L'incertitude politique liée à la dissolution de l'Assemblée nationale peut avoir des conséquences sur le taux d'emprunt de la France. Les institutions qui prêtent de l'argent ont en effet besoin d'une situation politique solide et stable comme garantie.
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00:00Nicolas, les marchés n'aiment pas l'incertitude. L'incertitude politique liée à la dissolution, ça pose problème. Depuis deux jours, le taux d'emprunt de la France est en train de devenir un vrai sujet.
00:09Alors, c'est notable ce qui se passe depuis deux jours sur le taux. Ce n'est pas dramatique au moment où je vous parle. Il ne faut pas que ça continue. Ce taux, c'est le prix de notre dette.
00:18C'est la rémunération que la France accorde aux institutions du monde entier qui nous prêtent régulièrement de l'argent. Et ce taux va varier en fonction de la confiance que ces marchés ont en nous.
00:28Il y a deux paramètres essentiels qui nourrissent cette confiance. Le premier, c'est est-ce que ce pays sait lever l'impôt pour pouvoir me rembourser à l'argent que je lui ai prêté ?
00:38Deuxième paramètre, est-ce que ce pays est gouverné par des institutions solides et stables ? La confiance de ces deux paramètres essentiels, j'ai deux exemples.
00:48À l'automne 2022, c'est le paramètre impôts qui fait vaciller la Grande-Bretagne. L'Istrus arrive avec des baisses d'impôts totalement intenables.
00:57Qui c'est, l'Istrus ?
00:58C'était l'ancienne première ministre britannique.
01:00Tout le monde l'a oublié.
01:01Oui, mais justement, pourquoi on l'a oublié ? Car comme ces promesses étaient délirantes, que les marchés ont pris peur, que le taux britannique est parti en vrille, elle a démissionné dans la foulée.
01:10La Banque d'Angleterre a dû intervenir pour éviter que la Grande-Bretagne ne se trouve sous tutelle du FMI. La Grande-Bretagne, on ne parle pas de la FMI.
01:18Comme l'Argentine.
01:19Autre exemple, cette fois-ci paramètre politique, on est en 2011, c'est la Cata en Italie. En moins de cinq jours, le taux italien s'envole, le pays ne peut plus se financer car Silvio Berlusconi est rattrapé par un scandale financier.
01:32Coup d'État parlementaire en quelque sorte. On vit à Berlusconi, on rappelle Mario Monti qui avait la confiance du monde entier parce qu'il avait été un commissaire respecté à Bruxelles et tout est rentré dans l'ordre en quelques jours, en 48 heures.
01:44La particularité de ces moments de tension sur les taux souverains, c'est que ça peut aller à la vitesse d'un cancer fulgurant. Un pays peut passer d'une situation normale à une situation catastrophique en moins de cinq jours.
01:55D'accord, mais où en est la France, presque trois jours après l'annonce de la dissolution ?
01:58Je disais, rien de dramatique, mais il ne faut pas que ça continue.
02:00Parce que les marchés surréagissent, tu le sais mieux que personne, toujours.
02:03Oui, il ne faut pas que ça continue simplement. On était un peu en dessous de 3% pour le taux de notre dette à maturité de 10 ans, on est à 3,22 aujourd'hui. Tranquille, on se dit 0,2, 20 points de base.
02:16Mais si, en termes de taux souverains, 20 points de base, ça commence à être notable. Ce n'est pas rien du tout.
02:22Pour mesurer ça, on regarde l'écart de taux entre la France et l'Allemagne. A combien emprunte l'Allemagne ? A combien emprunte la France ?
02:28Cet écart de taux, qui est généralement assez faible, est monté à 47 points de base lundi, 0,47%. Il est monté à 64 points de base hier, 0,64%.
02:39Ok, ce n'est pas dramatique, mais il ne faut pas que ça continue. Il y a un événement qui a calmé le jeu hier. Je suis en retard, mince.
02:46Un événement qui a calmé le jeu hier, et je m'arrêterai là, c'est qu'Emmanuel Macron a démenti une éventuelle démission.
02:51Au moins, ça, ça a un peu apaisé le marché. On va regarder ça comme le lait sur le feu toute la journée. Rien de dramatique, il ne faut pas que ça continue.
02:57On pensait aussi qu'il n'y aurait pas de dissolution.
02:59Oui, mais il ne faut pas que ça continue.