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00:00 Ça n'existe pas, La mère parfaite.
00:01 Cette idée de la mythologie de la bonne mère est une pure création.
00:05 Je joue le rôle d'une maman qui est maniaco-dépressive,
00:09 on dit aujourd'hui bipolaire.
00:11 Ce qui m'a touchée dans ce film, c'est le fait qu'on comprenne
00:14 au fur et à mesure du film que c'est une maladie,
00:18 que c'est de la faute de personne.
00:20 Quand on parle de rapport filiaux, la culpabilité est toujours assez présente.
00:25 On a toujours l'idée d'être une bonne mère, d'être une bonne fille, d'être un bon fils.
00:31 Et en plus, quand la maladie mentale s'en mêle,
00:35 c'est vrai que l'on demande toujours en tant que parent ce qu'on a fait de mal.
00:40 Puis on entend des fois pour l'autisme, pour ceci,
00:43 enfin voilà, en général c'est de la faute de la mère, c'est toujours de la faute de la mère.
00:47 Je pense que depuis que les femmes peuvent choisir quand elles ont des enfants,
00:51 ça a rajouté beaucoup de culpabilité en fait,
00:53 parce qu'on est censé les faire quand ça y est,
00:56 quand on est prêt, c'est le bon moment.
00:57 Donc il faut que tout soit parfait,
01:01 or la perfection n'est pas ce monde.
01:03 Et de toute façon, moi j'avais une mère psy,
01:06 elle me disait "c'est soit trop ceci, soit pas, c'est cela".
01:10 Quoi qu'on fasse, on fait mal.
01:14 Après je pense que à partir du moment où on donne déjà de l'amour,
01:19 de la confiance, enfin bref, on est là,
01:23 c'est déjà important.
01:25 Quand on grandit, je pense que plus ou moins,
01:28 il y a un moment où on en veut à nos parents, plus ou moins,
01:30 enfin bref, et puis il y a ce moment
01:33 où on comprend que d'abord en vouloir toute notre vie à nos parents,
01:37 ça va nous mener à rien.
01:39 Et en plus, quand c'est pas seulement intellectuel,
01:43 mais qu'on comprend intimement
01:47 que c'est pas des idéaux,
01:49 et c'est pas les grandes personnes qu'on imaginait,
01:54 que personne non seulement n'est parfait,
01:57 mais presque personne n'est totalement adulte,
01:59 en tout cas qu'ils ont fait ce qu'ils pouvaient.
02:02 Quand on comprend que chacun fait ce qu'il peut,
02:04 on grandit vraiment.
02:06 De toute façon, moi vieillir
02:09 n'a fait que renforcer ma compréhension de tout le monde.
02:13 Mais vraiment.
02:14 Et puis en plus, de moment de compte aussi,
02:16 j'avais un peu tendance à penser que tout était psychologique,
02:18 sociologique aussi, évidemment.
02:21 Mais je me rends compte de plus en plus
02:23 qu'il y a aussi une chimie interne, le cerveau,
02:27 beaucoup de choses, quoi, qui rentrent en jeu.
02:28 Il y a des gens que j'aime pas,
02:30 mais j'ai l'impression d'être mille fois plus tolérante qu'avant.
02:34 Évidemment, aussi avec mes parents.
02:38 Et puis évidemment, le fait de devenir mère soi-même,
02:42 c'est aussi comprendre beaucoup de choses.
02:43 Ce qui est beau dans le film de Julien Carpentier,
02:46 c'est que je pense qu'on comprend à peu près tout le monde.
02:50 C'est pas un jeune homme, un fils cruel envers sa mère.
02:54 Non, c'est juste qu'à un moment, pour survivre lui-même,
02:56 il a besoin de ne plus la voir.
02:59 Et ça, c'est quelque chose que j'ai déjà vu dans d'autres familles.
03:02 Et c'est évident que c'est très douloureux pour une maman,
03:06 pour un papa de tout d'un coup avoir son enfant qui ne veut plus le voir.
03:09 Mais des fois, il faut en passer par là.
03:11 Il ne la changera pas.
03:14 On ne peut pas tout.
03:16 L'amour ne peut pas tout.
03:17 Mais voilà, à quel moment vous devez vous protéger vous-même
03:22 et à quel moment vous avez le devoir ou la capacité d'aider l'autre ?