Aux commandes de l'Italie depuis le 22 octobre 2022, Giorgia Meloni a suscité beaucoup d'espoir national et de craintes internationales en prenant la tête du gouvernement le plus à droite depuis 1946. Cette méfiance des investisseurs étrangers s'est traduite par une prime de risque sur les obligations d'État à 10 ans révélée par l'écart grandissant avec le taux allemand à l'approche de l'élection puis immédiatement après son accession au pouvoir. Un sacré coup de semonce pour le pays européen le plus endetté après la Grèce. Mais les inquiétudes se sont vite apaisées et le spread est rapidement revenu à son niveau antérieur. [...]
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00:00Aux commandes de l'Italie depuis le 22 octobre 2022,
00:12Giorgia Meloni a suscité beaucoup d'espoir national et de crainte internationale
00:18en prenant la tête du gouvernement le plus à droite depuis 1946.
00:23Cette méfiance des investisseurs étrangers s'est traduite par une prime de risque
00:27sur les obligations d'État à l'isang, révélée par l'écart grandissant avec le taux allemand,
00:32à l'approche de l'élection, puis immédiatement après son accession au pouvoir.
00:37Un sacré coup de semonce pour le pays européen le plus endetté après la Grèce.
00:41Mais les inquiétudes se sont vite apaisées et le spread est rapidement revenu à son niveau antérieur.
00:46Car le constat est celui d'une présidence normale, aucune révolution à l'horizon.
00:52Giorgia Meloni a en partie conquis le pouvoir sur un discours anti-immigration très dur.
00:57Or la réalité est celle d'une économie qui ne peut pas tourner sans l'apport des étrangers.
01:02Décès en hausse, naissances en baisse, le solde naturel démographique italien est invariablement négatif depuis 2007,
01:10sans aucune chance de retournement à court terme, compte tenu d'un taux de fécondité trop faible
01:16et de l'immigration notamment des jeunes diplômés.
01:19En moins de 20 ans, le nombre d'Italiens vivant à l'étranger a doublé pour atteindre aujourd'hui 6 millions de personnes.
01:26Si ces tendances se poursuivent, la diminution de la population totale et plus encore en âge de travailler ira en s'accélérant,
01:32avec des répercussions en cascade sur la croissance, les recettes fiscales, le déficit public et le financement du système des retraites.
01:40Face à cet hiver démographique, le gouvernement Meloni a renforcé la politique nataliste,
01:46déjà mise en place avec pêle-mêle, une augmentation importante des allocations familiales,
01:51l'extension du congé maternité, l'instauration d'un crédit d'impôt pour les entreprises embauchant des femmes.
01:59Autant de dispositions dont les effets se mesurent sur un temps long.
02:03Dans l'urgence, le gouvernement s'est donc résolu à octroyer 450 000 titres de séjour à des travailleurs étrangers d'ici 2025.
02:11Il faut remonter plus de dix ans en arrière pour trouver un tel appel à candidature à des travailleurs en dehors de l'Union européenne.
02:18Quant à la conduite de la politique économique et budgétaire, aucun bras de fer n'a été engagé avec Bruxelles
02:23et le gouvernement suit une feuille de route somme toute assez conventionnelle.
02:27Sur le plan des recettes fiscales, l'exécutif a décidé des réductions d'impôts en faveur des artisans, commerçants,
02:33chauffeurs de taxi et autres petits entrepreneurs, une composante notable de son électorat.
02:39La réforme de l'impôt sur le revenu visant un taux unique pour tous, une promesse électorale, est lancée,
02:44avec la fusion des deux premières tranches pour offrir un taux allégé de 23% jusqu'à 28 000 euros de revenu annuel contre 25% auparavant.
02:53Elle ne s'adresse à ce stade qu'aux classes moyennes, lui retirant son caractère controversé d'un cadeau fait aux riches.
03:00C'est enfin l'instauration d'une taxe sur les superprofits des banques.
03:04Côté dépenses, dans une logique d'assainissement des finances publiques,
03:07le gouvernement a remplacé le revenu universel par un chèque d'inclusion aux périmètres beaucoup plus limités.
03:14Le Superbonus 110, un système d'aide à la rénovation des logements ultra coûteux,
03:19premier responsable de la dérive du déficit public ces dernières années, a été arrêté.
03:26Ce dispositif est emblématique.
03:29Il pose la question de l'utilisation, à bon ou à mauvaise action,
03:32de l'espace d'endettement budgétaire apparu grâce à la mise en place du plan européen Next Generation
03:38qui représente pour le pays près de 200 milliards d'euros de prêts et de subventions.
03:44Une opportunité historique pour mettre en place des réformes et des investissements
03:48permettant un relèvement de la croissance potentielle, estimée aujourd'hui à moins de 0,5%.
03:55Selon l'Union des chambres de commerce, une offre d'emploi sur deux ne trouve pas preneur.
03:59Parce que les profils recherchés sont introuvables, même pour les postes qualifiés.
04:04C'est révélateur de la carence du système de formation et d'éducation et pointe le problème de la fuite des cerveaux.
04:10L'omniprésence de l'économie informelle, 11% du PIB, la fracture persistance entre le Nord et le Sud
04:16font partie de ces défis structurels comme celui du redressement de la productivité.
04:21Or, sur ces sujets, peu ou pas d'avancée.
04:24Alors bien sûr, la croissance italienne est depuis deux ans supérieure à celle de la zone euro.
04:29Le taux de chômage recule et le déficit public se réduit, rendant crédible l'objectif de 3% d'ici 2026.
04:39Mais c'est plus une histoire de pragmatisme et de circonstance avec ce risque.
04:44Il faut que tout change pour que rien ne change, donc une Italie qui reste figée.