• il y a 8 mois

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00:00Les nés sous X sont pas une catégorie humaine à part.
00:03Ils sont comme les autres, c'est-à-dire qu'ils veulent savoir qui ils sont,
00:06d'où ils viennent, qui sont leurs parents, s'ils ont des frères et sœurs.
00:10Et c'est permis partout ailleurs, sauf en France à cause de l'accouchement sous X.
00:14Je suis journaliste indépendante.
00:16Je viens de réaliser pour Femmes Actuelles une enquête sur les femmes qui accouchent sous X.
00:19Je suis née sous X à Lille et j'ai été adoptée dans la région de Valenciennes.
00:26J'étais soupçonnée d'être l'enfant adultère, mais je ne l'étais pas en fait.
00:31Ma mère ne voulait absolument pas m'abandonner.
00:34Sa belle-mère ne voulait pas que je rentre à la maison.
00:37Elle s'est arrangée avec les assistantes sociales qui m'ont enlevée à elle.
00:42J'ai découvert que je faisais partie très certainement d'une filière de vols d'enfants.
00:46Vols d'enfants très nombreux sur le territoire franco-français.
00:51Ces histoires de bébés volés, c'est revenu dans plusieurs témoignages,
00:54notamment avec malheureusement la complicité de l'Église,
00:58parce qu'il y a eu beaucoup de maternités tenues par des religieuses,
01:01où il était évident qu'une femme, si elle était mineure,
01:06qu'elle ne parlait pas bien français, qu'elle était pauvre par exemple,
01:10elle avait de fortes chances qu'on ne lui laisse pas son enfant.
01:12Encore aujourd'hui, il y a des médecins notamment, mais pas qu'eux,
01:17qui expliquent aux femmes que la seule option qui existe pour elles
01:22si elles ne veulent pas garder leur enfant, c'est d'accoucher dans l'anonymat.
01:25Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de femmes qui accouchaient
01:29en laissant leurs enfants à l'adoption de façon volontaire.
01:32J'ai parlé avec des personnels soignants, des sages-femmes, des assistantes sociales.
01:38L'une d'entre elles m'a expliqué que dans son département,
01:41on proposait trois choses aux femmes qui disaient ne pas pouvoir garder leur enfant.
01:46D'abord, un secours financier et une aide de l'APMI.
01:51Si elles le refusaient, on leur proposait d'accoucher en laissant le nom de l'enfant
01:55sur l'acte de naissance, soit dans un courrier dans le dossier de l'enfant.
02:00Et en dernier recours, on leur propose l'accouchement anonyme.
02:04On est très très loin aujourd'hui des stéréotypes qu'on pourrait avoir sur ces femmes.
02:10En fait, elles sont mariées, pas mariées, avec des enfants ou sans enfants.
02:16Elles sont quatre profs avocates ou sans emploi.
02:19Elles ont entre 20 et 40.
02:21C'est vraiment madame tout le monde.
02:22Les raisons aujourd'hui qui les poussent à ne pas élever leur enfant
02:26n'ont rien à voir avec avant.
02:28Elles ne sont pas circonstancielles.
02:29Je m'explique.
02:30Auparavant, ça pouvait être des conditions financières,
02:33des conditions parce que la société était extrêmement misogyne.
02:36Aujourd'hui, c'est rien de tout ça.
02:39C'est plus à regarder du côté de l'inconscient.
02:42Lorsqu'elles tombent enceintes, déjà on est très vulnérable quand on tombe enceinte.
02:46On fait face à notre propre histoire infantile
02:49et qu'il y a certaines femmes qui ne veulent pas inscrire leur enfant
02:52dans leur propre filiation par rapport au trauma qu'il y a dans leur famille,
02:56les secrets, les non-dits, etc.
02:57C'est un acte d'amour et ça, ça m'a vraiment bouleversée quand je l'ai compris.
03:01Toutes les femmes qui l'ont fait volontairement,
03:04elles l'ont fait parce qu'elles pensaient que c'était le mieux pour leurs enfants.
03:06Je voulais retrouver ma famille biologique pour combler toutes les zones d'ombre,
03:11toutes les questions sans réponse.
03:13Pourquoi avais-je été abandonnée ?
03:14Est-ce que j'avais des frères et sœurs ?
03:16Dans mon dossier, il n'y avait aucun élément identifiant.
03:18Ce qui ne m'a pas permis de les retrouver.
03:20Un soir, le téléphone a sonné.
03:23Une voix féminine m'a dit que je recherche ma sœur qui s'appelle Maria Pia.
03:28Ma mère biologique était décédée depuis plusieurs mois malheureusement,
03:32mais elle leur avait donné des indications
03:35avec lesquelles mes sœurs recherchaient depuis déjà pas mal de temps.
03:38Maintenant, les tests ADN, c'est important à dire,
03:41permettent à toutes les personnes qui sont en recherche de leurs origines
03:45de retrouver leur famille biologique.
03:47Il y a eu une grande évolution.
03:49En 2002, sous la contrainte de l'Union européenne qui condamnait la France
03:53parce qu'on est un des seuls pays à autoriser ce genre de pratiques,
03:56on a créé le CNAOP,
03:58qui est donc le Conseil national d'accès aux origines personnelles.
04:01On a décidé qu'on allait inciter fortement les femmes
04:05à laisser, si elles le désiraient,
04:08des éléments concernant leur identité pour leurs enfants.
04:12Il va falloir trouver un juste milieu entre le droit de l'enfant et le droit de la mère.
04:17Et de peut-être passer de l'anonymat à la confidentialité.
04:21Voilà, je pense que c'est là où on peut faire jouer les choses.

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