• il y a 5 mois

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Transcription
00:00 Au moment où on m'a déposé cet enfant en fait sur la poitrine
00:04 et qu'on a approché sa bouche de mon sein,
00:06 je me suis dit "ouh la la mais quelle énorme responsabilité",
00:10 c'est-à-dire que ce petit bout, en fait, j'en suis responsable seule.
00:15 Je fais partie de ces femmes qui ont accouché seule.
00:18 C'est un premier enfant, en tout cas ça l'était pour moi,
00:21 et vous vous posez toutes les questions des nouveaux parents.
00:23 Vous êtes seule pour répondre à ces questions, pour faire face au rendez-vous.
00:26 Quand vous accompagnez votre enfant à 4h du matin à Necker
00:30 parce qu'il y a une forte fièvre
00:34 ou que votre enfant est tombé dans la cour et qu'il a mal au bras
00:39 et qu'on vous a dit que c'était pas grave
00:40 mais que du coup vous préférez aller à Necker à 4h du matin,
00:43 vous êtes seule en fait, vous pouvez pas regarder quelqu'un et dire "qu'est-ce que t'en penses ?"
00:46 Vous êtes seule donc en fait pour lever le doute, vous partez à l'hôpital.
00:51 Il y a des matins où juste c'est trop, en fait, où tout est trop,
00:56 où vous commencez la journée en pleurs
00:58 et comme toutes les mamans, peu importe, je pense d'une manière générale,
01:02 famille traditionnelle ou pas,
01:03 on n'a pas envie que nos enfants nous voient pleurer.
01:08 Je sais pas si ce sont des joies de maman solo,
01:13 mais en tout cas ce sont des joies de maman
01:15 quand votre enfant, vous le sortez de son bain,
01:19 vous le mettez dans le lit, il vous regarde,
01:23 il vous prend dans les bras et il y a cette interaction qui naît.
01:27 Vous êtes le parent, c'est juste incroyable.
01:31 Votre enfant, elle a fait des mères se rendre compte que vous êtes une maman solo
01:36 et vous disent que plus grande faudrait vous ressembler,
01:40 qu'elle a bien conscience et elle vous le dit très jeune
01:42 de tout ce que vous faites pour l'élever.
01:44 Il y a 20 ans, être un parent solo,
01:46 c'était quand même difficile en fait pour les gens de comprendre.
01:50 Il y a eu du jugement, je trouve, de certaines personnes,
01:53 de l'incompréhension et puis sur toutes ces questions complètement lunaires.
01:57 Parfois je me disais, est-ce que c'est moi,
01:58 est-ce que ce sont mes hormones, est-ce que je dois mal le prendre ?
02:01 Donc je me posais beaucoup de questions.
02:02 Les gens se sont permis de rentrer dans ma vie privée,
02:06 pas pour m'accompagner pour certains, mais pour notifier la différence.
02:10 Je me souviens aussi avoir eu des conversations assez délicates
02:14 avec des gens qui ont touché dès la naissance
02:16 le bracelet de ma fille de l'hôpital en disant
02:18 "ah bah tiens, elle porte votre nom de famille".
02:20 Tout un tas de remarques comme ça qui font mal.
02:24 Partout où vous allez, à l'APMI, quand vous cherchez une nounou,
02:27 les gens ont toujours ce regard "mais où est le papa ?"
02:30 Et en plus, ma fille a la particularité d'être métiste.
02:32 Donc en fait, ça suscitait encore plus de questions.
02:35 Pendant de longues années, j'ai quand même baissé presque la tête.
02:39 J'étais forte pour ma fille, mais par rapport à toutes ces réflexions,
02:42 j'avais pas le panache pour pouvoir répondre
02:44 parce qu'en fait, je trouvais que c'était rentrer dans l'intimité des gens.
02:47 En fait, qu'il rentrait dans mon intimité avec un jugement.
02:50 Ce n'est qu'en voyant ma fille grandir que j'ai pris de la ressource
02:53 et que petit à petit, je me suis permise de répondre.
02:56 Bien que je trouvais parfois les questions dérangeantes,
03:00 mais je me suis dit en même temps, s'ils osent te poser ce type de questions,
03:03 tu dois pouvoir répondre.
03:04 Je pense pas avoir été carriériste,
03:06 mais il y a des opportunités qui se présentaient
03:09 et en fait, je les saisissais.
03:11 J'ai toujours eu cette envie de me dire "je dois avancer quand même"
03:14 parce que je voulais que ma fille ne manque de rien.
03:16 Je voulais qu'elle ait les mêmes activités,
03:19 enfin, toutes les activités qu'elle souhaitait faire.
03:21 Véritablement important, tout basique, qu'elle soit bien habillée.
03:24 On n'allait pas en vacances à toutes les vacances scolaires,
03:26 mais qu'on puisse partir en vacances toutes les deux chaque année.
03:29 C'est vrai que j'ai pu compter toujours sur des amis,
03:32 mais dans le 15e, il y a quand même pas mal de mamans solos.
03:34 Donc en fait, on s'est rendu énormément de service.
03:37 Je pense que sans ce cercle-là,
03:40 je n'aurais pas pu évoluer professionnellement
03:43 et je pense que je ne serais jamais engagée en politique.
03:46 Nous ici, dans le 15e, je suis une invisible parmi les invisibles,
03:49 mais quand vous habitez dans un village avec 120 personnes,
03:51 quand vous vous séparez et en plus que c'est difficile,
03:54 finalement, vous avez un peu le regard de la société.
03:58 Pas forcément bienveillant.
04:00 Mon combat, effectivement, sans trop de prétention,
04:05 c'est de pouvoir, le temps de mon mandat,
04:07 faire faire quelques pas sur ce sujet-là.

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