On va chercher à comprendre la sortie d'Emmanuel Macron hier soir en Bretagne : le Nouveau Front Populaire propose d'autoriser le changement d'État civil librement, gratuitement devant un officier d'État civil. Le Président a choisi cette angle d'attaque. inattendu. Écoutez le débat entre Valérie Trierweiller, journaliste à "L'Hémicycle", Carl Meuss, rédacteur en chef au "Figaro Magazine", et Xavier Couture, consultant et ancien dirigeant de médias.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 19 juin 2024
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 19 juin 2024
Category
🗞
NewsTranscription
00:00RTL, bonsoir, Julien Célier et Cyprien Cygne.
00:04Vos grands débats jusqu'à 20h autour de la table ce soir,
00:07Valérie Triaveleur, Xavier Couture, Karl Meus, deuxième grand débat.
00:12Aujourd'hui, on va chercher à comprendre la sortie d'Emmanuel Macron.
00:15C'était hier soir en Bretagne.
00:17Écoutez, et puis de l'autre côté, à l'extrême gauche,
00:19il y a des choses complètement ubuesques, comme par exemple,
00:21l'allée échanger de sexe en mairie.
00:24Le nouveau Front populaire propose effectivement d'autoriser
00:27le changement d'état civil librement, gratuitement,
00:30devant un officier d'état civil.
00:32Emmanuel Macron a choisi cet angle d'attaque.
00:34L'Élysée fait savoir aujourd'hui qu'il persiste ce matin sur RTL.
00:37Olivier Faure, le leader du PS, riposté.
00:41C'est assez incompréhensible ce qu'il fait.
00:43Et quand je le vois hier, y compris accumuler les fake news,
00:46être dans la transphobie, je me dis que ce président est en train d'épouser,
00:51en fait, y compris tous les propos les plus populistes
00:54qu'il a dénoncés pendant si longtemps.
00:56Emmanuel Macron a donc choisi hier soir un angle d'attaque assez inattendu.
01:01Avant de se demander s'il y a une arrière-pensée politique,
01:03sur le fond, le président dit qu'un changement de sexe, c'est complexe.
01:06C'est ce que fait savoir l'Élysée aujourd'hui.
01:08Les personnes concernées doivent être accompagnées.
01:10Ça ne peut pas être une démarche libre et gratuite.
01:12C'est vrai qu'aujourd'hui, on change d'état civil via une décision de justice.
01:16Votre avis, Valérie Triraveleur, sur cette sortie
01:20et sur les arguments en suite de l'Élysée quelques heures après ?
01:22D'abord, il fait une sortie mémorielle en tant que président de la République
01:25sur l'Île-de-Sein et il mélange là tout.
01:27D'un seul coup, il met un pied dans la campagne et on se tord dans la cheville
01:31parce que tout son entourage lui dit surtout de se taire.
01:33Bon, je crois qu'il ferait mieux de se taire.
01:35Tous les députés s'arrangent pour ne pas avoir sa photo sur leurs affiches.
01:38On commence à comprendre pourquoi.
01:40Et le Macron de 2024 est en contradiction avec le Macron de 2022.
01:44Moi aussi, je vais vous lire une petite citation.
01:46Une citation d'Emmanuel Macron lui-même qui était dans têtu entre les deux tours.
01:51Les personnes qui s'engagent dans un processus de transition
01:54doivent être respectées dans leur choix et leur vie.
01:57Et leur vie ne doivent pas être rendues plus complexes
01:59par des procédures administratives si elles sont inutiles.
02:02Voilà, donc il était tout à fait pour cette réforme il n'y a pas longtemps, il y a deux ans.
02:08Donc en deux ans, il a complètement changé.
02:09Et juste une dernière chose, c'est qu'il utilise sciemment le terme d'extrême gauche
02:15alors que le front populaire, il y a un parti d'extrême gauche dedans, c'est le NPA.
02:19Tous les autres ne sont pas d'extrême gauche, ce sont des partis de gauche.
02:21Il fait exprès pour discréditer la gauche.
02:25C'est ainsi que le Conseil d'Etat les caractérise.
02:26Exactement, il se range donc du côté de ce que fait le Rassemblement National.
02:31L'NPA est un parti, je ne sais pas combien de membres officiels a les NPA.
02:34Peu importe, mais il n'est pas qualifié d'extrême gauche par le Conseil d'Etat.
02:37Ce n'est pas vraiment un parti en fait.
02:38Xavier Couture, sur les propos d'Emmanuel Macron.
02:41Ce qui me frappe, c'est la capacité à entrer en campagne sur un sujet qui est un sujet grave.
02:47La dysphorie de genre, ça existe.
02:49La douleur que représente pour un certain nombre de personnes le fait d'habiter un corps
02:55qui n'est pas un corps conforme à ce qu'ils ont envie de ressentir ou ce qu'ils ressentent.
03:01Moi, je ne sais pas à quoi ça correspond.
03:04Tout ce que je sais, c'est que pour ceux que j'ai rencontrés, c'est une vraie souffrance.
03:07Donc, ça mérite mieux, je pense, qu'une réaction un peu comme ça, rapide, à l'emporte-pièce.
03:13C'est rapide à l'emporte-pièce, vous qui le connaissez bien, président de la République.
03:17C'est rapide à l'emporte-pièce ou il sait ce qu'il dit, le président ?
03:21Ah non, il sait très bien ce qu'il dit.
03:22Déjà, on l'a vu tout à l'heure, il faut aller chercher la proposition.
03:26Elle est page 19 d'un document qui en comporte 23.
03:30Et c'est écrit vraiment tout petit.
03:33Personne n'en a parlé dans aucun média, enfin, le grand média.
03:35Pourquoi il le fait ? Et on voit les gens à qui il s'adresse.
03:39Son objectif, c'est de récupérer une partie de l'électorat de droite.
03:43Pour qui ces mesures-là, et on le voit à la réaction du monsieur qui l'a en face,
03:48c'est choquant, c'est pas la priorité, c'est pas ça qu'il faut faire.
03:51Et donc, effectivement, ça a été ciblé par l'Élysée dans ce genre de type-là.
03:56Vous allez les soutenir.
03:57Je trouve que je vote dans la première circonscription de l'Indre.
04:00Il y a un député sortant qui est formidable,
04:02qui est un LR très modéré et qui reste assez proche des valeurs centristes.
04:08Il s'appelle Nicolas Faurissier, qui parle à tous les paysans,
04:11qui parle à tous les éleveurs, qui parle à tous les citoyens.
04:14Moi, je l'aime beaucoup cet homme.
04:16Je peux vous dire que cette réflexion sur le fait qu'on va à la mairie,
04:20il a été maire de la Châtre en plus, cet homme,
04:22pour aller expliquer qu'on va pouvoir, et que c'est un scandale.
04:26Mais de quoi parle-t-on ? C'est pas le sujet.
04:28C'est page 19 d'un programme très bien, mais quelle importance
04:32pour Nicolas Faurissier et ses électeurs.
04:35Et je peux vous dire que c'est autre chose que la problématique de la dysphorie de genre.
04:39Il y a quand même des sujets un peu plus graves aujourd'hui à débattre, croyez-moi.
04:43Mais moi, ce que je ne comprends pas, c'est qu'il va se priver des reports de voix au deuxième tour.
04:47Quel électeur de gauche, à force d'être attaqué,
04:50va avoir envie de faire vraiment, cette fois-ci, le front républicain une fois de plus ?
04:55Les électeurs de gauche l'ont fait beaucoup en 2017, en 2022, aux législatives, aux présidentielles.
05:02Donc là, il va les décourager.
05:03Mais est-ce qu'il n'est pas déjà dans le coup d'après Emmanuel Macron ?
05:06Est-ce qu'il n'a pas déjà, en quelque sorte, accepté sa défaite ?
05:09Alors, c'est un peu de la politique fiction, le scénario que je vais vous sortir.
05:12Mais si le RN gagne, que Jordan Bardella, comme il l'a dit, refuse le pouvoir parce qu'il n'a pas de majorité,
05:17alors Emmanuel Macron, il pourra tenter de former cette alliance dont il rêve,
05:21avec la gauche modérée et la droite modérée.
05:24Donc, est-ce que l'idée, ce n'est pas de faire aussi monter le Rassemblement national ?
05:26Car le mieux, je suis très cynique, mais...
05:28— Non, l'idée, je... Enfin, peut-être qu'il y a ça.
05:31Mais je pense plutôt que l'idée, c'est de récupérer, pour le Bloc central, des électeurs de droite
05:37qui, aujourd'hui, sont complètement perturbés.
05:39Parce que, vous interrogez les électeurs de droite traditionnels...
05:43— C'est pas une vision à long terme, c'est une vision à court terme.
05:45— C'est une vision immédiate. Ils ont théorisé à l'Élysée. Voilà.
05:49Il y a eu la stupéfaction, effectivement, la sidération au soir de la dissolution.
05:55Ensuite, il y a la peur qui est actionnée sur...
06:03« Attention, les impôts vont augmenter. Vous allez voir, ça va être le chaos. »
06:06Maintenant, il faut passer au sursaut.
06:09Pour attirer l'électorat, pour le motiver à venir.
06:12Parce qu'on le voit bien, là, dans les sondages d'intention de vote,
06:14l'ERN est monté, le Front populaire monte également.
06:19Ceux qui stagnent encore, même s'ils sont au-dessus, pour l'instant,
06:22l'intention de vote, c'est la majorité présidentielle.
06:24Et donc, il manque les... Quoi ? Deux, trois, quatre points
06:27qui leur permettraient, dans des circonscriptions, d'arriver en deuxième position.
06:30Parce que l'important, le 30 juin, c'est d'être le deuxième des trois.
06:35C'est le troisième qui sera très mal.
06:37— Dans une triangulaire ? — J'avais un scénario...
06:41— C'est formidable, parce que tout le monde cherche à comprendre le coup de billard à trois bornes.
06:45J'attends votre hypothèse avec impatience.
06:47— Le scénario ultime du clou planté dans cette Vème République qui va si mal.
06:52Imaginons qu'il n'y ait pas la majorité absolue.
06:55C'est possible. — Ce qui est plus que possible, ce qui est probable.
06:58— Pour l'instant, ça tient la corde.
06:59— Imaginons, donc, que Jordan Bardella refuse d'aller à Matignon.
07:03Ce qu'il a déclaré, donc, c'est s'il n'y a pas de majorité absolue, il y a une certitude.
07:07— Non, mais non, je ne fais pas de mal.
07:08J'arrive à quoi ?
07:10J'arrive à l'idée que, dans le fond, Emmanuel Macron se retrouve avec une chambre ingouvernable
07:16et un premier ministre qui va piocher, je ne sais pas où, il demande à Ciotti ou à son cousin, je ne sais pas,
07:19de prendre Matignon.
07:21Et, devant cette situation impossible,
07:24eh ben tant pis, même s'il nous a dit le contraire, mais ce n'est pas la première fois que ça lui arrive.
07:26— Il démissionne. — Il démissionne.
07:28Et alors, on fait une élection, Marine Le Pen à l'Élysée,
07:33avec une chambre ingouvernable, parce qu'elle ne peut pas dissoudre pendant un an.
07:36Ça, c'est quand même le scénario ultime.
07:38— Oui, mais avec une majorité relative, Rassemblement National, quand même.
07:41— Et elle ne peut pas gouverner.
07:42— Oui, je pense qu'à ce moment-là, il y aura peut-être quelques éléments de la droite qui viendront rallier.
07:47— On est parti dans la politique fiction, ça tombe bien, c'était le débat d'après.
07:51Merci pour le teasing, Jean-Xavier Couture, vous restez tous autour de la table.
07:54On va s'intéresser au scénario qui est prédit, effectivement, par les sondages.
07:58Si les sondages ont raison, et ils avaient raison aux européennes,
08:01le 7 juillet au soir, la France peut plonger dans une crise politique absolument dingue,
08:06avec aucun parti en mesure de gouverner, d'obtenir une majorité.
08:08Qu'est-ce qui se passe dans ce cas-là ?
08:10On se projette juste après ça.