• il y a 6 mois
Depuis 10 ans, son association lutte contre les déterminismes sociaux. Ce mercredi, il organise à Lille un grand forum réunissant les parcours de celles et ceux qui ont déjoué les statistiques ! L’entrepreneur Moussa Camara est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-lundi-10-juin-2024-3386690

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00:00Les 9h48 à vous Mathilde Serrell et aux Nouvelles Têtes ce matin, un cœur valeureux, l'entrepreneur
00:07Moussa Kamara est dans notre studio.
00:09Portrait sonore.
00:10« On ne peut pas battre cette armée, on le peut et on le fera ! Ne voulez-vous pas
00:16renoncer à tout pour une chance, juste une chance, de montrer à nos ennemis qu'ils
00:21peuvent nous ôter la vie, mais qu'ils ne nous en prendront jamais notre liberté ! »
00:27Génération Braveheart dans les années 90, lui aussi s'est identifié à William Wallace
00:34alias Mel Gibson dans cette ode au courage en kilt.
00:37Sauf qu'il grandit loin de l'Ecosse, dans une famille d'origine malienne à Sergi-Pontoise.
00:44Fratrie de 8, parent, agent d'entretien et fan de ménage, il pense devenir maçon.
00:49« Regarde bien, en ce moment je suis dans mon état normal.
00:52Et maintenant, je vais atteindre le stade de Super Saiyan 3 ! »
01:00Des aventures de Sangoku alias Dragon Ball à la télé, il a gardé l'envie de découvrir
01:07le Super Saiyan qui est en lui.
01:09Celui-ci va se révéler en 2007.
01:11« Tout est parti de la mort de deux adolescents dans une collision avec une voiture de police.
01:16Un peu partout dans la cité, les poubelles et les voitures sont brûlées.
01:19Au total, 28 véhicules carbonisés.
01:21« Qu'est-ce qui se passe dans la tête de ces jeunes ? »
01:23« Ils se sentent comme une injustice.
01:24Il y a une enquête qui a été ouverte, il y a des choses qu'ils disent quand les forces
01:27de l'ordre ont fait leur travail.
01:28Certains n'entendent pas de cette manière-là, donc ça crée des suspicions, ça crée des
01:32difficultés à ce niveau-là. »
01:34Sa ville de Sergi est secouée par les émeutes qui se sont déclenchées à Villiers-le-Bel.
01:38Le sentiment d'injustice est explosif.
01:40A 21 ans, il fonde avec des amis une structure citoyenne « Agir pour Réussir » qui rapproche
01:45les habitants des institutions.
01:50La même année, bac pro-logistique en poche, il fonde sa société d'installation de « Box
01:55Internet ». Cinq ans d'activité, une dizaine de salariés, mais aussi un premier échec.
02:00Invité aux Etats-Unis pour un programme dédié aux jeunes leaders potentiels, il va retrouver
02:04son élan.
02:15« The task of perfecting our union moves forward. »
02:21Boosté par les discours du président Obama, il retente sa chance en France, se prend un
02:26mur d'abord, puis après une rencontre clé, crée son association « Les Déterminés »
02:31en 2015 qui a participé aujourd'hui à la création de plus de 700 entreprises et organise
02:37son premier forum.
02:39Moussa Kamara, bonjour.
02:41Bonjour.
02:42L'essence de votre engagement, c'est la lutte contre le perdu d'avance.
02:46Comment ça résonne ce matin, au lendemain de ces élections européennes, après l'annonce
02:50de la dissolution de l'Assemblée Nationale par le président Emmanuel Macron ?
02:54Déjà, il faut avoir du courage.
02:57Moi, je dis souvent aux jeunes qu'on accompagne, le courage, il ne faut jamais rien lâcher.
03:02Même quand on pense que tout est perdu, finalement, il faut un sursaut.
03:05Je pense que le président, en annonçant la dissolution, il veut aussi un sursaut.
03:09Je ne peux pas être son porte-parole, mais en tout cas, on ne peut pas, moi qui nais
03:13en France, qui ai grandi en France, je ne peux pas me résigner à ce que l'extrême
03:17droite arrive au pouvoir dans notre pays, parce que, pour moi, c'est des parties de
03:22la division, c'est des parties qui stigmatisent, et je pense que ça ne peut pas forcément
03:27tirer le pays vers le haut, et on a besoin, à un moment donné, de retrouver une société
03:32apaisée, un pays où on se rassemble.
03:35Moi, c'est le pays dans lequel j'ai vécu quand j'étais plus jeune, c'est le pays
03:40dans lequel je veux que nos enfants grandissent, et surtout, voilà.
03:44Donc, moi, je suis toujours optimiste, et je pense qu'aujourd'hui, on traverse des
03:48périodes un peu compliquées, mais demain, ça ira mieux.
03:50Je suis persuadé.
03:51L'espoir.
03:52Hope.
03:53Vous avez 38 ans aujourd'hui.
03:54Qu'est-ce qui a résonné en vous quand vous êtes allé suivre ce programme pour
03:57les jeunes leaders aux Etats-Unis, que vous avez entendu Barack Obama ?
04:01Moi, j'ai eu la chance, il y a un peu plus de dix ans, d'aller aux US.
04:06Je ne connaissais pas du tout cette culture, ni le pays, et le fait d'y arriver, d'avoir
04:11la chance de faire un stage pendant trois mois, tout près de la Maison-Blanche, et
04:15de rentrer dans les endroits les plus puissants, et d'assister à des rencontres assez intéressantes,
04:20ça m'a reboosté.
04:21Ça m'a dit que finalement, moi, jeune, issu de quartier, arriver là-bas, être
04:26dans les endroits les plus puissants, je pense que tout est possible.
04:29Il faut juste travailler, se mettre un peu dans l'action, agir un peu, positivement.
04:33Et quand je suis revenu en France, je me suis dit finalement, on devait, partout, même
04:37là où c'est le plus difficile, créer en fait ces opportunités pour que des jeunes
04:43avec des talents, avec des opportunités, puissent réussir aussi à leur niveau.
04:48Mais il faut aussi des structures.
04:50Vous, vous l'avez vécu quand vous étiez à l'école primaire, vous n'avez pas
04:53eu d'enseignant au CP pendant un an.
04:56Vous avez vécu ce que c'est structurellement ?
04:58Les inégalités sociales, elles sont présentes depuis très longtemps.
05:02Ça commence dès l'école.
05:03Et nous, notre rôle, c'est comment on arrive à créer des passerelles.
05:06Parce qu'on ne peut pas abandonner toute une génération parce qu'il y a ces inégalités.
05:12Et on ne peut pas tout attendre de l'État.
05:14On ne peut pas tout attendre des pouvoirs publics.
05:16Il faut qu'on agisse.
05:17Et la réalité, elle est là.
05:18C'est qu'aujourd'hui, le système scolaire, il crée de l'échec.
05:21Partout dans nos quartiers, moi, je vois des jeunes qui, parfois, ont un avenir gâché.
05:26Finalement, tout ça, c'est du gâchis humain.
05:28Il faut qu'on arrive à trouver des alternatives.
05:30Et c'est pour ça que, très tôt, il faut à la racine, dès la racine, recréer cet élan.
05:35Créer des passerelles entre le monde de l'entreprise et ces jeunes.
05:39Et derrière, il y a des résultats.
05:40Et c'est ce qu'on fait avec Les Déterminés à travers toute la France.
05:43Et justement, pas que dans les quartiers populaires.
05:45Vous êtes aussi parti dans les zones rurales.
05:48Vous avez intégré de plus en plus de territoires dans cette association Les Déterminés
05:52qui fait son premier forum à Lille, mercredi,
05:55avec des parcours d'inspiration, qu'ils soient artistes, journalistes, sportifs, entrepreneurs, etc.
06:00Mais il y a aussi une question de chance.
06:02Vous, vous avez eu de la chance.
06:03Si votre GPS n'était pas planté, vous ne seriez jamais à la 7th Réunion.
06:07Jamais vous auriez été invité.
06:08Ensuite, au vœu du Sénat, vous avez rencontré Pierre Gattaz qui était président du MEDEF.
06:12Si vous n'avez pas rencontré cet habitant qui vous a donné l'idée de créer votre entreprise
06:16à l'époque où vous aviez installé une box SFR.
06:19Il y a la chance aussi.
06:21Il y a la chance.
06:22Il y a surtout les rencontres.
06:23Moi, je dis souvent, je ne suis pas un génie.
06:25Je ne suis pas quelqu'un que je me suis fait tout seul.
06:27Aujourd'hui, ce que je fais, c'est la somme des rencontres que j'ai pu faire.
06:32Le fait aussi d'embarquer les gens dans un projet collectif.
06:35Et j'ai toujours eu cette boussole.
06:37Et le forum que vous avez cité le 12 mercredi à Lille,
06:41qui est ouvert à tous, et j'invite toutes celles et ceux qui veulent être inspirés.
06:46Ça sera plus de 50 intervenants qui vont venir partager leur parcours
06:50entre les diasporas africaines et françaises.
06:53Comment on arrive aussi à mettre en avant tous ces talents ?
06:57Des entrepreneurs, des penseurs, des avocats, des gens qui ont réussi
07:01et qui aujourd'hui ont créé de la valeur.
07:04Et aujourd'hui, ils ne sont pas ceux qu'on veut décrire
07:07comme si tous ces gens issus de l'immigration étaient des gens qui étaient voués à l'échec.
07:14Donc ce forum sera là pour rassembler, pour témoigner, pour inspirer
07:18et pour aussi montrer de nouveaux trajectoires à des générations qui arrivent.
07:23Il y a la question des modèles d'inspiration, mais aussi la question de l'échec.
07:27Quelque chose qui revient beaucoup chez vous, c'est qu'on n'apprend pas à faire face aux échecs.
07:31En fait, l'échec fait partie d'un parcours.
07:35On a tous eu des échecs.
07:37Je vois les entrepreneurs, tous les jours, ils trébuchent, ils se relèvent,
07:41ils vont d'échec en échec.
07:43Moi, j'ai été un entrepreneur, j'ai connu cet échec.
07:45Mais ce qui est important, c'est d'aller au bout d'un projet.
07:48Peu importe la réussite ou l'échec, c'est d'aller au bout de son projet.
07:52D'un moment où Sakamara, vous parlez de la relève.
07:54Un dispositif qui va permettre aux jeunes gens qui ne se sentent pas forcément concernés
07:59par la culture, d'intégrer des institutions culturelles.
08:02Oui, c'est un programme qu'on a lancé où on a sélectionné 101 personnes
08:05qui viennent de tout le territoire national.
08:07Et du coup, pendant deux ans, on va les accompagner
08:10sur des métiers de direction, à la direction de théâtre, de conservatoire,
08:16avec le ministère de la Culture.
08:17Et du coup, c'est très positif parce que ça permet de revivifier
08:22le vivier de nomination à des postes de responsabilité.
08:25Alors, je ne vous ferai pas la question trop XXe siècle.
08:29La politique, vous y pensez en vous rasant.
08:31Bon, alors, bonne route Moussa Kamara.
08:34Le forum manquera chez Talil, c'est mercredi 12 juin.
08:36Et puis, je rappelle que votre livre « Déterminer comment on s'en sort »
08:39a paru aux presses de la cité.
08:40Merci Mathilde.

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