Ce sport n'est pas forcément BON POUR VOTRE SANTÉ !

  • il y a 4 mois
"La boxe : entre risque et plaisir" / Sport populaire, la boxe comporte des risques pour la santé qui peuvent avoir des conséquences à long terme : portrait d'un ancien boxeur devenu entraîneur.

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00:00Décontracte, décontracte, décontracte, relâche.
00:03Pas de tension, relâche bien.
00:05Souffle, souffle.
00:07Tu ne laisses pas s'exprimer, tu ne laisses pas dépiller ses bras.
00:09Si tu boxes à distance, c'est toi qui vas prendre les coups.
00:12Tu te sens comment Edouard ?
00:14Tu te sens comment ? Bien ?
00:16Bon, tu es motivé, tu es prêt et ça te va le faire.
00:19Edouardo n'a que trois combats à son actif.
00:21Alors, avant de monter sur le ring, il doit lutter contre son traque.
00:31Au programme aujourd'hui de la boxe,
00:33un sport à la frontière entre risque et plaisir qui séduit de plus en plus.
00:37Ils sont aujourd'hui plus de 50 000 licenciés rien qu'en boxe anglaise.
00:41Si ce sport violent séduit les hommes comme les femmes,
00:44c'est peut-être un signe d'étant, une façon de faire face au stress de sa vie,
00:48aux tensions de la société.
00:50Un exutoire sans doute, mais aussi une discipline exigeante
00:53qui n'est pas sans risque, surtout quand on monte sur le ring.
00:56C'est un reportage signé Pierre-Luc Perrin.
00:59Six vrais, près de Poitiers.
01:05Pour clôturer ce gala de boxe anglaise,
01:07deux boxeurs professionnels vont s'affronter.
01:18Ce soir, le combat va durer six rounds de trois minutes chacun.
01:23Au premier rang, les deux hommes vont se battre.
01:27Au premier rang, Jean-Claude Buche, ancien boxeur professionnel.
01:36A 53 ans, sa carrière est derrière lui,
01:39mais la passion est toujours là, l'oeil expert aussi.
01:57...
02:00On a encore les sensations.
02:01Moi, quand je suis au bord d'un ring,
02:03je vibre autant que s'ils étaient sur un ring.
02:06Mais bon, c'était avant.
02:12Comme dans tout combat de boxe, les coups pleuvent.
02:15Ces sportifs sont des professionnels surentraînés,
02:18capables d'encaisser de terribles chocs pendant des dizaines de rounds.
02:27Les gants amortissent la violence des impacts,
02:30mais le cerveau est balotté à l'intérieur de la boîte crânienne et s'y cogne.
02:34Un uppercut trop puissant peut provoquer une altération des fonctions neurologiques.
02:38C'est la commotion cérébrale.
02:40Symptômes ?
02:41Perte d'équilibre, de mémoire, vision double et parfois,
02:44perte de connaissance.
02:46C'est le chaos.
02:52Jean-Claude, des chaos, il en a connu,
02:55avec ses 110 combats amateurs et 27 combats pros.
02:58Comme lors de cette demi-finale de championnat de France en 1992.
03:02Après avoir gagné les 9 premiers rounds,
03:05il reçoit un crochet dans le menton.
03:10Là, c'est... Alors que...
03:12Un coup, pas plus fort que les autres.
03:15Donc je me retrouve au tapis.
03:17Là, je suis un peu dans...
03:19Là, je suis dans le coltard.
03:21Je suis sonné.
03:22Le menton, c'est l'endroit le plus vulnérable du visage.
03:25L'impact coupe les connexions avec le cerveau pendant quelques secondes.
03:29Quand on reçoit le coup, on se contracte un petit peu le visage et...
03:35Ça fait pas du bien.
03:37L'arbitre compte.
03:39A 8, Jean-Claude aura perdu le match.
03:41Mais il est sauvé par le gang.
03:43Pour remporter la victoire, il repart au combat.
03:46Je débute, là. Je suis un peu encore dans le coltard.
03:53Et ça va revenir d'un seul coup.
03:56J'ai... Ah, c'est parti.
03:59Malgré la douleur et la fatigue, Jean-Claude tient bon.
04:02Jusqu'au bout.
04:05Ouf !
04:07Je le sens encore.
04:09Jean-Claude gagne ce match, mais échouera en finale.
04:13Ce sera le plus haut niveau de sa carrière.
04:16Vice-champion de France.
04:18Une carrière débutée à l'âge de 14 ans, avec son père.
04:22C'est grâce à lui que je suis là.
04:24Je fais partie des gens du voyage.
04:26Je me bataillais à l'école pour défendre ma soeur et mes frères.
04:29Mon père est venu à l'école pour me calmer.
04:32Il m'a dit, je vais te calmer.
04:34Tu vas te battre, je vais te calmer.
04:36Il m'a emmené à la salle de boxe de Potier.
04:38J'ai découvert ce sport qui m'a plu tout de suite.
04:41Et le côté je te touche, tu me touches pas.
04:43Respecter les règles, respecter tout ça.
04:45Je suis rentré vite là-dedans, dès le début.
04:49Jean-Claude monte rapidement sur le ring.
04:51Il devient champion amateur, rentre chez les professionnels
04:54et gagne sa vie en combattant.
04:56Les rounds sont longs, exigeants.
04:58Un spectacle qui se mérite au risque de blesser son corps.
05:01Les arcades, le nez, les coups marquent.
05:04Et lors d'un combat en 1996, il tombe à terre.
05:09La tête a heurté le sol, donc je me suis assommé.
05:12Je me suis retrouvé dans l'ambulance, max oxygène et tout.
05:15Je me suis réveillé tout de suite.
05:17J'ai voulu repartir au vestiaire.
05:19Ils m'ont dit non, on va passer un scanner, c'est obligatoire.
05:22J'avais pris un mauvais coup au mauvais moment.
05:24Et puis tout le monde a eu peur.
05:26Heureusement, il n'a aucune séquelle.
05:28Mais il se dit qu'il a fait son temps
05:30et décide d'arrêter sa carrière, conscient des enjeux pour sa santé.
05:36Recevoir trop de coups à la tête n'est pas sans risque.
05:39En jeu, les traumatismes irréversibles causés par l'accumulation des commotions cérébrales.
05:45Le Dr Scherman est neurologue, spécialiste des sports violents comme le rugby ou la boxe.
05:52Après la commotion, il y a un syndrome post-commotionnel.
05:55Donc avec tout un cortège de signes, de symptômes fonctionnels,
05:58mal de tête, 80% des cas, vertige, fatigue, troubles du sommeil,
06:04troubles du caractère, troubles de l'humeur
06:06qui vont durer de quelques heures à quelques jours, voire quelques semaines.
06:10A long terme, certains boxeurs peuvent développer un syndrome appelé démence pugilistique.
06:15Une dégradation des fonctions neurologiques, se rapprochant des symptômes d'Alzheimer ou de Parkinson.
06:20Perte de mémoire, troubles de la personnalité, des fonctions motrices, dépression.
06:25Certains pensent que Mohamed Ali en serait atteint.
06:28Problème, pour poser le diagnostic de démence pugilistique, il faut juste ouvrir le cerveau.
06:34Même si le Dr Scherman estime que 20% des boxeurs professionnels pourraient développer ces troubles,
06:39la pratique de la boxe a beaucoup changé.
06:42En fait, c'est des boxes qui ont totalement évolué depuis un siècle.
06:46Il faut bien voir qu'un boxeur professionnel faisait 300 combats dans une carrière avant.
06:51Actuellement, c'est 30 combats.
06:53Avant, il y avait je ne sais plus combien de rondes.
06:56Maintenant, les rondes ont énormément diminué.
06:59Il y a beaucoup moins de traumatismes qu'il y en avait avant.
07:02Ce n'est pas du tout pareil d'être boxeur en 2015 ou 2016 et boxeur en 1920.
07:09Aujourd'hui, c'est le grand jour pour Eduardo et Jean-Claude, son entraîneur.
07:13Après des semaines de préparation, ce jeune étudiant de 20 ans va participer à un gala de boxe amateur.
07:19Mais avant ça, passage obligatoire devant les représentants de la fédération.
07:24Et ça commence par la pesée.
07:29Pour équilibrer les affrontements, les boxeurs ne doivent pas dépasser le poids correspondant à leur catégorie.
07:36Le poids est parfait.
07:39Deuxième examen, cette fois-ci devant le médecin.
07:53Pour protéger les sportifs, la fédération française de boxe anglaise impose une visite médicale avant chaque combat.
08:06Et les blessures au niveau de la face, s'il y avait des blessures cachées, là ce n'est pas le cas.
08:13Ce monsieur est parfait, donc très très bien.
08:16Pour quelles raisons vous faites cette visite ?
08:18Je crois que c'est toujours nécessaire, surtout dans ce genre de match où les coups sont assez durs.
08:25Les coups de poing entraînent toujours une résonance dans la boîte crânienne.
08:33Il y a toujours une onde de choc qui se produit à chaque fois dans la boîte crânienne.
08:39Et il faut s'assurer que le sujet est en très bonne santé physique.
08:44Le docteur Chambard sera aussi médecin de ring.
08:47L'arbitre pourra l'appeler à tout moment si la santé d'un boxeur est en jeu.
08:56Les matchs commencent sous la surveillance de l'arbitre.
09:00C'est le docteur Chansigaud qui s'en charge.
09:03Soit le médecin, soit l'arbitre, c'est protection.
09:06Le leitmotiv, c'est protéger le boxeur.
09:12Si le boxeur a pris un coup sévère, l'arbitre arrête le combat et le compte jusqu'à 8.
09:18Et s'il n'est pas calme à 8, c'est le cas.
09:29Sur un ring, il n'y a pas que le chaos.
09:31Hématomes, arcades sourcilières ouvertes, fractures.
09:35Malgré la protection des gants, les coups peuvent blesser.
09:40Fractures de mâchoire.
09:41Fractures de mâchoire, bien sûr.
09:43Le médecin de ring va s'en rendre compte tout de suite, il va arrêter le combat.
09:46Les fractures de nez, on voit les fractures de nez.
09:48D'ailleurs, tout boxeur qui saigne, qui a été ramené dans son coin pour se faire essuyer et qui saigne beaucoup,
09:52on l'amène dans le coin du médecin pour vérifier qu'il n'y a pas une fracture de nez qui nécessiterait l'arrêt du combat.
09:59Les médecins de ring sont toujours très vigilants.
10:02On ne laisse pas passer des choses comme ça.
10:06Dernier match avant celui d'Edouard Do.
10:10Décontacte, décontacte, décontacte. Relâche.
10:13Pas de tension, relâche bien.
10:16Tu ne laisses pas s'exprimer, tu ne laisses pas déplier tes bras.
10:19Tu boxes à distance, c'est toi qui va prendre les coups.
10:21Tu te sens comment Edouard Do ?
10:23Prêt.
10:24Tu te sens comment ? Bien ?
10:25Bien, bien.
10:26Tu es motivé, tu es prêt et ça te va le faire.
10:28Edouard Do n'a que trois combats à son actif.
10:30Alors, avant de monter sur le ring, il doit lutter contre son traque.
10:35Tu m'enlèveras ta boucle d'oreille quand même ?
10:36Oui, bien sûr.
10:37Ah oui, ce n'est pas un défilé de mode. Pas encore.
10:42Vous savez, à chaque fois, avant de monter, on a toujours ce petit stress derrière.
10:48Mais je pense que même les grands champions, ils sentent toujours cette sensation-là.
10:54L'objectif, c'est de faire le maximum et essayer de remporter la victoire.
11:01Dernière préparation.
11:03Sous les gants, ces bandages permettent de protéger les mains des fractures.
11:12Il est temps de monter sur le ring.
11:15Et donc, Edouard Do arrive à la bouchon.
11:20En boxe amateur, le casque est obligatoire lors des dix premiers combats.
11:25Boxe offensive. Allez, c'est parti.
11:30Première reprise.
11:36Mets ta droite, Edouard Do, mets ta droite.
11:39Fais gauche-droite, fais gauche-droite.
11:41Enchaîne, enchaîne. Allez.
11:44Dis-moi ce que tu attends.
11:46Ça marque pas des points, ça, Edouard Do. Plus de coups.
11:48Ah, c'est pas normal.
11:50Tout ne se passe pas comme prévu.
11:52L'adversaire d'Edouard Do est trop grand.
11:54Il n'arrive pas à le toucher.
11:55Allez, Edouard Do.
11:58On te dit surtout pas de reculer. Tu te mets à un mètre de lui.
12:00C'est un gaucher, il faut partir en droite, droite, gauche, derrière.
12:03Ta, ta, ta, ta, ta, ta, ta.
12:05Boum. Tu vas l'avoir, Edouard Do.
12:07Il faut pas que tu l'aies.
12:09Boxer pour gagner.
12:11Boxer pour se dépasser.
12:13Pour Edouard Do, jouer des points,
12:15c'est bien plus qu'un simple sport.
12:18C'est un moyen d'expression.
12:20Moi, j'avais besoin de parler, d'être soulagé.
12:22Par exemple, il y a des jours où je suis pas bien psychologiquement,
12:25l'effet de boxer, ça m'apaise.
12:27Et ça me permet d'utiliser cette force physique dans le bon sens.
12:31La boxe nous permet d'exprimer des émotions,
12:34d'exprimer des envies.
12:36Cette violence en me faisant plaisir.
12:42Allez, recommence, recommence, recommence.
12:44C'est fini.
12:463e et dernier round.
12:48Edouard Do boxe beaucoup mieux.
12:50Son adversaire commence à saigner du nez.
12:52Abondamment.
12:54Intervention sur la demande de l'arbitre.
12:56Il est aujourd'hui un marchand d'armes médecin.
12:58Le médecin ne constate aucun problème.
13:00C'est une bonne nouvelle.
13:02Fin du combat.
13:04Fin du combat.
13:06Fin du dernier round.
13:08Reste l'attente du verdict.
13:10Déclaré vainqueur au point à l'unité des juges.
13:12Point rouge, Edouard Do.
13:14Cela a gagné.
13:164e et dernier round.
13:18C'est fini.
13:20C'est fini.
13:22C'est fini.
13:24C'est fini.
13:26C'est fini.
13:28C'est fini.
13:30Jaky Do.
13:32Point rouge.
13:38Julie, 33 ans, travaille dans l'édition.
13:40Après 3 ans d'arrêt,
13:42elle se rend 2 fois par semaine
13:44à sa séance d'entraînement de boxe thaïlandaise.
13:46Après des années de compétition,
13:48la passion s'est éteinte.
13:50Trop d'investissement et de sacrifices.
13:52Mais l'intensité des entraînements
13:54a fini par lui manquer.
13:56Si aujourd'hui, elle vient retrouver son entraîneur, ce n'est plus pour monter sur le ring, mais c'est quand même pour tout donner et avec André Zetoun, il faut s'accrocher.
14:09Jambes croisées, coup de collé au corps, main à plat sur le tapis, coup de collé au corps.
14:14Prêt !
14:17Mouche, on y va, sort !
14:181, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
14:37Circulaire ! Rentre la tête, Julie.
14:39Travaille pas en force.
14:40Tranche pas le corps, tranche pas le corps.
14:42Le corps droit, circulaire.
14:44La dureté des entraînements avec Andrée Zetoun, elle sait ce que c'est.
14:48Dix ans qu'elle a ouvert la porte de cette salle pour la première fois.
14:51Elle était venue chercher un peu d'apaisement.
14:54La boxe comme une thérapie.
14:57Dès petite, j'étais très attirée par les arts martiaux.
15:01Et en grandissant, j'avais beaucoup de tensions à évacuer.
15:10Beaucoup de rage en moi.
15:12Il fallait un bon moyen et sain d'évacuer tout ça.
15:16Et au final, toute la nervosité que j'avais,
15:19s'est transformée en une envie de me dépasser.
15:24Pour m'apporter un petit peu plus d'estime et de confiance en moi.
15:34Beaucoup de sportifs comme Julie
15:36viennent trouver ici un moyen d'évacuer le stress,
15:38la colère, la frustration parfois.
15:40Se dépenser, vivre une expérience pas commune,
15:43avec un entraîneur pas commun.
15:51On va pas se mentir, le Muay Thaï c'est dur.
15:53On dit je vais jouer au tennis, jouer au foot, jouer au basket.
15:55Tu dis pas, oh tiens, je vais jouer à la boxe.
15:57On va boxer.
15:58Boxer, ça veut dire tout de suite contact.
16:00Tout de suite, ça veut dire bagarre, entre guillemets.
16:03Donc les gens, ils viennent chercher une espèce d'exutoire.
16:09Tu vois, ils viennent se lâcher.
16:11Ils viennent transpirer.
16:13Ils viennent apprendre quelque chose.
16:15Ils viennent collaborer à quelque chose.
16:17Partager quelque chose.
16:19Mais un peu de rudesse et puis un peu de discipline aussi.
16:22Voilà, c'est un mélange de tout ça.
16:23Ils ont besoin de ça.
16:24Enfin, ils, on a besoin de ça.
16:28Médecins, musiciens, étudiants, chômeurs,
16:31blacks, blancs, beurre.
16:33Cette salle est toute catégorie.
16:36La boxe thaïlandaise, c'est aussi pour beaucoup de ces jeunes femmes
16:39un bon moyen de se défendre.
16:46S'il y a un ou deux mecs qui vont m'embrouiller,
16:49je sais que je suis capable de les étaler.
16:51Après plus, ou quelqu'un avec un couteau,
16:53non, j'aurai pas cette prétention.
16:59En compétition, c'est vrai que c'est assez impitoyable.
17:03La moindre faille, ça peut devenir potentiellement dangereux.
17:08Il y a des coups qui te couche.
17:11C'est sûr qu'on se caresse pas.
17:20Julie est devenue compétitrice
17:22parce qu'elle avait besoin de connaître ses limites,
17:24d'aller au bout d'elle-même,
17:26pour enfin se trouver,
17:28malgré les blessures,
17:30malgré la douleur des combats.
17:34La douleur, on ne la ressent pas tant que ça.
17:36Moi, je me dis toujours, tant que je suis debout, je continue.
17:38Mais après un combat,
17:40on a l'impression d'être passé à la moulinette.
17:42On est en miettes.
17:44Mais bon, ça, c'est pas grave.
17:46C'est pas très grave.
17:48Quand on gagne,
17:50la douleur, c'est secondaire.
17:54Après tant de mois de travail intense,
17:57tu gagnes.
17:59C'est une joie indescriptible.
18:01Quand on perd, la terre s'arrête de tourner.
18:05Je suis vraiment très contente
18:07d'avoir pu vivre cette aventure-là.
18:09Ça a été très riche, très intense.
18:13J'ai pu voyager,
18:15ça a pris beaucoup sur moi.
18:17Ça a été une expérience formidable
18:19qui restera toujours gravée en moi.
18:23Je suis très heureuse d'avoir vécu ça.
18:31Bonjour, je viens pour le cours de boxe.
18:33Merci.
18:36Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne.
18:39Comme tous les vendredis,
18:41Jean-Claude vient donner un cours de boxe aux détenus.
18:45Bonjour.
18:47Salut, les gars.
18:49On fait un petit peu la course à pied.
18:51Tout le monde est prêt ? Allez, on roule.
18:55600 détenus de courte et longue peine
18:57sont enfermés ici.
18:59Pour participer au cours de boxe,
19:01il faut faire une demande administrative
19:03et avoir un comportement irréprochable.
19:11Jean-Claude intervient en milieu carcéral
19:13depuis de nombreuses années.
19:15Il croit au bienfait de son sport
19:17et ne fait aucune différence entre ses élèves.
19:21C'est des gens comme les autres,
19:23qui ne se comportent pas comme les autres, malheureusement.
19:25C'est pour ça qu'ils sont là.
19:27Ils ont besoin de se défouler.
19:29Ils ont besoin de s'analyser bien.
19:31Ça leur fait un monstre,
19:33physiquement et psychologiquement.
19:41Le sport, c'est un mode de vie en prison.
19:43C'est très important.
19:45Ça enlève le stress, ça crée de l'endorphine,
19:47ça nous permet de dormir.
19:49Après un entraînement comme ça, on dort bien.
19:51Franchement, si on n'avait pas le sport,
19:53je ne sais pas ce qu'on ferait.
19:55L'enfermement, c'est des côtoyers d'autres personnes
19:57qu'on ne connaît pas forcément.
19:59On est mélangé à plein de personnes.
20:01La boxe, ça lâche les tensions.
20:03Ça lâche les tensions.
20:07Jean-Claude connaît le manque de discipline
20:09de ces boxeurs d'un jour.
20:11Alors, il utilise la boxe
20:13pour transmettre le goût de la rigueur,
20:15l'intérêt des règles.
20:17On va se lancer dans le petit combat.
20:19Je vais mettre un arbitre,
20:21je vais mettre des juges autour.
20:23Ils vont essayer de compter les points
20:25et on va se rendre compte que le travail d'arbitre
20:27et de juge n'est pas facile.
20:29Le ring, c'est tout ça.
20:31L'arbitre, c'est toi.
20:33En place.
20:35Tourne avec eux.
20:39L'arbitre.
20:41Est-ce que t'as vu que c'est interdit, ça ?
20:43Non.
20:45T'as le droit de faire ça.
20:47Quand t'as les mains devant,
20:49pas quand t'as la tête comme ça.
20:5110 secondes.
20:5310 secondes.
20:55Juge, t'as vu combien, toi ?
20:57Qui c'est qui a gagné ?
20:59Bleu pour toi.
21:01Regarde, faut bien vous compter.
21:03C'est dur, là.
21:05J'ai plus de juges, je meurs.
21:07Là, tu l'as fait.
21:09Crochet gauche.
21:11Respecter les règles est d'abord l'adversaire.
21:13Repousser ses limites physiques.
21:15Ça peut paraître peu de choses,
21:17mais en milieu carcéral,
21:19c'est de l'humilité et de confiance en l'autre qui renaît.
21:21Time !
21:23C'est bien, les gars.
21:25Vous avez été au bout, c'est bien.
21:29Attendez, attendez, on n'a pas donné la décision, encore.
21:33Décision unanime, match nul.
21:37Bravo, les gars.
21:39Dans une semaine, grâce à leur entraîneur,
21:41ces prisonniers pourront s'évader, à nouveau.
21:43Ils sont un peu impatients, puis moi avec,
21:45parce qu'il y a un groupe qui est chaud comme ça.
21:47Je suis dans mon élément,
21:49donc j'oublie qu'on est en prison.
21:51Les gars, la santé, c'est là-bas,
21:53sur le terrain.
22:05Un peu de musique, c'est parti.
22:09Demba a 25 ans.
22:11Chaque matin, il court dans sa cité de Pantin.
22:13Dans quelques jours,
22:15il va participer à un combat de boxe thaïlandaise.
22:19C'est comme si j'étais construit pour faire du sport.
22:21Je suis fait pour ça.
22:23Ça donne un sens à ma vie.
22:25Sans le sport, il manque quelque chose.
22:27Sans la boxe, il manque quelque chose.
22:29Après une dizaine de combats,
22:31c'est encore un jeune compétiteur.
22:33Mais sa victoire en Coupe de France il y a 2 ans
22:35l'a motivé pour remonter sur le ring.
22:37Il se verrait bien enrichir son palmarès,
22:39mais il en connaît le prix.
22:41On peut avoir une blessure,
22:43c'est ce qu'on redoute le plus.
22:45Après un combat, souvent, on est blessé.
22:47Ça peut arriver.
22:49C'est un peu...
22:51C'est un peu compliqué.
22:53La blessure, c'est...
22:55Pour un boxeur, je pense,
22:57ça peut arrêter une carrière.
22:59C'est comme dans tous les sports.
23:01Je pense que ça fait peur à tous les sportifs.
23:03Pour éviter la blessure,
23:05il faut s'entraîner dur.
23:07Comme lui répète souvent son coach André Zetoun,
23:09pendant un entraînement,
23:11tu seras puni sur le ring.
23:17Malgré ses qualités physiques,
23:19Demba est d'un caractère
23:21plutôt pacifique.
23:23Pour augmenter ses chances de remporter la victoire,
23:25son entraîneur le pousse à devenir
23:27plus agressif.
23:33C'est ce qui me manque un peu, justement.
23:35Cette agressivité-là.
23:37C'est ça, à la base.
23:39Mais c'est ce qui manque aussi, peut-être.
23:41Et je travaille sur ça.
23:51Le fait de se livrer,
23:53d'être à nu face à un compétiteur,
23:55c'est difficile.
23:57Il faut énormément de courage
23:59pour monter sur un ring.
24:01C'est profond.
24:03C'est pas naturel d'aller se battre.
24:05Est-ce qu'il y a de la peur ?
24:07Bien sûr, il y a de la peur.
24:09Il y a le doute.
24:11Il y a toutes les formes d'émotions
24:13que tu peux ressentir au quotidien,
24:15comme le courage, la détermination,
24:17la peur, la trouille.
24:19T'as des gens dans les vestiaires,
24:21ils sont tendus, ils sont blancs.
24:23Il y en a qui vomissent.
24:25Il y en a qui sont marrants.
24:27C'est là que tu te rends compte
24:29que t'es humain.
24:31C'est ça qui est génial.
24:33Il met à contribution toute la salle.
24:35A la Sénégalaise, j'en veux pas.
24:37Moi, je veux des coups de poing de Malien.
24:39Il faut que ce soit dû.
24:41Trop dû, même, là.
24:45Prêt ?
24:47Damba, t'es prêt ?
24:49On y va !
25:03Aubervilliers.
25:05Un gala de boxe thaïlandaise.
25:07Comme chaque week-end,
25:09dans toute la France,
25:11des dizaines de boxeurs
25:13et boxeuses s'affrontent
25:15pour le plus grand plaisir
25:17des spectateurs.
25:19André Zetoun est venu
25:21aujourd'hui avec sa laine.
25:23C'est la 1re fois que son jeune boxeur
25:25monte sur le ring.
25:27Mais avant chaque combat,
25:29l'adrénaline est là,
25:31j'ai toujours la même sensation.
25:33Je sens que ça commence à monter,
25:35parce que c'est juste derrière.
25:37Voilà, voilà !
25:45Marche, marche !
25:47En bas, en bas !
25:49Attrape, attrape !
25:53Voilà, c'est ça !
25:55Plus fort !
25:58Rentre le manteau !
26:00Ouais !
26:02Respire !
26:04Respire !
26:06Premier combat,
26:081re victoire.
26:10Mais aussi 1er choc.
26:12Malgré les protections,
26:14Salem sort du ring avec une grosse douleur au tibia.
26:16Mais pas question de se plaindre
26:18devant le coach.
26:20C'était un combat équilibré.
26:22Salem a été plus technique,
26:24mais je suis très content.
26:27Non, mais je veux dire...
26:29Voilà, t'es content !
26:31Je suis très content.
26:33En plus, le travail, ça porte ses fruits tout le temps.
26:37Je suis super content quand ils ne se font pas blesser.
26:39Parce qu'après la boxe,
26:41il y a la vraie vie.
26:43T'as le travail, il faut que tu te lèves le matin.
26:45C'est la vraie vie.
26:47Ça fait plaisir, franchement.
26:49Ça fait du bien que j'aime.
26:51Voilà, c'est la fin de ce document.
26:53Demain, dans In Vivo, nous prendrons la direction
26:55de l'étang de Baire près de Marseille
26:57où plus d'une centaine d'usines de pétrochimie,
26:59de sidérurgie et d'acierie sont implantées.
27:01Conséquence de cette pollution,
27:03les habitants y sont plus malades qu'ailleurs en France.
27:05Rencontre avec des habitants, des médecins
27:07et des politiques pour mieux comprendre.
27:09D'ici là, passez une très bonne après-midi
27:11et on se retrouve demain. Au revoir.

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