Avons-nous besoin d’avoir du pouvoir

  • il y a 5 mois
Dès le bac à sable, les bambins savent qui est le chef. Et cette intuition nous guide tout au long de la vie, à l’école, au bureau comme en famille. L’expérience du pouvoir change la personnalité : les puissants prennent des risques inconsidérés, ils cèdent à leurs impulsions et manquent d’empathie. Certains sont même hermétiques à toute critique. C’est la porte ouverte aux conflits, voire aux guerres.

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00:00 Les grands et puissants de ce monde.
00:02 On les dit souvent cruelles, cyniques, antipathiques.
00:06 Ils n'hésitent pas à piétiner les valeurs morales,
00:09 à couper brutalement le sifflet à leurs opposants
00:12 et à créer leurs propres règles.
00:14 Mais le pouvoir peut aussi rendre le monde meilleur.
00:21 Il stimule notre pensée,
00:23 et nous rendons plus puissants.
00:25 Mais le pouvoir peut aussi rendre le monde meilleur.
00:30 Il stimule notre pensée,
00:32 et nous rendons plus puissants.
00:35 Il faut aussi reconnaître que, parfois,
00:38 suivre un leader qui mène le jeu, ça a ses avantages.
00:41 Peut-on dire que l'être humain est naturellement attiré par le pouvoir ?
00:45 Peut-on dire que l'être humain est naturellement attiré par le pouvoir ?
00:48 Peut-on dire que l'être humain est naturellement attiré par le pouvoir ?
00:51 Peut-on dire que l'être humain est naturellement attiré par le pouvoir ?
00:55 Le pouvoir est la base des hiérarchies sociales.
00:58 Si nous étions tous sur un pied d'égalité,
01:01 est-ce que notre société fonctionnerait mieux ?
01:04 est-ce que notre société fonctionnerait mieux ?
01:07 Comme un aimant, le pouvoir attire autant qu'il repousse.
01:31 Certains y voient le fondement même de la société.
01:34 D'autres le considèrent comme la source du mal.
01:37 À en croire Oscar Wilde, le pouvoir est même plus élémentaire que le sexe.
01:41 Tout dans le monde est question de sexe.
01:47 Sauf le sexe. Le sexe est une question de pouvoir.
01:50 Il n'avait pas tort. On vit dans un monde obsédé par le pouvoir.
01:55 Qui gouverne le pays ? Qui dirige l'entreprise ?
01:58 Qui a le plus d'argent ? La plus grosse voiture ?
02:01 Les plus gros muscles ? Le plus de followers ?
02:04 Tout le monde veut du pouvoir. Et même, tout le monde en a besoin,
02:07 ne serait-ce qu'un peu. Mais il est mal vu de l'avouer.
02:10 Qu'est-ce que le pouvoir, au juste ?
02:13 On vous a demandé ce que vous aimeriez pouvoir contrôler.
02:22 Plus de la moitié a répondu "ma vie".
02:25 La preuve inquiétante que vous semblez nombreux
02:28 à avoir l'impression que les choses vous échappent.
02:31 Un cinquième d'entre vous dévoile leur saine ambition
02:34 de devenir le maître du monde.
02:37 Mais vous êtes tout aussi nombreux à ne désirer aucun pouvoir particulier.
02:41 Et un tout petit pourcentage voudrait avoir de l'emprise
02:44 sur son ou sa partenaire.
02:47 Le philosophe italien Nicola Machiavel
02:50 a donné une définition assez peu réjouissante du pouvoir.
02:53 Selon lui, on est puissant quand on peut mentir
02:56 et agir avec violence et cruauté en toute impunité.
02:59 Si c'est ça le pouvoir, est-ce vraiment ce qu'on veut ?
03:02 Les despotes de ce monde en tout cas considèrent la violence
03:07 comme un moyen efficace d'asseoir leur régime autoritaire.
03:10 Dans nos démocraties libérales, c'est la séparation des pouvoirs,
03:13 la souveraineté populaire et le principe d'égalité sociale
03:16 qui s'appliquent.
03:19 Comment concilier ces belles idées avec l'attrait du pouvoir ?
03:22 Il y a un consensus maintenant
03:25 que le pouvoir est vraiment à propos de l'influence.
03:28 C'est à propos d'un individu,
03:31 d'une communauté ou d'une capacité de la société
03:34 pour alterner le stade d'une autre entité,
03:37 que ce soit la change de pensée,
03:40 de l'attitude, de la croyance, de la façon dont elles se comportent,
03:43 de la santé, de leurs circonstances financières.
03:46 En un sens, la lutte pour le pouvoir
03:49 commence dès la conception.
03:52 Plusieurs millions de spermatozoïdes s'affrontent
03:55 pour féconder l'ovule.
03:58 Une lutte d'influence féroce qui se joue dès le berceau.
04:17 Alors laissons-lui ce court instant de répit.
04:20 Nourrissons, phase d'opposition, puberté,
04:28 la quête de pouvoir s'intensifie et évolue au fil de notre vie.
04:31 Tout de même, considérer notre existence
04:41 comme un rapport de force constant est un peu extrême.
04:44 Et si le pouvoir était plutôt quelque chose de neutre,
04:47 quelque chose de fluide ?
04:50 Le pouvoir existe partout.
04:53 Il flowe, mais il doit être contrôlé.
04:56 Pour ce faire, nous pouvons mettre en place
04:59 des règles ou des accords institutionnels,
05:02 sinon une seule personne pourrait
05:05 empêcher le flux.
05:08 Mais si tout est bien connecté,
05:11 et que nous pouvons faire cela par des institutions sociales
05:14 comme les normes et les constructions sociales,
05:17 alors le pouvoir a cette incroyable capacité
05:20 de faire exploser les innovations
05:23 et de mettre le monde en mouvement.
05:26 La force est ce qui donne au Jedi son pouvoir.
05:41 C'est un champ d'énergie créé par tous les êtres vivants
05:44 qui nous entoure et nous pénétre,
05:47 qui unit la galaxie.
05:50 Le pouvoir est la base de la hiérarchie sociale.
05:59 Quand un individu ou une groupe
06:02 fait des décisions pour d'autres,
06:05 que ce soit un adulte qui fait une décision pour un enfant
06:08 ou un leader qui fait une décision pour une communauté,
06:11 les groupes sont les mêmes.
06:14 Ils forment les piliers de la majorité
06:17 de la société moderne.
06:20 La force sociale est la base d'un groupe auquel il peut s'appliquer.
06:23 Aussi puissant soit-il, un ermite vivant seul
06:26 ne pourrait exercer son autorité sur personne.
06:29 C'est une force sociale qui s'applique à chaque individu
06:32 et organise l'activité humaine.
06:35 La machine du pouvoir
06:38 vrombit à tous les échelons de la société
06:41 et la fait avancer.
06:44 Elle fait tourner une multinationale
06:47 de gouvernements, de gouvernements nationaux
06:50 et de gouvernements nationaux
06:53 autant qu'une assemblée rurale.
06:56 Un vaste clan familial, tout comme un petit foyer.
06:59 Est-ce la preuve que le pouvoir est biologiquement ancré en nous ?
07:02 Et pourrait-on mesurer sa présence ?
07:05 L'un des clichés qui s'est imposé
07:08 est celui de la testostérone
07:11 comme l'hormone du pouvoir par excellence.
07:14 La testostérone comme l'hormone du pouvoir
07:17 est trop court à comprendre car elle n'est pas un concept social.
07:20 C'est un hormone qui fait beaucoup dans notre corps.
07:28 Il y a aussi des contextes dans lesquels
07:31 nous comprenons notre pouvoir dans notre catégorie sociale.
07:34 Mais il y a une influence bien plus élevée.
07:37 Et le pouvoir, quel effet a-t-il sur notre organisme ?
07:40 Quand on éprouve un sentiment de puissance,
07:43 on observe les mêmes réactions cérébrales
07:46 qu'avec le sexe ou la consommation de drogue.
07:49 Notre cerveau est doté d'une sorte de centre de la motivation,
07:52 le noyau Ackermanns.
07:55 Il réagit à la dopamine et génère de l'anticipation, du désir
07:58 et l'expectative d'un sentiment de bonheur.
08:01 L'exercice du pouvoir stimule ce centre.
08:04 Et si on obtient ce qu'on veut, le circuit de récompense s'active.
08:07 On ressent alors une telle satisfaction
08:10 qu'on en veut plus.
08:13 Alors pourquoi y a-t-il des gens toujours assoiffés de pouvoir
08:16 et d'autres qui se satisfont pleinement d'obéir ?
08:19 Pour analyser ce phénomène, une étude de psychologie
08:24 a utilisé l'histoire d'un capitaine sur un bateau de plaisance.
08:27 Il est chargé de contrôler les tickets.
08:30 Or l'un des passagers n'en a pas.
08:33 Les candidats de l'étude doivent imaginer la suite de l'histoire.
08:36 Selon leur rapport au pouvoir,
08:39 la situation est très différente.
08:42 Il y a des probandes qui racontent la histoire
08:45 où le capitaine est fait courir par le passager.
08:48 Le passager essaie de s'en aller.
08:51 Le capitaine devient en colère et laisse le passager partir.
08:54 Mais il y a aussi des gens qui ont l'exact même image
08:57 et racontent une histoire
09:00 où le capitaine rencontre un vieil ami
09:03 et ils ont une super heure pendant la course.
09:06 Les histoires peuvent être telles ou telles.
09:09 Une personne voit un rêve de puissance.
09:12 L'autre voit quelque chose de tout autre.
09:15 Une occasion pour se faire un amour.
09:18 Il existe deux types de personnes.
09:21 Celles dont le besoin de pouvoir est faible
09:24 et qui ne cherchent pas à s'imposer.
09:27 Et celles qui aspirent au pouvoir et adorent tirer les ficelles.
09:30 Pourquoi cette différence ?
09:33 Le pouvoir a-t-il profité à l'évolution de l'espèce humaine ?
09:36 Il est évident que chasser le mammouth est plus efficace
09:39 si on n'a pas à discuter longuement de chaque détail
09:42 en assemblée démocratique.
09:45 Et pourtant, les chasseurs-cueilleurs étaient bien plus civilisés
09:48 qu'on l'imagine.
09:52 L'obtention de ressources sauvages
09:55 ne vous permettra pas de trouver ce que vous avez décidé.
09:58 Les moyens de combattre ces risques dans les communautés
10:01 modernes sont les coopérations.
10:04 Beaucoup de sociétés adhèrent à un constructeur social
10:07 appelé "sharing demand".
10:10 C'est quand quelqu'un peut demander à un autre membre de la communauté
10:13 pour une partie d'un ressource et le rêve est reçu.
10:16 Je ne suis pas sûre de ce que vous pouvez faire de plus civilisé.
10:20 Les Bayaka du Congo, par exemple,
10:23 vivent encore aujourd'hui dans une société très égalitaire,
10:26 sans chef ni hiérarchie
10:29 et où chaque membre a son mot à dire.
10:32 Ils n'appliquent qu'une forme d'autorité qu'en cas de nécessité,
10:35 par exemple pour coordonner une expédition de chasse.
10:38 Mais des sociétés plus complexes peuvent-elles aussi s'organiser
10:42 comme le peuple Bayaka ?
10:45 Ou faut-il en passer par une répartition du pouvoir inégal ?
10:48 Comme sur un échiquier ?
10:52 Dans le chasseur, il y a différentes personnes
10:54 qui ont différentes forces.
10:57 Le constructeur ne peut pas faire autant, il peut aller un pas en avant.
11:00 Le roi est à la fin,
11:03 mais il est aussi un peu handicapé, car il ne peut pas aller qu'un pas.
11:06 C'est un peu comme dans la société.
11:09 Certains ont plus de force, d'autres moins.
11:12 Mais même le constructeur peut faire quelque chose.
11:15 Les personnes qui ont le moins de pouvoir structurellement
11:18 et qui ont le moins d'accès à la force
11:21 sont encore en mesure d'avoir une forme d'impact sur les autres.
11:24 Symbolisé par le pion, le paysan a le contrôle sur ses animaux.
11:27 Et peut-être sur un garçon de ferme.
11:30 Au fil des siècles, ceux qui étaient autrefois opprimés et impuissants
11:35 ont aussi gagné en influence et en souveraineté.
11:38 Grâce à l'abolition de l'esclavage, par exemple.
11:41 Est-ce propre aux humains de vouloir gommer les inégalités
11:44 et tendre vers une répartition plus équitable du pouvoir ?
11:47 Jetons un œil dans le règne animal et chez nos proches cousins.
11:50 Quel est leur rapport au pouvoir ?
11:53 Chez les autres grands singes,
11:56 on constate qu'il n'est pas équitablement réparti.
11:59 C'est généralement le plus fort qui décide pour tout le groupe.
12:02 Par exemple quand il s'agit de partir en quête de nourriture.
12:05 Et comme les petits des singes dominants ont de meilleures chances de survie,
12:08 ces derniers sont souvent considérés comme plus attractifs.
12:11 Un cliché qui a tout d'une réalité.
12:14 On est loin d'une répartition démocratique du pouvoir.
12:18 Exemple avec les pintables.
12:21 Les pintables sont des objets de la culture animale.
12:24 Ils sont souvent les plus importants.
12:27 Ils sont les plus importants pour la culture animale.
12:30 Ils sont les plus importants pour la culture animale.
12:33 Ils sont les plus importants pour la culture animale.
12:36 Ils sont les plus importants pour la culture animale.
12:39 Ils sont les plus importants pour la culture animale.
12:42 Ils sont les plus importants pour la culture animale.
12:45 Exemple avec les pintades vulturines.
12:48 Elles vivent dans la savane du Kenya,
12:50 en troupe comprenant jusqu'à 60 individus
12:53 et avec plusieurs niveaux de hiérarchie.
12:56 On a longtemps pensé que les individus alpha décidaient des déplacements du groupe.
13:02 Mais il semblerait que ce soit plus subtil que cela.
13:07 Ce que nous voyons ici est une forme de décision de part,
13:10 qui est plus proche de ce que nous appelons la démocratie dans les humains.
13:14 Cette organisation démocratique a un avantage pour tout le groupe.
13:20 Si des individus alpha monopolisent les ressources alimentaires,
13:23 en d'autres termes, abusent de leur pouvoir,
13:26 alors le reste du groupe oblige toute la troupe à quitter les lieux.
13:30 Ainsi, tous se retrouvent suffisamment à manger ailleurs.
13:33 Une réaction collective à une injustice sociale,
13:36 rectifiée pour assurer la survie de tous.
13:39 On peut faire le parallèle avec les échecs.
13:44 Là aussi, les pions, normalement les pièces les plus faibles,
13:47 peuvent exercer une forte pression quand ils allient leurs forces stratégiquement.
13:52 Ainsi, ce que la société humaine a développé à grand peine,
13:58 via la séparation des pouvoirs ou l'établissement de lois,
14:02 ça existe déjà à l'état naturel ?
14:05 Est-ce qu'au sein de l'espèce humaine aussi,
14:20 il existe des mécanismes instinctifs de compensation face à ceux qui veulent dominer ?
14:25 Cela suppose d'avoir un sens du pouvoir et de l'égalité bien développé.
14:30 Sinon, impossible de rivaliser avec les pintades.
14:33 Nous serions donc naturellement dotés d'une sorte de hiérarchomètre,
14:56 qui guide notre comportement dans toutes sortes de situations sociales.
15:00 Notre sens instinctif du pouvoir s'est affiné au fil de l'évolution,
15:25 afin qu'on sache affronter des situations sociales, elles aussi toujours plus complexes.
15:30 Mais selon notre place dans la pyramide sociale,
15:34 le pouvoir peut aussi peser lourdement sur notre existence.
15:37 Quelles conséquences pour ceux qui sont opprimés, torturés ou exploités ?
15:42 Celui qui se sent toujours impuissant produit des hormones de stress, comme le cortisol.
15:48 Or, une longue exposition au cortisol peut être dangereuse pour la santé.
15:52 Quand on est au bas de l'échelle sociale, avec peu d'argent et une éducation lacunaire,
15:57 on est plus à risque de souffrir de toutes sortes de maladies.
16:00 Les symptômes d'une déficience de pouvoir.
16:04 Si je me sens moins puissant que mon voisin, je suis plus vulnérable à la maladie.
16:09 Je suis plus probable de ressentir de la sérieuse anxiété.
16:12 Je suis plus probable d'en suivre des épisodes de dépression.
16:16 Je suis plus probable d'avoir des problèmes physiques,
16:19 comme des disturbances de sommeil ou d'une inflammation élevée dans le corps.
16:24 Ce que cela nous dit, c'est que, non seulement est-ce l'abuse de pouvoir un problème pour la société,
16:30 mais quand la société ne donne pas le pouvoir à autant de personnes que possible.
16:34 Cela explique peut-être aussi que tant de gens aspirent à dominer.
16:38 Faire un bond dans la hiérarchie sociale suppose d'avoir les compétences adéquates,
16:44 comme une bonne communication, un esprit d'équipe et de l'empathie.
16:48 Sauf qu'une fois en position d'autorité, les puissants ont tendance à perdre ces capacités.
16:53 Étrange, non ?
16:54 Nous gagnons le pouvoir en actant de façon qui bénéficie à l'ensemble,
17:00 ou ce que certaines personnes appellent le comportement socialement intelligente.
17:04 Mais malheureusement, une fois que j'ai acquis le pouvoir,
17:07 toutes mes compétences qui m'ont donné le pouvoir au début sont diminuées.
17:11 Je deviens plus rude, plus inapproprié, j'engage dans des comportements immoraux au travail.
17:16 Je peux continuer, et c'est donc le paradoxe.
17:20 Arrivé au sommet, les gens changent radicalement d'attitude.
17:24 Ils prennent des risques inconsidérés, se montrent impulsifs, manquent d'empathie.
17:29 Un chef devient un tyran quand il ne se sent pas de taille à assumer sa position.
17:34 Il sait qu'il est sous surveillance,
17:36 et le stress ressenti transforme son autorité en force destructrice.
17:41 La responsable de ce retournement de situation est là encore la dopamine.
17:49 Car l'hormone liée à la motivation agit aussi sur les zones cérébrales responsables de l'attention et de l'anticipation.
17:56 L'afflux de dopamine dans ces zones entrave la capacité de jugement et le contrôle de l'impulsivité.
18:02 Les puissants deviennent arrogants, inventent de nouvelles règles morales.
18:06 Bref, ils sont aveuglés par le pouvoir.
18:09 Comme dans Le Seigneur des Anneaux, où Frodo le Hobbit fait l'expérience de la tentation du pouvoir absolu.
18:16 L'anneau qu'il porte modifie son comportement social et amical.
18:20 Il a dans les mains un tel pouvoir que cela pervertit ses pensées, ses sentiments et ses désirs.
18:26 Devenu insensible et distant vis-à-vis de ses compagnons, il ne pense plus qu'à son propre pouvoir.
18:44 Le pouvoir exerce un attrait indéniable.
18:47 Et il est facile d'en abuser dans son propre intérêt, jusqu'à commettre les pires actes criminels.
18:53 Des dictateurs font torturer les citoyens insoumis et assassiner leurs opposants politiques.
18:58 Des hommes d'église haut placés abusent d'enfants.
19:01 Des hommes politiques changent les lois à leur profit, mentent à la justice ou organisent des fêtes débridées en pleine pandémie.
19:12 Même au quotidien, on observe que ceux qui se sentent puissants enfreignent plus facilement les règles.
19:18 Des chercheurs américains ont analysé quelles voitures s'arrêtaient plus volontiers au passage clouté.
19:23 Les berlines de luxe ou les petites citadines d'entrée de gamme ?
19:27 Le résultat ? Les conducteurs de voitures coûteuses ont une conduite plus dangereuse et sont moins enclin à laisser traverser les piétons.
19:35 Un autre indice que le pouvoir corrompt ?
19:38 L'abu de pouvoir se manifeste surtout quand le responsable ne risque rien, que sa domination n'est pas contrôlée.
19:53 En un mot, qu'elle est totale.
19:55 Comme dans l'adaptation au cinéma par Roman Polanski de la pièce "La jeune fille et la mort".
20:00 Une femme menace de tuer son ancien tortionnaire et lui demande pourquoi il l'a torturé lorsqu'elle était jeune.
20:07 Les hommes oppriment les femmes impuissantes.
20:10 C'est encore la réalité dans de nombreuses sociétés.
20:13 Mais est-ce pour des raisons culturelles ? Est-ce la faute du patriarcat ?
20:18 Ou peut-être que les femmes sont simplement moins obsédées par la détention du pouvoir ?
20:24 Le pouvoir est un concept très gendré.
20:27 Et ça commence par l'idée que les femmes et les hommes, en utilisant ces catégories,
20:34 se déclarent et utilisent le pouvoir un peu différemment.
20:38 Les hommes sont un peu plus machiavélistes que les femmes.
20:41 Ils coopèrent, ils se déclarent, ils se déclarent.
20:44 Et c'est ce qui est très intéressant.
20:46 Les femmes sont un peu plus collaboratives dans leur approche au pouvoir.
20:53 L'histoire nous montre pourtant que les femmes puissantes ne valaient pas forcément mieux que les hommes.
20:57 La comtesse hongroise Elisabeth Bathory aurait torturé d'innombrables jeunes femmes.
21:02 Ce qui lui a valu le surnom de "comtesse sanglante".
21:06 Isabelle Ière, reine de Castille, était tout aussi peu amène.
21:11 Avec son mari, elle a dirigé la terrible Inquisition.
21:14 Elle a été la première femme à être déclare la "reine de Castille".
21:18 Elle a persécuté sans pitié les musulmans et les juifs.
21:23 L'histoire récente apporte aussi son lot de femmes qui ont nuit aux autres en abusant de leur pouvoir.
21:29 C'est un peu comme si on avait un peu plus de pouvoir.
21:33 Mais il y a aussi des études de large échelle qui montrent, par exemple, par Crédit Suisse,
21:39 que quand les femmes ont un plus grand pouvoir dans l'organisation,
21:43 elles sont moins probables de violer les lois éthiques de l'organisation.
21:47 Donc, nous sommes en train de faire un travail de recherche.
21:52 Et dans les 50 prochaines années, j'espère que les femmes vont continuer à le faire.
21:59 Pour l'heure, le fossé entre les gens reste profond.
22:03 Les hommes occupent la plupart des postes à responsabilité et gagnent plus d'argent.
22:08 En Allemagne, le viol conjugal n'est puni par la loi que depuis 1997.
22:13 La loi française ne le reconnaît que depuis 2006.
22:17 Et en Allemagne de l'Ouest, les femmes peuvent ouvrir un compte bancaire sans autorisation de leur mari,
22:22 depuis 1958 seulement.
22:25 En France, depuis 1965.
22:28 Mais ce déséquilibre historique est-il le signe que les femmes, par nature, n'ont pas le goût du pouvoir ?
22:36 C'est en tout cas un cliché tenace.
22:40 C'est en tout cas un cliché tenace.
22:44 C'est un peu ce qui a fait que la recherche a ignoré
22:49 les fondamentales hormonales du comportement de la puissance des femmes depuis longtemps.
22:54 Et a aussi suggéré qu'elles n'ont pas de rôle.
22:58 Ce ne peut pas être un faux.
23:01 Les femmes ont la même motivation de pouvoir que les hommes.
23:04 Nous savons cela de nos tests de motivation de pouvoir.
23:07 Elles essayent aussi d'influencer les autres.
23:12 Et quel que soit notre genre, notre comportement bascule presque toujours vers le négatif dès qu'on accède au pouvoir.
23:19 On le sait avec une étonnante étude qui nous transforme en macarons le glouton.
23:24 Trois personnes, de genres différents, sont réunies dans une pièce.
23:29 L'une d'entre elles est désignée au hasard comme le leader.
23:33 Puis les trois reçoivent un travail à faire.
23:36 Mais le vrai test est ailleurs.
23:38 30 minutes après le début de l'expérience, on apporte une assiette avec quatre cookies.
23:43 Donc un cookie par participant et un cookie en trop.
23:47 Systématiquement, chacun prend un cookie et laisse le dernier.
23:51 Et ensuite...
23:53 Vous l'aurez deviné, c'est presque toujours la personne désignée comme leader.
24:03 Et de surcroît, elle se transforme alors en affreux glouton.
24:07 On les a montrés sur la vidéo et on leur a codé comment ils mangeaient leurs cookies.
24:12 Et les individus de haute puissance étaient plus probables de manger avec leurs bouches ouverts,
24:17 leurs lèvres qui frappaient des macarons, qui volaient partout, qui tombaient sur leurs vêtements.
24:22 Plus grave que ces mauvaises manières, le pouvoir conduit aussi à la maltraitance et à la tyrannie.
24:28 Il déchire des familles, provoque des conflits, des guerres meurtrières.
24:35 Mais s'il a des conséquences aussi néfastes, qu'il peut nous mener à notre perte
24:40 et doit donc être soumis à un contrôle strict, ne serait-il pas plus intelligent d'y renoncer totalement ?
24:46 Et de miser sur l'égalité parfaite ?
24:49 Les communautés sans hiérarchie existent depuis longtemps et ont fait leur preuve.
24:55 Associations agricoles solidaires, kibbutz, projets participatifs.
25:00 Il y a quelques exemples parmi tant d'autres où tout le monde a voix au chapitre et qui fonctionnent étonnamment bien.
25:06 Les petites sociétés traditionnelles de chasseurs-cueilleurs fonctionnent aussi de la sorte depuis des millénaires.
25:12 Les communautés qui font de la chasse aux alentours du monde exhibitent des structures sociales égalitaires,
25:16 ce qui signifie qu'il n'y a pas de hiérarchie, pas de stratification sociale.
25:20 Les décisions dans ces communautés égalitaires sont faites par le consensus,
25:24 les gens soutiennent l'un l'autre en partageant des ressources, en coopérant.
25:30 Les Nambi-Kwara, en Amazonie, changeaient deux fois par an de structure hiérarchique.
25:36 Pendant la saison sèche, quand les ressources manquent, un chef était nommé et décidé avec autorité.
25:42 Et pendant la saison des pluies, quand la nourriture abonde, le groupe passait à une société égalitaire.
25:50 Mais pourquoi ces systèmes égalitaires n'existent-ils quasiment plus ?
25:57 Il y a beaucoup de soutien pour l'idée que,
25:59 en transitionnant des communautés vers une production de ressources,
26:05 nous avons déménagé de l'égalitarisme et nous sommes en train de construire des structures sociales plus hiérarchiques.
26:09 Et la raison pour cela est que, avec l'agriculture,
26:13 on a des ressources alimentaires résistantes et résistantes qui peuvent être stockpilées.
26:18 Et avec l'accrual de la richesse, on a l'émergence de l'inégalité et des dynamiques de pouvoir.
26:23 En pratique, est-ce qu'un fonctionnement égalitaire serait possible dans une société aussi complexe que la nôtre ?
26:30 Les inégalités économiques créent à elles seules un inévitable déséquilibre de pouvoir.
26:36 Toutefois, une communauté ne dépend pas uniquement d'un leader qui donne l'impulsion.
26:42 Ses membres aussi peuvent prendre des décisions collectives.
26:45 C'est ce que montrent les études sur des animaux grégaires à l'intelligence sociale très développée.
26:52 Imaginons une société de petits chiens.
26:56 Ils sont tous mis en espace de manière random.
27:03 Et puis, d'un coup, un petit chien décide de s'en aller.
27:08 Et sur son chemin, il rencontre un autre chien.
27:10 Ils commencent à se déplacer ensemble.
27:12 Et puis, ils rencontrent d'autres petits chiens, comme celui-ci.
27:18 Et puis, on a un floc cohérent qui se déplace ensemble, sans système de pouvoir centralisé.
27:25 La communauté s'organise donc seule, de façon décentralisée, sans qu'un chef de file décide de la direction à prendre.
27:35 En d'autres termes, sans exercice du pouvoir.
27:38 Que pourrait-on en tirer comme enseignement ?
27:41 La nouvelle génération d'entreprises du numérique utilise aussi le principe de la décentralisation du pouvoir.
27:48 Par exemple, dans le cadre d'une DAO, une organisation autonome décentralisée.
27:54 Ses participants décident en toute souveraineté et transparence, selon des règles communes et inscrites dans un réseau blockchain.
28:01 Le monde numérique pourrait-il assurer une répartition équitable du pouvoir ?
28:07 Si j'avais le pouvoir pour démolir le pouvoir, je le ferais.
28:11 Si je m'exprime mon opinion personnelle, je pense que la coopération peut nous permettre de gérer une société assez bien.
28:19 La philosophe Anna Arendt était du même avis.
28:24 La condition préalable à l'émergence du pouvoir est un groupe de personnes qui se rassemblent en raison d'opinions individuelles convergentes.
28:33 Le fondement d'une organisation juste est donc le consensus, et non la soif de pouvoir de quelques-uns.
28:40 Il y a néanmoins de bonnes raisons à l'existence du pouvoir.
28:51 Elles expliquent qu'en l'absence totale de hiérarchie, bien vivre ensemble serait sûrement impossible.
28:57 Dès le plus jeune âge, nous développons notre sens du pouvoir, et ce parce que nous sommes des êtres sociaux.
29:04 À nous d'accepter son caractère ambivalent.
29:07 Car si l'histoire récente nous a appris quelque chose, c'est que plus on utilise le pouvoir en bonne intelligence, plus on le répartit équitablement, mieux notre société se porte.
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