• il y a 6 mois
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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 -La reporter de guerre Marine Jacquemin a commencé
00:02 comme correspondante aux Etats-Unis pour France 2
00:04 avant d'entrer au service politique étrangère chez TF1 en 1981.
00:08 -Comme en France, il n'existe pas de centre agréé
00:11 pour traiter de la dioxine,
00:13 c'est que ces 2 tonnes de déchets de sévéso
00:15 sont enterrées quelque part, mais illégalement.
00:18 -Pendant plus de 30 ans,
00:20 elle a couvert les plus grands conflits partout dans le monde.
00:23 -Pour prouver que Saddam Hussein ne lui fait pas peur,
00:25 le gouvernement égyptien a bien condamné l'intervention,
00:29 mais paraît aujourd'hui incapable d'aller plus loin.
00:31 -Il y a 20 ans, elle a eu l'idée de créer un hôpital pour enfants
00:35 à Kaboul.
00:36 En 2003, Bernadette Chirac dépose la 1re pierre de cet hôpital,
00:39 qui lui sera inaugurée 5 ans plus tard par Muriel Robin.
00:42 -Il faut absolument tendre la main et essayer de...
00:46 Toujours pareil, de se mettre à la place de l'autre.
00:49 Je ne voudrais pas être là.
00:51 Et si j'y étais, je ne comprendrais pas
00:53 qu'on m'y laisse sans me regarder.
00:55 -Bonsoir, Marine Jacquemin. -Bonsoir.
00:58 -Bienvenue sur le plateau de Clic.
00:59 Je vous présente Laura Felpin. -Ca va être dur, après !
01:02 -Mouloud Achaud, bien sûr.
01:04 -Ca nous ferait du bien d'avoir quelqu'un comme toi sur le terrain.
01:08 -Voilà, ça y est, c'est fait.
01:09 -C'est la rencontre chez Clic.
01:12 -Dans ce livre, Marine Jacquemin, on retrouve un récit très émouvant.
01:16 C'est le vôtre, c'est celui de 35 années de reportages
01:19 sur les zones de conflits, mais aussi de combats plus personnels,
01:21 plus intimes, on va en parler.
01:22 Ce livre, c'est la réponse à une lettre que vous a envoyée
01:24 une enseignante qui vous a dit
01:26 qu'on aimerait que vous veniez dans notre classe
01:28 pour nos élèves, qui sont en quête de sens,
01:30 puisque ce sens, vous l'avez trouvé,
01:32 à travers votre vocation de reporter de guerre,
01:34 et pourtant, au départ, c'était pas gagné.
01:36 Il me semble que c'était pas ce que vous rêviez de faire.
01:38 -Non, moi, je rêvais d'avoir un beau couple, d'amour,
01:42 d'avoir des enfants.
01:44 Bon, je rêvais un peu plus, mais reporter de guerre, franchement, non.
01:47 C'est un accident de parcours, l'endométriose,
01:50 que les jeunes femmes connaissent malheureusement encore.
01:54 Et voilà, j'ai pas pu avoir d'enfants,
01:56 j'ai été une mère en deuil en permanence,
01:58 et mon chéri est parti un jour, un matin,
02:02 il me dit "écoute, je pars"...
02:03 "Ah oui, tu pars au Liban."
02:05 "Ah, bon, d'accord."
02:06 "Et pour combien de temps ?" "Un an."
02:08 Donc, j'ai été obligée de le rejoindre,
02:11 et c'est là où tout a commencé.
02:14 -Et dès le début, c'est pas très facile,
02:15 parce qu'il y a plusieurs résistances,
02:17 mais il y en a une en particulier qu'on pointe du doigt systématiquement,
02:19 c'est que vous êtes une femme, que vous êtes une femme blonde,
02:22 et que, ça, vous vous le prenez souvent dans la figure.
02:24 -Ça vous parle ? -Ouais, ça peut.
02:26 -Oui, je suis blonde, je suis pulpeuse,
02:29 j'ai pas du tout le profil du grand reporter de guerre.
02:33 Quand je suis pas mère Thérésa, je suis une matari,
02:35 quand je demande une augmentation, j'ai la grosse tête,
02:38 quand j'interview Chirac, j'ai du coucher,
02:40 enfin bref, tout était comme ça, en permanence.
02:45 Mais bon, c'était une époque.
02:46 -Vous deux, hein ? -Bah oui.
02:48 -Allez, nous quatre, moi aussi, je suis...
02:50 Merci.
02:52 -Non, bon, c'était une époque, il y avait encore des machos,
02:56 mais moi, je dois dire qu'à Tf1, quand même,
02:58 il y avait vraiment des vieux routards,
03:01 ils ont été très sympas avec moi, tous, ils ont quand même...
03:05 Bon, alors j'avais pas le droit d'être reporter de guerre,
03:07 j'ai mis du temps, j'ai mis au moins 7 ans,
03:09 j'ai fait d'abord "Les chiens écrasés",
03:10 ce qu'on appelle le service des infogênés,
03:12 mais c'était génial, c'était un apprentissage magnifique.
03:16 -Votre premier conflit armé, c'est au Liban,
03:18 et c'est le début, évidemment, d'une longue série,
03:20 vous partez en Tchétchénie, au Okaraba,
03:22 vous allez aussi aller en Géorgie, au Rwanda,
03:24 enfin, j'en passe, il y en a énormément,
03:25 mais il y a un des moments cruciaux de votre carrière
03:27 dont vous parlez dans le livre,
03:29 c'est votre rencontre avec Yasser Arafat en 1994,
03:32 qui revient d'un très, très long exil.
03:35 On regarde, si vous le voulez bien, et on s'en reparle,
03:37 vous nous racontez.
03:38 -Brusquement, tout s'agite, il est minuit et demi,
03:41 le président Arafat a décidé de parler
03:43 seulement à la presse arabe, nous y précistons.
03:46 Nous tentons alors notre chance, très souriant,
03:49 qu'il nous réponde, qu'il nous rencontrera demain.
03:52 -Tomorrow, tomorrow, tomorrow.
03:54 -OK, thank you.
03:55 -Il est 1h30 du matin, Yasser Arafat rencontre encore
03:59 la presse arabe, il parle, il parle,
04:01 il n'en finit pas de parler,
04:03 comme s'il voulait effacer toutes ces années d'exil.
04:06 -Elle est incroyable, cette rencontre,
04:07 comment vous avez réussi à faire ça ?
04:09 -Ah non, mais c'est incroyable, parce que, on me dit,
04:11 tu pars demain matin rejoindre Arafat,
04:14 t'as décidé d'entrer cette nuit, bon...
04:17 Et je ne suis absolument pas faite pour l'interviewer,
04:20 sauf qu'on va dîner juste à côté de son hôtel,
04:23 je passe devant l'hôtel et là, j'ai un copain qui m'appelle Marine !
04:27 Je regarde, c'est un copain irakien,
04:29 je lui dis "qu'est-ce que tu fais là ?"
04:30 Et il me dit "je suis maintenant...
04:33 Je travaille avec le vieux, on l'appelait le vieux Arafat."
04:35 Et voilà, comme ça, je suis rentrée,
04:38 alors que c'était France Télévisions
04:40 qui avait les droits de la télévision palestinienne,
04:43 un coup de bol incroyable.
04:45 Et dans ce métier, il faut avoir des coups de bol,
04:48 sinon c'est pas facile.
04:50 -Aujourd'hui, est-ce que vous pensez que c'est possible
04:51 de faire ce métier dans cette zone ?
04:53 -Dans la zone, oui.
04:54 Oui, je pense que c'est possible, mais très difficile,
04:57 parce que, que ce soit côté israélien comme côté palestinien,
05:02 les journalistes sont totalement invisibilisés,
05:05 la guerre est totalement invisibilisée,
05:07 et c'est une guerre extrêmement difficile.
05:11 Moi, j'aime les deux parties,
05:13 ça fait longtemps que je vais au Moyen-Orient,
05:14 ça fait 76 ans que ça dure,
05:16 et c'est quand même très triste.
05:18 Je voyais une photo, la très récente,
05:22 qui m'a rappelé Yitzhak Rabin, cet homme qui avait dit
05:24 "Nous sommes destinés à vivre sur la même terre,
05:27 sur le même sol, et ensemble."
05:29 Et je voyais devant...
05:30 C'est une photo qui avait été...
05:32 Elle m'avait beaucoup frappée à l'époque,
05:33 c'est un vieil arabe qui est comme ça,
05:35 il regarde Yitzhak Rabin et il pleure.
05:39 Et ça, ça dit beaucoup de l'endroit.
05:42 Franchement, c'est à chaque fois des occasions ratées.
05:47 Là, il y avait les accords d'Oslo,
05:49 tout était fait pour que Yasser Arafat,
05:51 qui est de deux États,
05:53 parce qu'à terme, c'est ce qui va arriver,
05:55 c'est obligé, on ne peut pas y échapper,
05:59 et pourquoi tant de morts, tant de guerres ?
06:02 Et franchement, Yitzhak Rabin, s'il avait été...
06:06 Moi, j'ai pensé à lui parce que je me suis dit
06:08 "Bon, d'accord, le Hamas, OK,
06:10 ce qui a été fait est indicible,
06:12 c'est une horreur absolue."
06:14 Jamais de ma vie, je n'aurais pensé qu'Israël
06:17 puisse être à ce point en faiblesse
06:19 de laisser rentrer des monstres sur son territoire comme ça.
06:23 Mais de l'autre côté,
06:24 Yitzhak Rabin n'aurait jamais, jamais tué autant de...
06:29 À quoi ça sert ?
06:31 Et Netanyahou, franchement, je suis outrée.
06:37 Outrée de ce qui se passe.
06:38 -Une réaction sur le sort des journalistes assassinés
06:40 sur le conflit ?
06:42 -C'est surtout en Israël.
06:46 En Palestine, pardon.
06:48 J'ai beaucoup d'amis là-bas journalistes, bien sûr.
06:50 Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus
06:51 parce qu'on n'arrive pas à les joindre.
06:53 En l'espace de six mois,
06:54 il y a eu à peu près 110 journalistes tués.
06:59 Alors tués, 22 en faisant leur profession,
07:04 mais beaucoup dans leur famille ou en passant par là.
07:07 Une bombe, c'est une bombe.
07:09 Ça ne choisit pas spécialement les civils, les journalistes
07:12 ou que sais-je.
07:13 Voilà.
07:14 Et c'est monstrueux.
07:17 C'est vraiment une des pires choses
07:22 qui puisse arriver à la fois aux Israéliens
07:25 et à la fois aux Palestiniens.
07:27 Parce que beaucoup d'entre eux s'aiment, s'apprécient.
07:31 La photo avec l'Arabe en dit long.
07:35 Moi, quand je quittais Israël pour aller à Gaza,
07:40 j'avais un chauffeur.
07:42 Quand j'arrivais à Gaza, c'était les mêmes.
07:44 Les séfarades et les Palestiniens
07:47 avaient une très bonne entente dans les pays du Maghreb,
07:49 par exemple.
07:51 Et c'est vraiment dommage, toutes ces occasions ratées,
07:53 parce que je pense qu'ensemble,
07:55 ils auraient pu faire un grand pays avec deux États.
08:00 -En tout cas, merci beaucoup, Marine Jacquemin.
08:02 Je vous encourage tout le monde à lire ce livre.
08:04 de la France.
08:05 Merci à tous !