A vos marques - Handi grimpe, émission autour du doc "Mazen la grimpe dans ma vie d'autiste"

  • il y a 3 mois
Dans ce numéro d'A vos marques, Maxime Gras revient sur le documentaire "Mazen, la grimpe dans ma vie d’autiste". Dans un premier temps, retour sur la génèse de ce documentaire avec le réalisateur Damien Vernet avant une discussion sur l'autisme et les solutions qui existent en France en présence de la maman de Mazen ainsi qu'une psychomotricienne et l'éducateur qui a encadré Mazen dans sa pratique de l'escalade.

Category

🥇
Sports
Transcript
00:00Bonjour à toutes et à tous, ravis de vous retrouver pour un nouveau numéro d'Avomark,
00:19le rendez-vous des disciplines parasport. Cette semaine, un rendez-vous un petit peu
00:24particulier à l'occasion de ce numéro puisqu'il va être question d'un documentaire. Mazen,
00:29la grimpe dans ma vie d'autiste et on va essayer autour de ce documentaire de faire le lien entre
00:35éveil par le sport et bienfaits sur les troubles neurobiologiques. C'est un très riche programme
00:40qui nous attend aujourd'hui, donc vous l'aurez compris, pour évoquer ce sujet. Autour de ce
00:46plateau, le réalisateur de ce documentaire, Damien Vernet, nous accompagne. Bonjour Damien.
00:52Bonjour Maxime.
00:52La forme ?
00:53Ça va.
00:54Merci de venir à nous. Vous êtes bien accompagné en plus des gens que vous avez mis en image qui
00:59plus est à l'occasion de ce documentaire. Hervé Brézeau, moniteur d'escalade qui nous fait l'amitié
01:05de nous accompagner. Bonjour Hervé.
01:06Bonjour Atof.
01:07Vous allez bien ?
01:08Ça va.
01:09Prêt pour cette émission et nous parler de votre pratique, aussi votre soutien à Mazen et pas
01:17seulement dans ces disciplines adaptées, votre rôle de moniteur. Pour poursuivre ce tour de
01:23table, une personne qui aura fait le boulot en coulisses pour permettre cette mise en image,
01:30Emmanuelle Bonnet-Houlalge, la coprésidente de la Fédération sportive et gymnique du travail qu'on
01:36va appeler FSGT communément. Vous étiez venue dans le club pour nous parler de votre fédération,
01:41on vous retrouve pour cette émission. Merci d'être là. On est là pour se mettre au diapason de cette
01:48journée particulière aussi aujourd'hui en ce 3 décembre, on en parlera. Et puis pour finir ce
01:53tour de table, Aimée Roumier qui nous accompagne. Bonjour Aimée. Vous êtes psychomotricienne en IME
01:59et libérale, Institut médico-éducatif à Saint-Cloud et vous avez notamment accompagné Mazen
02:06et vous travaillez auprès de ces enfants atteints de troubles autistiques dont on va parler. C'est
02:13le cœur du sujet, ce documentaire et dans cette première partie, on y va sans plus tarder. Au
02:18cœur de l'histoire de votre documentaire, je parle sous votre contrôle évidemment Damien,
02:22un enfant, Mazen, âgé de 10 ans, atteint de troubles du spectre autistique, ce qui engendre
02:28notamment des difficultés de communication, une rencontre avec un sport, l'escalade et un homme
02:34aussi, vous en l'occurrence, mon cher Hervé, va lui offrir un terrain d'épanouissement. Vous voyez
02:42cette bande annonce de votre documentaire et on en parle évidemment sur ce plateau juste après.
02:48J'ai rencontré Mazen et sa maman à l'occasion d'une séance de jeu de début d'année. Je me
02:53retrouve avec un enfant à côté de moi qui n'a pas fait les premières séances un peu d'approche
02:58du mur, qui n'a pas de communication avec moi. Moi je ne vois pas quel type de communication
03:03on peut avoir avec cet enfant qui est visiblement dans une situation d'handicap pour moi tel que je
03:10l'ai vu la première fois. Je me suis dit, ouais c'est lourd. Il faut vraiment prendre le temps de
03:15connaître, comprendre la personne avec qui on travaille et créer aussi une relation de
03:19confiance. C'est à ce moment-là où tout s'est joué, où Mazen il s'est senti investi par un autre.
03:23Même sa kiné m'a dit, si l'escalade au bout de trois séances ça m'a fait ça de travail de six
03:28mois que j'ai fait moi, continue l'escalade, arrêtez le kiné. Avec le recul, je me rends
03:32compte qu'on est parti avec Mazen d'une vision de c'est un enfant pas capable de, un enfant comme
03:37moi je l'ai vu la première fois, à une vision d'un enfant qui est capable de. Un enfant autiste
03:41c'est comme tout enfant, c'est juste qu'il a d'autres façons de voir le monde, d'autres
03:46façons de réagir au monde mais ça fait de lui toujours un enfant. Tous les enfants
03:50aiment jouer et c'est le seul pôle d'entrée avec n'importe quel jeune.
03:54Mazen, la grimpe dans ma vie d'autiste diffusée intégralement en ce 3 décembre,
04:07journée internationale du handicap sport en France qui dédie l'intégralité de ces programmes,
04:13la quasi intégralité de ces programmes au parasport, au sport adapté pour comprendre
04:18et apprendre aussi le développement de ces pratiques et aussi comment faire évoluer
04:24ces pratiques au quotidien dans les clubs, dans les fédérations, ce sera aussi votre cas pour
04:31vous Emmanuel aujourd'hui. Avant cela, la genèse, l'origine de ce documentaire, elle vous
04:37est venue comment Damien ? En fait, on cherchait au sein de la fédération un profil de personnes en
04:43situation de handicap. On m'a mis en relation avec Hervé qui justement avait ce projet-là avec
04:49Mazen qui était au bel du ciment. Il m'en a un petit peu parlé et rapidement en discutant,
04:54on s'est rendu compte que c'était un très beau sujet, qu'il y a vraiment quelque chose à raconter.
04:58Donc du coup, on s'est décidé, on a commencé à mettre le projet en place. On a donc du coup
05:03construit ensemble avec Hervé le projet, se décider qu'est-ce qu'on voulait mettre en avant
05:08en particulier par rapport au sujet et puis après l'organisation, comment on allait organiser les
05:13séances de tournage et mettre tout ça en place. Cette partie un peu logistique, elle est intéressante,
05:18on aura l'occasion de la développer avant cela. Le rôle de la FSJT, parce qu'au-delà de ce
05:24documentaire, il est dans une série autour de la grimpe, de l'escalade, une discipline qui est dans
05:29le récit fédéral très important, je crois, dans l'histoire Emmanuelle. Comment vous avez
05:35voulu mettre en image aussi ce documentaire et pourquoi cette série plus globale sur l'escalade?
05:42D'abord, c'est une démarche qui a été initiée de nos clubs d'escalade, ce qui est important pour
05:49nous. À aucun moment dans nos bureaux, on s'est dit il faut faire une série documentaire sur
05:55l'escalade, c'est un besoin qui a émergé de clubs et d'un grand club d'escalade de Paris qui
06:00s'appelle ROC 14. En effet, l'enjeu c'était de montrer que pour une fédération comme la FSJT qui
06:06vise l'émancipation par le sport, avec l'escalade on a finalement cet enjeu de démocratiser une
06:14activité qui dans l'histoire n'était pas accessible à tous et donc on a décidé de faire venir les
06:19montagnes dans les villes. C'est le titre de cette série de documentaire et avec Mazen,
06:26ce que je trouve remarquable, c'est qu'au-delà de l'accès au sport, on a une rencontre,
06:32on a des rencontres qui permettent finalement à travers la vie associative, à travers le sport,
06:39de reconnaître, accepter, accueillir toutes les différences et en réalité chacun des acteurs,
06:47qu'il s'agisse d'Hervé le moniteur, de Mazen l'enfant et de sa maman qui joue un rôle aussi
06:53essentiel, et bien je pense qu'on a trois personnes qui se sont aussi émancipées avec cette belle
06:58aventure. La maman de Mazen Touraya qui sera avec nous lors de la deuxième partie de cette
07:02émission. Damien, comment on arrive avec un exemple qui peut être un peu extrême à mettre en place,
07:10suivre ses séances, essayer d'obtenir des séquences qui se tiennent ? Comment on arrive
07:18en termes logistique à organiser ce nombre de journées de tournage ? Comment ça s'est fait
07:23finalement ? En fait, on a essayé de s'adapter à Mazen parce que Mazen ne s'adapte pas à nous
07:29si nous qui nous s'adaptons à Mazen. Donc du coup, déjà très rapidement, on s'est dit qu'il fallait
07:33respecter son rythme parce que comme Mazen est un enfant qui est très rythmé, on ne peut pas trop
07:40changer son emploi du temps. Le but c'était de se calquer à son emploi du temps. Donc du coup,
07:45on est parti sur des séances courtes de deux heures maximum de tournage qui représentait
07:49une séance de grimpe et on s'est calé sur ce rythme-là. On voulait aussi avoir un petit peu
07:56une sensation de progression dans la discipline donc on s'est dit déjà qu'on allait étaler ça
08:00dans le temps et du coup, on a fait cinq à six tournages sur le long de l'année. Un laps de
08:06temps qui est... À la base, on visait plutôt trois mois puis on a eu quelques contraintes entre
08:11autres le Covid qui ont fait que le projet s'est étalé sur un peu plus d'un an. Ce qui permet
08:17de monter en gamme les progrès de Mazen que l'on voit assez vite déceler. Hervé, je ne sais pas si
08:23vous aviez déjà eu une caméra pour vous suivre. Est-ce qu'il y a eu un peu de réticence à mettre
08:29ça en place ? Est-ce que vous avez dû vous adapter ? Je ne parle pas de vos séances en elles-mêmes
08:33avec Mazen, on les évoquera tout à l'heure, mais au regard de cette caméra et d'une personne
08:38derrière ? Non, moi j'avais confiance dans ce tournage parce qu'il y avait des films précédents
08:43qui sont de qualité et je savais que derrière... Vous aviez regardé « Des montagnes dans nos
08:50villes », vous aviez regardé la série. D'accord, très bien. Donc ça ne vous a pas forcément pollué
08:54dans votre organisation. Non, voilà et surtout qu'il y a eu un lien avec la FSGT qui était
09:02présente avec les clubs d'escalade donc cette confiance elle était déjà acquise au préalable.
09:08Est-ce que vous avez ressenti de la part de Mazen un comportement différent ? Il est question de
09:14capacité de concentration supérieure au fil de ce tournage et de ses progrès. De facto,
09:20est-ce qu'il s'est un peu plus rendu compte de ce qui se passait ? Alors Mazen n'exprime pas
09:26verbalement mais on a senti qu'il aimait ça. Jusque dans les réactions, quand la caméra s'est
09:35arrêtée, il a commencé à être un peu fâché. On a senti qu'il a aimé être un peu filmé,
09:44être au centre de l'attention et c'était étonnant. C'était étonnant de voir cette
09:53réaction positive et voire négative à la fin. Il s'est arrêté un peu, je ne suis plus au centre,
09:59qu'est-ce qui se passe ? C'est ça. C'était très intéressant. Il a largement accepté la caméra.
10:04Aimé de votre côté, vous êtes un peu le fil conducteur de ses progrès. Vous nous racontez
10:10aussi ce que revêt l'autisme par ses troubles, ses caractéristiques. Comment vous avez su,
10:19pu vous insérer à ce documentaire ? Comment vous l'avez vécu ? J'ai été invitée par Hervé pour
10:26rencontrer Mazen. On s'était déjà vu plusieurs fois avant. J'avais rencontré Soraya aussi qui
10:33m'avait parlé déjà de l'évolution de Mazen. Il y a eu un avant et un après. J'ai pu participer
10:40à une petite évolution qui était presque autour de ce tournage et un peu avant. Pour
10:48la professionnelle, c'est intéressant cette séquence-là ? C'était très intéressant de voir
10:53l'évolution de Mazen, de voir la confiance qu'il établit aussi, de se laisser faire,
10:59de se laisser filmer, d'accepter les nouvelles personnes autour de lui, que ce soit moi,
11:05que ce soit Damien, et de nous faire confiance, d'accepter à des moments qu'on l'assure. J'avais
11:12assuré aussi à un moment. Damien, avant de vous libérer, une dernière question. Est-ce que vous
11:22attendiez à une telle portée ? Est-ce que vous attendiez à ce que ce documentaire puisse non pas
11:28forcément éveiller les consciences, parce qu'on a conscience de certains troubles qu'on ne voit pas
11:33au quotidien, mais est-ce que vous aviez conscience au moment du tournage de la portée ? Qu'est-ce que
11:36vous attendez de sa diffusion ? Non, après, on fait le documentaire parce qu'on croit au sujet,
11:41on imagine qu'il a une portée et on espère qu'il en a une. Après, on ne sait jamais vraiment où ça
11:47va. On espère effectivement qu'il sera le vu le plus possible et qu'effectivement, ça puisse
11:53réveiller un petit peu des consciences sur certaines facettes de la pratique, de montrer
11:59que le sport peut être un bon accompagnement pour ce type de public-là. Et si ça peut inciter les
12:06personnes à faire peut-être plus dans ce sens-là, ça sera une super chose. Merci, Damien, de nous
12:10avoir accompagnés via votre documentaire. On va partir évidemment sur l'accompagnement de l'autisme
12:18au quotidien, ce qui peut exister comme solution dans notre société. Actuellement, la maire de
12:23Mazen-Touraya nous fait l'amitié de nous rejoindre dans cette deuxième partie d'émission, une deuxième
12:29partie qui s'appelle Mon Défi. Mon Défi, et cette partie a peut-être rarement aussi bien trouvé son nom
12:41que pour Touraya, qui nous fait l'amitié de nous accompagner. Touraya, bonjour. Bonjour. Vous êtes
12:46la maman de Mazen. Vous nous accompagnez à l'occasion de cette journée. Votre témoignage est
12:54évidemment précieux. En référence au travail de Damien, comment vous avez accueilli d'abord ce documentaire
13:01au fur et à mesure que vous l'avez vu ? Oui, ça demandait beaucoup d'organisation. Il m'a annoncé
13:06arriver qu'on peut tourner un documentaire pour Mazen. J'étais ravie parce que, voilà, c'était
13:14intéressant pour moi que ce film soit diffusé pour d'autres parents et que c'est intéressant,
13:22que ça donne des fruits. Donc j'ai dit pourquoi pas, mon expérience, ne pas la partager avec d'autres
13:28parents qui galèrent tous les jours, j'en suis sûre, pour la prise en charge de leurs enfants, pour
13:33trouver des activités sportives et travailler des occupations pour eux. Et du coup, j'ai dit pourquoi
13:41pas. Ça a demandé beaucoup d'organisation. On a vu le rythme de Mazen, qu'il va à l'école, qu'il va faire
13:47autre chose. Et du coup, c'était bien, on a trouvé le juste milieu et on a pu finir. C'était un peu
13:54sur une année, il me semble, mais ça permet aussi de voir le début et les progrès qu'il a fait
13:59Mazen Stololan, donc montrer quelque chose qui est enrichissant. Très bien.
14:04Thouraïa, effectivement, vous n'êtes pas seule. Selon l'Inserm, l'Institut national de la santé et de la
14:08recherche médicale, 100 000 personnes de moins de 20 ans seraient atteintes de troubles autistiques
14:14et encore, toutes ne sont pas dépistées. Qu'est-ce que l'autisme émet déjà de manière empirique ?
14:20Pour être simple, c'est un trouble neurodéveloppemental et concrètement, ça va altérer les
14:27fonctions de communication et d'interaction. Souvent, c'est détecté autour de l'âge de 2 ans,
14:36comme Mazen. C'est là où on commence à voir que l'enfant ne sourit pas pareil, il n'interagit pas
14:43de la même façon, il ne joue pas de la même façon que d'autres enfants et on se commence à poser
14:48des questions. C'est à ce moment-là que toute une démarche de diagnostic pour pouvoir poser le
14:54terme de trouble du spectre autistique. Comment on le détecte, justement, dès 2 ans, ce trouble
15:00qui peut être cognitif, physique ? Comment on les diagnostique ?
15:05Il y a déjà ce que je disais, les premiers signes qui sont observés par les parents ou par les professionnels
15:11de santé à la crèche, par exemple. Dans le cas de Mazen, c'était sa maman qui commençait à avoir...
15:21En fait, c'est que vers 15 mois, j'ai un enfant qui parle, qui fait tout normalement, qui bouge, qui
15:28se frianche, il y a tout, tout normalement et ça ne m'a pas atterri. Mais vers 2 ans, 2 ans tout
15:34juste, et 4 mois, il ne parle plus, il ne répète plus derrière nous. Ses mouvements, ça devient un peu...
15:40Il ne veut pas trop bouger, de plus en plus poussette, lourd, voilà. Et là, je commence à me poser des questions
15:48et jusqu'à dire, non, ce n'est pas ça. J'ai déjà élevé deux autres avant et j'ai quand même...
15:57Je commence à m'inquiéter et puis à faire des recherches. Et après, j'ai fait le bilan à Robert Debré,
16:05c'est l'unité de dépistage. Normalement, la prise en charge précoce, c'est ça qui donne le plus de ses fruits.
16:12Et l'aventure a commencé à 2 ans et 4 mois, je me rappelle. Et puis, ça fait à peu près 8 ans, là.
16:21Vous parlez d'aventure. C'est un quotidien qui est totalement organisé autour de Mazen pour vous, professionnellement parlant.
16:29Professionnellement en parlant, en tant que maman, j'ai abandonné parce qu'on ne peut pas.
16:35Ce que j'ai dans l'esprit à ce moment-là, c'est que j'ai un enfant qui a des besoins spécifiques, qui a des difficultés,
16:44qui a... Je n'aime pas dire handicapé, mais qui a pas mal de difficultés pour vivre, parce que ça sera facile pour lui tous les jours.
16:52Donc, on a commencé les recherches. On ne pense qu'à ça, quoi. C'est quotidien, notre vie tourne autour de cet enfant-là pour le faire progresser.
17:00– Et le regard de spécialiste, il arrive quand ?
17:02Quand est-ce que vous vous dites, j'ai peut-être des solutions, en tout cas, je peux avoir de l'aide, recevoir de l'aide,
17:08psychomotricien, kiné, ostéo, je ne sais pas, vous êtes dirigée vers qui ?
17:11– En fait, en premier, moi, j'ai su que ça y est, qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
17:16Moi, j'ai commencé la prise en charge, je me rappelle très bien, six mois avant le bilan de Robert Debré.
17:22C'est le bilan où il va dire, ça, c'est des professionnels qui l'effectuent, voilà.
17:27Moi, j'ai commencé la prise en charge six mois avant.
17:30Et j'ai commencé à tout faire, mettre en place la méthode, l'orthophoniste, la psychomotricienne,
17:36tout ce qu'il faut pour une prise en charge complète pour un enfant autiste.
17:39– Psychomotricien, motricienne, implique quel travail au quotidien en séance pour ces enfants comme Mazen, Aimée ?
17:47– Alors, ce qu'on va travailler avec, déjà en psychomotricité,
17:53on travaille tout ce qui va avoir rapport au cœur, et au relationnel, et au psychisme.
18:00Donc, les séances souvent se déroulent autour, dans le cadre du troupe de spectre autistique,
18:07on va travailler la communication non-verbale, aussi par rapport, pointer, désigner,
18:13essayer de communiquer avec nous différemment qu'à travers la parole,
18:17parce que souvent, la parole, c'est difficile ou c'est brutal.
18:21– Ou ça vient plus tard, généralement, oui, ça vient plus tard.
18:23– Après, on va travailler aussi le tonus, c'est-à-dire,
18:29souvent, on a des enfants qui sont soit dans une hypotonie ou une hypertonie.
18:34– Une hypotonie, c'était le cas de Mazen.
18:36– Exactement, donc, c'est une hypotonie, on sent un petit relâchement au niveau musculaire,
18:42et l'hypertonie, c'est des enfants qui vont avoir du mal inversement,
18:48et du coup, le travail, c'est de trouver une régulation du tonus,
18:52d'arriver à une bonne régulation, et la régulation du tonus va aider
18:55dans une bonne communication aussi, une bonne interaction,
18:58d'être bien dans leur cœur aussi, tout ce qui est motricité, dynamique générale aussi,
19:05comment il va bouger, comment il va coordonner ses mouvements,
19:08coordonner les mouvements à une main, à un pied, comment s'orienter dans l'espace,
19:13comment s'orienter dans le temps, comment connaître la latéralisation aussi,
19:21donc voilà, toutes les fonctions psychomotrices qui vont être travaillées,
19:26à différents niveaux, ça dépend où le jeune est,
19:28mais un psychomotricien, il a un regard général sur toutes ces fonctions,
19:32en même temps, tout en travaillant, aussi avec les parents,
19:34c'est-à-dire le travail avec les parents est très important,
19:38un psychomotricien ne travaille pas tout seul,
19:40surtout quand on commence en petite enfance,
19:42c'est-à-dire les parents, ils ont un rôle aussi dans cette interaction,
19:46parce que ce qui manque souvent avec un enfant autiste, c'est cette interaction,
19:50souvent un enfant normal, c'est lui qui va communiquer avec les parents,
19:53c'est lui qui va chercher le regard, qui va chercher la stimulation,
19:56qui va appeler, qui va rigoler, ça, ça manque chez un enfant autiste,
20:02donc c'est ce qui va être travaillé de nouveau,
20:04à trouver comment lui, il communique, et aider les parents dans ce rôle aussi,
20:11à pouvoir trouver d'autres moyens d'interaction
20:14et de comprendre sa propre façon de communiquer à leur propre enfant.
20:18– On vous voit dans le documentaire participer à ces séances,
20:22comment dans ce triangle avec Hervé, qu'on retrouvera tout à l'heure,
20:26et Mazen, vous arrivez à vous insérer ?
20:28Ces spécialistes, restez à votre place, mais un rôle de maire qui est fondamental,
20:33comment vous trouvez votre mode opératoire au milieu de tout ça ?
20:38– En parlant de l'escalade… – Oui, par exemple, bien sûr.
20:42– Par exemple, je me suis engagée, je n'ai pas demandé trop son avis,
20:47mais je lui ai dit, on va trouver un sport qui peut vraiment t'aider,
20:51parce que j'ai essayé quand même des sports avant,
20:53et l'escalade, c'était pour moi, je sais que ça peut faire du bien pour mon fils,
20:59mais à ce moment-là, personne ne me croyait un petit peu.
21:02Au début, quand je me suis lancée, escalade et autisme, ça ne colle pas.
21:07Et avec un enfant déjà qui est en épaule, c'était super dur, tout en travail.
21:13Et du coup, Hervé m'a vue, je me rappelle toujours de la phrase,
21:19je vais la reprendre, parce que ça a créé quelque chose entre nous,
21:25de dire une maman motivée, ou elle n'a rien compris.
21:28Mettre un enfant sur le mur, et là, je lui ai dit, je suis très motivée.
21:33– C'est quand la maman vous dit qu'elle est très motivée
21:35que cette motivation infuse chez vous,
21:39parce que le début de séance de cette première fois,
21:42vous semblez peut-être pas démunie, parce que vous êtes quand même spécialisée,
21:47mais vous vous rendez compte que ça va être compliqué d'accompagner Mazen.
21:51– J'avoue, le premier contact, ça a été, ça ne va pas être possible.
21:55– Oui, c'est ce qu'il m'a dit, il m'a dit non.
21:57– Et après quelques minutes de réflexion, ou de la première action,
22:04avec mon bagage d'éducateur sportif bénévole,
22:10je me suis dit, mais il y a un défi, il y a un défi à relever.
22:13Et donc, rapidement, je décide de recontacter Touraya pour lui dire,
22:19on va essayer ensemble de relever ce défi, je ne sais pas ce que ça va donner,
22:22mais on va y aller.
22:25Et au bout de quelques séances, le défi a pris, mais c'était vraiment,
22:31allez, tu relèves des défis régulièrement pendant des dizaines d'années.
22:38Moi, j'étais d'abord éducateur bénévole natation.
22:41– Oui, d'accord.
22:42– Donc, j'apprenais à nager, je prenais des enfants qui ne savent pas nager.
22:44C'est des défis, voilà, dès la première séance.
22:48Et là, je dis, relève un défi avec Mazen.
22:52– Un défi qui est aussi un défi humain, relationnel,
22:54se retrouver le bon fonctionnement aussi.
22:58Et concrètement, l'évolution de Mazen sur ce laps de temps du documentaire,
23:03on va considérer cette année, mais c'est un peu plus long dans les faits,
23:09elle se matérialise comment ?
23:11Est-ce que vous vous attendiez à de tels progrès ?
23:14– La première chose, moi, de Mazen, je n'ai que le regard,
23:16c'est un enfant qui ne communique pas.
23:18Je n'ai pas conscience qu'il est hypotonique ou quoi que ce soit,
23:21et ça a été un avantage finalement,
23:23parce que je l'ai tout de suite, moi, mis dans l'activité
23:25telle que je lance les activités pour les enfants,
23:28c'est-à-dire progressivement, pas à pas, essayer par le jeu.
23:33Et en fait, il a tout de suite pris cette activité.
23:37La présence de Touraille a été quand même très importante,
23:40parce que la spécificité dans notre club,
23:42c'est qu'on accueille les enfants dans une activité par enfant.
23:45– Ça, c'était un avantage par contre, ça, c'était très bénéfique pour moi,
23:50parce que je sais que mon fils, il ne parle pas,
23:54il parle quelques mots, mais il ne parle pas couramment
23:56pour se faire comprendre par d'autres personnes.
23:58Ma présence était un peu sans moyen de communication,
24:02parce que moi, je comprends bien mon fils,
24:03et je peux dire à Hervé à tel moment,
24:06arrête avec Mazen par exemple, ça ne le fait pas maintenant.
24:08Il peut, il est capable, vas-y, tu peux foncer,
24:11il est capable, telle couleur, il a les prises,
24:13sa position sur le mur et tout ça.
24:16J'étais là à dire, quand est-ce qu'on peut continuer,
24:18quand est-ce qu'on peut s'arrêter,
24:20ce qu'il veut dire Mazen par ses mouvements,
24:21parce que moi, je le connais très bien.
24:23Ma place a été très obligatoire pour faire le lien entre lui et Hervé.
24:32Et puis, il m'écoutait vraiment, donc j'avais à ce moment-là
24:36besoin de quelqu'un qui me fait confiance,
24:38de dire, oui, elle va dans son défi.
24:41J'avais besoin de l'aide, parce que moi-même,
24:43je n'ai pas escaladé avant.
24:45Donc, je débarque dans un truc où il a appris à moi,
24:48j'ai pu rassurer Mazen, c'était très bien.
24:52Mais après, à la fin, Mazen, il a appris tellement,
24:55il a progressé grâce à l'escalade au niveau de la communication,
25:00au niveau de la patience, au niveau de l'autonomie,
25:02au niveau de la concentration,
25:04ce qui a permis qu'Hervé, à force, il comprend plus Mazen,
25:08et Mazen, il est plus à l'aise, soit présente ou pas présente.
25:12Il écoute les consignes d'Hervé.
25:13Et vous avez appris Hervé aussi ?
25:15Il a appris ma méthode de fonctionner avec Mazen,
25:18qu'il nous l'a interdit au début.
25:20Et votre capacité aussi à être dans cet accompagnement ?
25:24Oui, ce qui était extraordinaire aussi,
25:26c'est que la maman renvoie des choses qui se passent à l'extérieur,
25:30parce que la séance, elle va durer une demi-heure à une heure.
25:33Mais je ne sais pas, moi, les effets que ça a à l'extérieur.
25:35Et qu'à chaque séance, la maman puisse me dire,
25:37mais tu sais que depuis qu'il y a ces séances,
25:39il se passe des choses chez Mazen qu'on pensait qu'il était peut-être…
25:43Incapable ou pas capable de faire, et qu'il fait actuellement.
25:47Évidemment, ça encourage de poursuivre et de se dire,
25:51ma petite intervention, les petits défis de chaque séance,
25:55ça a des conséquences sur l'évolution de Mazen.
25:59Je participe là, le défi, il est chouette.
26:02Et puis après, il y a ce moment où Mazen, de lui-même en fait,
26:06on va se rendre compte qu'il est rentré dans l'activité,
26:08qu'il commence à avoir une interaction de communication avec moi.
26:12Et là, tout d'un coup, ce n'est plus Touraya qui me dit,
26:15Mazen est en train d'évoluer.
26:18Mais je constate, moi, qu'il y a un réel changement dans les capacités de Mazen.
26:25Il continue ? Il continue l'escalade ?
26:27Il continue tout doucement, parce qu'on est quand même un peu organisation,
26:31c'est le samedi, la séance que je peux faire avec lui.
26:33Sauf qu'il faut s'organiser,
26:35parce que j'ai une formation en même temps en parallèle en ce moment.
26:39Mais on reprendra, donc il n'y a pas de… petit à petit.
26:43Très bien.
26:43Et Emmanuel, on se rend compte autour de ce plateau
26:46qu'il y a des initiatives individuelles, une maman extrêmement motivée,
26:50un éducateur qui a envie de se lancer ce défi.
26:55Est-ce que tout ceci est globalisable ?
26:58C'est une chose.
26:58Mais comment on accueille de manière un petit peu plus facilitée dans des fédérations
27:05ces personnes qui ont besoin de pratiques parasport ou sport adapté ?
27:09Alors, au sein de l'AFSGT, il y a un espace fédéral des pratiques partagées,
27:13on dit valide, puisque nous, on aborde vraiment l'activité en pratique
27:18entre personnes en situation de handicap et valide.
27:21Et le but de cet espace, c'est justement de pouvoir identifier
27:24toutes les expériences comme celles de l'ASG Bagnolet Escalade
27:29et de pouvoir les valoriser, de pouvoir les partager.
27:33Et on a des expériences très différentes.
27:35Par exemple, en Alsace, à Kingersheim, on a du tandem dans la Creuse,
27:40on a de l'équithérapie, on a les bébés nageurs à pot,
27:45on a des activités familiales aux tourterelles à Villejuif.
27:51Voilà, pour nous, le but, c'est vraiment de pouvoir faire comprendre
27:56aux clubs, aux animateurs, qu'ils sont en capacité
27:59d'accueillir des personnes en situation de handicap
28:02de la même manière qu'Hervé l'a décrit.
28:04Il y a une forme de défi à relever.
28:06La fédération est là pour accompagner les clubs
28:09et pour passer d'une logique d'intégration des personnes en situation de handicap,
28:14c'est-à-dire qu'elles arrivent dans un club et elles doivent s'adapter à l'organisation,
28:18à une logique d'inclusion, c'est-à-dire que c'est le club et les encadrants
28:22qui vont s'adapter au handicap de la personne que l'on accueille.
28:27Et pour les accompagnants ou référents ou parents comme Touraya,
28:32le bimestriel de la FSGT avec un numéro pratique
28:35pour connaître justement les lieux de pratique et des conseils au sport adapté,
28:40c'est sur fsgt.org que vous pouvez commander ce bimestriel.
28:44Merci à vous quatre et à vous cinq avec Damien
28:47de nous avoir accompagnés sur ce plateau.
28:49Ça a été un vrai plaisir et un privilège aussi de vous accueillir.
28:52Touraya, votre dynamisme nous a donné l'envie de bousculer les montagnes,
28:58si tant est que ce soit possible pour nous.
29:00C'est spécifique pour les parents pour dire que c'est possible
29:03et qu'ils ne privent pas leurs enfants.
29:06Ils ne sont pas handicapés, ils sont différents.
29:08Ils sont capables, il faut juste leur donner les moyens.
29:10Il faut y aller, il ne faut pas avoir peur.
29:15C'est très très bien le sport et le bienfait du sport sur leurs enfants,
29:20c'est à tenir vraiment en considération et il ne faut pas avoir peur, il faut foncer.
29:27Et ce documentaire en rend bien compte.
29:28Merci Touraya d'être venu à nous et merci à vous de nous avoir accompagnés.
29:34On se retrouve évidemment la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'AboMarque.
29:38D'ici là, portez-vous bien.
29:44Abonnez-vous !

Recommandée