"Bonjour Mr le Maire" avec Stéphane Triquart, maire de Mussidan
Le mardi 11 juin dès 10h30, la commune de Mussidan rendra hommage aux 350 prisonniers et 52 victimes civiles tuées par les Allemands en 1944. Une commémoration programmée dans le cadre du 80ème anniversaire de la Libération.
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00:00 8h15, émission spéciale ce matin consacrée au 80e anniversaire du débarquement des Alliés.
00:06 Plusieurs commémorations sont organisées ces prochains jours chez nous en Dordogne.
00:10 Et mardi prochain, le 11 juin, Mucidant vous invite à un rassemblement
00:14 dès 10h30 devant le parvis de la gare de Mucidant.
00:17 Julien Pellet.
00:18 Et oui, car en 1944, les Alliés débarquent en Normandie.
00:22 La résistance française s'emploie alors à retarder par tous les moyens
00:25 les renforts allemands en direction de la Normandie.
00:28 Les résistants qui attaquent un train en gare de Mucidant,
00:31 la riposte allemande sera terrible, 350 prisonniers, 52 victimes civiles.
00:36 Avec nous Stéphane Tricard, le maire de Mucidant.
00:38 Bonjour monsieur le maire.
00:39 Oui bonjour.
00:41 Cette commémoration le 11 juin prochain, on ne le sait pas forcément,
00:44 c'est une façon de rappeler que Mucidant fait partie des villages périgourdins
00:47 qui vont enregistrer le plus de victimes en juin 1944 ?
00:50 Alors non seulement, mais en plus Mucidant fait partie des...
00:54 C'est la 10ème ville martyr de France,
00:56 qui est en nombre de civils tués par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale.
01:00 Est-ce qu'on peut retracer un petit peu ce qui s'est passé en juin 1944 ?
01:04 J'ai dit que les résistants avaient attaqué un train à la gare de Mucidant
01:08 et au final les Allemands ne vont pas laisser passer,
01:11 il va y avoir une riposte absolument terrible et dramatique.
01:14 C'est exact parce qu'après, suite à l'appel du général de Gaulle après le débarquement,
01:18 donc l'ordre a été donné à toute la résistance française
01:21 de retarder au maximum le cheminement des convois allemands vers la Normandie
01:26 pour prêter main forte à leurs collègues et retarder le département,
01:30 éviter surtout que les Anglais et les Américains débarquent.
01:34 Et donc le 11 juin 1944, des francs-tireurs et des partisans ont attaqué
01:38 et ont détruit un train de protection allemande en gare de Mucidant.
01:41 Le problème c'est que lors de ce combat, au même moment,
01:44 s'est produit un accrochage avec le combat de la 11ème Panzer Division de la Wehrmacht,
01:48 qui venait de Bordeaux, qui n'était pas prévu,
01:50 et qui était effectivement une armée très puissante.
01:54 Donc les maquisards ont dû se replier, 8 sont morts, dont le chef de train.
02:00 Et par mesure de représailles, suite à l'ordonnance de Sperm,
02:04 qui avait été faite à partir du mi-juin, qui donnait l'immunité totale aux soldats allemands,
02:10 donc de ne faire aucun prisonnier,
02:13 notamment dans les départements de la Corrèze, de la Tordogne, du Lodz, je me souviens,
02:20 ce qui explique les événements de Tulle, avec les 99 pendus le 9 juin,
02:25 de Doradour sur Glane le 10 juin, avec 643 morts, et le 11 juin chez nous.
02:30 Effectivement, les mucidannés ont vu arriver un détachement de la SIPO-SD,
02:35 ce qui était communément appelé à l'époque la Gestapo, en venant en provenance de Périgueux,
02:40 et renforcé par un peloton un petit peu spécial qu'on appelait les Bicots.
02:44 C'est un peloton de la France, c'est un lance nord-africaine.
02:47 C'était la bande Bonilafon, c'est un nom qui est bien connu ici,
02:51 parce que le chef était Alexandre Villapla,
02:55 et c'était l'ancien capitaine de l'équipe de France de football,
02:57 lors de la Coupe du Monde en 1930, du Ruguey.
03:01 Et comme vous l'avez bien rappelé, ils ont procédé à l'arrestation de 350 hommes,
03:06 de plus de 16 ans.
03:08 La ville a été pillée complètement.
03:11 Le maire de la ville, Raoul Grassin, a essayé de négocier le maximum, si vous voulez, de personnes sauvées.
03:16 Les Allemands ont procédé à un tri en fonction des habits que les gens portaient,
03:20 pour savoir s'ils venaient du maquillage, s'ils avaient des chaussures sales,
03:23 s'ils étaient plutôt des gens qui vivaient en ville ou s'ils vivaient dans les bois.
03:28 Et donc ils ont pris 52 personnes et ils les ont fugiées sauvagement,
03:34 comme ça, gratuitement, si vous voulez, juste à côté de la mairie.
03:37 Et ils ont assassiné dans le caniveau le maire de l'époque, monsieur Raoul Grassin.
03:42 - Voilà, vous l'avez cité, Raoul Grassin.
03:44 Dans votre commémoration, mardi prochain, qui démarre sur le parvis de la gare,
03:47 vous vous arrêterez sur la stèle de Raoul Grassin.
03:50 Il y aura également une halte au monument des fusillés et l'espace Alienor d'Aquitaine.
03:55 Tout le monde à Mucidan connaît le sacrifice du maire de l'époque, Raoul Grassin ?
03:59 - Oui, tout à fait.
04:01 On nous a donné le devoir de mémoire qui est vraiment très important à Mucidan.
04:04 On préférait ne pas l'avoir, bien sûr.
04:08 On aurait préféré.
04:10 Mais c'est quelque chose qui fait partie de la vie de tout le monde.
04:14 Et cette solidarité, cette fraternité, c'est que ce sont des commémorations
04:18 où insistent énormément de monde, si vous voulez,
04:21 par respect, énormément de jeunes avec les écoles primaires et le collège de Mucidan,
04:25 que je remercie à chaque fois avec leurs enseignants,
04:27 parce qu'ils vont chanter la marseillaise a cappella.
04:31 Et la venue du préfet est aussi, si vous voulez, importante dans cette manifestation.
04:37 - Préfet qui prendra la parole, et vous aussi d'ailleurs.
04:39 - Le 11 juin prochain, je rappelle qu'il y a deux expositions proposées actuellement
04:43 à la mairie et à la médiathèque François Mitterrand de Mucidan Expo,
04:46 qui retrace plusieurs chapitres de la Seconde Guerre mondiale,
04:48 ainsi que le débarquement.
04:50 Le cinéma a raconté aussi de plusieurs manières le débarquement et ce tournant de la guerre.
04:54 On a en tête forcément le jour le plus long, qui est projeté ce matin à Périgueux.
04:57 Il faut sauver le soldat Ryan, on en parlait juste après le journal de 7h.
05:01 Vendredi 14 juin, le cinéma Notre-Dame chez vous à Mucidan
05:04 accueille le réalisateur Jean-Pierre Denis,
05:06 car son film sorti en 2012, Ici bas, est projeté.
05:09 Le film raconte le coup de foudre entre une religieuse et un résistant français.
05:13 Ça se passe justement en 1944, est-ce que vous l'avez vu ?
05:16 - Non, pas encore, mais j'y serai.
05:18 - Puisque l'action se déroule en Périgord, c'est une façon de faire un coup de projecteur sur ce film de Jean-Pierre Denis.
05:24 Dernière question, c'est notre question du jour, et je la pose peut-être à l'homme plus qu'aux mères.
05:28 Pourquoi cette commémoration est importante pour vous Stéphane Tricard ?
05:32 Vous avez de la famille, peut-être proche ou lointaine,
05:36 qui a fait partie justement des acteurs de cette seconde guerre mondiale, prisonniers de guerre peut-être ?
05:41 - Vous avez tout le monde un parcours particulier, assez unique, tu verras ça.
05:46 C'est ce qui fait la beauté de l'humanité.
05:49 Moi je suis né à Saint-Julien, qui est à quelques kilomètres d'Aurore-sur-Glane,
05:54 où mon grand-père paternel faisait partie de la résistance.
05:57 Ensuite mes parents ont été nommés à Tulle,
06:00 où mon grand-père maternel cette fois-ci faisait partie de la résistance,
06:04 et là où il y a eu aussi des 99 pendus.
06:07 Et puis je me suis installé, parce que l'oncle de mon épouse habitait à Lucidan,
06:11 où il y a eu aussi des 52 otages qui ont été fusillés.
06:15 Alors est-ce que c'est une coïncidence ? Est-ce que c'est le hasard ?
06:19 J.P.Éduard disait qu'il n'y avait pas de hasard, il n'y avait que des rendez-vous.
06:23 Alors c'est peut-être un rendez-vous avec l'histoire, c'est comme ça.
06:26 Ce qui est certain, c'est que c'est toujours un honneur
06:30 de diriger une commémoration de ce style-là,
06:34 parce que je pense qu'il ne faut absolument pas oublier.
06:37 Vous savez ce qu'on dit dans les discours généralement,
06:41 "oublier c'est mourir une deuxième fois".
06:43 - Merci infiniment Stéphane Tricard, maire de Lucidan, d'être passé ce matin par France Bleu Périgord.
06:47 Je rappelle que la cérémonie et la commémoration se déroulera mardi prochain, le 11 juin,
06:52 à 10h30, rendez-vous devant le parvis de la gare.
06:55 Bonne journée !