L’histoire d’amour qui unit l’homme à l’automobile a débuté il y a plus d’un siècle. Si, au début, seuls les riches et les aristocrates pouvaient s’offrir cette coûteuse invention, elle est rapidement devenue un objet de désir pour l’ensemble de la société.
En promettant à son propriétaire la mobilité, mais aussi la rapidité et la liberté, l’automobile s’est rapidement hissée au rang d’icône du progrès technologique et de symbole de la réussite individuelle. Si les records de vitesse de l’époque font aujourd’hui sourire, elle était déjà recherchée par certains automobilistes d’alors. Après la Seconde Guerre mondiale, la densité du trafic a fortement augmenté, avec pour conséquence une augmentation du nombre d’accidents. Puis les constructeurs sont parvenus à améliorer la sécurité des véhicules, tandis que la législation a mis en œuvre des mesures telles que le port de la ceinture ou la limite d’alcoolémie au volant.
En promettant à son propriétaire la mobilité, mais aussi la rapidité et la liberté, l’automobile s’est rapidement hissée au rang d’icône du progrès technologique et de symbole de la réussite individuelle. Si les records de vitesse de l’époque font aujourd’hui sourire, elle était déjà recherchée par certains automobilistes d’alors. Après la Seconde Guerre mondiale, la densité du trafic a fortement augmenté, avec pour conséquence une augmentation du nombre d’accidents. Puis les constructeurs sont parvenus à améliorer la sécurité des véhicules, tandis que la législation a mis en œuvre des mesures telles que le port de la ceinture ou la limite d’alcoolémie au volant.
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00:00 Celui qui roule trop vite arrive souvent en retard.
00:04 Au début, les voitures à chevaux ont encore l'avantage dans la circulation routière.
00:09 Il ne fallait pas dépasser 5 km/h.
00:11 Les chevaux pouvaient aller à 30, mais les automobiles seulement à 5 km/h.
00:16 Mais ça ne dure pas, et doubler devient un véritable sport pour les pionniers de l'automobile.
00:22 - Quand on roulait derrière une voiture, on avalait la poussière.
00:30 Il était donc judicieux de la doubler pour qu'elle soit à son tour dans la poussière.
00:35 La vitesse exerce toujours la même fascination.
00:39 Sur les circuits automobiles, les pilotes amateurs repoussent leurs limites.
00:43 - Il y a des gens qui ont une case en moins et qui veulent juste foncer.
00:47 Pour les mordus de vitesse, les autoroutes allemandes sont les meilleures pistes de course.
00:53 - Comme on dit, tu serres les fesses.
00:55 - C'est clair, 240.
00:57 Je suis déjà monté à 260.
00:59 En descente.
01:03 Pourquoi se laisse-t-on gagner par l'ivresse de la vitesse ?
01:07 - Je dis toujours que c'est une addiction.
01:09 C'est comme ça que je le ressens.
01:11 - C'est une addiction.
01:13 - Je dis toujours que c'est une addiction.
01:17 C'est comme ça que je le ressens.
01:19 L'homme et l'automobile, une histoire de passion.
01:23 Aujourd'hui encore, le Nürburgring attire tous ceux qui veulent connaître l'ivresse de la vitesse.
01:42 Comme Kevin Flückiger, développeur de logiciels, qui cherche à repousser ses limites au volant.
01:48 Durant son temps libre, il loue des voitures de course et se fait coacher par un professionnel.
01:56 Il débourse 500 euros pour quelques tours de circuit.
02:00 - C'est difficile à expliquer.
02:03 Il y a des gens qui ont une case en moins et qui veulent juste foncer.
02:07 Aujourd'hui, Danny Brink est le coach de Kevin Flückiger.
02:11 Sa principale mission, aider son poulain à canaliser son désir de dépassement de soi.
02:17 Car pour survivre à l'ivresse de la vitesse, il faut maîtriser le véhicule.
02:23 - La vitesse et l'envie de repousser ses limites s'entretiennent l'une l'autre.
02:29 Ce qui augmente bien évidemment les risques.
02:31 C'est pour ça que le coach cherche à améliorer les aptitudes de son élève.
02:35 Ou comme je dis, de son collègue pilote.
02:38 Il faut sonder ses limites, voir à quelle seuil il se situe et quelle marge il a pour progresser et être plus rapide.
02:44 C'est toute la difficulté.
02:46 - De la peur, je ne sais pas si c'est le bon mot.
02:50 Je parlerai plutôt de prudence.
02:52 Je pratique ce sport avec prudence et j'avance lentement, par tâtonnement.
02:58 Il y a des pilotes qui brûlent les étapes et qui doivent ensuite faire machine arrière.
03:06 Le coach prend le volant en premier.
03:08 Au programme, une journée de course durant laquelle des professionnels expérimentés vont chaperonner des pilotes amateurs avides de sensations.
03:17 Peu avant le départ, les hormones du stress prennent le dessus.
03:21 - Avec la poussée d'adrénaline, le pouls et la circulation s'accélèrent.
03:25 On est en moyenne à 180 pulsations/minute.
03:28 Avec le temps, on est un peu moins stressé.
03:30 Mais en moyenne, on est à 180 pulsations quand on roule à fond.
03:34 Ici, les moteurs des voitures ont 340 chevaux.
03:38 Et les vitesses de pointe sont supérieures à 250 km/h.
03:42 Le Nordschleife est un circuit légendaire sur lequel Rudolf Caracciola a été le premier vainqueur en 1927.
03:49 Avec ses 20,83 km et ses 73 virages, ce parcours demeure pour beaucoup le plus dangereux et le plus difficile au monde.
03:59 Après 2 tours, changement de pilote.
04:02 Kevin va pouvoir tester ses limites sur ce circuit historique.
04:06 Le plat est fait et de nouveaux freins sont montés.
04:09 Nouvelle dose d'adrénaline pour le corps.
04:12 - Ici, un tour est très long.
04:16 C'est vraiment difficile.
04:18 C'est un circuit très difficile.
04:20 C'est un circuit où on ne peut pas faire de la piste.
04:23 Ici, un tour est très long.
04:27 Et c'est vraiment pas facile d'en venir à bout.
04:30 A chaque virage, on peut s'améliorer.
04:33 Il faut y aller progressivement.
04:36 S'entraîner encore et encore.
04:39 Objectif, éviter toute manœuvre de freinage inutile.
04:45 Négocier chaque virage avec une précision et une vitesse maximales.
04:50 Maîtriser sa conduite et si possible, laisser sur le carreau les autres pilotes.
04:55 Avec sa voiture high-tech, Kevin monte en moyenne à 150 km/h sur la piste tant redoutée.
05:17 Après l'ivresse de la vitesse, le bonheur absolu.
05:21 - Super, génial, comme d'hab.
05:24 J'ai pu appliquer les conseils du coach.
05:27 Je pense qu'il est content.
05:29 Je suis content. C'est parfait.
05:32 - S'éprouver psychologiquement, l'ivresse de la vitesse donne l'impression
05:40 de pouvoir dépasser ses propres forces.
05:43 C'est par elle que tout a commencé.
05:46 La première automobile au monde.
05:49 En 1770, soit une centaine d'années avant que Carl Benz n'obtienne le brevet du moteur à combustion,
05:56 le français Nicolas-Joseph Cugnot crée ce véhicule à vapeur.
06:01 - Et ici, vous aviez le poste où vous aviez votre voiture.
06:10 Et ici, vous aviez le poste, on va dire, de pilotage avec, on va dire, le guidon,
06:16 ou en tout cas, ce qui servait de guidon.
06:19 Ici, un frein et un système qui permettait de régler la pression
06:23 et donc de faire en sorte d'accélérer ou, au contraire, d'arrêter le fardier.
06:27 - Lors de la première présentation, l'inventeur veut montrer à des officiers de haut rang
06:32 qu'il est aussi possible de transporter plus rapidement des canons.
06:36 Mais malgré sa vitesse réduite, le véhicule est vite hors de contrôle.
06:40 - Il semblerait qu'il y ait eu un petit accident de frein qui fonctionnait pas.
06:43 La machine marchait à 4 km/h.
06:46 La première automobile du monde enfonce un mur lors de son inauguration.
06:52 L'armée préfère donc s'en tenir aux voitures tirées par des chevaux
06:56 et l'engin est remisé dans un atelier.
06:59 Aujourd'hui, il est conservé au Musée des arts et métiers de Paris.
07:02 A l'époque, 4 km/h, c'était finalement trop rapide.
07:07 Une voiture doit transporter le conducteur et la cargaison d'un point A à un point B.
07:15 Mais le risque augmente avec la vitesse
07:18 et l'automobiliste lent se sent en danger lorsqu'un véhicule passe à toute allure.
07:23 En revanche, celui qui roule vite éprouve un sentiment de liberté.
07:27 - Cette dimension-là, elle est indissociable de cette invention qui révolutionne la vitesse,
07:33 qui révolutionne le libre arbitre individuel.
07:36 Contrairement aux rails de chemin de fer, on va pouvoir aller là où l'on veut, à la vitesse que l'on veut.
07:41 Paris, fin du 19e siècle. L'automobile entame sa marche triomphale.
07:47 Si la tour Eiffel vient d'être érigée, la circulation à Paris a depuis longtemps mauvaise presse.
07:53 Et de nombreuses voitures hippomobiles viennent s'ajouter toujours plus de carrosses à moteur.
07:58 On en compte alors près de 2000 en France.
08:01 Il n'y a ni code de la route, ni feux de signalisation, ni passage piéton, ni panneau.
08:06 - Les rues étaient empruntées par divers moyens de locomotion.
08:10 Il y avait des chevaux, des fiacres, des automobiles, des charrettes.
08:16 Sur les routes de village, des enfants jouaient, des animaux allaient et venaient.
08:23 Les accidents sont fréquents. Les plus rapides et les plus forts malmènent les plus lents et les plus faibles.
08:29 Beaucoup aiment rouler vite. Dans les films de divertissement, les chauffards sont chassés par des passants furieux.
08:38 Dans la vie réelle aussi, des conflits surviennent. Mais la liberté que procure l'automobile est plus forte que tout.
08:44 - Je lis dans les archives beaucoup plus massivement un phénomène de fond, d'acceptation, d'enthousiasme et puis encore de désir d'automobile.
08:53 C'est-à-dire que là où effectivement on considérait que c'était un objet de jalousie, c'est un objet de désir que l'on cherche à acquérir.
09:02 En 1875, les hippos-mobiles dominent encore le paysage urbain lorsque Hamede Bollet se met en route avec le premier autobus au monde.
09:11 Il est bien décidé à battre tous les records sur le trajet Le Mans-Paris. Mais il lui faudra finalement 18 heures pour parcourir les 230 kilomètres qui séparent les deux villes.
09:21 Et pour cause, au volant de sa création l'obéissante, il ne cesse d'avoir des ennuis avec la police.
09:28 - Alors la petite histoire dit qu'il s'était fait arrêter 75 fois, qu'il avait eu 75 procès-verbot, 75 amendes,
09:35 parce qu'en fait l'automobile n'était pas autorisée sur les routes, il y avait juste les hippos-mobiles, les voitures à cheval.
09:41 Donc il est rentré à Paris en 1875 et c'est la première voiture qui a été autorisée à circuler dans les rues de Paris.
09:50 L'obéissante n'est pas le seul véhicule freiné dans son élan. Pendant longtemps, le lobby du cheval s'oppose aux nouveaux engins roulants.
09:58 En Angleterre par exemple, la célèbre loi du drapeau rouge est promulguée à la fin du 19e siècle.
10:04 - Tout automobile doit être précédé d'un homme, ça pouvait être une femme aussi, agitant un drapeau rouge pour signaler l'arrivée d'un véhicule motorisé.
10:13 Et il ne fallait pas dépasser 5 km/h. Les chevaux pouvaient aller à 30, mais les automobiles seulement à 5 km/h.
10:20 La loi est sans cesse remaniée. Les limitations de vitesse changent constamment. Mais peu à peu, la voiture conquiert sa place. La vitesse s'impose.
10:31 - Grosso modo, il a fallu 20, 30 ans pour que l'on s'habitue à ces nouvelles vitesses qui vont devenir dominantes et par endroits aussi hégémoniques.
10:41 En 1893, le préfet de police de Paris, Louis Lépine, se voit obligé de réglementer le trafic automobile. Le code de la route est né.
10:51 Il crée les plaques d'immatriculation, le permis de conduire et les stationnements interdits. Et les voitures doivent signaler dans quelle direction elles roulent.
11:00 - On va faire une place à l'automobile. Donc c'est une révolution intellectuelle, une révolution juridique et puis une révolution des usages quotidiens.
11:08 Eh bien, à Paris, vous allez avoir des règles qui vont devenir universelles. Et l'automobile comme genre de vie, comme mode, mais aussi bientôt comme mode de vie, va se trouver maintenant prise en considération par les pouvoirs publics.
11:23 C'est un objet de haute technologie. C'est un objet très cher. C'est un objet qui est associé à un mode de vie.
11:30 - L'écrivain Karl Krauss a fait une remarque très juste dans la revue d'Ifackel. Il a dit qu'il n'y avait que les fils de la haute finance magouilleuse qui roulaient en voiture.
11:41 Je pense que c'est très bien observé. Seuls les jeunes technophiles, nés de parents riches, pouvaient se le permettre.
11:51 La quête de vitesse des premiers automobilistes engendre toutefois des problèmes. Les riches citadins se heurtent souvent à l'hostilité des campagnards.
11:59 En Allemagne, on reproche aux "gentlemen drivers" d'envahir la nature avec leurs engins motorisés. En France et aux Etats-Unis aussi, ces conflits font débat.
12:13 - Il y avait de véritables lynchages. On faisait sortir les automobilistes de leurs véhicules et on les passait à tabac.
12:20 Ça prenait parfois une tournure dramatique. Par exemple, on tendait un câble en acier entre deux arbres.
12:26 Peu avant la première guerre mondiale, une famille entière a ainsi été anéantie.
12:31 Malgré toutes ces difficultés, les habitants des zones rurales ne tardent pas à comprendre que la nouvelle technologie peut leur être utile.
12:40 Être plus rapide procure un avantage sur la concurrence.
12:44 - L'automobile va être l'automobile du boucher, du boulanger, va être l'automobile du médecin, va être l'automobile du curé, va être l'automobile des classes moyennes
12:54 qui petit à petit vont entrer dans le cercle des usagers de l'automobile et vont la rendre donc acceptable.
13:00 Et par rapport à des archives qui existent, effectivement, de tensions avec les citadins, eh bien la lame de fond, c'est celle qu'on ne voit pas.
13:09 Mais au début du siècle, il y a d'autres raisons pratiques de rouler vite, notamment à la campagne.
13:17 - Quand on roulait derrière une autre voiture, on avalait la poussière. Il était donc judicieux de la doubler pour qu'elle soit à son tour dans la poussière.
13:28 Il s'agissait là d'un énorme problème qui favorisait les excès de vitesse.
13:35 Bientôt, l'ivresse de la vitesse gagne l'Europe entière.
13:39 1909 est un vrai jalon de l'histoire de l'automobile. La Blitzen-Benz ou Benz Éclair bat le record mondial de vitesse en atteignant 228 km/h.
13:55 Elle est plus rapide que l'avion et le chemin de fer. Aujourd'hui encore, avec ses 200 chevaux, ses 4 cylindres et sa cylindrée de 21 litres, elle fait figure de légende.
14:06 À l'époque, elle n'a pas de concurrence.
14:09 La fascination de la vitesse s'étend à d'autres domaines de la vie. Elle nourrit la création artistique et engendre une nouvelle vision de l'homme.
14:19 En Italie, on voit apparaître un mouvement qui illustre parfaitement cette tendance, le futurisme.
14:26 Il rompt avec tout ce qui est lent et démodé. La dynamique est parée de toutes les vertus et les automobiles en sont l'incarnation.
14:34 En 1909, le précurseur des futuristes italiens, Filippo Tommaso Marinetti, clame haut et fort que les circuits de course sont des lieux habités par le divin.
14:46 La technologie et la rapidité de l'automobile sont célébrées religieusement et pas seulement par les futuristes.
14:56 Marcel Proust, le grand écrivain français, dès 1907, donc c'est quasiment contemporain du manifeste du futurisme, écrit sur son enthousiasme lié à l'automobile, sa capacité de toucher les paysages, de rentrer dans la nature.
15:15 L'engouement massif pour la vitesse attire l'attention des hommes politiques. En 1922, lors de sa marche sur Rome, Benito Mussolini se fait nommer président du conseil et le futuriste Filippo Tommaso Marinetti lui apporte son soutien.
15:30 Dorénavant, les moteurs et les machines seront le symbole de la nouvelle Italie.
15:41 L'automobile n'est qu'une illusion qui lui donne cette possibilité, le temps de son autonomie et le temps de ne pas avoir d'accident également, qui lui donne cette possibilité de se prendre pour beaucoup plus qu'il n'est.
16:10 Les années 1920, à Paris, Berlin ou New York, on découvre de nouveaux plaisirs.
16:16 La vie semble s'accélérer ou ralentir.
16:24 L'augmentation du trafic génère des embouteillages, du bruit et des mauvaises odeurs. Il faut dire que la voiture devient accessible à toujours plus de personnes.
16:36 Depuis Henry Ford, c'est un bien d'usage courant tout droit sorti de l'usine de montage à la chaîne. L'automobile est désormais synonyme de production de masse rapide.
16:52 Toujours plus rapide, toujours plus grand et comment dire, plus innovant. Avec l'industrie automobile, c'est devenu une composante majeure de notre civilisation technologique.
17:05 Mais depuis quelque temps, on se demande si c'est vraiment judicieux, pour la simple et bonne raison qu'on ne peut pas aller toujours plus vite s'il y a trop de voitures.
17:16 A l'époque, cela n'a presque aucune incidence sur la vente de véhicules. L'automobile devient un signe extérieur de richesse et un produit de luxe.
17:25 Certains industriels découvrent ce nouveau marché et misent sur des voitures particulièrement rapides et puissantes.
17:32 Durant la Première Guerre mondiale, l'entreprise italienne Isotta Fraschini fabriquait encore des blindés et des moteurs d'avion.
17:40 À présent, les ingénieurs du groupe construisent le premier moteur 8 cylindres en série avec une élégante carrosserie.
17:47 Le modèle de luxe Tipo 8A dépasse les 150 km/h.
17:52 Une voiture de légende adoptée par les princes, mais aussi par Chaplin, Mussolini ou encore le pape Pi XI, à qui le Realet Automobile Club de Milan en a offert une.
18:02 Aujourd'hui, on aurait du mal à imaginer ce genre de véhicule.
18:06 À l'époque, les voitures étaient beaucoup plus grandes. Il s'agissait de montrer son statut social.
18:11 L'automobile était clairement un produit élitiste. Les propriétaires de voitures de ce type ne prenaient jamais le volant.
18:17 Conduire était encore considéré comme une basse besogne.
18:20 À travers son film "Sunset Boulevard", Billy Wilder fait de la Tipo 8A un emblème des stars du cinéma muet.
18:27 Max a donc tiré ce vieux bus de ses blocs et l'a poli.
18:31 Elle m'a emmené sur des couloirs et des montagnes au-dessus du soleil.
18:35 Tout était en peau de léopard.
18:38 Et j'avais une de ces voitures.
18:41 C'est l'époque où les coureurs automobiles gagnent en prestige.
18:45 Les vainqueurs deviennent des héros. Conduire une Bugatti française est généralement une garantie de succès.
18:52 Mais à la fin des années 20, des constructeurs allemands tels que Mercedes et Auto Union doublent la concurrence française.
19:00 La civilisation du moteur finalement devient aussi une civilisation allemande, en tout cas de réputation, à cette période.
19:08 Il y a ce sentiment de décadence et de décrochage en France.
19:13 En Allemagne, un nouveau circuit automobile voit le jour en 1927, le Nürburgring.
19:19 La première course, c'est Rudolf Caracciola de l'écurie Mercedes qui la remporte au volant d'un modèle précurseur de la légendaire flèche d'argent.
19:27 Il devient le champion des Allemands.
19:29 Plus tard, le fameux virage relevé du Nürburgring sera rebaptisé Carousel de Caracciola.
19:35 Aujourd'hui encore, c'est un mythe pour tous les pilotes.
19:47 Six ans après l'inauguration du Nürburgring, Adolf Hitler accède au pouvoir en Allemagne.
19:53 L'un de ses premiers projets est la construction d'autoroutes.
19:57 Il poursuit ainsi un chantier commencé sous la République de Weimar.
20:01 Les autoroutes qu'Hitler fait construire doivent permettre la motorisation massive de l'Allemagne.
20:12 Les lois qui les dictent répondent à un principe simple.
20:16 Les voitures ont la priorité.
20:18 C'est aux nazis qu'on doit notre grand acquis.
20:25 La suppression de la limitation de vitesse.
20:28 Ce sont eux qui en ont eu l'idée.
20:30 En 1938, ils sont revenus dessus en voyant qu'il y avait énormément de morts.
20:35 Les nazis poursuivent résolument la motorisation du pays.
20:41 En 1938, le territoire allemand compte déjà 3000 km d'autoroutes.
20:46 De plus, l'automobile est clairement privilégiée.
20:50 Par exemple, ils ont supprimé totalement les taxes sur les nouveaux véhicules.
20:59 Ils ont aboli l'obligation de prendre des leçons de conduite.
21:02 Ils ont privilégié la voiture dans le code de la route
21:04 et ont construit des routes spécialement pour ce moyen de locomotion.
21:09 Les courses automobiles cadrent parfaitement avec la philosophie des nazis.
21:13 Elles apportent leur lot d'émotions et de héros.
21:16 Les gens les acclament avec enthousiasme, comme le veulent les dirigeants nazis.
21:21 Adolf Hitler aime poser aux côtés des meilleurs pilotes
21:25 qui lui donnent l'aura qu'il attend d'eux.
21:32 "Et leur travail nous oblige à utiliser notre pouvoir, et bien aussi notre vie, pour notre peuple allemand."
21:40 Pendant plus de cinq ans, les flèches d'argent de Mercedes courent de victoire en victoire
21:50 et deviennent un élément clé de la propagande nazie.
21:53 Chaque triomphe est présenté comme la preuve de la supériorité des ingénieurs et des engins allemands.
22:02 Le nouveau monde que les fascistes italiens et les nazis allemands voulaient construire
22:08 reposait sur l'idée que l'homme du futur était capable de maîtriser la vitesse
22:13 et de piloter une voiture ou un avion dans des conditions difficiles.
22:18 Cela renvoyait à la vision de l'être de race supérieure au volant.
22:23 Les célèbres pilotes de courses allemands subissent une énorme pression.
22:29 On attend d'eux des records toujours plus improbables.
22:32 L'homme le plus rapide du monde doit à tout prix être allemand.
22:36 En 1937, lors de la semaine des records du Rai,
22:42 Bernd Rosemeier veut réaliser un exploit mondial pour Auto Union.
22:48 Rouler à plus de 400 km/h ne suffit pas.
22:51 En janvier 1937, Bernd Rosemeier a déclenché la première course de la course.
22:56 Il a déclenché la première course de la course.
22:59 Il a déclenché la première course de la course.
23:02 Il a déclenché la première course de la course.
23:05 Il a déclenché la première course de la course.
23:08 Il a déclenché la première course de la course.
23:11 Il a déclenché la première course de la course.
23:14 400 km/h ne suffit pas.
23:17 En janvier 1938, le pilote Mercedes Rudolf Caracciola
23:21 doit faire encore mieux sur l'autoroute Frankfurt-Darmstadt.
23:25 Son 12 cylindres atteint 432,7 km/h au deuxième essai.
23:31 Un record qui ne sera battu qu'en 2017.
23:34 Bernd Rosemeier entre en piste juste après l'exploit de Rudolf Caracciola.
23:40 Son prototype d'Auto Union a à peine été testé.
23:44 Mais le spectacle doit absolument avoir lieu.
23:47 Après deux premiers essais, il reste en dessous du meilleur temps.
23:52 Avant la troisième tentative, il fait changer quelques éléments de la carrosserie.
23:57 Peu avant la ligne d'arrivée, la voiture se déporte sur la bande centrale.
24:04 Le pilote contrebraque et fait plusieurs tonneaux.
24:07 Il meurt dans l'accident.
24:09 Adolf Hitler profite des funérailles pour vanter la supériorité de la nation allemande.
24:15 En parallèle, les nazis accélèrent le développement d'un autre véhicule.
24:32 Le but n'est pas de créer une voiture plus rapide, mais de motoriser un peuple entier.
24:37 Ferdinand Porsche est chargé de concevoir la Coxinelle, ou comme on l'appelait alors la KDF,
24:43 la Kraft-Durchfreude, littéralement la force par la joie.
24:48 Contrairement à la légende, les premières ébauches émanent du projet de Béla Barény,
24:52 un étudiant ingénieur austro-hongrois.
24:55 Il n'obtiendra réparation qu'après la Seconde Guerre mondiale.
24:59 Et l'idée même d'une automobile pour le peuple ne vient pas d'Allemagne.
25:05 La voiture du peuple n'est pas une invention allemande.
25:08 C'est Henry Ford qui en est l'initiateur, avec son Model T.
25:12 Comme on le sait, Hitler a lu la première biographie de l'industriel américain et a dit "je voudrais la même chose".
25:18 La voiture du peuple, ou Volkswagen, demeure une promesse que les nazis ne peuvent pas tenir.
25:25 A partir de 1939, l'usine de Volkswagen ne fabrique plus que des Kübelwagen,
25:30 des véhicules militaires légers pour l'armée allemande.
25:35 Quelques années plus tard, les villes allemandes sont en ruine.
25:39 A la fin de la guerre, il n'y a pratiquement plus de voitures dans les rues.
25:43 Les Allemands aspirent d'autant plus à retrouver les joies de la vitesse.
25:51 Les forces d'occupation organisent des courses de caisses à savon,
25:55 véritable compétition de casse-coups qui attirent des dizaines de milliers de spectateurs.
26:00 Le projet avorté d'Hitler sera finalement réalisé au début des années 50.
26:07 Avec le miracle économique, les revenus de la population augmentent.
26:12 La coccinelle voit le jour et conquiert pacifiquement le monde entier.
26:18 Le passé nazi de la coccinelle a été gommé pour mieux rattacher son histoire
26:23 à celle du miracle économique.
26:25 Le pays est en train de se transformer.
26:28 Les gens sont en train de se transformer.
26:31 Les gens sont en train de se transformer.
26:34 Les gens sont en train de se transformer.
26:37 Les gens sont en train de se transformer.
26:40 Les gens sont en train de se transformer.
26:43 Le pays est en train de se transformer.
26:47 Le pays est en train de se transformer.
26:50 Le pays est en train de se transformer.
26:53 Le pays est en train de se transformer.
26:56 Le pays est en train de se transformer.
26:59 Le pays est en train de se transformer.
27:02 Le pays est en train de se transformer.
27:05 Le pays est en train de se transformer.
27:08 Le pays est en train de se transformer.
27:11 Le pays est en train de se transformer.
27:14 Le pays est en train de se transformer.
27:17 Le pays est en train de se transformer.
27:20 Le pays est en train de se transformer.
27:23 Le pays est en train de se transformer.
27:26 Le pays est en train de se transformer.
27:29 Le pays est en train de se transformer.
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34:50 La catastrophe, le groupe Mercedes met fin à son engagement dans le sport automobile.
34:55 Désormais, les voitures doivent être rapides, fiables et surtout sûres.
35:00 Un homme en particulier veut calmer l'ivresse de la vitesse.
35:13 Béla Baréni, celui-là même qui a imaginé la silhouette de la coccinelle.
35:18 Il travaille maintenant chez Daimler-Benz.
35:21 L'idée de concevoir des voitures permettant de survivre à un accident est assez inédite.
35:32 Béla Baréni crée plus de 2500 brevets et projets pour Mercedes.
35:43 En 1964, Béla Baréni invente la notion de sécurité active et passive.
35:48 Par sécurité active, il entend qu'une voiture ne doit pas déraper dans un virage.
35:52 Et par sécurité passive, il entend que si jamais un accident a lieu, il faut pouvoir y survivre.
35:57 En 1955, Béla Baréni réalise pour la première fois des crash-test.
36:03 Une révolution dans la construction automobile.
36:06 Construire un habitacle sûr et équiper l'avant et l'arrière du véhicule de dispositifs qui absorbent l'énergie, c'est la solution parfaite.
36:15 La Mercedes-EQVS est le premier véhicule doté d'une zone de déformation.
36:21 Béla Baréni conçoit un habitacle sans bords tranchants ni volants susceptibles de transpercer le thorax du conducteur.
36:32 « Tous ces éléments visant à sécuriser l'habitacle et intégrer dans la plupart des voitures d'aujourd'hui comptent parmi les plus grandes innovations de Béla Baréni. »
36:40 Béla Baréni est une référence en matière de sécurité.
36:43 Grâce à ses inventions, de nombreuses personnes échappent à la mort, mais il y a toujours des dizaines de milliers de décès sur la route.
36:51 « La zone de déformation et la ceinture sont de formidables inventions. Elles réduisent les risques, mais pas autant qu'on l'avait espéré. »
36:59 Le choc pétrolier de 1973 a involontairement un impact positif sur la sécurité routière.
37:06 Les pays arabes producteurs de pétrole menacent les Européens de ne plus leur vendre de carburant.
37:11 C'est ainsi qu'en Allemagne, les autoroutes sont fermées certains dimanches.
37:16 Mais pour la majorité des Allemands, il y a plus grave. La limitation de vitesse.
37:22 Du jour au lendemain, ils ne peuvent plus dépasser les 100 km/h sur l'autoroute.
37:27 Le gouvernement fait d'une pierre trois coups.
37:30 Il économise de l'énergie, perçoit des revenus supplémentaires grâce aux amendes et fait baisser le nombre d'accidents.
37:37 Conséquence, la résistance se forme en Allemagne.
37:41 « Ces nouvelles réglementations sont perçues comme des atteintes à la mobilité personnelle et suscitent malaise et résistance. »
37:53 La levée des restrictions n'y changera rien.
37:56 Même si en 1974, le nombre de morts et de blessés diminue de 40% sur les tronçons d'autoroutes soumis à une limite de vitesse,
38:04 la Fédération Allemande des Automobiles Club, la DAC, lance une contre-campagne.
38:10 « Tous les députés veulent être réélus aux élections suivantes.
38:14 À l'époque, ils avaient besoin pour cela du soutien de la DAC,
38:18 qui était farouchement opposée aux limitations de vitesse et qui défendait bec et ongle, la conduite libre pour des citoyens libres.
38:25 C'était bien entendu aussi la position de l'industrie automobile.
38:31 Elle avait tout intérêt à ne pas perdre cet avantage commercial unique en Allemagne. »
38:39 3,5 millions de membres de la DAC font pression.
38:44 Tout comme les constructeurs, qui voient soudain chuter les ventes de leurs véhicules rapides et énergivores.
38:50 « Je pense que la République allemande aiderait rapidement si la limite de vitesse s'arrêtait. »
38:59 « Il n'y a pas d'argument contre la limitation de vitesse.
39:03 Il faut dire que l'on vend moins de voitures et que les gens veulent toujours des véhicules très puissants.
39:09 Il suffit de voir les ventes de la Porsche 911 Turbo sur le marché américain.
39:13 On peut citer également Ferrari ou Lamborghini.
39:16 Il y a aussi McLaren.
39:18 Tous construisent des voitures de grande qualité.
39:21 Bref, c'est un argumentaire totalement erroné. »
39:24 On distribue plus d'un million d'autocollants avec ce mot d'ordre.
39:29 « Les citoyens libres demandent à conduire librement », un slogan qui est resté populaire jusqu'à nos jours en Allemagne.
39:36 La limitation de vitesse est supprimée en 1974.
39:40 Depuis, aucun gouvernement allemand n'a osé la rétablir.
39:44 A l'époque, près de 20 000 personnes mourraient chaque année sur la route, contre environ 3 000 aujourd'hui.
39:51 « Le risque de perdre la vie dans un accident de la route est relativement faible.
40:00 En Allemagne, on compte environ 50 millions de voitures pour 80 millions d'habitants.
40:05 Donc, 3 000 morts, ce n'est pas énorme.
40:08 Encore une fois, la probabilité de mourir d'un accident de voiture est minime.
40:13 Au vu des risques individuels, on peut affirmer que rouler davantage ne rend pas franchement la vie plus dangereuse.
40:20 En revanche, les risques collectifs sont plus importants,
40:24 surtout si l'on prend en compte les problèmes de santé générés par les gaz d'échappement. »
40:28 En France, la limitation de vitesse a été maintenue depuis 1974.
40:34 Aujourd'hui, presque plus personne ne la remet en question.
40:38 Rouler lentement permet même souvent d'arriver plus vite à destination.
40:42 « La société française était prête à une forme de ralentissement,
40:46 car on était bien conscient du fait, et on l'est toujours,
40:49 que de ralentir les vitesses, ça ne signifie pas forcément diminuer la performance horaire sur certains itinéraires.
40:57 Au contraire, ça permet de lisser la congestion. »
41:01 L'attrait de la vitesse s'explique médicalement.
41:04 L'hormone du stress, l'adrénaline, se répand dans le corps.
41:08 En outre, le cerveau libère de l'endorphine pour se préparer à d'éventuelles blessures.
41:13 Les deux hormones combinées procurent un afflux de plaisir.
41:17 La tentation est si forte que les dangers potentiels sont occultés.
41:22 Pour faire face à ce problème, les constructeurs créent sans cesse de nouveaux dispositifs de sécurité.
41:28 Ainsi, le système de freinage ABS doit aider à éviter les accidents.
41:33 Mais à la fin des années 80, une étude sur les taxis municois a révélé
41:38 que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du véhicule pouvaient entraîner d'autres risques.
41:44 Un quart des taxis seulement étaient équipés d'un système ABS,
41:48 et c'était ce même quart qui était impliqué dans la moitié des accidents de taxi.
41:53 L'étude indique que les comportements à risque augmentent en cas de dispositifs de sécurité renforcés.
41:59 On se dit « je suis prêt à courir le risque, si la technologie réduit le danger, je peux relâcher ma vigilance.
42:05 Par exemple, si j'ai de meilleurs freins, je roule plus vite.
42:10 Ou encore, si j'ai cinq ou six zones de déformation dans ma voiture, je peux rouler au plus près.
42:16 Les choses sont plus compliquées, et les gens sont plus préoccupés.
42:21 Les gens ne sont pas conscients des dangers.
42:25 Les chercheurs ont mené une autre expérience avec les chauffeurs de taxi.
42:29 Ces derniers devaient payer de leur poche les frais des accidents qui découlaient d'une conduite à risque.
42:34 Résultat, ils ont ralenti. L'éducation routière passe-t-elle donc par le portefeuille ?
42:40 De nombreux indices le laissent penser.
42:43 Aujourd'hui, la majorité de la population allemande est favorable à un comportement prudent sur la route,
42:49 comme aux Pays-Bas, en Angleterre ou aux Etats-Unis.
42:53 Dans presque tous les pays de la planète, les limitations de vitesse sur l'autoroute sont bien acceptées.
43:00 Une limitation de la vitesse en Allemagne ?
43:04 C'est toujours impensable pour de nombreux automobilistes, mais aussi pour les touristes étrangers mordus de vitesse.
43:11 Ils viennent en Allemagne pour pouvoir rouler à plein gaz,
43:14 comme le blogueur Vassili Selini, qui a fait spécialement le déplacement de Moscou avec un pilote.
43:20 - On veut aller toujours plus vite.
43:29 Ces escargots nous bloquent le passage en faisant du 160 avec leur camion.
43:34 On va les doubler.
43:41 D'après le compteur, on roule à 242, mais en fait, on est à 237.
43:47 On continue d'accélérer.
43:50 Sur ces autoroutes, c'est pas un problème.
43:54 C'est génial. Il faut absolument que je commence ça.
43:58 C'est dur à décrire avec des mots, ces envolées.
44:01 Je le répète, cette vitesse, c'est ce qu'il faut à la Fédération de Russie.
44:07 J'espère qu'il y aura assez de gens qui laisseront la place à ceux qui sont capables d'appuyer sur l'accélérateur.
44:13 Sans mettre en danger les autres, bien sûr.
44:16 - J'hallucine. 240. Là, j'ai eu mon compte.
44:29 Franchement, 240 km/h, ça me suffit.
44:33 Je suis pas un coureur professionnel, donc 240, ça me va.
44:38 J'ai fait le plein d'adrénaline.
44:41 Vous croyez que j'ai besoin d'aller encore plus vite ?
44:45 Je vous le dis, je suis pas un pilote professionnel.
44:49 Comme on dit, tu serres les fesses. C'est clair.
44:55 240. Je suis déjà monté à 260 en descente.
45:01 La vitesse illimitée est depuis longtemps associée à l'Allemagne.
45:05 Partout dans le monde, les fous du volant parlent du paradis des autoroutes allemandes.
45:11 Les constructeurs automobiles en font leur miel.
45:18 - À mon époque, chez Porsche, on invitait les clients américains.
45:25 Aujourd'hui encore, on les fait venir à Zuffenhausen.
45:29 On leur propose quelques tours,
45:31 et ils peuvent rouler plus vite qu'ils n'en ont l'habitude.
45:35 Tout est bien organisé.
45:38 C'est un avantage commercial qui pouvait
45:43 et qui peut toujours contribuer à rendre les voitures allemandes
45:46 plus intéressantes aux yeux de la clientèle étrangère.
45:55 Au Bonneville-Salt Flats, un désert de sel datant de la préhistoire
45:59 et perdu au fin fond des États-Unis,
46:01 certains repoussent les limites de la vitesse.
46:04 Au cours des 100 dernières années,
46:06 on a établi ici plus de records que partout ailleurs dans le monde.
46:10 En 2018, une tentative de record comme on n'en avait pas vue depuis longtemps est organisée.
46:19 Avec son véhicule spécial,
46:21 Danny Thompson veut rouler plus vite que n'importe quelle voiture à moteur à piston.
46:26 60 ans plus tôt, sur le même parcours,
46:29 son père, Mickey, avait établi le record avec un modèle précurseur.
46:48 654 km/h, qui peut battre ce record ?
46:52 20 ans plus tard, Mickey Thompson veut essayer avec son fils.
46:56 Mais dans les années 80, il est tué lors d'une attaque à main armée.
47:00 Alors son fils Danny met le projet au placard.
47:03 Ça devait être un projet père-fils. Je ne voulais pas le faire sans lui.
47:07 Donc j'y ai renoncé pendant 18 ans.
47:09 Puis un jour, que j'étais assis sur mon canapé,
47:12 je me suis demandé si je ne pouvais pas tenter le coup.
47:16 Le 12 août 2018, le rêve devient réalité.
47:20 Danny atteint 722 km/h.
47:23 Il bat le record de son père et lui rend ainsi hommage.
47:27 C'est l'aspect fascinant de la vitesse.
47:32 Moins réjouissant, en revanche, le phénomène des courses illégales.
47:38 Le risque d'accident est décuplé, tout comme le taux d'adrénaline,
47:42 notamment lors d'un rodéo en centre-ville.
47:45 Ici, à Cologne en 2015, une jeune femme de 19 ans qui circulait à vélo
47:50 est tuée par deux hommes qui faisaient une course sauvage.
47:54 Cet accident rappelle de terribles souvenirs à Nico Klassen,
48:01 qui a lui aussi participé à de telles courses par le passé.
48:05 Je dois dire qu'à l'époque, j'ai vu quelqu'un mourir.
48:12 Je ne pouvais rien faire, je pensais...
48:15 Pourquoi tu fais ces conneries au lieu de t'amuser simplement sur un parking ?
48:20 Pourquoi tu participes à des courses ? Pour quelle raison ?
48:24 Ça ravive des souvenirs, ça me replonge 20 ans en arrière.
48:28 La jeune femme circule à vélo entre l'université et chez elle
48:34 lorsque deux automobilistes se lancent sur le chemin.
48:38 L'un d'eux déboule dans la rue et percute l'étudiante.
48:42 Deux jours plus tard, elle meurt des suites de ses blessures.
48:46 Ce genre d'accident n'a rien d'exceptionnel.
48:49 Nico Klassen connaît de nombreux cas de courses illégales qui ont fait des morts.
48:54 Lui-même acceptait le risque lorsqu'il prenait part à des rodéos urbains.
48:58 Je dis toujours que c'est comme une addiction.
49:03 C'est comme une addiction qui est une addiction.
49:06 Je dis toujours que c'est comme une addiction.
49:09 C'est comme ça que je ressentais.
49:11 Tout ton corps veut cette montée d'adrénaline, de plaisir.
49:14 À ce moment-là, tu es égoïste.
49:16 C'est un besoin que tu dois satisfaire.
49:18 Entre guillemets, tu te fiches complètement de savoir si d'autres y restent.
49:22 Nico est convaincu que les amateurs de courses sauvages ne sont pas prêts d'arrêter.
49:26 Même si la ville de Cologne a réduit la vitesse dans les rues
49:29 et installé des radars pour infliger de lourdes amendes aux contrevenants.
49:33 Si vous dites à un héroïnomane que la prochaine dose qu'il s'injectera dans l'escalier de la gare
49:38 lui coûtera 500 000 euros, il vous répondra sur le coup "ok".
49:42 Mais dès que vous baisserez la garde, il se piquera pour soulager son manque.
49:47 Maintenant, si on lui donne un lieu où il peut le faire légalement, il ira.
49:52 Partant de ce constat, Nico organise désormais 4 rencontres par an
49:59 pour permettre aux fans de vitesse de se mesurer en toute légalité
50:03 et de se livrer des duels sur 400 mètres sans mise en danger d'autres personnes.
50:08 Ces courses ont lieu sur des autoroutes abandonnées ou des tronçons de route fermés à la circulation.
50:13 Nico sait qu'il ne réglera pas le problème de cette manière,
50:17 mais du moins espère-t-il contribuer à réduire les risques.
50:20 Si vous proposez une alternative, que vous organisez une course légale,
50:28 sur 100 personnes, il y en aura peut-être 50 qui seront partantes.
50:32 Les autres diront "moi je veux continuer à rouler dans les rues, je veux sortir du cadre,
50:37 c'est ça qui me procure du plaisir".
50:40 Ces 50 personnes qui continuent les courses illégales n'ont plus la reconnaissance des 50 autres
50:47 qui le font légalement et qui leur disent "vous êtes tarés, pourquoi vous continuez à rouler dans les rues,
50:53 pesez le pour et le contre, forcément ça perd son intérêt".
50:57 Le concept a fait ses preuves dans le monde entier.
51:00 Pourtant en Allemagne, on en reste à 4 rencontres par an.
51:04 Il est donc probable que l'on déplore encore des morts dans les courses de rue.
51:08 Car la quête de vitesse incite souvent à se surestimer.
51:12 Partout on réalise des sondages en posant la question "conduisez-vous mieux que la moyenne".
51:19 En Allemagne, plus de 70% des gens répondent oui. Dans certains pays, ils sont même 80%.
51:24 Ce n'est évidemment pas possible, si 80% des gens conduisent mieux que la moyenne, la moyenne n'existe pas.
51:29 Depuis la toute première autoroute, la vitesse exerce une véritable fascination, même si elle génère des problèmes.
51:37 Il n'y a pas de plaisir sans risque, la liberté au volant est source d'accidents.
51:42 Et cela ne changera pas tant qu'il y aura une personne au volant des voitures.
51:48 L'autoroute est un moyen de conduire en sécurité.
51:52 Pour le moment, il n'y a pas de problème.
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