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00:00C'est aujourd'hui la fête de la musique, nous sommes le 21 juin, 42e édition pour cette fête née en France
00:05et célébrée un peu partout dans le monde, en Europe, en Amérique latine, en Asie et sur le continent africain.
00:11En France, nous sommes à neuf jours du premier tour des élections législatives,
00:14l'occasion de s'intéresser à la politique culturelle proposée lors de cette campagne électorale.
00:19Bonjour Antoine Pecker, vous êtes musicien, bassoniste, journaliste et écrivain, auteur de l'ouvrage
00:25Atlas de la culture aux éditions Autrement.
00:28Tout d'abord, avant de parler de politique culturelle, en tant que musicien,
00:31quelle est l'importance pour vous de la fête de la musique de cette 42e édition ?
00:36Alors la fête de la musique, c'est évidemment un rendez-vous notamment pour toutes celles et ceux qui pourraient,
00:41pour la première fois dans l'année, découvrir la musique ou plutôt les musiques,
00:44parce que c'est l'occasion d'entendre tous les styles musicaux évidemment,
00:47le jazz, l'afropop, la musique classique et ainsi de suite.
00:50Mais évidemment, cette année, vous voyez, la météo est un peu morose ici à Paris
00:54et peut-être pas juste en termes de météo, le contexte politique, évidemment,
00:57appelle beaucoup d'inquiétude dans le secteur culturel.
00:59Alors justement, dans quel état se trouve aujourd'hui la culture
01:02et comment jugez-vous la politique culturelle de ces dernières années dans le pays ?
01:07Eh bien, le monde culturel va pas bien parce que la crise de la culture et notamment de la musique,
01:11ce n'était pas pendant la crise sanitaire en fait.
01:13Là, il y a eu beaucoup d'argent mis pour le secteur.
01:15Mais depuis la sortie de la pandémie, c'est là qu'il y a une vraie inquiétude dans le secteur.
01:19Et on le voit, les chiffres l'attestent, il y a de moins en moins de spectacles.
01:21Par exemple, pour la saison prochaine, 20 à 25% de moins de spectacles de théâtre.
01:25Une vingtaine de pourcents d'artistes qui pensent arrêter leur compagnie, changer de carrière.
01:29Donc les chiffres sont là, attestent, parce que ce qu'on voit,
01:32c'est que la politique menée par Emmanuel Macron en matière culturelle sur ces dernières années,
01:36elle a été en particulier axée sur une chose, c'était son rêve, ce pass culture.
01:40Vous le savez, cette mesure destinée notamment aux lycéens pour aller vers la culture.
01:44Mais au détriment des moyens donnés à la création ou à d'autres domaines.
01:49Et on le voit d'ailleurs, le budget du ministère de la Culture a subi une baisse très récemment de 200 millions d'euros.
01:54Vous voyez, c'est évidemment ce contexte-là, avec en plus la hausse des dépenses énergétiques,
01:59des dépenses de fonctionnement pour le monde culturel,
02:01qui aujourd'hui conduit à moins de spectacles, à des fermetures de lieux, des cafés-concerts par exemple, ferment.
02:07Et donc il y a vraiment 60% des scènes de musique actuelles sont en déficit aujourd'hui.
02:11C'est des chiffres qui, je pense, dessinent vraiment l'inquiétude du paysage culturel.
02:14On va y revenir, le pass culture d'un mot, est-ce que le résultat est à la hauteur ?
02:18Alors pour le résultat, pour savoir le résultat, il faudrait tout simplement avoir une étude indépendante.
02:23C'est ce qu'appellent les organisations du secteur. Il n'y a pas eu d'audit indépendant mené sur le pass culture.
02:28C'est vraiment une demande forte, parce que le pass culture, c'est plus de 200 millions d'euros investis chaque année dans cette mesure,
02:34évidemment qui cannibalise d'autres domaines, et notamment la médiation culturelle.
02:37Parce que pour que les jeunes aillent vers la culture, il faut les accompagner, et pas juste leur donner de l'argent.
02:42Vous avez connu plusieurs ministres de la Culture. À quelle mesure vous en retenez-vous aujourd'hui comme positive ?
02:49Alors, évidemment, quand on parle des ministres de la Culture, il y a toujours les mêmes figures qui ressortent.
02:54On pense notamment à Jacques Lang, qui a été le créateur de la Fête de la Musique.
02:59C'était une autre époque, d'autres moyens. Et c'est ça qui est intéressant.
03:01C'est que si Jacques Lang a pu lancer la Fête de la Musique et développer...
03:05Vous savez, il y a eu ce moment, évidemment, en 80, de beaucoup d'argent public mis sur la culture.
03:10Et bien aujourd'hui, ça interpelle, notamment au moment où il y a la présentation du programme du nouveau Front Populaire,
03:16qui lui aussi appelle une relance keynésienne, et notamment d'investissement public pour la culture.
03:21Donc évidemment, on pourrait faire un parallèle.
03:23Entre-temps, vous savez, le drame de la rue de Valois, du ministère de la Culture, c'est que les ministres se succèdent,
03:27et souvent n'ont même pas le temps de lancer une politique, que déjà, il y a une nouvelle nomination.
03:31On l'a vu encore avec Rachida Dati, qui aujourd'hui, évidemment, est très menacée à son poste, comme tous les ministres de l'exécutif.
03:38Et la culture, c'est pas qu'une politique culturelle, c'est aussi l'une des réponses à la crise générale du pays. Qu'en pensez-vous ?
03:44Mais bien sûr, c'est plus que jamais aujourd'hui, notamment dans un contexte où on peut se poser des questions sur la question de la croissance économique,
03:50est-ce qu'il faut continuer ainsi de suite ? Est-ce qu'il ne faut pas plutôt croître dans d'autres domaines, et notamment en matière culturelle ?
03:55Je pense que c'est un effort essentiel, et notamment même sur le plan, regardez, géopolitique.
04:00Par exemple, le lien entre la France et l'Afrique subsaharienne.
04:03Ça va évidemment très mal pour plein de raisons.
04:05Mais si on arrivait à faire passer cette loi cadre sur la restitution des biens payés pendant la colonisation,
04:10je suis sûr que ça améliorerait les relations entre l'Afrique subsaharienne et la France.
04:14Mais vous imaginez bien qu'avec une majorité RN au Parlement, je ne pense pas que ce sujet serait d'actualité.
04:19Ça va peut-être s'arrêter, mais Duc, dans cette campagne actuellement très brève, est-ce que la culture justement trouve sa place ?
04:25Alors on voit que les artistes appellent, et juste aujourd'hui il y a eu un collectif d'artistes,
04:29notamment dans le champ musical, qui appellent à faire barrage contre l'extrême droite.
04:33Ce qu'on voit en fait, il y a trois possibilités.
04:35Il y a la poursuite de cette politique libérale pour le secteur culturel, avec l'impact, on en a parlé, qui a été la politique menée par Emmanuel Macron.
04:43Il y a une politique menée par le RN pour la culture.
04:47Qu'est-ce que ça donnerait ? Il suffit aujourd'hui d'aller voir les villes où il y a le RN,
04:51où le RN a des mairies, je pense à Perpignan, qui a organisé le mois dernier un festival de la liberté d'expression
04:57avec Éric Nolot, Michel Onfray, contre le wokisme, ce type de genre, ou bien, puisque c'est la fête de la musique,
05:02aujourd'hui à Villers-Cotterêts, ville dirigée par le RN, les artistes invités doivent signer une clause de neutralité politique.
05:09Vous voyez, la question de la censure, elle est bien présente, et puis il suffit de voir, pour imaginer une politique RN dans la culture,
05:14ce qui se passe dans l'Italie de Giorgia Meloni, où évidemment, très souvent, quand l'extrême droite arrive au pouvoir,
05:19ils ont du mal à attaquer les questions internationales ou autres, parce qu'il y a évidemment des traités qui cadrent les choses.
05:24Par contre, sur la culture, les médias, notamment, on est à France 24, ou d'autres domaines, là, on peut attaquer plus facilement.
05:31Quant au programme du nouveau programme populaire, je vous l'ai dit, c'est une relance keynésienne,
05:35donc il y a de l'investissement public, et notamment, la question de la préservation du statut des intermittents du spectacle,
05:40qui permet...
05:41Qu'en est-il de leur régime, justement ?
05:42Eh bien, justement, on est en plein dans ces négociations sur l'enchômage.
05:45Alors, a priori, ce serait plutôt préservé, mais pensez notamment que Marion Maréchal-Le Pen, qui a rejoint le RN,
05:51elle appelait à supprimer, purement et simplement, ce régime.
05:54Au contraire, par exemple, le nouveau Front Populaire appelle à le maintenir, et aussi à écrire un statut pour les artistes auteurs,
06:00parce que, notamment, les écrivains, par exemple, ont très peu de garanties de protection sociale.
06:05Quelles seraient, pour vous, les décisions essentielles à prendre pour un renouveau de la politique culturelle ?
06:10Alors, bien sûr, il y a toujours la question budgétaire qui est là,
06:13notamment, alors le nouveau Front Populaire parle de 1% du PIB pour la culture,
06:18il faut voir qu'est-ce que ça inclut, l'audiovisuel, ou ainsi de suite,
06:21mais je pense qu'au-delà du budget, il faut refaire de la culture vraiment une priorité,
06:24c'est quelque chose qui doit être régalé à la culture, vous l'avez dit,
06:27c'est ce qui permet, peut-être, aujourd'hui, dans ces temps d'extrême incertitude,
06:30de repenser une cohésion de toutes et tous, ensemble, dans ce pays.
06:33Et vous pensez que les artistes, ils arrivent à se faire entendre ?
06:36Alors, aujourd'hui, c'est une bonne question, je pense qu'aux artistes aussi, d'être cohérents.
06:39On a vu trop de tribunes d'artistes dénonçant, sur le point de vue environnemental,
06:44ou en droit de l'homme, et de l'autre côté, aller se produire en Arabie Saoudite, dans les pays les plus autoritaires,
06:49ou bien à faire des vols entre Paris et Munich à la place de prendre le train.
06:52Donc, aux artistes aussi, à repenser une cohérence, eux-mêmes, entre leurs discours et leurs actes,
06:58ils seront d'autant plus crédibles, et il y en a déjà un grand nombre qui le sont.
07:01Et ce sentiment, on a l'impression qu'il est, quand même, largement partagé,
07:04dans de nombreux secteurs, qui cherchent à se faire entendre.
07:08On a le sentiment qu'on n'a jamais autant communiqué, aujourd'hui,
07:11et qu'on n'a jamais, en même temps, autant parlé dans le vide.
07:14Et oui, parce que, sans doute, cette question de la communication, à l'ère TikTok,
07:18elle ne facilite pas, je pense, par sa durée extrêmement courte.
07:22L'analyse, par exemple, qu'on peut être en train de faire maintenant,
07:25une chaîne de télévision comme la vôtre, et qui a cette force d'exister,
07:30comme tout l'audiovisuel public, qu'il faut saluer plus que jamais.
07:33Et je pense qu'on a besoin de ce temps long, et ça va aussi dans cette idée de repenser,
07:37peut-être ralentir certaines choses, reprendre le temps, se poser.
07:41Mais effectivement, vous avez raison, aujourd'hui, l'extrême droite, on le voit,
07:44est présente, en particulier chez les jeunes.
07:46C'est la première partie, dans énormément de pays, qui arrive en tête.
07:50Donc, interroge-nous, et aujourd'hui, repensons d'autres manières de communiquer.
07:54Mais je pense qu'aujourd'hui, prendre le temps, dans cette fête de la musique,
07:57d'aller écouter toutes les musiques, d'aller de l'afropop au jazz,
08:00de la musique classique aux musiques berbères, à Saint-Denis, par exemple,
08:04c'est une belle idée du vivre ensemble par la culture.
08:07Merci beaucoup, Antoine Pecker, d'être venu sur France 24.

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