La journée a encore été riche en rebondissements chez Les Républicains : exclu hier, leur président s'est rendu au siège du parti ce matin, s'est installé à son bureau, a remis la main sur les mots de passe des réseaux sociaux, avant d'aller déjeuner avec Jordan Bardella. Qu'en pense la base LR ? Éric Ciotti peut-il emmener les militants avec lui ? Écoutez le débat entre Bruno Jeudy, directeur délégué de "La Tribune Dimanche", Rokhaya Diallo, éditorialiste au "Guardian" et au "Washington Post", et Étienne Gernelle, directeur du "Point".
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 13 juin 2024
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00:00Allez les grands débats de la deuxième heure, voici le trio ce soir, Bruno Jeudy, directeur
00:10délégué de la Tribune Dimanche, bonsoir, Rockaïa Dialo, éditorialiste au Guardian
00:15au Washington Post, bonsoir, Étienne Gernel, directeur du Point, bonsoir, alors évidemment
00:21on a plein de choses à raconter à nos auditeurs encore une fois ce soir et on va se plonger
00:25dans le premier psychodrame de la soirée, à droite évidemment, on est entre Western
00:29et Vaudville, la journée a été encore riche en rebondissements. Hier les LR ont exclu
00:34leur président Éric Ciotti, coupable de vouloir s'en aller avec le RN. Mais ce matin
00:38le même Éric Ciotti s'est rendu au siège, il s'est installé à son bureau, il a remis
00:41la main sur les mots de passe des réseaux sociaux des LR avant d'aller déjeuner avec
00:45Jordan Bardella du RN. Éric Ciotti conteste la légitimité de son exclusion, du coup
00:50l'été nord des Républicains devaient organiser à nouveau un bureau politique pour confirmer
00:55cette éviction. Et puis le bureau politique a été reporté parce que la visioconférence
00:58visiblement ne fonctionnait pas, donc les têtes pensantes des LR ne veulent pas entendre
01:02parler d'une alliance avec le parti de Marine Le Pen. Mais on va se poser cette question
01:06ce soir, la base, qu'en pense-t-elle ? Tiens écoutez, Éric Ciotti, est-ce qu'il peut
01:10emmener les militants avec lui ? Il a répondu en partie à la question hier soir.
01:14Il faut savoir avoir raison contre tous les autres, parce que c'est aussi la voie du
01:19courage, je l'ai ouverte, vous savez, j'ai lancé tout à l'heure une pétition de soutien,
01:25en quelques minutes, elle a reçu, tout était saturé, nous avons reçu des centaines de
01:32milliers de témoignages de soutien. Je vois bien combien les gens réagissent, combien
01:38ils me disent bravo. Alors je vous donne aussi un sondage au Doxa pour le Figaro, 50% des
01:44sympathisants de droite approuvent l'alliance avec le RN. Sympathisant de droite, ça ne
01:47veut pas dire militant des Républicains. Un autre élément ce soir, la sortie de François
01:51Xavier Bellamy, tête de liste LR aux Européennes, quand on lui demande ce qu'il fera en quête
01:55duel RN-gauche dans une circonscription, il répond je voterai RN. Etienne Gernel,
02:00finalement, est-ce qu'il a peut-être réussi son coup, Éric Ciotti ?
02:02Je ne sais pas, si vous regardez, là je ne parle pas des militants, les militants pour
02:07ce que ça peut être, je ne sais pas exactement, mais il y a toujours eu dans l'électorat
02:11de l'UMP et avant du RPR, des gens qui étaient pour ce qu'on appelle parfois l'union des
02:17droites, mais évidemment cette proportion a augmenté au fur et à mesure que la piscine
02:22si je puis dire, du parti de droite se vidait, notamment au profit des macronistes, d'horizon
02:29aujourd'hui ou de ce qu'on veut. Donc c'est assez logique qu'il y ait une proportion
02:32d'électeurs de LR qui veuillent l'annoncer avec le RN, qui soit plus importante qu'auparavant.
02:36Malgré tout, le LR est un parti qui tient beaucoup par ses bases locales, ses sénateurs,
02:44ses maires, ses présidents de région, et ceux-là ils sont tous contre Ciotti. Dans
02:48un parti où les gens sont a priori plutôt légitimistes, je ne suis pas totalement certain
02:51qu'il ait gagné ce parti, non je ne crois pas.
02:53Bruno Jody, c'est vrai qu'il a joué la carte des militants contre celle des élites
02:57du parti, la base ne pense pas forcément comme Gérard Larcher et Valérie Pécresse.
03:02Je vais vous dire, vous me dites 50% selon un sondage apparaître dans le Figaro, hier
03:07sur le Elab, la tribune dimanche, c'était 56% des sympathisants LR qui désapprouvaient
03:12le choix d'Eric Ciotti. Dans les deux cas, je trouve que ce chiffre est plutôt inférieur
03:17à ce que j'imaginais. Donc je suis plutôt d'accord avec Etienne, je ne crois pas qu'il
03:21ait réussi son pari, au tout les cas, pas dans les proportions que j'imaginais, je
03:24pensais que la base, elle était beaucoup plus... La base est tiraillée depuis des
03:27années, moi j'ai commencé à suivre la droite en 1995, j'ai toujours connu cette base tiraillée
03:33et qui était tenue par des chefs de droite, voire de droite, même si on remonte à l'histoire
03:39de nos chères études. Elle était tenue par des chefs charismatiques qui faisaient
03:44que tout le monde finalement finissait par entrer dans le rang. Les choses sont devenues
03:48plus compliquées lorsque ce parti gaulliste est devenu l'UMP, et là c'est devenu plus
03:53compliqué, on a fait rentrer d'autres cultures libérales, centristes. Mais elle reste extrêmement
03:59tiraillée, on l'a vu après la défaite de Nicolas Sarkozy. Donc, moi ce qui m'a vraiment
04:05surpris c'est qu'il joue la base contre le HOME, il est loin, il a la moitié de la base,
04:10selon les sondages, qu'est-ce que ça veut dire localement et tout ça, mais c'est d'abord
04:14un parti qui a énormément d'élus locaux. Alors il a perdu les grandes villes, ce parti,
04:19mais il a énormément de villes moyennes. Donc il y a de l'inquiétude chez les élus
04:22qui se disent « Mon Dieu, comment je vais faire pour m'en sortir entre ceux qui sont
04:27tentés par Marine Le Pen et ceux qui regardent vers Emmanuel Macron jusqu'à la dissolution ? »
04:31– Il y aura sans doute des dissidents LR aux législatives maintenant.
04:33– Bien sûr, et ça va être beaucoup, j'allais dire au cas par cas, probablement, mais moi
04:39ce qui m'a surtout surpris hier, c'est que finalement cette direction des LR, elle
04:43est restée face à Ciotti, moi je pensais qu'il y en aurait qui lâcherait plus que
04:48ça, qui l'embarquerait un peu de monde. Là franchement, tout seul, étonnant.
04:51– Il est parti tout seul. – Et il perd de la valeur en faisant ça,
04:53parce qu'en arrivant chez Marine Le Pen avec un parti, il a de la valeur, c'est une
04:56alliance, en arrivant seul avec des députés… – Jordan Bardella disait, il va venir avec
05:01des dizaines de députés. – Oui, il a dit des dizaines de députés,
05:04pour l'instant ils sont deux, dont lui-même. – Mais vous croyez qu'il a enfumé volontairement
05:07Jordan Bardella ou pas ? – Oui, je pense, Jordan Bardella il a enfumé
05:10un peu la presse, mais c'est surtout, à mon avis, Eric Ciotti qui a fait un poker
05:14menteur. – Et la réalité c'est que du coup c'est
05:17un ralliement individuel, et ça n'a pas la même force qu'une alliance, et souvenez-vous
05:22quand Dupont-Aignan s'est rallié à Marine Le Pen au deuxième tour, pas la dernière
05:26fois, mais celle d'avant, il arrivait en bloc et donc il pouvait prétendre être Premier
05:30Ministre. – On posait la question à Agnès Évraine,
05:33vice-présidente des Républicains tout à l'heure, qui sera face à Eric Ciotti dans
05:37sa circonscription pour les LR à Nice, elle a dit « je ne sais pas, mais j'espère
05:41que ce sera du lourd ». Rocaïa Diallo, puisqu'on se demande que pense le peuple de droite ?
05:45– Monsieur Astrousi va tomber. – Il va tomber quelqu'un. Eric Ciotti,
05:49il a quand même toujours séduit une partie des militants. On se rappelle que quand il
05:51voulait être candidat en 2022, il disait « en cas de second tour Macron-Zemmour, je
05:56choisis Zemmour ». Ça ne l'a pas empêché ensuite d'obtenir un bon score à la primaire
06:01de la droite, de devenir le président du parti, donc il y a quand même une partie
06:04des militants qui le soutiennent sans doute ce soir.
06:06– En tout cas une partie des militants qui est sensible à ces idées, qui sont plus
06:11classées à l'extrême droite. Mais c'est vrai que l'intérêt, en tout cas du point
06:15de vue du RN, d'avoir Ciotti dans ses rangs, c'est le fait qu'il puisse venir avec
06:19un nombre de personnes assez conséquentes, et là avec son incapacité à convaincre
06:22d'autres personnes. Et puis l'image aussi, parce que je pense que c'est important,
06:26venir dans un parti avec l'image d'un traître, dont on a eu l'impression qu'il
06:30a participé à une espèce de vaudeville, de course-poursuite pendant toute la journée,
06:34je pense que ce n'est pas ce qu'on recherchait le RN, et je pense qu'il y a beaucoup moins
06:37d'intérêt pour le RN. Et puis après je pense qu'il ne faut pas négliger la stratégie
06:40personnelle. Je veux bien qu'il nous explique qu'il est super intéressé par ce que pense
06:44la base de son parti et le peuple de droite.
06:46– D'après Annie, ce matin, il y a trois semaines, il téléphonait aux membres du
06:49gouvernement pour avoir un poste de ministre.
06:52– Donc il a vu que la porte était fermée du côté de Renaissance, du côté de Macron,
06:56et là je pense qu'il essaye de se placer, et aujourd'hui la force la plus importante
07:01dans la partie qui est à droite et qui comprend l'extrême-droite, c'est le RN.
07:05Donc voilà, et la question aussi des Républicains, c'est aussi que c'est un parti qui n'a
07:10plus le même poids politique et le même caractère central qu'il pouvait l'avoir
07:14il y a quelques années.
07:15– On se demandait s'il avait du poids en arrivant au Rassemblement National, en tout
07:19cas en s'alliant avec le Rassemblement National. J'imagine que vous, la femme de gauche que
07:22vous êtes, Rochelle Diallo, vous avez noté quelques divergences entre Eric Ciotti et
07:26le RN, notamment sur la retraite, puisque Eric Ciotti veut la retraite à 65 ans, Jordan
07:30Bardella voulait revenir sur la réforme, et puis quand on a posé la question à Jordan
07:34Bardella au début de semaine, est-ce que vous allez revenir sur la réforme des retraites
07:36sur RTL, il s'est montré très évasif.
07:38Est-ce que ça veut dire qu'en quelque sorte, là, le pari d'Eric Ciotti est réussi à
07:42avoir réussi à faire fléchir quelque peu la ligne du RN ? Enfin, même pas quelque
07:46peu, il va falloir faire fléchir la ligne du RN sur cette question ?
07:48– En fait le RN c'est un parti d'extrême-droite, c'est un parti de droite qui s'est déguisé
07:51avec une espèce de ligne pseudo-sociale, mais c'est un parti qui n'a jamais soutenu
07:55le confort social des Français, et je pense que c'est juste un visage qui se révèle,
08:02c'est-à-dire que dans le discours de Bardella, il y a un propos qui se veut proche des personnes
08:07qui ont notamment besoin d'une assise sociale certaine, mais quand on regarde ce qu'a
08:11voté Bardella, que ce soit au niveau du Parlement européen, ou ce qu'ont voté les députés
08:15RN localement, ça a toujours été contre l'augmentation du SMIC, contre toutes les
08:19extensions en termes d'assises sociales pour les Français, donc moi je crois que
08:27c'est juste le visage du RN tel qu'il est, un parti de droite qui se révèle.
08:30– Etienne Jarnel, sur cette question de la réforme de la retraite là, qui devient
08:33un argument dans la gauche et pour la maîtrise.
08:36– Le RN était vaguement libéral à l'époque de Jean-Marie Le Pen, mais parce que c'était
08:38la mode, enfin je crois qu'il n'en pensait rien Jean-Marie Le Pen, ce n'était pas son
08:41sujet à l'économie, il est devenu très à gauche, on l'était sur l'économie,
08:46et le programme économique de Marine Le Pen en 2022 n'est pas très différent et pas
08:51fondamentalement différent de celui de Jean-Luc Mélenchon, c'est un parti très à gauche
08:53sur l'économie, profondément déconnecté des réalités économiques, et qui a conscience,
08:59et c'est le petit virage esquissé par Jordan Bardella, qu'on croit ou qu'on ne croit
09:05pas sur la question des retraites et sur la question des finances publiques, où il a
09:09compris qu'il y avait un plafond de verre, qu'il y avait beaucoup de gens, notamment
09:13les épargnants, qui ne votaient pas à l'ARN, on voit bien les retraités, les épargnants,
09:17les gens qui ont un peu d'argent, ils ne votaient pas à l'ARN parce qu'ils avaient
09:20peur tout simplement de la sortie de l'euro, ils avaient peur qu'il équivaut à une dévaluation,
09:24et donc ils essaient de rassurer un tout petit peu en disant non non on ne va pas forcément
09:27faire le grand soir économique, on le croit ou on ne le croit pas, en ce qui me concerne
09:32je ne le crois pas.
09:33Etienne Gernel, Bruno Jeudy, Rocka et Dialo, vous restez avec nous, les grands débats continuent,
09:37on va s'intéresser dans un instant au deuxième débat de la soirée, à la présence
09:43d'Emmanuel Macron, qui est quelque peu cachée, voire absente sur les affiches de campagne
09:48de certains députés sortants notamment, est-ce qu'il fait perdre des points à son
09:52camp ? Est-ce qu'il faut qu'il reste discret ? Emmanuel Macron va se poser la question
09:56alors qu'il est en train de prendre la parole au G7 en Italie pour s'exprimer sur la situation
10:02de la politique intérieure.