A vos marques - Pilotage

  • il y a 3 mois
Dans ce numéro d'A vos marques, Maxime Brami reçoit David Quichante, un ex-compétiteur à haut niveau en ski freeride et BMX reconverti en sport automobile. Ce mordu de sensations fortes s'est lancé dans la compétition automobile en Clio Cup cinq ans après son accident de ski. Une véritable force de caractère qui a également pour but de transmettre et de partager puisqu'il a crée une association : 2x2 roues. Retour sur le parcours de cet athlète hors du commun.

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Sports
Transcript
00:00Bonjour à toutes et bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour ce nouveau numéro
00:17d'Avomar.
00:18Votre rendez-vous parasport, c'est à retrouver tous les mardis à 19h sur notre antenne.
00:22Nous partons cette semaine à la découverte d'une discipline qui fait rêver, le pilotage.
00:26Le pilotage pour les personnes en situation de handicap avec mon invité David Quichande.
00:31Bonjour David.
00:32Bonjour.
00:33Merci d'avoir accepté l'invitation de Sport en France, vous êtes ex-compétiteur
00:36à haut niveau en ski, freeride, BMX également et vous vous êtes reconverti dans le sport
00:40automobile.
00:41Vous nous raconterez tout ça dans l'émission, comme vous le savez dans Avomar, nous partons
00:45à la découverte des disciplines les plus exceptionnelles, les plus insolites, Avomar
00:50spécial pilotage, c'est parti.
00:52David Quichande est avec nous aujourd'hui, vous êtes pilote en sport automobile, c'est
01:02la thématique de notre émission cette semaine, nous partons à la découverte des pilotes
01:07comme vous qui ont choisi, avec un handicap quand même, d'aller au bout de leur passion.
01:12Vous êtes en fauteuil roulant depuis 2014 à la suite d'un accident, on reviendra sur
01:19votre parcours dans la seconde partie de cette émission, mais vous êtes un amateur
01:24de sensations fortes, on l'a dit, je l'ai dit en introduction, vous avez fait du ski
01:28freeride, vous avez fait du BMX et vous n'avez jamais voulu arrêter d'avoir ces sensations
01:33fortes et vous êtes reconverti dans le sport automobile.
01:37Alors, on va entrer tout de suite dans le vif du sujet, quand on parle de sport automobile
01:40pour les personnes en situation de handicap, de quoi parle-t-on, pour quel handicap et
01:46surtout sur quel véhicule ?
01:48En fait, l'adaptation du véhicule, elle peut se faire sur un véhicule de sport, mais
01:53aussi sur un véhicule de compétition.
01:55Souvent, la difficulté, ça va être d'adapter, d'avoir la bonne adaptation en fonction du
02:01handicap.
02:02On est capable d'équiper n'importe quelle voiture en boîte automatique, que ça soit
02:08une voiture de compétition, une voiture de sport ou une voiture de route.
02:11Et l'avantage, une fois qu'on monte dans la voiture, c'est qu'on efface vraiment le
02:15handicap.
02:16Expliquez-moi, à quel type de handicap on s'adresse vraiment dans le sport auto ? Est-ce
02:20qu'on s'adresse à tous les types de handicap où il y a vraiment des handicaps ? Ce n'est
02:23pas possible.
02:24Évidemment, si on commence à avoir trop de problèmes avec l'usage de ses mains, ça
02:29peut compliquer les choses, mais par contre, moi par exemple, je n'ai pas de problème
02:32avec les mains et du coup, j'accélère avec un cercle qui est situé au-dessus du volant.
02:36Il y a un système aussi qui accélère avec un cercle situé derrière le volant et après
02:42une poignée de frein où on pousse naturellement, main droite par exemple pour moi, et les
02:47palettes au volant pour monter et descendre les vitesses.
02:49En fait, on a transféré les commandes partout ?
02:51On est en mode un peu PlayStation, on fait tout à la main.
02:55Par contre, c'est vrai que ça peut se compliquer sur quelqu'un qui est tétraplégique, c'est-à-dire
02:59quelqu'un qui va avoir des problèmes avec la pince, mais il existe quand même des systèmes
03:03où on met la main dans un système et on accélère avec le poignet.
03:06En fait, plus le handicap va être élevé, plus l'adaptation va être compliquée.
03:11Mais il y a des paraplégiques qui conduisent, il y a des tétraplégiques qui conduisent
03:17et après, c'est vrai que pour passer à la partie compétition, sport automobile, compétition,
03:23dès qu'on commence à avoir des problèmes de pince, c'est-à-dire tétraplégique, c'est plus compliqué.
03:27Par contre, des paraplégiques qui roulent en compétition, il y en a énormément et dans toutes les disciplines.
03:31Et sur quel type de véhicule peut-on rouler ? On peut aller jusqu'aux véhicules les plus rapides ?
03:38Je pense à la Formule 1 par exemple, ce serait possible ?
03:40L'adaptation, oui. Après, la performance, on est dans le gratin, on est avec la crème de la crème.
03:45On y reviendra dans quelques instants, mais c'est pour connaître un petit peu le spectre de véhicules qui peuvent être conservés.
03:52Sur les adaptations, je pense qu'il n'y a pas de limite. Tant qu'on est sur une boîte automatique, il n'y a pas de limite.
03:56Et on a même vu des gens au Paris-Dakar, Philippe Croison en l'occurrence,
04:01qui conduisaient avec un système où il passait, vu qu'il était amputé d'un membre ou deux membres,
04:08il passait les quatre. J'essaie de réfléchir à son système parce que je l'ai vu en vidéo.
04:13Je sais qu'il passait à un moment la vitesse avec une épaule ou quelque chose comme ça.
04:19Pour dire que les adaptations sont infinies, c'est l'imagination qu'il faut, l'envie de l'imagination.
04:24Il faut de l'imagination et j'imagine qu'il faut quand même un peu de budget pour faire ce genre d'adaptation.
04:29Du budget, une équipe, oui, ça se construit sur du long terme.
04:33Vous, comment est-ce que vous y êtes arrivé ? Vous vous êtes dit, tiens, je fais un emprunt et puis je vais adapter ma voiture.
04:39Comment ça se passe ?
04:41C'est une aventure humaine avec des rencontres. Évidemment, ça passe par là.
04:44Moi, j'y suis allé tout doucement en me renseignant avec Renault Sport.
04:48En fait, Renault Sport organise des journées sur circuit pour leurs clients,
04:51c'est-à-dire pour des gens qui sont propriétaires soit d'une Clio RS, soit d'une Mégane RS.
04:57Moi, j'étais dans la période, à la sortie de l'hôpital, dans ma deuxième partie de rééducation,
05:03où je cherchais une voiture et je commençais à réfléchir à acheter une voiture de sport pour justement aller sur les circuits.
05:09J'ai appelé Renault Sport, je leur ai demandé si moi, en situation de handicap, j'avais l'autorisation de rouler sur leur journée.
05:15Ils m'ont dit, pas de problème, vous êtes le bienvenu.
05:17Ça a commencé comme ça et après, de fil en aiguille, avec les rencontres, mais ça, on en reparlera après,
05:23j'ai rencontré une icurie de sport automobile qui, là, m'a carrément lancé dans l'aventure.
05:28Au début, moi, j'y allais petit à petit avec juste l'achat d'une Clio RS.
05:32Juste pour se déplacer ?
05:34Pour me déplacer et aussi, j'avais l'envie d'aller faire du circuit.
05:37Et vous faisiez déjà du circuit en faisant du ski, du BMX ?
05:40Non, mais dans ma deuxième partie, quand on commence à imaginer...
05:43Souvent, à l'hôpital, on dit qu'on a trois vies. On a une vie avant, une vie pendant, une vie après.
05:47Et dans la deuxième partie de la rééducation, souvent, on commence à imaginer la sortie.
05:52Moi, je n'arrivais pas à imaginer la sortie sans sport.
05:54Pourquoi vous n'allez pas naturellement vers le ski ?
05:59Moi, je reçois du para-ski. Il y a même du BMX adapté.
06:04Finalement, j'ai même vu une vidéo dans laquelle vous faites de la descente en montagne avec des...
06:10C'est ça. En fait, j'ai essayé plusieurs sports,
06:12mais tant que je restais dans un sport où je restais dans le fauteuil,
06:15j'avais la sensation que c'était...
06:18Il fallait sortir du fauteuil.
06:19C'était à moitié bien et à moitié pas bien.
06:21Et moi, je retenais le à moitié pas bien.
06:23Quand je revenais le soir et que les copains me demandaient comment ça s'était passé,
06:26je leur disais...
06:27Bien, mais pas bien.
06:27Ouais, c'est bien, mais...
06:29Mais il faut que je sorte du fauteuil, quoi.
06:30Et sortir du fauteuil.
06:31Donc, il y a des disciplines où on sort du fauteuil,
06:33comme quand on va faire du parapente, comme quand on va faire de la plongée, de l'apnée.
06:36Il y a plein de trucs.
06:37Mais moi, je cherchais quand même un sport où...
06:40Il y a de la sensation.
06:41Avec de la sensation, avec de la sensation forte, et dans le sport automobile.
06:45Et en plus, le sport automobile, il a cette capacité d'effacer le handicap.
06:48C'est-à-dire que si vous vous entraînez et si moi, je m'entraîne,
06:52on peut être exactement au même niveau de performance.
06:54Et là, ça commence à devenir intéressant si on est compétiteur.
06:58La performance, c'est quand même ce qu'on recherche au bout du bout.
07:01Donc, le sport automobile, ça m'a appelé, finalement.
07:04Alors justement, l'objectif, c'est bien évidemment la compétition, c'est la performance.
07:10Quelles sont les compétitions auxquelles on peut participer aujourd'hui
07:13en étant en situation de handicap ?
07:16Les grandes compétitions ou les plus petites ?
07:18Dans le sport auto, quasiment toutes.
07:20C'est-à-dire, il y a des Andes en rallye cross, Paris-Dakar, rallye raid,
07:26compétition d'endurance type 24 Heures du Mans comme avec l'équipe de Frédéric Sausset.
07:31Vous avez fait les sélections pour les 24 Heures du Mans ?
07:34Alors moi, j'ai fait les sélections.
07:35Donc, c'était sur une Audi R8 sur le circuit du Mans.
07:38Et en fait, il y avait trois groupes de 6 à 8 pilotes et il y a eu trois journées de sélection.
07:45Il y avait des pilotes qui étaient peut-être présélectionnés avant
07:47parce qu'ils venaient de l'étranger, quoi. Bref, c'était compliqué.
07:50Mais en tout cas, c'était super intéressant.
07:52C'était un challenge et puis ça nous a permis aussi de se rencontrer
07:56dans la communauté des Andes où des fois, on se rencontre sur les réseaux sociaux.
07:59Et puis après, là, de mettre en place des journées comme ça
08:02où il y a quelqu'un qui est amputé de la main, l'autre qui va être en fauteuil.
08:06Tout le monde sur le même challenge avec la même voiture.
08:08Ça accouche de quoi, ça ?
08:10C'est-à-dire, est-ce qu'il y a donc, à part Frédéric Sausset
08:12qui a participé aux 24 Heures du Mans, lui-même en situation de handicap, est-ce qu'il y aura... ?
08:17C'est ça, en fait. C'était des sélections pour former une équipe de 3 personnes en situation de handicap.
08:23Après, au bout du bout, quand ils ont terminé leur projet,
08:29il y avait une personne valide et 2 personnes en situation de handicap, 2 personnes en fauteuil.
08:35Et eux, ils ont fait la course des 24 Heures du Mans, ils se sont relayés à 3 et ils ont terminé.
08:40Et ça, c'était au moins...
08:41C'était une première mondiale aux 24 Heures du Mans d'avoir 2 membres d'une équipe
08:46en situation de handicap et qui, en plus, terminent la course.
08:48Oui. Et c'était beau. C'était un beau challenge.
08:51Et puis, ça permet de donner de la visibilité à toutes ces personnes
08:56et peut-être à donner envie à certaines personnes qui...
08:59Mais vous, ça vous donne envie de recommencer, de recommencer les sélections
09:02et de faire partie d'une équipe et de faire les 24 Heures du Mans ?
09:05Moi, je le faisais plus dans un cadre où...
09:07Moi, j'étais déjà parti dans mon objectif Championnat de France, Renault Sport, Clio Cup.
09:12Moi, je sais que je suis plus dans les courses sprint où il y a des contacts,
09:15on se met des coups de portière.
09:16Il y a des courses d'endurance qui sont sur 4 heures, des courses d'endurance qui sont sur 24 heures.
09:21Moi, je suis plus sur les courses sprint type Formule 1, mais encore plus accélérées,
09:25c'est-à-dire que c'est des courses de 45 minutes où c'est départ arrêté.
09:29Et il y a énormément de contacts, énormément de...
09:32Il se passe beaucoup de choses pendant les tours.
09:34Les courses d'endurance, c'est plus de la stratégie, des changements de pneus, des choses comme ça.
09:38Ça m'intéresse moins. Moi, je préfère les courses où on ne retourne pas en pit line.
09:42On démarre avec une grille de départ.
09:43Pit line, c'est-à-dire ?
09:45Pit line, c'est-à-dire c'est là où il y a les écuries.
09:47C'est juste dans les stands, c'est ça.
09:50Donc moi, je préfère les courses où on ne passe pas dans les stands.
09:53On a tout le monde la même voiture, tout le monde les mêmes pneus et gaz.
09:57Au niveau des performances, est-ce qu'un pilote handi peut être aussi performant
10:01qu'un pilote qui n'est pas en situation de handicap, en tout cas sur les courses auxquelles vous participez ?
10:07Oui, c'est ça. En fait, suivant les disciplines, ça va être plus ou moins compliqué.
10:12Par exemple, en rallye, techniquement, quand on arrive dans les épingles,
10:14on a beaucoup de choses à faire avec le volant, le freinage et tout.
10:17Sur circuit, la conduite, on pourrait dire qu'elle est plus calme, elle est plus précise.
10:21On n'a pas le droit de glisser. On optimise la performance de la voiture,
10:25mais on ne la met jamais vraiment en travers et tout.
10:27Quelqu'un qui est en travers sur une piste, il perd des dixièmes.
10:31Et du coup, cette pratique du circuit, je la trouvais vraiment intéressante
10:34parce que justement, on peut être compétitif en face invalide.
10:39Et si on a la même dose d'entraînement que lui, on peut vraiment être devant.
10:44Oui, donc le sport auto efface vraiment le handicap et on se sent comme n'importe qui.
10:49Déjà, n'importe quelle personne qui est encore dans la clinique,
10:52la première chose qu'il va vous dire quand il monte dans la voiture, c'est « je me suis senti normal ».
10:56Moi, dans la vie de tous les jours, si je te roule sur le pied, tu vas t'excuser.
11:00Alors que dès qu'on est en voiture, si je me comporte mal, la personne, elle sort au feu,
11:05elle ouvre la fenêtre et elle peut me mettre une claque.
11:07Ah, et ça, ça vous fait plaisir qu'on vous traite de la même manière.
11:11C'est-à-dire que moi, quand je ouvre la fenêtre de ma voiture,
11:13on ne sait pas que je suis en situation de handicap.
11:15Et le regard, il s'efface.
11:17On flaxonne, on peut vous insulter et là, vous dites « ah, là, j'ai gagné ».
11:20Voilà, voilà, je préfère qu'on m'insulte.
11:22Alors que quand on me regarde dans un supermarché en train de faire mes courses,
11:25jamais personne ne va m'insulter.
11:27Tout le monde va m'aider, tout le monde va être autour de moi, donc c'est sympa.
11:30Mais il y a un moment où on aimerait juste être invisible.
11:32Et dans la voiture, on est invisible.
11:34Alors, pour faire la promotion de votre expérience,
11:39vous avez créé une association qui s'appelle « Deux fois deux roues ».
11:43Comment cette aventure a démarré et qu'est-ce que c'est cette association « Deux fois deux roues » ?
11:48Alors, au début, ça a démarré.
11:50L'ADN de « Deux fois deux roues », il n'était pas figé dès le début, en fait.
11:53Moi, au début, je voulais donner de la visibilité à mon projet,
11:57c'est-à-dire retourner sur un championnat de France et courir en compétition.
12:02Donc, mon challenge, il était là et je voulais donner de la visibilité à mon projet.
12:05Après, finalement, avec les réseaux sociaux, c'est vite devenu un relais d'informations,
12:09c'est-à-dire que les gens, avec les images que je postais petit à petit,
12:12ils me demandaient comment j'ai adapté ça, comment j'ai attaché tes jambes,
12:16quelle voiture choisir.
12:17Je me suis dit, c'est bon ça.
12:18Des personnes qui étaient aussi en situation de handicap parce que ça les intéressait de suivre votre chemin ?
12:23Des personnes qui étaient encore à la clinique, des personnes qui voulaient s'y mettre,
12:25mais qui n'avaient pas passé le pas.
12:27Et je me suis dit, tiens, ça devient intéressant parce que ça fait un peu un relais d'informations
12:31et je peux me sentir utile là-dedans.
12:35C'était bien de faire de la compète, mais la compétition, c'est un peu un projet solitaire
12:39où en fait, on est avec notre écurie, on est dans notre bulle.
12:42Les jours, les week-ends de course, on ne parle pas trop à personne,
12:45on est concentré, on n'a pas envie de… on n'est pas aware.
12:49Donc, il fallait quand même, pendant cette activité,
12:52où vous pouviez partager quelque chose avec d'autres gens.
12:57Et se sentir acteur dans le sport automobile.
13:00Et finalement, après, quand j'ai découvert ces journées caritatives
13:04où en fait, on roule pour des causes, c'est-à-dire pour les pupilles de la nation,
13:07pour les gamins hospitalisés.
13:09En fait, on récolte des fonds, c'est des rassemblements supercars.
13:12Et moi, j'arrive à intégrer ces journées-là parce que j'ai beau avoir une Mégane RS,
13:18toutes les voitures un peu phares, c'est des Porsche, des Ferrari et tout ça.
13:21Les gens, ils viennent pour faire des baptêmes dans ces voitures, on récolte des fonds.
13:24Et en fait, quand j'ai trouvé… quand j'ai commencé de participer à ces journées,
13:29je me suis dit, tiens, la boucle est bouclée.
13:31Moi, j'ai mon projet perso pour aller en compétition.
13:33Et puis après, je peux inverser les rôles.
13:35C'est-à-dire que ça va être moi qui vais t'emmener dans la voiture.
13:38Et toi, en tant que personne valide, c'est moi qui vais te créer des sensations.
13:42Alors que souvent, quand on est dans le fauteuil, en situation de handicap,
13:45on a besoin des autres.
13:46Et là, d'un coup, on inverse les rôles et c'est nous qui devenons acteurs.
13:50Et ça, ça me plaît.
13:51Alors, quelles sont les missions de votre association « Deux fois deux roues » ?
13:56Je crois que les missions, c'est exactement comme ce qui est marqué sur le statut,
14:00défendre et promouvoir le sport automobile pour les personnes en situation de handicap.
14:07Et ça se passe où ?
14:09Les circuits, ça va être Dijon-Manicourme, ça va être Castelet, Les Denons.
14:16Non, il y en a sur tout le territoire français.
14:18Sur les initiations que vous faites, ça s'adresse à tous les publics, vous l'avez dit.
14:21Donc, on peut être en situation de handicap, mais inversement…
14:25On n'est pas en situation de handicap, mais on se met à côté de vous.
14:27Moi, je mets des enfants ou des adultes en situation de handicap en baptême.
14:31Par contre, là, souvent, c'est des journées qui sont dédiées à ça,
14:34parce que sur circuit, on n'a pas le droit d'emmener les enfants.
14:36On dépend de la réglementation du circuit.
14:39Par contre, sur les journées caritatives, où on roule sur des routes fermées
14:42ou sur des circuits qui sont vraiment réservés pour nous cette journée-là,
14:45on peut emmener quelqu'un en situation de handicap qui ne va pas avoir de ceinture abdominale.
14:49On va rouler doucement, on va s'adapter à son handicap.
14:53Quelqu'un qui me dit qu'il n'est jamais monté dans la voiture et qui veut rouler doucement,
14:57le premier tour, on va y aller tranquillement.
14:59Puis, c'est lui qui va dire si on accélère.
15:01– Oui, mais l'idée, c'est ça.
15:02L'idée, c'est que vous lui procuriez des sensations fortes.
15:05– Moi, j'ai un gros avantage.
15:06C'est que vu que j'ai des commandes au volant,
15:08par exemple, j'ai eu l'expérience avec un petit gars qui s'appelle Léo
15:11et qui avait un handicap assez lourd, c'est-à-dire beaucoup plus lourd que le mien.
15:15Il ne pourra jamais monter dans une voiture et conduire lui tout seul.
15:18– Donc, vous lui faites vivre à travers…
15:20– Je lui fais vivre, mais surtout, je le fais conduire.
15:23Parce que vu que j'ai des commandes au volant,
15:24je lui ai demandé si je pouvais toucher sa main.
15:27J'ai pris sa main et on a accéléré ensemble.
15:30– Qu'est-ce qu'il vous a dit à ce moment-là ?
15:32– Ouah ! Et le gamin, lui, c'est on-off.
15:35Jamais il ne va doser.
15:37Lui, si on lui dit accélère, c'est gaz à fond.
15:40Et après, tranquillement, je vais lui demander de s'arrêter sur la ligne blanche
15:44avec la manette de frein.
15:45Et vu que je l'aide, on y arrive.
15:47Et après, je lui dis qu'il a le permis de voiture de course.
15:49Et du coup, on fait rêver les gamins, quoi.
15:52– Comment est-ce qu'on s'inscrit à une journée de l'association 2 fois d'euro ?
15:56– Le plus simple, c'est de passer par le site internet
15:58parce que comme ça, il y a tous mes contacts.
15:59Donc, il y a la boîte mail, il y a le numéro de téléphone.
16:03C'est tout perso puisque c'est moi qui m'occupe de tout, on va dire.
16:05– Donc, on vous appelle directement, en fait.
16:06C'est vous qui répondez.
16:08– Pour l'instant, je ne suis pas encore vers Stappen,
16:10donc je réponds à tous les coups de téléphone.
16:12– Combien de personnes ont été baptisées depuis que vous avez créé l'association ?
16:15– Aïe, aïe, aïe, c'est la bonne question.
16:17Mais je pense que j'ai toujours voulu emmener du monde dans la voiture.
16:20Donc, ça a démarré, j'ai créé l'association en 2017.
16:23Mais finalement, depuis 2015, j'ai emmené du monde.
16:26Allez, si on met 30 personnes par an, on va dépasser les 200 personnes.
16:30Je pense qu'il y a du monde et puis ils adorent ça.
16:32– David qui chante, nous allons essayer d'en savoir un petit peu plus
16:35sur votre parcours.
16:36C'est l'heure de Parcoursperf.
16:38– Alors, après avoir présenté votre activité, votre association,
16:45quoi de mieux que cette illustration que vous voyez à l'antenne de Christophe Boulle,
16:49que vous connaissez bien pour comprendre votre passion pour le sport et les sensations.
16:55Vous êtes donc un ex-compétiteur, on l'a dit dans la première partie,
16:58à haut niveau en ski freeride, en BMX race.
17:01Vous vous blessez gravement le 3 février 2014,
17:05alors que vous n'étiez pas en compétition, c'était à l'occasion d'un shooting photo.
17:09Vous perdez l'usage de vos jambes.
17:12À ce moment-là, est-ce que vous vous dites,
17:16les sensations fortes pour moi c'est terminé ?
17:19– À ce moment-là, on ne pense à pas grand-chose,
17:22parce qu'on est allongé, ça dure longtemps.
17:24Moi, par exemple, j'ai eu un passage où avant de me mettre en position assise,
17:30il s'est passé quasiment deux mois, deux mois et demi.
17:33Donc déjà, au début, dans la première partie de la rééducation,
17:36non, on ne pense à rien.
17:39Et après, c'est surtout dans la deuxième partie de la rééducation
17:42où on commence à parler avec nos kinés, avec le staff à l'hôpital et tout,
17:45de qu'est-ce qu'on va faire plus tard.
17:47– C'est eux qui vous orientent quand même,
17:50ils vous donnent un panel de ce qu'on peut faire,
17:54parce que vous, vous n'avez plus l'usage de vos jambes,
17:56mais très important, vous insistez là-dessus,
17:58vous n'avez pas vos abdominaux.
17:59– Oui.
18:00– Et ça, ça fait quand même une grosse différence.
18:01– On aurait pu filmer cinq minutes plus tôt le départ de l'émission,
18:04parce que quand il a fallu monter sur cette chaise,
18:06on était à 3-4 pour m'aider.
18:08– Je confirme.
18:08– Donc oui, tout est du sport.
18:11Je pourrais écrire un bouquin, la vie à une main,
18:13je suis obligé de me tenir, si je ne me tiens pas,
18:15je vais tomber le pupitre.
18:16Mais concrètement, oui, quand on est en…
18:19En fait, comme tu disais, avec le staff de l'hôpital,
18:23on va se reconstruire petit à petit.
18:25Eux, ils vont nous orienter, ils vont nous donner des pistes,
18:27il existe ça, il existe ça.
18:29Et puis aussi, on va rencontrer d'autres personnes en situation de handicap,
18:32des intervenants qui vont venir,
18:34qui eux sont sortis depuis 3-4 ans de l'hôpital,
18:36et eux vont nous donner des pistes aussi.
18:38En tout cas, on va voir d'autres parcours,
18:39et puis après, le parcours, il est personnel.
18:41Moi, il fallait que je me rapproche d'un sport qui me donne des sensations
18:45et où je ne me sente pas en situation de handicap.
18:48C'est surtout ça.
18:49Et là, d'un coup, le sport automobile, ça a fait tilt.
18:52– Comment vous entendez parler du championnat de France Clio Cup ?
18:54Et qu'est-ce qui vous décide ?
18:55– 5 ans après l'accident, je me retrouve sur une grille de départ.
18:58L'aventure, elle commence 4 ans avant où je rencontre une écurie.
19:01– Donc un an après l'accident ?
19:03– Un an après l'accident, mon premier jour de roulage
19:06avec ma voiture personnelle, c'est-à-dire ma Clio RS,
19:08sur une journée Renault Sport, donc sur une journée amateur,
19:11pas sur une journée compétition.
19:13Là, je rencontre une écurie et je rencontre, en fait,
19:17mon coach et mon mentor depuis toujours, il s'appelle Julien Neveu.
19:21Il me double dans une voiture de course.
19:23Et moi, j'étais accompagné de quelqu'un et je dis
19:25mais qu'est-ce que c'est que cette voiture, c'est la même que moi ?
19:27Et là, il me dit non, ça, c'est une Clio Cup, c'est une Clio de course.
19:31Et à ce moment-là où il m'a doublé, l'aventure, elle commence à ce moment-là.
19:35– Ça vous a énervé ?
19:36– Parce qu'après, ça a fait tilt.
19:38Sur cette journée, j'ai rencontré Julien, j'ai rencontré Gilles Zaffini,
19:42donc le responsable de l'écurie Autosport GP.
19:45Et eux, en fait, on a commencé d'imaginer quasiment dès le premier jour
19:50où on s'est rencontrés, on s'est dit il y a peut-être un coup à jouer.
19:53– C'est quoi le championnat Clio Cup ?
19:55– Clio Cup, c'est des courses sprint où c'est tout le monde la même voiture.
19:58C'est un championnat de France Renault Sport.
20:01– Handicap et pas handicap ?
20:03– Ah non, moi, j'étais le premier en situation de handicap à arriver là-dessus.
20:06Mais sinon, c'est un championnat de France valide.
20:07Et l'avantage du sport automobile, justement,
20:09c'est qu'il n'y a pas de catégorie handi, valide ou quoi.
20:12On est tous ensemble, filles, garçons.
20:15– Donc, c'est mixte, en plus ?
20:16– Ah, en sport automobile, c'est aux 24 heures du mois.
20:19S'il y a une fille dans la voiture, elle n'est pas classée parmi les filles.
20:22Elle est classée aux 24 heures du mois.
20:23– Donc, c'est une compétition qui a lieu chaque année,
20:26qui réunit combien de pilotes ?
20:29– Il y a 12 courses par an, ça s'étale sur quelques circuits
20:32autour de la France aussi, en Espagne, en Allemagne et tout.
20:37Et en gros, il y a 30 pilotes sur la grille de départ.
20:40– J'imagine qu'on ne vient pas avec une Audi ?
20:42– Non, c'est tout le monde la même voiture, tout le monde le même moteur,
20:45tout le monde les mêmes pneus.
20:46En fait, le niveau, il se fait au plus haut étage.
20:49– C'est tout le monde à égalité ?
20:50– Tout le monde à égalité.
20:51– Et c'est le meilleur pilote qui gagne ?
20:53– C'est 25 minutes plus un tour.
20:55Donc, oui, c'est rapide, c'est vraiment de la course.
20:57– Et alors vous, vos performances sur cette compétition ?
21:00– Oui, c'est aléas.
21:01– Vos meilleures performances ?
21:03– Mes meilleures performances, en gros, je partais tout le temps dans les 30
21:06et je suis tout le temps arrivé entre 20ème et 25ème.
21:11Après, il y avait tout le temps à peu près entre 30 et 40 voitures sur la grille.
21:15On va dire que je me suis bien démerdé.
21:17– Comment on vous a accueilli sur cette course au début ?
21:20On voit quelqu'un en fauteuil roulant qui arrive sur un circuit
21:25et qui dit je vais participer à la Clio Cup.
21:28Honnêtement, vous avez senti des regards parfois un peu insistants, intrigués ?
21:32On est venu vous voir, comment ça s'est passé ?
21:34– C'était une crainte.
21:35C'était une crainte personnelle parce que moi,
21:37je n'avais justement pas envie qu'on m'accueille en tant que personne en fauteuil.
21:40J'avais envie d'être à armes égales avec les autres
21:44et qu'on me considère comme les autres.
21:46Et justement, dès le premier week-end,
21:48j'ai commencé de prendre la température avec les autres pilotes,
21:50pas avec l'écurie parce que mon écurie, il voulait que j'aille sur ce championnat.
21:54Et malgré les doutes, forcément, les quelques semaines avant le championnat,
21:59c'est moi qui ai demandé à Julien, donc mon coach,
22:03tu crois qu'on est prêt, tu crois qu'on y va ?
22:05Et il m'a rassuré, il m'a dit on y va.
22:07Parce qu'il y a des catégories intermédiaires avant d'aller sur ce championnat.
22:10Le championnat-là, c'est le gratin de la Clio Cup,
22:13c'est-à-dire c'est les meilleurs pilotes de Clio qui sont…
22:15– Il y a des étapes à passer avant pour savoir si on a le niveau.
22:18– Il y a des championnats où le niveau, il est quand même plus calme.
22:21Et moi, j'avais vraiment l'envie qu'ils me considèrent comme un pilote lambda.
22:27Donc, je suis allé les voir de temps en temps pour savoir
22:30comment je me comportais sur la piste aux essais, comment je me suis comporté.
22:33– Là, vous parlez de vous envers les autres pilotes.
22:35– Envers les autres pilotes, et j'ai eu un accueil…
22:37Dès les premiers jours, on m'a rassuré, dès les premiers essais et tout.
22:41Parce qu'on peut vite se comporter sans le savoir,
22:44dangereusement, si on n'est pas au bon endroit, si on ne roule pas assez vite.
22:47Mes chronos n'étaient pas au niveau des meilleurs,
22:50mais par contre, j'étais assez rapide pour me présenter sur la compétition.
22:53Et surtout, je me comportais bien, je n'avais pas de faux mouvements.
22:57Parce que quand les champions, ils arrivent derrière dans les rétros,
23:00il faut être au bon endroit, il faut être capable de les laisser passer,
23:02puis il faut être capable de rouler quand même.
23:03Non, c'est large un circuit, mais ça peut vite devenir compliqué.
23:09– Quel conseil vous donneriez à un jeune
23:13qui traverserait ce que vous avez traversé
23:17et qui aurait envie de se lancer dans le sport automobile ?
23:22– Se renseigner déjà de ce qui existe et cibler où est-ce qu'il veut aller,
23:27dans quelle discipline.
23:28Et puis après, pas forcément, mais comme un valide d'ailleurs,
23:32pas forcément prendre ces formules où on achète des tickets
23:35pour faire six tours dans une voiture de sport.
23:38Parce que là, on n'a vraiment pas le temps d'apprendre.
23:40Vaut mieux soit se rapprocher d'une écurie et puis lancer un projet sur du long terme,
23:45soit évoluer seul avec sa voiture, petit à petit.
23:48Et puis commencer, comme il y a 20 ans avec une 205 GTI,
23:53maintenant on commencerait avec une Clio RS ou avec une 308 GTI chez Peugeot.
23:59Et hop, on se met tranquillement et on commence petit à petit.
24:03Comme si on commence le ski,
24:05on ne va pas commencer le ski avec les skis d'Alexis Peintureau.
24:08On va s'acheter une paire de skis à soi,
24:10puis petit à petit, on va essayer d'avoir les mêmes skis qu'Alexis Peintureau.
24:13Donc, on ne démarre pas avec une Ferrari, on démarre avec une petite voiture.
24:16Votre conseil, c'est se renseigner et y aller progressivement.
24:19Oui, take it easy.
24:21David Kicham, vous êtes un compétiteur.
24:23Quels sont vos objectifs ?
24:26Et peut-être, j'ose poser la question, votre rêve ?
24:30On n'a pas assez de temps pour ça, mais en tout cas, j'en ai beaucoup.
24:35En rappel, avec deux fois deux roues, avec l'association, c'est continuer.
24:38Et puis peut-être un jour, développer exactement la même colonne vertébrale,
24:42rester sur du deux fois deux roues associatif,
24:44par contre, avec une voiture d'une plus grosse cylindrée.
24:47Donc, une Mégane RS, ça fait rêver,
24:48mais si on commence à rouler avec une Alpine ou avec une Porsche,
24:51on fait encore plus rêver les enfants.
24:53Et moi aussi, ça m'intéresserait d'avoir plus de chevaux dans le dos qui poussent.
24:58Mais par contre, en compétition, l'idée, c'est très rapidement retrouver le championnat,
25:03et puis retrouver la compétition, retrouver la guerre.
25:06C'est ça que vous voulez, vous ?
25:08Ça me plaît bien, l'idée.
25:09C'est partir à la guerre.
25:10En vélo, on se mettait des coups de coude dans le premier virage,
25:13et maintenant, c'est des coups de portière.
25:14C'est à peu près la même chose.
25:16Merci, David Kichante, d'être venu nous voir sur le plateau de sport en France.
25:20On vous souhaite tout le bonheur pour votre vie, vos objectifs.
25:27Merci à vous.
25:27Et l'association deux fois deux roues pour se renseigner sur les stages d'initiation.
25:32Merci à tous de nous avoir suivis.
25:34On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avomark.
25:38Bonne semaine à tous, salut.
25:40Sous-titrage ST' 501

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