7 MINUTES POUR COMPRENDRE - "Plan Matignon": comment le RN s'organise en coulisses

  • il y a 3 mois
Dans un tout dernier sondage, le Rassemblement national est crédité de 36% des intentions de vote pour les législatives devant le Nouveau Front populaire et Ensemble pour la République. Le RN pourrait décrocher une majorité absolue à l'Assemblée.

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00:00Crédité de 36% des intentions de vote dans les derniers sondages, 7 minutes pour comprendre si le RN est prêt à gouverner.
00:13Et avec nous pour en parler Laurent Neumann, Mathieu Croissando et Vincent Ottigien du service Polyjustice de BFMTV.
00:19Il y a en plus ce sondage ce matin qui, pour la première fois, donne une majorité absolue au RN dans la fourchette haute des chiffres qu'il publie.
00:26Alors donc il y a la campagne à mener et puis il y a aussi se préparer au fameux jour d'après Laurent Neumann.
00:31Comment Jordan Bardella s'installe dans le costume ?
00:35Vous avez entendu cette métaphore lors du dernier débat télévisé.
00:39Quand je serai Premier ministre, on a compris qu'il l'était déjà.
00:42Il y a depuis des mois et des mois un plan au Rassemblement national qui s'appelle le plan Matignon.
00:48Alors ce plan, bizarrement, on a cru que c'était un programme qui était prêt, ficelé.
00:52Puis on se rend compte que ce programme, il change quasiment tous les jours jusqu'au dernier moment.
00:56En revanche, la partie ressources humaines, elle, commence à prendre forme.
01:01Il y a des entretiens même qui ont été faits avec des personnalités qui pourraient rejoindre le gouvernement
01:06ou qui pourraient occuper des postes très importants dans la haute administration.
01:11Vous savez qu'il y a un vivier de cadres de 6000 hauts cadres de la fonction publique.
01:16C'est dans ce vivier qu'il va falloir aller puiser pour aller nommer des préfets, des directeurs d'administration centrale.
01:22L'un de ceux qui mène ces entretiens au sein du Rassemblement national, on connaît son nom, il s'appelle Philippe Olivier.
01:29C'est le mari de Marie-Caroline Le Pen.
01:31C'est un tout proche de Marine Le Pen, évidemment.
01:36Non pas que les noms, la liste, soient définitivement arrêtés,
01:40mais en tout cas, à l'intérieur du parti, on commence à avoir une idée assez précise de qui pourrait entrer au gouvernement.
01:46En ce moment, pendant cette campagne, il y a des entretiens d'embauche du RN.
01:50Il y en a eu déjà depuis longtemps.
01:52Et d'ailleurs, soyons honnêtes, il y a des noms qui ont émergé.
01:56On parle par exemple de Jean-Paul Garraud à la justice, d'Eric Ciotti au ministère de l'Intérieur.
02:03On parle de Jean-Philippe Tanguy à Bercy.
02:05Il y a d'autres postes à se répartir.
02:07S'il y a une majorité absolue à l'Assemblée nationale, il faudra choisir aussi le président ou la présidente de l'Assemblée nationale.
02:14Donc, on a réfléchi à tout ça.
02:15D'ailleurs, Marine Le Pen dit ce matin que ce ne sera pas elle.
02:17Elle ne veut pas le poste.
02:18On a cité quelques noms et on va s'attarder avec vous sur celui de Jean-Paul Garraud,
02:23qui est un magistrat, un ancien député UMP, qui est désormais ORN.
02:28Il se prépare à ça.
02:30Ça fait des années qu'il se prépare, même s'il prétend le contraire aujourd'hui.
02:34Souvenez-vous, en 2020, déjà, Marine Le Pen avait balancé son nom comme ça en disant
02:38« ce sera le probable garde des Sceaux si j'accède au pouvoir ».
02:41Et puis, depuis, Jean-Paul Garraud, il n'a fait que prendre de l'épaisseur au sein du parti,
02:44notamment au Parlement européen où il a été élu.
02:48Magistrat, vous l'avez dit, fils de magistrat, petit fils de magistrat.
02:52En fait, il incarne parfaitement tous les déçus du sarcosisme.
02:55On le sait, il vient des rangs de l'UMP, des Républicains.
02:59Et aujourd'hui, il estime que la droite n'est pas allée assez loin en matière de fermeté
03:04et surtout en matière de justice.
03:06C'est quoi son programme, justement ?
03:08Ce serait compliqué de développer toutes les mesures.
03:11Je vais en citer trois.
03:12Tout le moins le programme judiciaire du RN.
03:13Le programme judiciaire, allez.
03:15Trois propositions.
03:16Les peines planchers minimales pour les récidivistes.
03:19La suspension des allocations familiales pour les parents d'enfants délinquants.
03:23Et puis, surtout, baisser la majorité pénale de 18 à 16 ans
03:26pour permettre d'envoyer les plus jeunes en comparution immédiate.
03:29Et ça, c'est applicable ?
03:30Pas vraiment.
03:31Pas vraiment parce que ça ressemble surtout à des effets d'annonce.
03:34Je vais reprendre mes trois mesures.
03:35Les peines planchers, ça a déjà existé sous Nicolas Sarkozy.
03:38Le Conseil constitutionnel avait dit, voilà, ça ne fonctionne pas.
03:41Donc, il faut une possibilité d'y déroger.
03:43Donc, autant dire que ça ne sera pas automatique.
03:46Sur la fin des allocations familiales, ça a aussi déjà existé.
03:48Souvenez-vous, en 2010, c'était un certain Éric Ciotti qui avait fait voter cette mesure,
03:52notamment pour lutter contre l'absentéisme scolaire.
03:55Et ça n'avait pas fonctionné.
03:56Et puis, la majorité pénale à 16 ans, il va falloir passer par le Conseil constitutionnel
04:00parce que c'est l'un des fondements de notre droit pénal,
04:02cette histoire de majorité pénale et d'atténuation de la responsabilité pour les mineurs.
04:06Donc, on n'y est pas du tout.
04:07Ça voudrait dire donner aussi le permis de conduire aux jeunes de 7 ans, c'est ça l'idée ?
04:11Exactement.
04:12Si on considère qu'un jeune de 16 ans est majeur pénalement,
04:15on peut aussi considérer qu'il a le droit de conduire,
04:17le droit de se marier sans l'accord de ses parents,
04:19le droit de vote, tous ces droits qui sont liés à ce qu'on appelle la majorité.
04:22Mathieu Croissando, dans les noms qui circulent, il y a évidemment celui d'Éric Ciotti
04:25parce qu'il n'est pas venu pour rien.
04:27On parle beaucoup de lui au ministère de l'Intérieur.
04:29Oui, c'est un poste qui pourrait lui aller.
04:33Après, Éric Ciotti, il peut occuper d'autres postes.
04:35Il a été chef de parti.
04:36Donc, il a plusieurs domaines où il peut avoir un champ de compétences.
04:41En fait, ce qui surprend, pour reprendre ce que disait Laurent,
04:44le parti a travaillé, c'est vrai, sur cette opération Matignon
04:49depuis qu'il réclame la dissolution de l'Assemblée nationale
04:52pour ne pas être pris au dépourvu.
04:54Mais il y a quand même des signes qui traduisent une forme de vertige.
04:56On le voit dans l'improvisation sur le programme
04:58avec un Jordan Bardella qui se défait de certaines promesses
05:01comme on joue au Uno, vous savez, en se débarrassant des cartes le plus vite possible.
05:05Moi, ce qui me frappe, c'est que prendre Matignon, c'est toujours un vertige.
05:10Vous vous souvenez, quand Édouard Philippe l'a pris,
05:13il avait confessé avoir perdu 6 kilos en 15 jours.
05:16Et il disait, pour tout dire, ce sont plutôt ceux qui ne ressentent pas la peur
05:19qui devraient vous inquiéter.
05:21Ça, c'est quand il avait pris, lui, Matignon.
05:23Et moi, je discutais avec un ancien conseiller d'Édouard Philippe
05:26qui disait, Matignon, c'est 200 décisions par jour,
05:28c'est des paraffeurs à signer, il faut répondre vite.
05:31Il faut avoir non seulement un cabinet et un réflexe politique sur les sujets,
05:35mais aussi une administration centrale, et c'est ce que soulignait Laurent.
05:38Quel rôle joueront les hauts fonctionnaires ?
05:40Est-ce qu'ils iront travailler avec leur Assemblée nationale ?
05:43C'est une vraie question qui agite la haute fonction publique aujourd'hui.
05:46Les genoux qui tremblent, Laurent, c'est un peu ça, le vertige du pouvoir ?
05:49Oui, évidemment, c'est vertigineux.
05:51Un homme de 28 ans qui n'a jamais exercé de fonction de ce type,
05:56et comme le dit Mathieu, c'est des paraffeurs toute la journée.
05:59Toute la journée, des décisions à prendre, c'est oui ou non.
06:02Donc c'est extrêmement compliqué.
06:04Et vous savez, quand un gouvernement s'installe,
06:06on veut toujours marquer son territoire, son image,
06:09envoyer des signaux, des symboles.
06:11Vous vous souvenez, quand la gauche est arrivée au pouvoir,
06:13on avait créé un ministère du temps libre,
06:15on changeait de viste et autre chose.
06:17Là, on pourrait avoir quelques surprises
06:19avec la création d'un certain nombre de ministères
06:22qui sont au cœur du programme du Rassemblement national.
06:25Par exemple, pourquoi pas un ministère de l'immigration ?
06:28Pourquoi pas un ministère de la fraude ?
06:31Puisque toute une partie du programme
06:33devrait être financée par la fraude sociale et la fraude fiscale.
06:37Donc on peut avoir aussi des surprises,
06:40mais pas forcément des surprises pour occuper ces ministères.
06:42Et ces surprises, elles peuvent venir aussi
06:44de candidats qui pourraient arriver.
06:46C'est Henry Kissinger qui disait que le pouvoir,
06:48c'est l'aphrodisiac suprême.
06:50Ça se presse aux portes du RN.
06:52Marine Le Pen disait hier que beaucoup de gens
06:54contactaient le parti en ce moment
06:56en vue d'une entrée dans un hypothétique gouvernement.
06:58Alors en tout cas, dans la haute administration,
07:00il faut relever que bien peu ont fait offre de services
07:04avant les élections.
07:06Il y en a un, il y a un préfet, il s'appelle Christophe Bay,
07:08il a rejoint le RN,
07:10mais les très hauts fonctionnaires, ceux qui occupent des postes
07:12de préfet, de directeur généraux,
07:14directeur d'administration centrale,
07:16certains ont déjà sans doute fait des offres de services,
07:18et il y en aura d'autres
07:20une fois que la victoire sera acquise.
07:22Mais en même temps, avant,
07:24c'est prendre un énorme risque quand on est
07:26un très haut fonctionnaire,
07:28que de donner l'impression de s'affilier à un parti,
07:30surtout le RN.
07:32C'est la même chose pour les grands patrons
07:34qui ont été approchés, notamment pour Bercy,
07:36l'expert préféré à celui d'un politique
07:38comme Jean-Philippe Tanguy,
07:40avec quelque chose dans la tête.
07:42C'est ce qui est arrivé à Lystres,
07:44qui a été l'éphémère chef du gouvernement
07:46au Royaume-Uni,
07:48parce que les premières décisions qu'elle avait prises
07:50ont engendré une crise sur les marchés financiers.
07:52Quand on lit dans le Financial Times
07:54que si le RN arrive au pouvoir,
07:56ça pourrait occasionner une crise de la dette
07:58dans la zone ronde,
08:00on voit bien l'enjeu
08:02qu'il y a pour le RN
08:04d'approcher des signes de stabilité
08:06et de personnalité qualifiés.
08:08Sur le plan économique, on n'a pas vu un seul
08:10grand patron sortir du bois.
08:12Pour l'instant, tous ceux dont les noms sont sortis ont démenti.
08:14L'attention sur la dette française est réelle actuellement
08:16et elle aura un impact sur l'immobilier.
08:18La paroisse de Marie-Cœur de Roy,
08:20c'est le logement,
08:22et la crise du logement en particulier.
08:24Merci à tous les trois d'avoir été avec nous
08:26dans ce 7 minutes pour comprendre.

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