• il y a 4 mois
Dans le football, tout ne devrait être que communion, fête, esprit d’équipe et saine compétition. La réalité est malheureusement bien différente, je ne vais pas vous l’apprendre. Notre sport préféré n’est pas imperméable aux problématiques que l’on retrouve dans notre société, le racisme est bien évidemment un sujet majeur. Alors où en est-on en 2024 ?

Mohamed Bouhafsi, que vous connaissez je n’en doute pas pour ses activités à RMC et désormais à France Télévisions notamment, a réalisé le documentaire Des Cris dans le Stade qui sera diffusé ce soir sur France 5 et qui est accessible sur le site internet de France TV. Ce document revient sur des années d’histoire du football, donnant la parole à des joueurs que l’on a tous admirés mais qui ont malheureusement été victimes de racisme.

Cet entretien est également l’occasion de nous interroger sur comment lutter contre le racisme, comment faire avancer ces problématiques, et ce qui est d’ores et déjà accompli… ou pas.

00:00 Introduction
00:32 D’où vient la création du documentaire Des Cris dans le Stade ?
02:19 Des joueurs en premières lignes trop peu soutenus ?
05:50 Le football, un thermomètre de la société ?
13:54 Tous “coupables” du racisme dans le foot ?
22:39 Des conséquences façon effet papillon
26:50 Mot de la fin

#Foot #Football #Documentaire

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Sport
Transcription
00:00Bonjour à tous, aujourd'hui vidéo exceptionnelle puisque j'accueille Mohamed Bouhafsi.
00:04On a échangé durant un long moment sur un documentaire qu'il a créé,
00:08décrit dans le stade, qui sera diffusé sur France 5 et sur France Télévisions.
00:12On revient durant une vingtaine de minutes sur le problème de racisme dans le football
00:16mais également dans la société.
00:18C'est évidemment pour faire la promotion de ce documentaire.
00:21Je vous invite à aller le voir, très sincèrement.
00:23Il est passionnant, il est enrichissant, mais au-delà de tout ça,
00:26il est surtout nécessaire pour le ballon rond, mais aussi pour notre société.
00:30Je souhaite une excellente vidéo avec Mohamed.
00:33Comme prévu, je suis avec un invité de marque aujourd'hui, Mohamed Bouhafsi.
00:37Bonjour Mohamed.
00:38Salut Mickaël et salut à tous les viewers de Talk Mike Football.
00:41Aujourd'hui, tu es là pour nous présenter ton documentaire
00:45et j'ai envie de te poser une première question.
00:48Quelle a été la genèse de ce documentaire ?
00:51Qu'est-ce qui a été le déclic pour que tu te penches sur ce sujet ?
00:54Alors Mickaël, le déclic a eu lieu lors d'une discussion
00:57avec un grand joueur de l'équipe de France, un très grand joueur.
01:00En fait, on échangeait sur la vie, on était au téléphone ensemble,
01:03ça faisait une petite demi-heure, et on a parlé de ce qui était arrivé
01:06à Vinicius Junior en Espagne.
01:08Donc les humiliations qu'il a subies, les actes racistes qu'il a subis.
01:11Et à la fin de l'échange, ce joueur de l'équipe de France me dit
01:14« Mais tu sais, Mohamed, quand je réalise un grand match,
01:16quand je marque un but, quand j'obtiens un pénalty,
01:18quand je suis trop fort, on dit dans le match que je suis français
01:21et le joueur de ce fameux grand club.
01:23Mais il me dit « Quand je rate un match, quand j'entraîne un pénalty,
01:26quand je prends un carton rouge ou quand je suis mauvais,
01:28je redeviens un noir. Je redeviens un noir pour certaines personnes en France
01:32et pour les fans de mon équipe. »
01:34Et il m'a dit ça avec un ton très mélancolique, sans une grande tristesse.
01:39Il était vraiment très calme dans le ton.
01:41Et je me suis dit « Mais c'est quand même un truc de dingo, en fait.
01:43Le mec, il est en train de me dire qu'on l'essentialise
01:45par rapport à sa couleur de peau. »
01:47Et je me suis dit « Mais ce n'est pas acceptable. »
01:49Et donc la semaine suivante, j'ai fait une chronique
01:51dans 7 à vous sur l'affaire Vinicius Junior,
01:54les arrestations qui ont eu lieu en Espagne.
01:57Et la chronique, la story dans 7 à vous a cartonné
02:00sur les réseaux sociaux, sur Twitter et sur Instagram
02:03et sur la courbe d'audience de l'émission, ça a cartonné aussi.
02:06Je me suis dit, à travers cette discussion et ce déclic
02:08que j'ai eu avec ce grand joueur et cette chronique,
02:11je pense qu'il y a eu une sorte de déclic dans ma tête,
02:13ça s'est imbriqué et je me suis dit « Mais il faut en parler.
02:15Je pense que les Français sont prêts à en parler
02:17et pas uniquement les fans de football. »
02:19Je trouve ça super intéressant que tu évoques
02:22le cas de l'affaire Vinicius Junior
02:24parce que justement, ma deuxième question,
02:26c'était ton avis sur le traitement médiatique de la question.
02:29En tant que fan de foot et en tant que citoyen aussi,
02:31j'ai parfois l'impression que les victimes
02:33sont un peu seules dans ce combat.
02:35Vinicius est devenu un petit peu l'emblème
02:37de la lutte contre le racisme,
02:39mais on l'a parfois senti un petit peu seul,
02:44peu soutenu et finalement être obligé
02:46de faire le premier pas.
02:47Qu'est-ce que tu en penses ?
02:48Est-ce qu'aujourd'hui, tu penses qu'on est tous
02:50commentateurs du football au niveau
02:52ou est-ce qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire ?
02:55Tu as entièrement raison, Mickaël.
02:57Je crois que tu as apprécié le film.
02:59C'est ce que tu m'as dit.
03:01Le préambule du film, c'est une phrase de Lilian Turam.
03:04Il explique très bien le phénomène du racisme.
03:07Il dit en gros, si tu veux, tu es dans le match,
03:09que tu sois noir, maghrébin,
03:11quelle que soit ta croyance, ta couleur de peau,
03:13tu entends des événements racistes.
03:14Alors là, il parlait des cris de singes,
03:16qui ont aussi touché Vinicius Junior.
03:18Il dit, tu commences à entendre des bruits de singes dans le stade.
03:20Et tu vois un groupe, qui est assez important,
03:22puisque tu as été souvent dans des stades, Mickaël,
03:24pour entendre sur le terrain des bruits qu'on lit en tribune,
03:27il faut que ce soit un bruit soutenu.
03:29Et donc, en gros, il entend des bruits
03:31et là, il va voir ses coéquipiers.
03:32Ses coéquipiers, parfois, disent,
03:34non, mais calme-toi, ça va aller.
03:35Ensuite, il va voir l'arbitre et il lui dit,
03:37Monsieur l'arbitre, j'ai entendu des bruits de singes, etc.
03:39L'arbitre dit, non, non, on continue le match.
03:40Ça continue, ça s'amplifie, ça s'accentue.
03:43Et là, à ce moment-là, il va revoir l'arbitre.
03:45Et l'arbitre lui dit, non, mais c'est bon, carton jaune,
03:47tu te détends, on continue le match.
03:48Et là, il dégoupille.
03:50C'est ce qui est arrivé à Vinicius Junior.
03:51Coup de coude, étranglement, etc.
03:54Il met un mauvais tac, carton rouge.
03:56Il a été doublement sanctionné, doublement humilié.
03:58Parce qu'il est arrivé dans la tribune
03:59et parce qu'il est arrivé sur le terrain.
04:01Et en fait, aujourd'hui, on est un peu dans une société,
04:03on le voit au vu de l'actualité,
04:05un peu fracturée, un peu divisée.
04:07Et on croit toujours que tant que ça ne nous touche pas,
04:09ça ne nous regarde pas, ça ne nous concerne pas.
04:12Et en fait, le racisme, la xénophobie,
04:15l'antisémitisme, l'homophobie,
04:17c'est des choses, à un moment dans notre vie,
04:19on va tous être percutés par ça.
04:21Même la grossophobie désormais, etc.
04:23On va tous être percutés par ça.
04:25Et si on ne défend pas l'autre quand ça lui arrive,
04:28c'est qu'un jour où ça nous arrivera,
04:31on ne sera pas défendus, en clair.
04:33Et c'est ce qui est très bien expliqué
04:35par Dembaba dans le documentaire.
04:36Il dit, le jour de PSG-Bashak Cheyir,
04:38en fait, c'est Crivelli qui a changé le tournant
04:41de cette histoire-là.
04:43Crivelli a dit, non mais attends, Demba,
04:46moi, je suis blanc, je ne vais pas aller sur le terrain
04:48parce que tu es atterré, tu es dépité,
04:50moi, je vais à la douche et j'arrête le match.
04:52Et en fait, Lilian Thuram le dit aussi très bien.
04:54Il dit, tant qu'on continuera à avoir que des joueurs
04:56qui se mobilisent parce qu'ils sont noirs
04:58ou parce qu'ils sont maghrébins
04:59ou parce qu'ils ont une croyance différente,
05:01eh bien, ça ne change rien.
05:02Il faut que la globalité se mobilise pour dire stop.
05:06Parce que le jour où on dira stop tous ensemble,
05:08parce que le football n'est que le reflet de la société,
05:10le jour où on dira tous ensemble stop,
05:13là, on pourra essayer de faire évoluer les choses.
05:16C'est vrai que tu mentionnes ce passage avec Dembaba
05:19qui est hyper fort parce que le documentaire,
05:21globalement, est assez difficile à regarder.
05:23Il y a des passages qui prennent un peu aux tripes.
05:25Si on a un peu d'humanité,
05:26on ne peut pas rester insensible devant ça.
05:28Et quand il raconte cette anecdote sur Crivelli
05:30qui est à la douche avant même que lui y aille,
05:33tu sens le soutien qu'il a profondément touché.
05:36Et là, j'ai envie d'enchaîner sur les grandes idées
05:39que je vais ressortir du documentaire
05:40parce qu'en fait, il y a tellement de témoignages,
05:42tellement de choses qui sont évoquées
05:44que ça va être dur de parler de chacun individuellement.
05:46Moi, la première chose que j'en ressors,
05:49et tu vas me dire ce que tu en penses,
05:51je vais commencer en donnant un exemple
05:52dans cette grande idée,
05:53c'est que le foot, comme on le sait,
05:55ce n'est qu'un grand thermomètre de notre société.
05:58Il y a une anecdote dans le reportage
06:00qui, moi, m'a profondément marqué,
06:02m'a profondément secoué,
06:03car je dois avouer que naïvement,
06:04c'est un truc que je n'imaginais pas.
06:06C'est sur comment les stades peuvent transformer les gens.
06:10On a Luc Sonore qui a une anecdote là-dessus
06:13et qui a été victime d'insultes racistes dans un stade.
06:16Son frère intervient,
06:18va retrouver l'auteur des cris racistes
06:20et il se rend compte que c'est en fait un mec
06:22qui jouait tous les matins au flipper.
06:25Un mec qui avait l'air respectable,
06:27un mec avec qui il s'entendait bien,
06:28mais dans le stade,
06:29pour une raison qu'on a même du mal à comprendre,
06:32ce mec s'est mis à proférer des insultes racistes.
06:35Est-ce que pour toi,
06:37il y a également une phrase qui est très forte,
06:39c'est on ne veut pas de racisme dans le football italien,
06:42mais on sait l'état dans lequel est la société italienne.
06:46D'ailleurs, je pense qu'aujourd'hui,
06:47par rapport à l'actualité française,
06:48on pourrait également en toucher un mot.
06:50Est-ce que pour toi,
06:51le foot est tributaire de ce contexte global ?
06:54Parce qu'on en parle beaucoup individuellement sur le football,
06:56mais c'est un thermomètre.
06:58J'aime bien ton expression sur le thermomètre.
07:01En fait, il y a des gens qui,
07:02en voyant le documentaire,
07:03moi je suis très touché par les mots
07:05que les gens ont pour mon documentaire
07:07depuis quelques jours.
07:08Toi, tu es un vrai fan de football,
07:09donc il y a des choses que tu as appris,
07:11mais tu connaissais parfois certaines choses
07:13et certains acteurs, etc.
07:15Il y a plusieurs personnes
07:16qui ne connaissaient pas le football
07:17qui ont regardé le documentaire
07:18parce que ce n'est pas un documentaire
07:19uniquement sur le football,
07:20c'est un documentaire sur le football et la société,
07:22qui m'ont dit
07:23« Mais en fait, je ne pensais pas
07:24que ça se passait comme ça dans les stades. »
07:26Et tu l'as bien dit,
07:27le stade n'est que le thermomètre de la société,
07:28le stade n'est que le reflet de la société.
07:31Et quand on a dans une société
07:3220 à 25 % minimum,
07:34et parfois ça a tendance à augmenter,
07:35qui sont aux extrêmes,
07:36qui sont parfois homophobes,
07:37qui sont parfois antisémites,
07:38qui sont parfois anti-musulmans,
07:40qui sont parfois racistes, xénophobes,
07:42eh bien ces gens-là,
07:43on les retrouve dans le stade.
07:45Et il y a un sociologue qui l'explique très bien,
07:47c'est que parfois,
07:49parfois malheureusement,
07:50la foule est capable
07:51de sortir le pire,
07:53de sortir, d'exacerber des émotions,
07:55d'exacerber des émotions
07:56dans les moments de joie.
07:57Quand on gagne une Coupe du Monde,
07:58on est tous les uns avec les autres,
08:00on est heureux,
08:01on célèbre, etc.
08:02Mais quand on perd
08:03ou quand on veut humilier l'autre,
08:05eh bien on est capable de tout,
08:06malheureusement.
08:07Moi, j'ai vécu une anecdote
08:08plutôt personnelle.
08:09Moi, j'ai eu la chance à RMC
08:10et dans le football
08:11de vivre des moments exceptionnels.
08:12À RMC,
08:13je raconte une anecdote.
08:14Un jour, je travaillais
08:15pour RMC Sport,
08:16pour la Chepot-Sig,
08:17et je suis sur un terrain de France
08:20et je parle du stade,
08:21il est minuit et demi,
08:221h du matin,
08:23je suis avec l'assistant réel
08:24et je crois 6 ou 7 supporters
08:25qui étaient là
08:26et qui commencent à me traiter
08:27de sale bico, sale bougnoule,
08:28sale arabe de service,
08:29dégage de là,
08:30t'es pas chez toi, etc.
08:31Et comme ils sont 7
08:33et nous, on est 2,
08:34en fait, tu ne sais pas,
08:35ils sont un peu avignés en plus,
08:36Michael,
08:37tu ne sais pas de quel côté
08:38la pièce peut tomber.
08:39Tu ne sais pas sur un mauvais coup,
08:40sur une mauvaise insulte,
08:41sur une mauvaise réaction que j'ai,
08:42comment ça peut partir.
08:43Et donc, j'ai tracé mon chemin
08:45et je n'ai pas moufté.
08:46Ils étaient 7, 8,
08:47ils tenaient des propos
08:48qui étaient gravissimes
08:49et je me suis dit,
08:50ils sont bourrés,
08:51je n'ai rien à faire,
08:52je vais avancer.
08:53Et en fait,
08:54c'est le symbole
08:55de cette histoire-là
08:56de luxe sonore.
08:57Cette anecdote est absolument incroyable,
08:58il faut que les gens
08:59la découvrent ce soir.
09:00C'est qu'en gros,
09:01quand tu es tout seul parfois,
09:02tu es capable de dire
09:03je joue au flipper
09:04avec une personne de couleur noire
09:05et je suis tranquille,
09:06je l'aime bien, etc.
09:07On joue au domino,
09:08on joue au carton orange,
09:09au stade, ça change tout.
09:10Au stade, je suis capable
09:12et la foule est capable du pire,
09:13souvent.
09:14Et cette foule-là,
09:15il faut aujourd'hui lui expliquer
09:16que ce n'est plus acceptable,
09:17que ces comportements-là
09:18ne sont plus acceptables.
09:19Un jour,
09:20j'emmène mon petit-neveu au stade,
09:21il a 5 ans à côté de moi,
09:22il y a un monsieur
09:23en costume cravate au stade
09:24qui a passé
09:25les 5 premières minutes du match
09:26à insulter les adversaires
09:27de sales pédés.
09:28Pédés, pédés, pédés, pédés.
09:29Au bout de 5 minutes,
09:30j'ai dit,
09:31excusez-moi,
09:32il y a mon petit-neveu de 5 ans,
09:33est-ce que vous pourriez
09:34arrêter d'insulter
09:36l'équipe adverse de pédés ?
09:37Ce n'est pas agréable, quoi.
09:38Il a dit, c'est bon,
09:39je lui ai dit, non,
09:40vous arrêtez maintenant.
09:41Et là, ça n'a pas manqué.
09:42Le lendemain,
09:43mon petit-neveu m'a dit,
09:44Mohamed,
09:45tonton, ça veut dire quoi pédé ?
09:46Tu vois,
09:47il l'a dit à sa mère aussi.
09:48Et en fait, aujourd'hui,
09:49toi, tu es un énorme fan de foot,
09:50tes viewers
09:51sont des méga fans de foot.
09:52Moi, je suis un passionné
09:53de football,
09:54c'est ma vie le football.
09:55Le football, c'est ma vie.
09:56Je regarde des matchs tout le temps,
09:57le week-end,
09:58je regarde encore,
09:59et c'est parce que
10:00j'aime tellement ce sport
10:01et ce foot.
10:02De toute façon,
10:03je ne regarde que du foot.
10:04Malheureusement,
10:05je ne regarde que du foot.
10:06J'aime tellement ce sport
10:07qu'on ne peut pas
10:08mettre les problèmes
10:09sous le tapis.
10:10En fait,
10:11et ça, ça va t'intéresser,
10:12aujourd'hui,
10:13le foot est attaqué.
10:14Tu vois, avec ça,
10:15avec le téléphone,
10:16il y a plein de petits jeunes
10:17qui ne sont plus capables
10:18de regarder 90 minutes
10:19d'un match de foot.
10:20Avant, nous,
10:21on regardait 90 minutes,
10:22on était méga heureux.
10:23Maintenant, les gamins,
10:24et je ne critique pas,
10:25je ne suis pas un boomer,
10:26ils ont TikTok,
10:27ils ont Instagram,
10:28mais le foot est attaqué.
10:29Si en plus de ça,
10:30on l'auto-détruit,
10:31si en plus de ça,
10:32on ne s'aborde,
10:33mais qu'est-ce qui va se passer ?
10:34Des gens ne voudront plus
10:35le regarder.
10:36Et pour finir,
10:37parce que j'étais un peu long
10:38sur cette réponse-là,
10:39elle me prend en tripes.
10:40Tu sais,
10:41c'est comme quand tu aimes
10:42un homme ou une femme,
10:43que cet homme ou cette femme
10:44a un défaut,
10:45deux défauts, trois défauts,
10:46et quelques mots,
10:47quelques mots,
10:48M-A-X,
10:49dans le cœur.
10:50En fait,
10:51si tu l'aimes autant,
10:52cette femme ou cet homme,
10:53tu as envie de le soigner,
10:55tu as envie de l'aider
10:56à être une meilleure personne.
10:57Et c'est parce que moi,
10:58j'aime tout dans ce sport
10:59et que j'aime tout dans ce football
11:00que je veux montrer aussi
11:01sa face plus sombre
11:02pour dire stop, les gars,
11:03on arrête,
11:04on arrête de mettre
11:05les problèmes sous le tapis
11:06et on essaye de prendre conscience
11:07d'où on en est.
11:08D'ailleurs,
11:09avant de passer à la deuxième idée
11:10que je ressors du documentaire,
11:11il y a un mot que tu as employé
11:12que je trouve hyper intéressant,
11:13c'est attaquer.
11:14Le football est attaqué.
11:15Et justement,
11:16ça aussi,
11:17c'est un truc
11:18que montre bien le documentaire.
11:19C'est que parfois,
11:20dans le cas de tribunes,
11:21dans le cas avec les skinheads
11:22au Paris Saint-Germain,
11:23dans le cas également
11:24avec d'autres tribunes
11:25où finalement,
11:26c'est de l'instrumentalisation politique.
11:27Le football est un moyen
11:28de militer,
11:29un moyen de faire entendre
11:30des idées
11:31pas toujours recommandables
11:32et c'est mis en place
11:33par des gens
11:34qui ne s'intéressent
11:35quasiment même pas au football
11:36dans certains cas.
11:37Et c'est vrai
11:38que c'est une attaque
11:39contre le football
11:40et on ne cessera jamais
11:41de le dire,
11:42c'est que ces personnes-là
11:43ne représentent pas
11:44toujours le foot.
11:45Oui,
11:46c'est vrai
11:47que c'est une attaque
11:48contre le football
11:49et on ne cessera jamais
11:50de le dire.
11:51Oui,
11:52tu sais,
11:53c'est très simple.
11:54Quand le football va mal,
11:56la société va mal.
11:57Tu verras,
11:58tu vois,
11:59en 98,
12:00on est tous heureux,
12:01on est les champions du monde,
12:02il n'y a pas de chômage.
12:03J'en ai fait même
12:04un documentaire
12:05qui s'appelait
12:06Les Bleus et l'Élysée
12:07et souvent,
12:08quand on attaque le football,
12:09quand on attaque l'équipe de France,
12:10c'est parce que la société va mal.
12:11Comme par hasard,
12:12on attaque l'équipe de France
12:13quand elle est moins bonne,
12:14quand elle est champion du monde.
12:15On ne dit rien,
12:16on se cache,
12:17les extrêmes se cachent.
12:18Ils disent non, non, non,
12:20c'est parce qu'il est attaqué
12:21de partout ce football.
12:22Il est attaqué
12:23par des groupes extrémistes
12:24en son sein,
12:25en son sein.
12:26Il est attaqué
12:27par des partis politiques.
12:28Il est attaqué
12:29par des partis
12:30qui parfois utilisent
12:31des groupuscules
12:32pour aller puiser
12:33et trouver des gens
12:34qui sont parfois
12:35sans repères,
12:36sans famille,
12:37sans travail,
12:38qui sont parfois au chômage,
12:39qui sont parfois déconnectés
12:40de la société
12:41pour en faire
12:42des mecs violents,
12:43pour en faire
12:44des mecs durs,
12:45pour en faire
12:46des mecs
12:47qui n'aiment pas vraiment
12:48le football.
12:49Il est attaqué,
12:50qu'il faut aujourd'hui le protéger,
12:51qu'il faut aujourd'hui le soutenir
12:52et qu'il faut se dire
12:53comment on peut faire
12:54pour sortir
12:55ces personnes-là du stade.
12:56Et au vu de l'actualité,
12:57on voit bien
12:58que dans les années 80,
12:59par exemple,
13:00certains allaient chercher,
13:01grâce au mouvement Skinhead,
13:02des miliciens
13:03d'extrême droite,
13:04des miliciens,
13:05je ne dis pas des militants,
13:06des miliciens,
13:07c'est-à-dire des gens
13:08qui allaient se battre,
13:09qui organisaient des fights,
13:10qui allaient tabasser
13:11des mecs en dehors du stade.
13:12C'est-à-dire que,
13:13il ne faut pas oublier
13:14qu'au Parc des Princes,
13:15on avait jusqu'à il y a encore
13:1620 ans, 15 ans,
13:17des mecs qui faisaient
13:18des saluts nazis,
13:19des saluts nazis,
13:20des groupuscules
13:21d'extrême droite
13:22dans le cup of Boulogne
13:23et on n'a rien trouvé de mieux
13:24que de se dire
13:25tiens,
13:26si on crée une tribune,
13:27un virage au Theuil
13:28pour mettre des Rebeu
13:29et des Renois.
13:30En fait,
13:31on ne s'est pas dit
13:32on va aller nettoyer
13:33le cup of Boulogne.
13:34On s'est dit
13:35on va créer une tribune
13:36pour que les Rebeu
13:37et les Renois
13:38et les gens qui sont tolérants
13:39et qui ont juste
13:40le cœur rouge et bleu à Paris
13:44et parfois,
13:45on se cache un peu
13:46derrière tout ça
13:47et on a peur d'affronter
13:48les combats.
13:49Eh bien écoute,
13:50tu me donnes une transition
13:51toute trouvée
13:52pour la deuxième idée
13:53et pourtant
13:54on n'en a pas parlé avant
13:55c'est pour dire
13:56c'est que moi,
13:57il y a un truc que je ressors
13:58du documentaire,
13:59je vais avoir une formule
14:00qui est volontairement provoquante
14:01mais c'est le côté
14:02tous complices.
14:03Tu parles de la gestion
14:04de cette fameuse
14:05tribune problématique
14:06à l'époque au Paris-Saint-Germain
14:07où on a préféré
14:08ouvrir une autre tribune
14:09plutôt que nettoyer
14:10les problèmes.
14:11Il y a également
14:12le cas avec l'OM
14:13où on a eu
14:14les dizaines de kilos
14:15de bananes
14:16qui sont rentrés
14:17dans le stade
14:18donc où c'était organisé,
14:19où on savait
14:20qu'il y avait
14:21à avoir une action
14:22contre Joseph-Antoine Bell
14:23et finalement,
14:24on se rend compte
14:25que dans le passé,
14:26les clubs
14:27ont très volontairement
14:28au mieux
14:29fermé les yeux
14:30sur certains événements
14:31et que
14:32tous complices,
14:33je provoque
14:34mais disons qu'on
14:35n'a pas été à la hauteur
14:36dans le football
14:37de ces enjeux.
14:38Mais tu sais,
14:39tu dis dans le passé
14:40mais ça existe
14:41encore aujourd'hui.
14:42C'est là où je voulais
14:43t'amener par un site.
14:44Vas-y, je t'en prie.
14:45Tu vois,
14:46on parle du passé
14:47beaucoup dans le documentaire
14:48parce qu'on a des gens
14:49qui parlent du passé
14:50et qui prennent la parole
14:51pour la première fois
14:52comme Joseph-Antoine Bell,
14:53comme Robin Leproux
14:54qui parle de ce qui s'est passé
14:55etc.
14:56Ça, c'est très fort
14:57mais ça arrive encore
14:58dans certains stades français.
14:59On l'explique dans le documentaire.
15:00Il y a quand même des mecs
15:01qui se sont retrouvés
15:02dans un stade français
15:03à faire il y a quelques années,
15:04il y a 2-3 ans,
15:05quelques mois,
15:06une croix celtique
15:07dans un match à l'XR.
15:08Une croix celtique.
15:09C'est-à-dire que les mecs
15:10se sont dit pendant une demi-heure
15:11alors toi, tu vas aller à droite,
15:12toi, tu vas aller à gauche,
15:13toi, tu vas aller là
15:14et on va faire une croix celtique.
15:15C'est-à-dire que les gars
15:16se disent bien
15:17qu'il n'y a pas de problème.
15:18C'est organisé,
15:19c'est prévisité,
15:20c'est mûrement réfléchi.
15:21En Italie,
15:22Samuel Umtiti
15:23qui est dans le documentaire
15:24et bouleversé,
15:25le raconte.
15:26Lecce,
15:27l'adiodrome,
15:28sur les 1072 adiodromes,
15:29sur les 1072 supporters
15:30de l'adiodrome,
15:31il y en a 1000
15:33qui ont été identifiés
15:34comme auteurs d'insultes
15:35et de propos racistes.
15:36Ça existe encore.
15:37C'est pas un truc
15:38qui est uniquement dans le passé.
15:39Donc en gros,
15:40c'est que parfois,
15:41et je te ressors
15:42une discussion
15:43avec un président de club
15:44de Ligue 1.
15:45J'ai appelé un président de club
15:46parce qu'il n'y a quand même
15:47pas beaucoup de monde
15:48qui a eu l'audace
15:49et le courage de parler
15:50et je salue le courage
15:51d'Olivier Letten
15:52dans les dirigeants
15:53qui ont parlé.
15:54Mais il y a un président de club
15:55qui m'a dit
15:56d'envoyer une photo
15:57sur le site de ce président de club
15:58et je lui ai dit
15:59regarde,
16:00voilà ce qu'il y a
16:01dans la photo.
16:02Il m'a dit
16:03tu sais,
16:04on va mettre ce mec-là
16:05en question,
16:06c'est un capot.
16:07Il gère quasiment
16:085 à 6 000 personnes
16:09à Crépeau.
16:10Ils seront indirectement
16:11à 400, 500 personnes.
16:12Si je parle de lui,
16:13je vais me faire brûler,
16:14il va me retourner le style,
16:15il va me retourner
16:16son entraînement.
16:17J'ai compris sa peur.
16:18Il n'a pas voulu en parler
16:19parce qu'il avait peur en fait.
16:20Il m'a dit
16:21si je le retrouve
16:22dans la ville,
16:23qu'est-ce qu'il va faire ?
16:24Il va m'agresser,
16:25il va m'insulter au minimum,
16:26il va peut-être me taper
16:27et il avait peur.
16:28Est-ce qu'on est tous coupables ?
16:29Oui, on est tous coupables
16:30parce que c'est facile
16:31de dire aux joueurs,
16:32c'est facile de faire
16:33des grandes campagnes
16:34say no to the racism,
16:35tous unis,
16:36le mois des fiertés,
16:37etc.
16:38de la part de l'UFA
16:39avec une belle musique,
16:40des trucs qui coûtent super cher.
16:41Mais qu'est-ce que vous faites
16:42vraiment ?
16:43Qu'est-ce que vous faites ?
16:44C'est-à-dire qu'en 2021,
16:45à l'Euro 2021,
16:46on a failli me retirer
16:47mon accrète
16:48parce que j'avais dit
16:49l'UFA est complice
16:50du pouvoir de Victor Orban
16:51en refusant à Budapest
16:52que le stade soit drapé
16:54Mais c'est parce que
16:55ces gens-là ont peur.
16:56Ces gens-là ont peur
16:57quand l'UFA dit
16:58on reprend vite vite
16:59le match au PSG-Bashechir.
17:00Ils ont peur.
17:01Ce n'est pas à eux,
17:02ce n'est pas aux joueurs
17:03tout de suite
17:04de prendre
17:05des décisions radicales.
17:06C'est d'abord
17:07déjà aux politiques.
17:08Avec un arsenal judiciaire
17:09en France,
17:10on n'a pas le droit
17:11d'interdire de stade
17:12à vie un supporter
17:13qui est capable
17:14d'actes homophobes,
17:15racistes,
17:16xénophobes,
17:17antisémites.
17:18Ça, c'est aux politiques.
17:19Ensuite, c'est à l'UFA,
17:20la FIFA,
17:21de prendre des décisions plus fortes.
17:23Avant de vouloir
17:24créer des grands joueurs,
17:25peut-être créer juste
17:26des bonnes personnes
17:27et des bonnes personnes
17:28qui deviennent des grands joueurs.
17:29Et ensuite, c'est aux joueurs.
17:30Mais les joueurs sont
17:31tout en bas de l'échelle.
17:32Tout en bas de l'échelle.
17:33Moi, je me rappelle
17:34un joueur de district,
17:35de football amateur,
17:36pendant la Coupe du monde 2022,
17:37il m'a dit
17:38on me demande
17:39de porter le brassard LGBT.
17:40Pourquoi au Qatar,
17:41l'équipe de France
17:42ne veut pas que les joueurs
17:43le portent ?
17:44Tu vois ?
17:45C'est-à-dire qu'en fait,
17:46si on ne renvoie pas
17:47le message d'en haut,
17:48on est tous coupables.
17:49Tous.
17:50Il y a un truc
17:51qui ressort
17:52du documentaire
17:53mais aussi de ce que tu nous dis
17:54depuis le début de la vidéo,
17:55je trouve,
17:56c'est que finalement,
17:57la peur,
17:58elle nous paralyse
17:59un petit peu.
18:00La peur pour un président
18:01que finalement,
18:02des supporters
18:03mettent à sac tout ça.
18:05La peur que t'as pu ressentir,
18:06toi,
18:07quand t'as sept mecs
18:08qui t'agressent
18:09et que t'es deux
18:10et qu'il y a un effet de meute.
18:11Et je trouve aussi
18:12que c'est pour ça
18:13que c'est hyper important
18:14de faire des documentaires,
18:15de parler de ces sujets
18:16pour que plus personne
18:17laisse passer ça
18:18dans un stade
18:19quand il constate
18:20et que la peur
18:21a changé de camp,
18:22en fait,
18:23que demain,
18:24ces mecs
18:25qui prennent une demi-heure
18:26pour faire une saleté
18:27de croix celtique
18:28dans un stade
18:29se disent,
18:30non,
18:31mais si on fait ça,
18:32on va avoir des ennuis
18:33parce que les gens
18:34vont trouver ça révoltant.
18:35Déjà,
18:36si tu mets
18:37l'arsenal judiciaire
18:38avec une possibilité
18:39d'interdire le stade à vie,
18:40je te raconte l'anecdote
18:41de Mike Maignan.
18:42Tu te rappelles,
18:43il y a quelques semaines,
18:44il a été victime
18:45d'une insulte raciste
18:46milanaise et houdinaise.
18:47Les supporters de Houdinaise
18:48n'ont jamais
18:49interdit de stade à vie.
18:50Déjà,
18:51grâce à cette décision-là,
18:52on n'a plus
18:53ces débiles-là
18:54qui sont dans le stade.
18:55En fait,
18:56vous voulez voir des matchs
18:57de foot de votre équipe,
18:58vous allez les voir
18:59à la télévision maintenant.
19:00Vous allez les voir
19:01à la télévision
19:02et vous allez devoir
19:03pointer parfois au commissariat.
19:04Vous allez assumer
19:05vos actes
19:06parce que,
19:07en gros,
19:08dire sale négro,
19:09sale black,
19:10sale nanny,
19:11sale nana,
19:12sale pédé,
19:13ça,
19:14on ne peut plus l'accepter.
19:15Si on avait
19:16cette interdiction de stade
19:17pour interdire
19:18à quelqu'un d'être raciste,
19:19on ne peut pas l'interdire.
19:20En revanche,
19:21on peut l'interdire
19:22de le dire.
19:23Le racisme,
19:24ce n'est pas une opinion,
19:25c'est un délit.
19:26La xénophobie,
19:27ce n'est pas une opinion,
19:28c'est un délit.
19:29L'homophobie,
19:30tous ces trucs-là,
19:31c'est des délits,
19:32en fait.
19:33Donc,
19:34on peut les empêcher
19:35de s'exprimer.
19:36Et cette peur-là,
19:37il faut aujourd'hui
19:38qu'elle change de camp.
19:39Il y a eu le phénomène MeToo
19:40dans la société.
19:41Les gens ont beaucoup parlé,
19:42les gens se sont libérés
19:43et ça,
19:45mais vous ne parlez pas
19:46de l'homophobie, etc.,
19:47dans le documentaire
19:48ou du racisme anti-blanc.
19:49Mais l'homophobie,
19:50moi, tu sais,
19:51j'ai travaillé pendant 11 ans
19:52dans le football.
19:53J'avais une petite renommée
19:54dans le football, etc.
19:55J'ai connu des joueurs
19:56qui étaient homosexuels
19:57qui avaient des compagnes
19:58qui se cachaient
19:59et qui cachaient
20:00leur homosexualité.
20:01On a tous des copains homosexuels,
20:02on a tous des copines lesbiennes.
20:03Dans le football,
20:04il n'y en a aucun.
20:05Parce que ces gens-là
20:06ne sont pas encore prêts
20:07à prendre la parole.
20:08Aujourd'hui,
20:09on voit aussi apparaître
20:10parce que quand un joueur blanc
20:11qui arrive de la ruralité
20:12n'a pas les mêmes côtes
20:13que certains dans le vestiaire,
20:14on le met de côté,
20:15on l'isole.
20:16Donc, il est victime de ça aussi.
20:17Donc, ces gens-là,
20:18le jour où ils seront prêts
20:19à parler,
20:20ils le trouveront
20:21sur leur route
20:22pour leur donner la parole.
20:23Et ce que je veux te dire,
20:24c'est que tu vois
20:25ce qui s'est passé
20:26il y a deux semaines
20:27PSG-Lyon en Coupe de France.
20:28PSG-Lyon.
20:29Il y a des mecs antifas
20:30d'extrême gauche, parisiens.
20:31Il y a des mecs d'extrême droite
20:32un petit peu côté lyonnais,
20:33pas tous, bien évidemment,
20:34mais certains.
20:41Et en fait, on a quoi ?
20:42On a quoi ?
20:43On a un bus qui brûle,
20:44des gamins et des familles
20:45qui sont parqués
20:46sur un champ d'une autoroute.
20:49Mais attendez,
20:50vous croyez vraiment
20:51que les petits gamins
20:52qui sont là,
20:53ils vont vouloir revenir voir des matchs
20:54et refaire des déplacements ?
20:55Mais on va en perdre, en fait,
20:56les gens.
20:57On va en perdre.
20:58Et je termine sur ce point-là,
20:59sur le tous-coupable.
21:00Tu sais,
21:01Kerfales Soko
21:02qui m'a bouleversé,
21:03qui est l'un des personnages phares
21:04du documentaire,
21:05quand il dit
21:06« Mais pendant des années,
21:07on m'a dit sur le côté
21:09des masodistricts,
21:10sale négro,
21:11retourne dans ta brousse,
21:12retourne dans ta savane,
21:13mange des bananes. »
21:14Il m'a dit,
21:15j'ai toujours dit que c'était normal.
21:16Je me suis dit c'est normal.
21:17Mais en revanche,
21:18le jour où on est venu me pourchasser
21:19avec un coup de couteau
21:20et me courser avec un couteau,
21:21et vouloir me mettre
21:22des coups de couteau
21:23et me lyncher,
21:24me laisser pour mort,
21:25je me suis dit c'est grave.
21:26Mais attends,
21:27Kerfales,
21:28ça ne va pas,
21:29même lui a accepté
21:30le fait qu'on puisse lui dire
21:31sale négro,
21:32sale blague,
21:33rentre dans ta brousse,
21:34monte dans tes arbres,
21:35même lui a accepté ça.
21:36Mais ce n'est pas possible.
21:37Et il a pris 10 matchs de suspension,
21:38parce qu'ils ont dit
21:39que c'était lui
21:40qui avait mis le premier tac
21:41qui a entraîné la bagarre.
21:42Il était en train
21:43de mourir au sol,
21:44l'arbitre l'a mis
21:45à carte rouge.
21:46Il a été depuis,
21:47on lui a retiré ses 10 matchs
21:48parce que les mecs
21:49du district
21:50qui ont donné sa décision
21:51se sont comportés
21:52de manière inadmissible.
21:53Il a été entendu par la police.
21:54On est où ?
21:55Et c'est le symbole
21:56du « tous complices »
21:57et on a peur.
21:58Aujourd'hui,
21:59toi Michael,
22:00moi,
22:01il y a des femmes,
22:02des hommes,
22:03des mecs
22:04qui sont fans de foot
22:05et qui disent
22:06qu'on ne peut plus accepter tout ça
22:07et on se lève.
22:08Moi, je n'accepte plus
22:09et je ne veux pas l'accepter
22:10pour les futures générations.
22:11Je veux que mes petits-neveux
22:12aillent au stade
22:13très tranquillement
22:14et que ma petite nièce
22:15puisse passer un moment au stade
22:16sans entendre de partout
22:17des insultes.
22:18J'adore le folklore,
22:19j'adore le chambrage
22:20mais on n'est pas obligé
22:21de passer une demi-heure
22:22à traiter un mec de PD,
22:23de négro,
22:24de sale musulman,
22:25de sale maghrébin,
22:26de sale jaune.
22:27On n'est pas obligé
22:28de faire ça pendant une demi-heure.
22:30Il y a des banderoles
22:31qui sont très drôles
22:32et au fur et à mesure,
22:33on ne l'accepte plus
22:34et moi, je ne l'accepte plus
22:35comme toi.
22:36Écoute, ça va m'amener
22:37à la dernière idée
22:38qui ressort du documentaire
22:39pour moi.
22:40Tu cites l'exemple
22:41de Kerfala Sissoko
22:42qui est un joueur de district
22:43et je trouve que c'est
22:44vraiment un excellent exemple.
22:45Pour moi,
22:46le dernier point,
22:47c'est les conséquences
22:48dont on ne parle jamais.
22:49Tu en as
22:50qui concernent
22:51le domaine du foot.
22:52Par exemple,
22:53Dembaba qui va dire
22:54« Moi, je n'ai pas signé en Italie
22:55car justement
22:56le sujet du racisme
22:57fait que je n'avais pas envie
22:58d'y diriger ma carrière. »
22:59On a les violences
23:00extrêmement graves
23:01au niveau district
23:02avec l'anecdote
23:03de Kerfala Sissoko.
23:04Vraiment,
23:05j'invite tout le monde
23:06à voir le documentaire
23:07rien que pour ça
23:08parce que c'est au tout début
23:09du documentaire,
23:10c'est poignant
23:11et ça bouscule
23:12dès le départ
23:13et moi, il y a un truc
23:14qui m'a marqué aussi.
23:15C'est Kerfala Sissoko
23:16qui va dire
23:17« Moi, si ma petite fille
23:18demande à faire du football,
23:19je vais lui dire non. »
23:20Et pourtant,
23:21c'est un amoureux du football
23:22mais pourquoi ?
23:23Parce qu'il a peur
23:24pour sa fille
23:25et parce qu'il n'a pas envie
23:26que sa fille connaisse ça
23:27et ça, malheureusement,
23:28je pense qu'il y a
23:29beaucoup de gens
23:30qui se disent ça
23:31et c'est une conséquence
23:32dont on ne parle jamais
23:33et qui montre bien
23:34que ça concerne tout le monde.
23:35Et je terminerai avec,
23:36je crois que c'est
23:37Lilian Thuram
23:38qui le dit,
23:39mais j'ai un doute,
23:40je m'excuse d'avance,
23:41en disant que la première
23:42agression raciste
23:43qu'il a vécue,
23:44ce n'est pas tant
23:45sur un terrain de football,
23:46c'est même en tant que spectateur
23:47parce que quand tu es spectateur
23:48et que tu entends
23:49qu'il est raciste,
23:50tu subis toi-même
23:51cette agression
23:52et je trouve qu'en fait,
23:53on a beaucoup de personnes
23:54aujourd'hui
23:55qui ont tendance
23:56à minimiser,
23:57à dire simplement
23:58ces quelques insultes
23:59mais non, en fait,
24:00dès qu'on creuse
24:01un petit peu,
24:02tu as un effet en cascade
24:03qui fait que les conséquences
24:04elles sont énormes
24:05pour plein de personnes
24:06différentes.
24:07Tu as la vision
24:08la plus...
24:09Il nous reste trois minutes
24:10parce que je crois
24:11qu'il y a trois minutes
24:12de batterie sur l'ordinateur
24:13et je vais devoir
24:14aller emplacer.
24:15Mais tu as la vision
24:16la plus parfaite possible.
24:17Mickaël,
24:18il y a plusieurs raisons.
24:19Tout d'abord,
24:20moi j'étais ravi
24:21de donner la parole
24:22à Kerfala Sissoko
24:23et à Basile Boli.
24:24Basile Boli,
24:25je l'ai recroisé
24:26un mois après
24:27lors d'un match
24:28entre l'OM et le PSG
24:29au Stade de l'Europe
24:30et il m'a dit
24:31« Mohamed, tu m'as libéré.
24:32Tu m'as libéré.
24:33Je vais te montrer une photo.
24:34J'ai croisé Kerfala Sissoko
24:35à l'occasion d'une interview
24:36et Kerfala,
24:37elle est ici la photo,
24:38je te la montre.
24:39Voilà.
24:40Regarde, tu vois,
24:41il avait un sourire
24:42et elle est là la photo.
24:43Je l'ai gardée
24:44ensemble.
24:45Il était avec sa fille
24:46et Kerfala m'a dit
24:47depuis quelques jours
24:48que les extraits sont sortis
24:50merci de m'avoir donné
24:51du bonheur.
24:52Et tu as entièrement raison
24:53quand tu dis ça, Mickaël,
24:54parce que les gens
24:55qui te regardent là aujourd'hui,
24:56c'est des passionnés de football.
24:57Toi, tu es un méga passionné
24:58de football.
24:59Moi, je suis un passionné
25:00de football.
25:01Il n'en reste plus beaucoup
25:02des mecs comme toi
25:03et des meufs
25:04qui sont capables
25:05de regarder beaucoup de matchs
25:06dans un week-end, etc.
25:07Il en reste encore
25:08et il faut les protéger.
25:09Il faut les protéger
25:10et moi, ce que j'explique
25:11et tu as eu la bonne analyse,
25:12quand Basile Boli me dit
25:13tu m'as libéré,
25:14tu m'as permis
25:15de redonner confiance en moi
25:16et ça me fait plaisir.
25:17C'est déjà une victoire
25:18de mon documentaire.
25:19Kher Falassi Soko,
25:20c'est déjà une victoire
25:21de mon documentaire.
25:22Il faut aller regarder
25:23ce témoignage.
25:24Et où tu as la bonne analyse,
25:25c'est qu'à travers le drame
25:26de Kher Falassi Soko,
25:27c'est quatre personnes
25:28que le football perd.
25:29Quatre personnes.
25:30Lui, il ne veut plus
25:31jamais jouer au foot
25:32alors que c'était
25:33un bon joueur.
25:34Il jouait dans une bonne division,
25:35c'était un bon joueur.
25:36Sa femme ne veut même plus
25:37qu'il regarde du foot
25:38à la maison
25:39parce qu'elle a failli
25:40voir son mari mourir.
25:41Donc, elle a failli perdre
25:42sa fille.
25:43Il a toujours pensé
25:44qu'il allait l'emmener au stade,
25:45qu'il allait vivre des moments
25:46à quels il ne veut plus
25:47l'emmener au stade.
25:48Il ne veut plus qu'elle voit du foot.
25:49Il ne veut même pas
25:50qu'elle entende parler de football.
25:51Et la quatrième personne
25:52que tu as oublié de citer,
25:54c'est le fils du président
25:56du club de Benfeld.
25:57Le fils du président Dietrich
25:59qui avait huit ans
26:00au moment du drame
26:01de Kher Falassi Soko
26:02qui arrive sur le terrain.
26:03C'est le fils du président
26:04et il entend les os
26:06de Kher Falassi Soko craquer.
26:08Il avait huit ans.
26:09Il a pensé que le joueur,
26:10son ami,
26:11comme un tonton,
26:12un joueur du club,
26:13allait le perdre.
26:14Et il a dit à son père
26:15« Je ne veux plus entendre
26:16parler de football. »
26:17C'est-à-dire qu'on a perdu
26:18sur un drame quatre personnes.
26:19Quatre personnes,
26:20quatre personnes,
26:21quatre personnes.
26:22À un moment,
26:23on va se tuer nous-mêmes
26:24quand on voit des gens
26:25qui disent
26:26qu'il faut mettre
26:27le carton vert,
26:28qu'il faut mettre
26:29du temps additionnel
26:30sur 22 minutes,
26:31qu'il faut peut-être
26:32que les corners,
26:33si on met un corner
26:34rentrant,
26:35c'est deux buts.
26:36En fait déjà,
26:37on est attaqué par le gaming,
26:38par tout ça,
26:39par tout ça.
26:40Quand même,
26:41on accepte
26:42et on continue
26:43d'accepter ces comportements-là,
26:44le football va être fissuré,
26:45va se diviser
26:46et on va perdre
26:47beaucoup de gens.
26:48Et nous,
26:49on ne veut pas le perdre.
26:50Écoute,
26:51je pense qu'on va se laisser
26:52là-dessus Mohamed.
26:53Je te remercie
26:54pour cette entrevue
26:55mais surtout
26:56pour le documentaire.
26:57C'est un travail énorme.
26:58Je pense qu'on a besoin
26:59d'avoir plus de productions
27:00audiovisuelles dans ce style.
27:01Donc félicitations
27:02et vraiment
27:03un énorme merci.
27:04C'est important de dire
27:05qu'il faut le voir,
27:06le documentaire,
27:07ce soir en famille.
27:08Il y en a pour tous.
27:09Si vous êtes avec votre maman,
27:10votre papa,
27:11votre grand-mère,
27:12votre grand-père,
27:13votre fille
27:14ou votre fils,
27:15en fait,
27:16c'est intergénérationnel.
27:17Tu as vu,
27:18il y a du Michel Denisot,
27:19du Robin Leproux,
27:20du Samuel Oumtiti,
27:21du Olivier Létant,
27:22il y a du Basile Boli,
27:23il y a du Luc Sonneur,
27:24il y a du Dembaba.
27:25On évoque 40 ans.
27:26C'est une photographie.
27:27J'ai adoré,
27:28il y a quelqu'un,
27:29un journaliste du Monde
27:30qui a dit
27:31ton documentaire est un spin-off
27:32de la fièvre,
27:33la série de Canal+.
27:34J'ai adoré ces mots-là
27:36Il dit tu nous expliques
27:37par où on est passé,
27:38où on en est aujourd'hui
27:39et ce qui peut nous attendre.
27:40Et il faut prendre
27:41les bonnes décisions dans la vie.
27:42Il faut prendre les bonnes décisions
27:43parce qu'aujourd'hui,
27:44la société,
27:45elle est de plus en plus divisée,
27:46elle est de plus en plus fracturée
27:47et si on laisse passer
27:48des comportements extrêmistes,
27:49si on laisse passer
27:50dans notre société
27:51des choses
27:52qui sont dangereuses,
27:53ça peut mettre en danger
27:54toutes nos sociétés
27:55et ce n'est pas un documentaire
27:56moralisateur.
27:57Ce n'est pas un documentaire,
27:58c'est une photographie,
27:59c'est factuel.
28:00Et voilà,
28:01j'aimerais que les gens
28:02le voient en famille
28:03et qu'ils comprennent
28:04que si certains
28:05qui sont capables
28:06de comportements
28:07un peu débiles
28:08dans le stade
28:09juste pour provoquer,
28:10juste pour humilier
28:11et qui te disent
28:12ah non mais je ne suis pas raciste
28:13mon meilleur ami est noir
28:14ou mon meilleur ami est arabe
28:15ou mon meilleur ami est juif,
28:16j'aimerais qu'ils comprennent aussi
28:17que parfois,
28:18certaines attitudes,
28:19certains propos,
28:20certains comportements
28:21peuvent blesser,
28:22humilier quasiment
28:23pendant 35-40 ans.
28:24Message très fort.
28:25Merci Mohamed.
28:26Merci pour tout.
28:27Salut.

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