donc l'athlète signe le contrat,
22:54l'entreprise le détache
22:56pour qu'il s'entraîne,
22:58et l'Etat prend à sa charge
23:00une partie de ce détachement.
23:02Elle me regarde avec des yeux
23:04un petit peu, genre bon,
23:06une petite partie a priori.
23:08Alors elles sont nombreuses à faire ça,
23:10on a l'exemple de la FDJ, SNCF, RATP,
23:12des gros fleurons français.
23:14Ce n'est pas pour autant
23:16gage d'embauche pour la suite,
23:18même si pour le coup, toi,
23:20ça a fonctionné comme ça.
23:22Oui, alors c'est exactement ça.
23:24Quand j'ai intégré le groupe WIG,
23:26c'était il y a très longtemps, en 2005,
23:28via une convention d'insertion professionnelle.
23:30Alors à l'époque, en fait, c'était une convention
23:32tripartite, donc la fédération,
23:34l'entreprise et l'athlète signaient.
23:36Aujourd'hui, il y a la NS,
23:38parce que c'est la NS qui a repris…
23:40L'Agence nationale du sport.
23:42Voilà, l'Agence nationale du sport, exactement.
23:44Donc c'est quand même à peu près le même système,
23:46sauf que c'est géré un peu autrement.
23:48Et moi, à l'époque, j'avais pas de…
23:50Alors j'étais embauchée, c'est ça qu'il faut expliquer,
23:52il y a un contrat de travail salarié classique,
23:54CDI ou CDD,
23:56ça dépend des entreprises,
23:58et la CIP à côté.
24:00Parce que la CIP, en fait, elle gère le détachement.
24:02Donc il y a un contrat de travail
24:04et une CIP. Il faut bien comprendre
24:06qu'il y a donc deux contrats, d'accord ?
24:08Une fois que ça s'est fait,
24:10rien ne dit qu'en fin de carrière,
24:12une fois que la carrière du sportif,
24:14donc la CIP, s'éteint,
24:16que l'entreprise va nous garder.
24:18Enfin, il n'y a rien décrit à ce niveau-là.
24:20Il s'avère que ça fait 18 ans
24:22que je suis dans cette entreprise,
24:24parce qu'on a…
24:26Je pense qu'ils l'ont écoutée, je les ai écoutées,
24:28on a avancé ensemble,
24:30et il y a eu d'autres réussites, en fait,
24:32au sein de cette entreprise.
24:34Mais il est vrai que dans certaines autres structures,
24:36en fait, une fois que la CIP s'éteint,
24:38c'est fini.
24:40Et là, ça veut dire que la carrière sportive
24:42s'arrête, le début de carrière
24:44professionnelle s'arrête,
24:46et c'est le trou noir, quoi.
24:48Si on n'a pas été mis sur ce qu'on appelle
24:50la liste reconversion,
24:52donc ça, ça fait partie des listes ministérielles
24:54dont tu parlais tout à l'heure, Laurent,
24:56si on sort des radars,
24:58en fait, on a l'impression qu'on est tout seul.
25:00Et là, c'est là que je disais
25:02qu'il peut y avoir une vraie dépression,
25:04parce qu'on a l'impression qu'on ne sait rien faire
25:06d'autre que notre sport.
25:08Or, on a développé des compétences spécifiques
25:10qui ne sont pas forcément
25:12sanctionnées par un diplôme,
25:14mais qui, de toute façon, sont transposables
25:16dans l'entreprise. Il faut juste
25:18un peu de formation derrière, et donc, il y a des entreprises
25:20qui font l'effort. Bon, moi, je me suis formée
25:22tout au long de ma carrière, bien sûr,
25:24mais il y en a d'autres, ça peut être juste après.
25:26Mais je pense que ce qu'il faut surtout,
25:28c'est communiquer aussi auprès des entreprises
25:30privées. Donc,
25:32toutes les entreprises doivent être concernées,
25:34pas que les entreprises publiques, en fait. Il faut vraiment
25:36s'ouvrir au monde de l'entreprise,
25:38il faut créer un vrai réseau,
25:40il faut rassurer et l'athlète et l'entreprise
25:42pour que ça puisse fonctionner.
25:44J'ai l'impression aussi que ce qui est
25:46hyper compliqué, ayant été
25:48à l'INSEP notamment, c'est
25:50la majorité des athlètes, en fait,
25:52n'osent pas, peut-être,
25:54faire des études un peu supérieures, parce que
25:56c'est loin, et que, forcément,
25:58ça rajoute du temps de...
26:00du temps de transport, du temps de trajet,
26:02et je sais que, en tout cas, moi, j'ai plein d'amis
26:04à l'INSEP qui étaient un peu découragés de cette
26:06reconversion, entre guillemets, et de ce double projet,
26:08parce qu'il fallait sortir
26:10des murs de l'INSEP, et parce que, du coup, ça rajoute
26:12du temps de transport, donc de la fatigue.
26:14Enfin, c'est...
26:16C'est quand même galère.
26:18C'est vrai, mais aujourd'hui,
26:20il y a quand même des dispositifs qui existent
26:22qui permettent de faire du distanciel.
26:24Aujourd'hui, franchement, ça se développe.
26:26Je ne dis pas qu'on n'y est pas encore,
26:28mais, par contre, il y a des choses
26:30qui existent, et c'est vrai que
26:32le risque, c'est le choix par défaut, en fait.
26:34C'est-à-dire qu'à l'INSEP, il y a
26:36effectivement des cursus qui existent,
26:38propres à l'INSEP,
26:40mais, du coup, qui ne proposent pas forcément,
26:42en fonction de l'athlète, une appétence
26:44spécifique par rapport à un métier.
26:46Et, du coup, c'est là
26:48que le bas blesse, entre guillemets, parce que, du coup,
26:50l'athlète, il va s'orienter, parce qu'il se dit
26:52aujourd'hui, c'est le sport, le sport, la carrière
26:54sportive, donc je vais faire ça
26:56parce qu'il faut que je fasse un truc,
26:58mais ce n'est pas ce que j'aime, moi.
27:00Et le bel exemple de Margot, c'est que c'est elle
27:02qui a choisi au départ, quoi.
27:04Et c'est ça qui est important. Et moi aussi, j'ai choisi au départ,
27:06parce que je ne voulais pas qu'on m'impose
27:08quelque chose. Je ne voulais pas être catégorisée,
27:10ne pas avoir le choix.
27:12Ça, pour moi, c'était hors de question à l'époque.
27:14Mais, encore une fois, je reviens toujours
27:16au même sujet, on n'est pas tous faits pareil.
27:18Et on n'est pas tous accompagnés de la même manière.
27:20– Oui, il s'agit de prendre en considération
27:22les spécificités des uns, des autres.
27:24Alors, Benoît, est-ce qu'à la BPCE,
27:26tu peux nous raconter un petit peu,
27:28au travers de ton expérience, que vous avez
27:30commencé à mettre en place, parce que tu le disais
27:32tout à l'heure, vous avez plus de 230 athlètes
27:34au contrat, et l'idée, c'est de surtout pas
27:36les abandonner et de réussir à
27:38transformer l'essai, si je puis dire.
27:40Qu'est-ce que vous mettez en place à la BPCE ?
27:42– Il y avait plusieurs options.
27:44Il y avait l'idée d'avoir un tout petit
27:46team d'athlètes, très connus.
27:48Ce n'est pas ce qu'on a choisi de faire.
27:50Nous, on a choisi d'avoir des athlètes soutenus
27:52dans les territoires, en proximité,
27:54qui s'entraînent à proximité
27:56des banques populaires, des caisses d'épargne,
27:58des entreprises de la Texas qui les soutiennent.
28:00Et en fait, très concrètement,
28:02on travaille beaucoup, la moitié
28:04de ces 230 athlètes
28:06sont soutenus
28:08via le pacte de performance
28:10de la fondation du sport qui est présidée,
28:12vous l'évoquiez tout à l'heure, par Thierry Braillard.
28:14Et là, il y a effectivement un double
28:16projet, un projet sportif
28:18qui vise à la performance, et puis
28:20un projet de transition
28:22ou d'accompagnement académique
28:24ou professionnel de l'athlète.
28:26Et donc, il y a ce double projet qu'on essaye
28:28de mettre en œuvre
28:30aux côtés des athlètes,
28:32et ça, c'est la moitié des 230 athlètes
28:34qu'on soutient. Et ces athlètes,
28:36on va les identifier avec
28:38la fondation du sport, dans la liste
28:40que tu évoquais tout à l'heure,
28:42des quelques milliers d'athlètes
28:44de haut niveau.
28:46Et puis après, chaque entreprise
28:48avec des RH,
28:50avec des équipes locales
28:52identifie un sport,
28:54un sportif, une sportive,
28:56avec cette dimension de proximité
28:58qui est super importante pour nous.
29:00Ça marche dans les deux sens.
29:02On invite nos athlètes
29:04à nous découvrir, aussi à découvrir nos métiers,
29:06puis inversement, les collaborateurs
29:08peuvent s'engager derrière les athlètes
29:10qu'on soutient, et derrière Margot,
29:12par exemple, en Caisse d'Épargne-Côte d'Azur.
29:15Je sais que vous mettez en place
29:17des modules de sensibilisation
29:19fiscale, juridique et patrimoniale.
29:21C'est quoi l'objectif ?
29:23C'est d'aider les sportifs, justement,
29:25à construire aussi leur patrimoine
29:27entre guillemets,
29:29pendant, après leur carrière ?
29:31Oui, il y a ça, et puis, en fait,
29:33il y a de l'éducation sur tout en France,
29:35même sur la sexualité.
29:37En revanche, sur l'argent et la finance,
29:39il n'y en a pas beaucoup.
29:41Et il y a beaucoup d'athlètes, jeunes,
29:43tu l'évoquais tout à l'heure,
29:45qui peuvent avoir une structure de revenus,
29:47des ressources, qui tombent d'un coup,
29:49et puis ça s'arrête.
29:51Il faut aussi les aider.
29:53C'est super aléatoire.
29:55Et donc, il y a une association
29:57qui est soutenue par les caisses d'épargne
29:59et qui a accompagné
30:01150 des 230 athlètes que j'évoquais tout à l'heure
30:03pour les sensibiliser,
30:05les former
30:07à la gestion quotidienne de leurs ressources.
30:09Souvent pour des athlètes
30:11qui sont très jeunes
30:13et qui ne savent pas nécessairement s'y prendre,
30:15comme vous et moi, avec des ressources
30:17qui sont très variables,
30:19beaucoup d'aléas.
30:21Qui ne viennent pas forcément de milieux familiaux
30:23où on a l'habitude de rentrer.
30:25Ça, c'est un truc qu'on fait
30:27avec Finances et Pédagogie
30:29et ça marche plutôt pas mal.
30:31Mais on essaie d'aller au-delà
30:33pour accompagner par exemple
30:35d'anciennes athlètes femmes
30:37avec une de nos autres entreprises
30:39qui s'appelle Palatine.
30:41C'est un programme d'accompagnement
30:43d'athlètes entrepreneuses.
30:45Il y a déjà eu deux promos,
30:47deux promotions,
30:49une en 23 et une en 22,
30:51pour accompagner d'anciennes athlètes
30:53qui veulent développer
30:55un projet entrepreneurial.
30:57Et là, elles peuvent bénéficier
30:59de savoir-faire,
31:01d'expertise juridique,
31:03d'expertise légale,
31:05de capacité aussi à piloter
31:07et à manager leurs projets
31:09avec des banquiers,
31:11avec des experts dans chacune de leurs activités.
31:13Un espèce d'incubateur pour leurs projets.
31:15C'est ça.
31:17Et moi, ce qu'on constate,
31:19en réalité, ça marche dans les deux sens,
31:21c'est qu'il n'y a pas,
31:23dans une grosse boîte comme les nôtres,
31:25nécessairement les codes du sport.
31:27Et inversement, les athlètes
31:29n'ont pas forcément les codes
31:31de l'entreprise.
31:33C'est vrai que nous,
31:35on vit dedans.
31:37On a l'impression que c'est naturel.
31:39De la même manière que l'athlète
31:41vit avec son programme,
31:43son ordre du jour,
31:45sa feuille de route.
31:47Pour un salarié,
31:49ces deux mondes-là,
31:51c'est gagnant pour tout le monde,
31:53à une seule condition,
31:55et on l'a dit tout à l'heure,
31:57c'est que ce soit durable.
31:59Que ce ne soit pas juste un soutien ponctuel
32:01et que 2024, les Jeux Olympiques
32:03ne marquent pas une fin,
32:05mais plutôt une nouvelle dynamique
32:07dans notre accompagnement des athlètes.
32:09Margot, toi justement,
32:11tu as été étudiante athlète
32:13avec la Caisse d'épargne.
32:15Tu es encore suivie par la Caisse d'épargne.
32:17Comment se passe ce partenariat ?
32:19C'est un partenariat
32:21qui a été très orienté
32:23pour les athlètes de la région
32:25qui étaient étudiants,
32:27pour un peu promouvoir
32:29ce double projet
32:31et dire que c'est peut-être
32:33difficile pour plein de raisons,
32:35mais en tout cas,
32:37ça peut nous aider d'être étudiants.
32:39C'est un mécénat sur 4 ans.
32:41Ça a commencé en 2020 pour moi,
32:43jusqu'aux Jeux,
32:45et ça passe par la Fondation du sport français.
32:47Et ensuite ?
32:49Par moments,
32:51c'est moi qui vais faire des interventions d'entreprise.
32:53Il n'y a rien d'obligatoire,
32:55parce que c'est un mécénat,
32:57mais je trouve que pour moi,
32:59c'est toujours des très bons moments.
33:01C'est un plaisir d'aller dans les entreprises
33:03et d'échanger avec les collaborateurs
33:05parce qu'on se rend compte
33:07qu'en une ou deux heures d'échange,
33:09on leur apporte énormément
33:11avec notre façon d'être
33:13et qu'ils se rendent compte
33:15que j'étais à la tête d'une société
33:17et qu'avec mon jeune âge,
33:19je gérais ma vie étudiante,
33:21ma vie professionnelle,
33:23ma vie sportive,
33:25avec tous les skills
33:27qu'on récupère dans notre entraînement.
33:29Parce que tous les jours,
33:31il faut être levé à 1h,
33:33il faut être couché à 1h,
33:35il faut arriver à l'heure à l'entraînement,
33:37il faut continuer quand c'est la galère,
33:39il faut apprendre de l'échec,
33:41parce qu'on a 14 ans et qu'on fait du sport de haut niveau.
33:43Une fois qu'on commence à gagner nos vies,
33:45à devoir gérer tout ça,
33:47on apprend aussi tout ce que les gens apprennent
33:49normalement à 30-35 ans.
33:51Nous, à 20 ans, on est à la tête de nos entreprises
33:53et on doit gérer ça tout seul.
33:55Avec plus ou moins d'aide,
33:57soit des partenaires, soit des parents,
33:59soit des fédérations,
34:01mais globalement, on gère ça
34:03et ça fait du bien quand on ressort des entreprises.
34:05On se dit que je fais pas mal de choses de ma vie
34:07et je gère pas mal de choses correctement.
34:09On se rend compte aussi que souvent,
34:11les collaborateurs sont assez admiratifs de ce qu'on fait.
34:13Je suis tellement d'accord avec ça.
34:15Ça permet de prendre un pas de recul
34:17et de se dire que ça me paraît normal,
34:19mais ce que je fais, ce n'est pas trop normal
34:21et ça fait du bien de l'entendre un peu.
34:23C'est du win-win finalement,
34:25parce que comme elle le dit, elle repart de cette rencontre
34:27en se disant que ce que je fais, c'est quand même chouette.
34:29Et vos collaborateurs, c'est hyper inspirant
34:31de se retrouver avec ces jeunes-là
34:33et de pouvoir les voir derrière,
34:35performer en compétition, au jeu à venir.
34:37Tout le monde est content.
34:39C'est exactement ce que dit Margot.
34:41Ça marche vraiment dans les deux sens.
34:43C'est aussi beaucoup d'émotion
34:45dans les entreprises,
34:47notamment les entreprises de service.
34:49On parle beaucoup de concept,
34:51d'intellect, mais il y a un grand absent.
34:53C'est souvent le corps, c'est souvent l'émotion.
34:55Et là, l'arrivée d'un athlète
34:57ou d'une athlète qui vient effectivement
34:59partager son expérience, ça fait un bien fou
35:01aux collaborateurs.
35:03Et encore une fois, on espère à Margot
35:05que ça va aussi dans l'autre sens
35:07et que ça te permet aussi de découvrir
35:09ce que l'on fait, nos métiers,
35:11nos activités.
35:13Et ça, les portes sont ouvertes.
35:15C'est un peu un vie-ma-vie, en fait,
35:17dans les deux sens.
35:19Margot, est-ce que tu sais
35:21si tu veux enchaîner directement après ta carrière
35:23avec la médecine, du coup ?
35:27Moi, je pense que je vais
35:29enchaîner finalement en même temps
35:31parce que je vais avoir déjà le choix
35:33de mon internat. Là, c'est encore une autre vie.
35:35On est encore étudiants, mais on est vraiment
35:37dans le quotidien d'un médecin puisqu'on travaille
35:39toute la semaine avec des gardes
35:41si on prend des spécialités à garde.
35:45C'est un premier choix que je vais devoir faire.
35:47Je ne pense pas pouvoir faire vraiment un choix de cœur
35:49à ce moment-là.
35:51Une spécialité chirurgicale, par exemple,
35:53ce serait vraiment compliqué.
35:55Après, une fois
35:57que la formation d'internat est terminée
35:59et qu'on est médecin
36:01avec les revenus de sportifs,
36:03il n'y a rien qui m'empêche de
36:05travailler deux heures par jour et de voir des patients
36:07le matin, par exemple. Ce sera toujours moins
36:09prenant que de travailler toute la journée
36:11comme je le fais en ce moment.
36:13Je ne sais pas si je vais vraiment
36:15commencer ma carrière de médecin
36:17une fois que j'aurai terminé l'athlée
36:19ou est-ce que je vais faire un petit peu des deux
36:21pour garder un pied dans la médecine
36:23parce que je pense que ça peut être très compliqué
36:25de revenir dans la médecine quand on a arrêté
36:27pendant longtemps. Je pense que c'est bien
36:29d'avoir quand même une continuité
36:31et de pouvoir faire ces deux passions.
36:33Déjà, une passion, c'est top, deux, c'est génial.
36:35Donc, pouvoir faire les deux en même temps, je pense que c'est une chance.
36:37Alors, les deux en même temps, parlons-en.
36:39Laurent, en Inde, notamment chez les filles,
36:41a priori, il y a beaucoup de doubles, voire même de triples
36:43projets. Tu nous en parles.
36:45C'est rentrer dans les mœurs, vraiment.
36:47Oui, oui. Ça peut même
36:49devenir une complexité
36:51puisque les filles,
36:53les garçons aussi, mais principalement
36:55les filles, elles continuent,
36:57elles ont une vraie volonté de continuer
36:59leurs études, même à très
37:01haut niveau.
37:03Donc, on essaie vraiment de travailler
37:05par rapport à ça. Elles ne lâchent rien.
37:07Le plus compliqué pour nous,
37:09c'est, alors chapeau par rapport à ce
37:11que fait Margot, c'est extraordinaire,
37:13parce qu'elle fait vraiment une année
37:15tout en performant
37:17au plus haut niveau. Elle fait une année de médecine
37:19et elle avance. Nous, on essaye
37:21de dire à nos sportives d'étaler
37:23un peu.
37:25Les joueuses ne le veulent pas.
37:27Elles veulent absolument arriver en même temps.
37:29Et peut-être, nous, comme
37:31un sport pro, la difficulté, c'est que
37:33l'adaptation, elle est un peu plus complexe
37:35par rapport au staff, par rapport à
37:37il y a 15, 20 joueurs
37:39qu'il faut faire venir en même temps. Donc, on ne peut pas
37:41à un moment donné, changer les
37:43horaires d'entraînement ou des choses comme ça.
37:45L'adaptation est peut-être un peu plus délicate.
37:47Donc, on essaye de dire, vous faites une activité professionnelle.
37:49Vous avez fait le choix de vouloir
37:51devenir joueur ou joueuse professionnelle.
37:53Ça sera votre priorité
37:55parce qu'on ne peut le faire qu'entre
37:5720 et 35 ans. A 40 ans, on ne pourra plus le faire.
37:59Donc, ça, c'est votre priorité.
38:01Par contre, votre projet scolaire
38:03ou universitaire, il n'est pas moins
38:05important. Mais par contre,
38:07vous avez une temporalité, la possibilité
38:09de l'étaler de manière différente.
38:11Donc, c'est ce qu'on essaye, nous, de travailler avec
38:13les joueurs et les joueuses. Et de manière générale,
38:15quand tu vois des joueuses
38:17ou des joueurs en fin de carrière,
38:19ça enchaîne plutôt bien, au hand,
38:21en tout cas ?
38:23Oui. En tous les cas,
38:25les personnes qui ont
38:27anticipé, ça, automatiquement,
38:29la transition se fait
38:31de meilleure manière. Après, il restera,
38:33on pourra peut-être en parler, la transition
38:35psychologique, c'est encore autre chose.
38:37On arrête une carrière, l'adrénaline, quand même,
38:39vous allez peut-être pouvoir en parler,
38:41c'est quand même quelque chose, à un moment donné, c'est dur
38:43à retrouver. Donc, il y a quand même ce manque.
38:45Mais en tous les cas, les personnes
38:47qui ont anticipé, dans leur année
38:49de carrière sportive,
38:51elles sont mieux préparées que les autres.
38:53Oui, mais tu as raison, mais on peut en parler
38:55tout de suite, c'est une bonne transition.
38:57C'est sûr que le fait d'avoir géré
38:59sa vie professionnelle et la suite professionnellement,
39:01dans les revenus, dans la situation,
39:03n'est pas forcément suffisante
39:05et qu'on peut se retrouver
39:07à être quand même malheureux
39:09ou avoir quand même une difficulté
39:11dans cette transition, parce que
39:13c'est même psychique, quoi,
39:15l'adrénaline, la dopamine,
39:17tout ce que l'on peut générer comme hormones,
39:19je ne suis pas médecin, mais on l'a quand même expérimenté,
39:21il y a un manque
39:23qui se crée, c'est une certitude, quoi.
39:25Delphine, tu as vécu ça, toi,
39:27même si tu as eu une transition
39:29plus tardive, parce que tu as fait un sport olympique
39:31qui t'a permis de le faire quand même plus tard,
39:33donc avec une certaine maturité
39:35qui a dû jouer dans la balance,
39:37quand même. Pour autant, tu me glissais
39:39que tu as quand même des...
39:41Des manques.
39:43Des manques.
39:45Après les Jeux de Londres,
39:47j'ai mon patron de l'époque
39:49qui me dit, écoute, moi je te laisse 100 jours
39:51pour réfléchir à l'après,
39:53à l'après Londres, donc est-ce que tu...
39:55100 jours.
39:57C'était un deal entre nous,
39:59il était génial.
40:01Et du coup, il me dit, voilà, je te laisse 100 jours pour réfléchir,
40:03soit tu poursuis ta carrière sportive,
40:05nous on te suit, il n'y a pas de sujet,
40:07mais par contre,
40:09tu vas progresser moins vite dans l'entreprise,
40:11parce que tu n'es pas tout le temps là,
40:13il faudrait comprendre,
40:15soit tu bascules complètement, et là, tu te reconvertis.
40:17Et là, moi, je te fais évoluer tout de suite,
40:19parce que je sais que tu as les compétences pour le faire.
40:21À l'époque, j'étais un peu fatiguée,
40:23parce que ça faisait quand même quelques années
40:25que j'étais à haut niveau, et puis,
40:27j'avais ce désir de maternité,
40:29et je commençais à arriver dans une transition,
40:31comme tu disais, l'horloge biologique était là,
40:33et du coup, je dis, bon voilà,
40:35cette fois-ci, j'arrête.
40:37Donc j'ai mon fils en 2013, tout se passe très bien,
40:39je reprends le travail en février 2014,
40:41et là, je suis assise derrière mon bureau,
40:43donc j'ai déjà l'habitude de ça,
40:45mais il n'y a plus les compètes,
40:47il n'y a plus l'adrénaline,
40:49il n'y a plus ça,
40:51et là, d'un seul coup, il y a quand même un vide,
40:53effectivement, il y a un manque qui se crée,
40:55et là, tu te dis, il va falloir que je trouve
40:57une solution pour combler ça.
40:59Et là, mon mari me dit,
41:01dès qu'il y a un trou, tu cases,
41:03tu fais ça, tu fais ça,
41:05parce qu'en fait, on a besoin d'exister,
41:07on a besoin de servir à quelque chose,
41:09parce qu'on a toujours été au service
41:11de notre nation, quelque part,
41:13quand on est sportif de haut niveau,
41:15voilà, c'est le drapeau qui compte,
41:17on est là pour défendre nos couleurs,
41:19et du coup, on veut le faire autrement.
41:21Donc c'est vrai que, et même encore aujourd'hui,
41:23plus de dix ans après l'arrêt,
41:25enfin, un peu moins, parce que j'ai repris
41:27quand même entre-temps, donc ça a été un peu compliqué,
41:29mais à chaque fois,
41:31voilà, à chaque fois, en fait,
41:33que je regarde une compétition internationale
41:35ou que je la commente, notamment les Jeux,
41:37j'ai qu'une envie,
41:39c'est d'y retourner,
41:41parce que ce truc-là, ce truc qu'on vit
41:43sur le terrain,
41:45en fait, on ne le retrouve pas ailleurs,
41:47en fait, c'est ça.
41:49– Oui, c'est difficile de s'apaiser par rapport à…
41:51– Voilà, alors, ce qui est génial,
41:53c'est de le partager avec les collaborateurs,
41:55parce que du coup, ce qui est bien avec les collaborateurs,
41:57et moi, ce que ça m'a apporté, c'est de me faire redescendre
41:59à un moment donné, parce qu'on est là-haut,
42:01on est dans un monde un peu particulier,
42:03le monde du sport de haut niveau,
42:05on est bien dans l'entreprise, avec des problématiques
42:07communes à tous et à toutes,
42:09là, en fait, on redescend,
42:11et c'est vrai que ça permet aussi d'éviter
42:13de gonfler du melon
42:15et de se prendre pour autre chose.
42:17On est tous des êtres humains,
42:19alors avec, bien sûr, des prépondérances,
42:21des capacités qui peuvent parfois
42:23être hors normes,
42:25mais c'est bien de redescendre.
42:27Et c'est vrai qu'on parlait des codes de l'entreprise,
42:29moi, je les ai appris tout au long de ma carrière
42:31parce que j'étais en CIP,
42:33j'ai appris les codes de l'entreprise,
42:35et l'entreprise, ceux qui ont travaillé avec moi,
42:37ont appris les codes des sportifs,
42:39et aujourd'hui, j'essaye de réapprendre
42:41au sein de mon entreprise
42:43les codes du sportif,
42:45et du coup, le but,
42:47c'est aussi d'apprendre aux sportifs
42:49les codes de l'entreprise,
42:51parce que je suis convaincue
42:53que ça peut être du gagnant-gagnant,
42:55on partage tellement de valeurs communes,
42:57et là, pour le coup, je le sais,
42:59parce que j'étais des deux côtés,
43:01donc on partage plein de choses,
43:03et les collaborateurs sont en demande aussi
43:05de ces activités,
43:07de ces personnes un peu extraordinaires
43:09à leurs yeux,
43:11qui les aident, en fait, ça les tire vers le haut,
43:13parce que chacun à son niveau,
43:15on est capable de se lancer un défi,
43:17et on est capable de réussir,
43:19et en fait, on est aussi là pour faire passer ces messages-là.
43:21– Et alors, en parlant de lancer un défi,
43:23tu viens encore de,
43:25on n'aime pas bien ce mot, mais de te re-reconvertir,
43:27c'est-à-dire qu'au sein même de Bouygues,
43:29chez qui tu es depuis 18 ans,
43:31tu viens de proposer d'évoluer dans ton poste,
43:33et de t'occuper toi-même
43:35de la reconversion des athlètes,
43:37et en tout cas,
43:39d'essayer de faire un bout de chemin
43:41avec Bouygues pour que,
43:43mettre ta pierre à l'édifice
43:45et permettre à d'autres de le faire,
43:47c'est vraiment tout à ton honneur,
43:49tu nous racontes brièvement ce que tu fais,
43:51et après, on passe à la suite.
43:53– C'est ça, alors, il y a un an,
43:55il y a 10 ans que j'y pense,
43:57j'ai aidé d'autres athlètes à se reconvertir,
43:59à intégrer l'entreprise, même en carrière,
44:01comme je l'ai fait,
44:03j'étais juste pas mûre, pas prête,
44:05là, j'ai dit, j'y vais, j'ose,
44:07parce qu'en fait, c'est ça,
44:09le sportif de haut niveau, souvent, il ose pour gagner,
44:11donc je me suis lancée là-dedans,
44:13dans cette démarche, j'en ai parlé au PDG de ma structure,
44:15qui m'a dit, Banco, moi, j'adore ça,
44:17j'ai envie d'intégrer des sportifs de haut niveau
44:19dans mon entreprise,
44:21et en fait, ce que j'ai proposé,
44:23c'est à la fois l'intégration des sportifs de haut niveau
44:25en carrière, puis, et où,
44:27en reconversion,
44:29et aussi faire passer des messages aux collaborateurs
44:31en termes de sport santé,
44:33de qu'est-ce qu'apporte le sport aux collaborateurs
44:35en termes de santé, à la fois
44:37mentale et physique, et donc, du coup,
44:39ça fait un an qu'on travaille là-dessus,
44:41que j'ai un peu embarqué plein de personnes,
44:43des RH, effectivement, qui m'ont suivie,
44:45qui ont découvert ce monde-là,
44:47un autre monde,
44:49et qui ont eu envie de créer du lien,
44:51et c'est pour ça que là,
44:53j'ai vraiment, aujourd'hui, mon temps est partagé
44:55entre mon activité ancienne,
44:57qui était d'être comptable,
44:59responsable comptable chez Bouygues,
45:01et la reconversion des athlètes, ainsi que le développement
45:03du sport santé.
45:05J'adore ce genre de témoignages, c'est nickel.
45:07Pendant ce temps-là, il se passe quelques
45:09petites choses à l'étranger, notamment du côté
45:11du CIO, on en parle tout de suite.
45:19Alors, effectivement, Max, pendant ce temps-là,
45:21du côté du CIO, Comité international
45:23olympique, il y a des dispositifs
45:25qui sont mis en place, notamment par la commission des athlètes,
45:27la fameuse CAN, mais
45:29internationale. Alors,
45:31notamment, il y a un volet qui s'appelle Carrière Plus,
45:33et là, je m'adresse vraiment aux athlètes
45:35qui nous regardent ce soir,
45:37allez faire un tour sur le site internet,
45:39ça s'appelle Athlètes 365,
45:41et regardez le volet
45:43Carrière Plus. Typiquement,
45:45en ce moment, il y a un programme de proposé qui s'appelle
45:47Business Accélérateur, un peu dans
45:49la même veine que ce que fait
45:51le Palatine avec la BPCE.
45:53L'idée, c'est, vous avez
45:55un projet, vous avez une idée, vous avez quelque
45:57chose, mais vous n'avez pas par quel bout le prendre
45:59et comment vous en sortir, alors que
46:01vous êtes persuadés, intimement persuadés que
46:03c'est une bonne idée et qu'il y a quelque chose à développer.
46:05Vous tournez vers la commission des
46:07athlètes du CIO, et vous postulez
46:09à ce programme
46:11Carrière Plus, et ils vont
46:13incuber votre idée, ils vont
46:15vous accompagner, pas de panique,
46:17ça parle français, ça parle anglais, ça parle espagnol
46:19à la commission des athlètes
46:21internationales.
46:23C'est le grand mouvement olympique,
46:25et il est multilangage, donc pas
46:27de barrière, tentez l'expérience
46:29et si vous êtes retenus, ils vont
46:31incuber votre idée, proposer un business
46:33plan autour de ça, trouver des moyens
46:35pour le
46:37financer, c'est la solidarité
46:39olympique, on n'en parle pas assez
46:41à mon goût, tout le système olympique
46:43est basé sur la solidarité olympique,
46:45et l'argent engrangé par
46:47la vente des droits de ces
46:49fameux Jeux olympiques permet
46:51dans une énorme majorité
46:53le financement de la solidarité olympique,
46:55et ça passe par ce genre de projet-là
46:57mis en place par les athlètes, pour les athlètes.
46:59J'espère que ça aura
47:01résonné en vous, vous avez jusqu'au
47:037 octobre pour postuler
47:05à celui de cette année, la session
47:072023-2024.
47:09Discours de présidente.
47:11Moi j'ai juste envie de te dire
47:13un truc qui va enchaîner très bien
47:15avec la suite, yes we can.
47:17Voilà, c'est parti.
47:25Alors parce qu'on n'est jamais
47:27mieux servi que par soi-même,
47:29dit l'adage, la CAN aussi a
47:31pris les choses en main, et
47:33je vais redonner la balle à Delphine,
47:35parce que tu as aussi,
47:37on le disait, il n'y a pas de vide dans ta vie,
47:39tu as aussi endossé cette casquette-là,
47:41et au sein de la CAN, tu t'es énormément investie
47:43pour développer le PRA,
47:45le parcours reconversion
47:47athlète. Ça part d'où ?
47:49Quelle est l'idée de départ ?
47:51L'idée de départ, c'était surtout de ne pas
47:53se surajouter à des dispositifs existants,
47:55parce qu'il en existe déjà beaucoup,
47:57et c'était surtout d'aider en amont,
47:59quand l'athlète
48:01s'arrête ou va s'arrêter,
48:03de lui proposer un parcours
48:05pour l'aider à s'orienter vers une carrière
48:07professionnelle qui va lui convenir.
48:09Donc c'est ça l'idée de départ,
48:11c'est vraiment accompagner, sécuriser
48:13l'emploi futur de l'athlète,
48:15et quelque part le rassurer
48:17sur ses compétences, sur comment il peut
48:19les traduire dans sa vie d'après.
48:21Donc comment ça s'oriente ?
48:23Alors déjà, il faut savoir,
48:25et ça c'est important de le dire, tous les athlètes,
48:27tous les anciens sportifs de haut niveau
48:29ou sportifs de haut niveau, aujourd'hui,
48:31qu'ils soient ou pas sur liste, sont concernés.
48:33Donc ça c'est très important de le dire,
48:35parce qu'on ne laisse personne sur la voie de garage.
48:37Tout le monde est concerné, à partir du moment
48:39où, à un moment donné dans ta vie,
48:41tu as défendu les couleurs de ton pays,
48:43le PRA t'accueille bien volontiers.
48:45Donc là aujourd'hui, on vise 15 athlètes.
48:47On ne s'est pas fixé un truc
48:49trop gros, parce qu'on voulait,
48:51déjà, on démarre,
48:53et on ne voulait pas se tromper.
48:55Du coup, on propose à 15 athlètes, sur candidature,
48:57donc il y a un dispositif qui existe
48:59et qui a été envoyé à chaque athlète,
49:01de candidater pour être
49:03accompagnés. Alors, il va y avoir
49:05un mentor d'entreprise,
49:07donc qui va partager son expérience,
49:09qui va aider l'athlète
49:11à faire des stages en immersion,
49:13qui va lui proposer des réunions, participer à des événements,
49:15donc lui donner les codes de l'entreprise,
49:17les passerelles dont on parlait tout à l'heure,
49:19exactement.
49:21Il y a l'athlète, donc bien sûr, qui lui,
49:23doit être motivé, engagé, donc ça c'est
49:25hyper important, parce qu'il faut vraiment qu'il ait envie de le faire.
49:27Et puis l'APEC,
49:29qui a construit avec nous ce modèle,
49:31ce parcours, il ne faut pas l'oublier.
49:33L'APEC, oui, c'est
49:35le dispositif, l'association
49:37pour l'emploi des cadres,
49:39qui donc a l'habitude d'accompagner
49:41des salariés
49:43différents, on va dire,
49:45mais en tout cas qui se proposent
49:47pour les sportifs de haut niveau qui ont des profils atypiques,
49:49de proposer
49:51des consultants ou des consultantes
49:53pour, en plus du mentor,
49:55donc il y aura un mentor par athlète,
49:57ça c'est important, et un consultant
49:59ou une consultante de l'APEC.
50:01Créer des liens humains,
50:03vraiment faire du sur-mesure,
50:05quand on disait qu'on est tous différents,
50:07chaque athlète, il y en a qui vont plutôt
50:09s'orienter vers une entreprise,
50:11il y en a d'autres qui vont vouloir créer leur propre entreprise,
50:13donc ça c'était le sujet de Palatine justement,
50:15et puis d'autres qui vont être
50:17obligés de reprendre des études,
50:19parce qu'ils ont besoin de cette formation
50:21pour pouvoir s'orienter vers un métier qui leur convienne.
50:23Voilà, donc ça c'est vraiment l'objectif,
50:25donc là c'est 15 athlètes,
50:27il y aura 3 sessions, la session de lancement c'est le 18 octobre,
50:29et ensuite il y en aura une au mois de décembre,
50:31et une au mois de mai 2024,
50:33donc le but c'est tout pendant 8 mois,
50:35d'accompagner cet athlète,
50:37donc le mentor s'engage à le rencontrer
50:39soit en visio,
50:41soit en présentiel,
50:43au moins une fois par mois,
50:45plus si c'est possible pour lui,
50:47et l'APEC bien sûr,
50:49joue aussi son rôle d'accompagnateur
50:51ou d'accompagnatrice
50:53pour aider l'athlète.
50:55Donc là, en fait,
50:57on oriente l'athlète vers des dispositifs existants
50:59en fonction de ses appétences,
51:01tout simplement,
51:03et on lui donne une seconde chance,
51:05mais une vraie seconde chance,
51:07avec ses envies,
51:09et avec toute sa motivation,
51:11et c'est bien,
51:13parce qu'on fait appel à des entreprises,
51:15on les sensibilise à l'importance des athlètes,
51:17à des profils différents,
51:19et ça du coup, quelque part,
51:21ça peut aussi les aider,
51:23peut-être à intégrer des dispositifs existants.
51:25En fait, c'est adopte un athlète.
51:27C'est ça.
51:29On adore.
51:31L'adresse, s'il y en a que ça intéresse,
51:33c'est révèle ton talent.
51:35Oui, révèle ton talent, exactement.
51:37Un petit commentaire, messieurs,
51:39pour clôturer l'émission
51:41sur ce dispositif
51:43proposé par les athlètes pour les athlètes.
51:45Nous, on est à fond,
51:47j'en sais rien,
51:49on participera d'ailleurs,
51:51on est un delphine à ce projet.
51:53Et puis, peut-être,
51:55s'il fallait former un vœu,
51:57je pense qu'après 2024,
51:59après les Jeux,
52:01il faudrait vraiment que le regard des entreprises,
52:03partenaires ou pas,
52:05petites et grandes,
52:07change sur les athlètes de haut niveau.
52:09On en a parlé ici.
52:11Et puis, plus globalement, sur les sportifs,
52:13ils ont beaucoup à nous apprendre dans les entreprises.
52:15Et je pense que,
52:17on le disait tout à l'heure,
52:19c'est un coup exceptionnel,
52:21coup de projecteur,
52:23mais aussi accélérateur pour ça.
52:25Parce qu'on a vraiment besoin
52:27des athlètes et des sportifs en entreprise.
52:29Ça ne se sait pas suffisamment
52:31et il faut que ça se voie et que ça se réalise
52:33dans les mois qui viennent.
52:35C'est une grande et belle initiative.
52:37Bravo à vous,
52:39en tous les cas, par rapport à ça.
52:41Et peut-être, ça met aussi le point
52:43sur le fait de se réorienter.
52:45Souvent, il faut peut-être arriver
52:47à réaliser ça.
52:49En France, j'ai l'impression que c'est souvent
52:51connoté à un échec.
52:53Alors que la réorientation,
52:55elle est naturelle.
52:57On peut avoir envie de faire quelque chose à 20 ans
52:59et à 25 ans, avoir envie de faire autre chose.
53:01Et c'est pas mal, tant mieux.
53:03C'est son chemin du moment qu'on est actif.
53:05Et surtout, je trouve, dans ces générations-là,
53:07j'ai l'impression qu'on a envie de faire autre chose.
53:09Merci à tous.
53:11Merci Margot aussi, Denise.
53:13C'était un vrai plaisir de vous avoir
53:15de ce thème-là et dans cette émission.
53:17Merci Marie.
53:19Un plaisir toujours de t'accompagner.
53:21On se retrouve très bientôt pour une prochaine émission d'athlètes.
53:23Allez, à très vite sur Sport en France.
53:25Ciao.

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