Pour célébrer les 35 ans du premier album de Gang Starr, partons à la rencontre de la légende du Hip-Hop américain, DJ Premier, et son groupe The Badder Band.
En venant à la rencontre des légendes et de la jeune garde de la scène Hip-Hop, notre série évoque des morceaux d'horizons différents et explore la large couverture musicale de notre radio FIP Hip-Hop.
Ecouter la web radio FIP Hip-Hop : https://www.radiofrance.fr/fip/radio-hip-hop
Interview : Mathieu Durand
Images : Théo Couvidat
Montage : Julie Fages
Habillage : Stephen Vico
Facebook : https://www.facebook.com/fipradio
Twitter : https://twitter.com/fipradio
Instagram : https://www.instagram.com/fipradio
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MusiqueTranscription
00:00 [Musique]
00:08 La famille est importante pour moi,
00:10 parce que je viens du sud de Texas.
00:13 La famille est la première chose,
00:14 presque comme la mafia.
00:16 Personne ne croise la famille.
00:18 On se bat,
00:19 comme tout le monde,
00:20 moi et mes soeurs.
00:21 Mais au bout du coup,
00:23 mon amour est très fort.
00:24 Et on est tous en musique.
00:26 Mes soeurs, moi, ma mère, mon père.
00:28 Quand on était petits, ma mère disait
00:30 "Ne mettez pas vos imprints sur le vinyle.
00:33 Vous le gardez comme ça.
00:35 Si vous touchez ça,
00:36 et que je vois vos imprints..."
00:38 Évidemment, avec le hip-hop maintenant,
00:41 elle serait comme "Qu'est-ce que tu fais ?"
00:43 Mais elle m'a vu,
00:45 avant de me tuer,
00:46 elle m'a vu faire de nombreuses shows
00:48 et des concerts et de DJ,
00:50 donc elle a enfin compris.
00:52 [Musique]
00:55 Je ne voulais pas appeler ça le rap de jazz,
00:56 parce que pour moi, le rap de jazz
00:59 signifie que tu rappes à propos du jazz.
01:01 Tu vois ce que je veux dire ?
01:02 On a fait des choses de jazz
01:04 pour Mo' Better Blues,
01:07 pour Spike Lee.
01:08 On a fait de la musique de jazz
01:11 pour No More Mr. Nice Guy,
01:13 où on payait hommage à nos grands-pères,
01:15 car ils étaient deux musiciens de jazz.
01:18 Mon grand-père jouait au trombone,
01:21 et mon grand-père, Guru,
01:23 était impliqué dans le jazz avec une bande.
01:26 C'est pour ça que nous payions hommage.
01:30 Mais les samples de jazz,
01:33 je pense, ont fait que les médias
01:35 ont labelé le rap de jazz.
01:37 C'est pour ça qu'il a fini par faire des "jazzmataz",
01:40 il l'a appelé "protéger Gangstar"
01:42 de ce stigma,
01:44 comme il l'appelle le rap de réalité.
01:46 [Musique]
01:49 Jay-Z m'appelle "Memory Man".
01:52 Il me dit "Tu te souviens de tout".
01:54 Un jour, nous allions
01:56 rencontrer Jay-Z
01:58 quand il travaillait sur le Blueprint
02:00 pour lui jouer quelques beats que j'avais faits.
02:02 Loupé Fiasco était là pour l'audition.
02:04 Une partie du temps où il rappait,
02:06 une des traces sur le CD s'est passée.
02:08 Donc il continuait à faire...
02:12 Il rappait et quand ça a commencé à se passer,
02:14 Loupé Fiasco a commencé à faire...
02:18 Et on a commencé à se faire des trucs,
02:19 pour essayer de le faire arrêter.
02:21 Donc on l'a fait et on est revenu sur le beat.
02:23 Il continue à faire...
02:26 Comme ça.
02:27 Et on était tous là "Waouh".
02:28 D'abord, quand "Holy Grail" est sorti,
02:31 l'album,
02:33 il est allé sur tour avec Justin Timberlake,
02:34 pour venir à Paris pour faire un gig,
02:36 un gig de DJ.
02:38 Mais mon gig n'est pas jusqu'à 2 heures du matin.
02:41 On est en train de partir à notre hôtel
02:43 et on voit le grand poster de Jay-Z ce soir,
02:46 dans n'importe quelle arène que vous avez à Paris.
02:49 J'ai dit "Je veux aller à ce show et voir Jay-Z
02:52 avant que nous ne fassions que nos heures".
02:53 On a appelé la direction de Jay-Z pour voir si nous pouvions y aller.
02:56 Ils nous ont laissé tous les passsages d'accès.
02:59 Dès que nous sommes à l'intérieur,
03:00 je suis avec Timberlake
03:02 et Jay-Z arrive.
03:04 Il essaie de se présenter à Keebly
03:06 et il me dit "Quelle mémoire tu as pour moi aujourd'hui ?"
03:09 Je lui ai dit "J'ai compris".
03:11 Ce gars, tu as juste touché sa main.
03:13 Il était avec moi quand je suis venu jouer "Beats for you"
03:16 avec le Blueprint.
03:17 Il m'a dit "Et le CD a été skipé !"
03:20 J'ai dit "Exactement".
03:21 Il m'a dit "Waouh !
03:22 J'ai vu ta mémoire !"
03:23 Parce que, je lui ai dit que je l'avais déjà rencontré.
03:27 Tu sais, il y a longtemps.
03:29 Il y a un script qui nous a été donné
03:35 par une bonne amie de Guru.
03:38 Elle m'a présenté le script
03:40 il y a plus de 10 ans,
03:42 parce que ça a pris presque 7 ans
03:45 pour que je puisse me rendre à ce point,
03:46 et même pour m'entraîner.
03:47 La première chose que j'ai dit à elle,
03:49 c'est que je savais qu'il y avait des vocals inédits.
03:52 On a dû trouver un moyen de les trouver.
03:54 Regarde ce qui s'est passé.
03:56 Finalement, on a acheté les vocals
03:58 et on a pu mettre un des meilleurs.
04:00 Je suis heureux que je suis resté dans mon...
04:03 On appelle ça "votre goût".
04:05 Il faut rester dans votre goût.
04:06 Parce que quand tu fais ça,
04:08 tu le suis,
04:09 et les choses deviennent comme tu veux.
04:11 On a aussi voulu travailler sur un documentaire
04:13 parce qu'on a tellement de footage
04:16 que j'ai depuis le début de ma carrière.
04:19 On a même la première performance qu'on a faite.
04:22 C'est avec la Reine Latifah.
04:24 Elle a amené Moni Love sur scène
04:26 pour faire "Ladies First".
04:28 "Ice T" était le premier acteur.
04:30 Et "Tribe Called Quest", le premier défilé.
04:34 Donc j'ai le footage pour ça.
04:36 C'est en 1989.
04:39 Je pense que les documentaires sont plus rapides et plus faciles
04:41 parce que tu as des interviews avec des gens,
04:44 tu mets le footage dans un bon édit,
04:47 et c'est "nous" pour le vrai.
04:49 Même Guru's son, KC,
04:52 veut que nous fassions la même chose.
04:53 Il a dit "Faisons le documentaire d'abord."
04:55 On peut toujours faire un film,
04:57 mais si c'est le temps pour le faire bouger plus vite,
05:00 les documentaires sont beaucoup plus faciles.
05:02 "Mo' Better Blue" était sur Columbia Records,
05:08 sur CBS,
05:10 et on était toujours sur un label indépendant.
05:13 On avait juste sorti "Wild Pitch",
05:15 qui était un label indépendant.
05:16 Donc on n'avait pas de label.
05:18 On n'était pas inscrit à personne.
05:19 Donc quand Spike Lee nous a fait faire "Jazz Thing"
05:22 et qu'il a fait Bramford Marcellus être le directeur
05:26 de "Puttin' Song" ensemble,
05:27 la relation s'est améliorée,
05:29 la musique a été améliorée,
05:30 et on s'est rendu des amis.
05:32 Et en fait, on est là pour cette
05:34 "Fashion Week" de Amiri,
05:38 une performance où moi et ma bande,
05:41 la bande de battements, vont faire.
05:42 Mon drumeur original, Lenny Reese,
05:46 n'était pas disponible
05:47 parce qu'il avait un autre gig à faire.
05:49 Brady Watt m'a donné une liste d'autres drumeurs
05:52 qu'il pensait être cool.
05:54 L'un d'entre eux est le drumeur de Bramford.
05:57 J'ai appelé Bramford et je lui ai dit,
05:58 "Hey, mec, est-ce que c'est ce drumeur
06:00 que tu es toujours avec?"
06:02 Il m'a dit, "Oui."
06:03 Il m'a demandé pourquoi.
06:04 J'ai dit, "Parce qu'on a un show
06:06 à Paris et je l'ai besoin pour le gig."
06:09 Il m'a dit, "Quel est le date?"
06:10 "Dès que c'est le jour, il va dire,
06:11 'Non, il va avec moi.'"
06:14 Alors le drumeur que nous avons eu,
06:16 son nom est Grayson Necrutman.
06:19 Brady m'a dit, "Oui, regarde-le
06:20 parce qu'il est le seul qui vit à New York."
06:22 Donc, si il pouvait le trouver,
06:25 il pouvait juste conduire à Prague pour le réhearsal.
06:27 Alors j'ai dit, "D'accord."
06:29 J'ai dit, "Envoyez-moi des liens."
06:31 Il m'a dit, "Voilà un avec lui
06:32 qui fait Doug E. Fresh et Slick Rick, le show."
06:36 Il est le seul.
06:46 Juste comme ça.
06:48 Brady lui envoie des liens et lui dit,
06:50 "Est-ce que tu es disponible pour aller à Paris
06:52 ce jour-là pour faire un gig?"
06:55 Il m'a dit, "Qui est-ce?"
06:56 Il m'a dit, "Il va t'appeler."
06:58 Alors je lui ai envoyé un message et je lui ai dit,
06:59 "Hey, c'est DJ Premier."
07:01 Et il a dit, "Il a 20 ans."
07:05 Je lui ai parlé.
07:09 Je lui ai dit comment il était dans le groupe.
07:12 Je lui ai dit, "Tu es un enfant."
07:15 Oui, c'est un bonheur de jouer avec tous ces gars.
07:18 Et la partie la plus importante qui le rend si génial,
07:23 c'est que tout le monde est vraiment dans leur art
07:27 et que tout le monde joue dans leurs shows.
07:30 Pour ne pas en parler,
07:32 je pense que Boom Bap a tellement d'influence
07:35 sur le son de l'Ouest,
07:37 même si tu es de Texas.
07:38 Oui, je suis de Texas.
07:40 Quand je l'entends jouer, je sais que c'est Primo.
07:43 La chose la plus folle,
07:45 c'est que le mot "Boom Bap",
07:48 quand KRS-One et moi avons travaillé sur ce projet,
07:51 et c'est ce qu'il voulait appeler,
07:53 je me souviens du jour où j'ai eu le téléphone.
07:55 À ce moment-là, il avait un téléphone.
07:57 On disait, "KRS-One veut parler à moi?"
07:59 Et il me répondait, "Je veux faire un projet.
08:03 Il s'appelle 'Return of the Boom Bap'."
08:06 Et maintenant, tous ces années,
08:08 les gens ont fait de la trap,
08:10 ils ont fait de la musique bouge.
08:15 Et maintenant, le Boom Bap est considéré
08:18 comme une catégorie du Hip-Hop.
08:20 Et c'est juste fou,
08:22 en fonction de la façon dont il joue.
08:24 Les gens l'appelaient "le style de Boom Bap",
08:27 ce qui n'était pas le cas avant.
08:29 Ils l'appelaient "le Hip-Hop rap"
08:31 ou "le Hip-Hop de New York",
08:32 qui a un son.
08:34 Et on ne pensait jamais que les gens
08:35 allaient appeler ce son ce mot.
08:39 [Musique]
08:43 Oui, j'aime la référence de Charlie Parker,
08:45 ou Dizzy Gillespie, ou Thelonious Monk.
08:47 Quelqu'un qui définit un style,
08:49 un genre, et qui a fait de la musique
08:52 et qui a pionné un son qui a transcendé
08:54 toutes les phases du Hip-Hop
08:56 qui sont encore là, qui sont encore réelles.
08:59 Alors que Coltrane a étendu les frontières
09:01 vers l'espace.
09:03 Je pense que Pream représente vraiment
09:05 les fondations et la langue du Hip-Hop.
09:07 Donc je pense que c'est une bonne comparaison.
09:09 Je pense que, d'une certaine manière,
09:11 il peut être un peu Charles Mangus.
09:13 [Rires]
09:15 Juste en fonction de mon point de vue,
09:18 je pense que je suis un peu comme Charles Mangus.
09:21 En fonction de mon expérience,
09:23 de l'honneur de jouer avec Pream,
09:25 je dirais que c'est mon moment Art Blakey.
09:27 - Ah, damn. - Désolé.
09:29 [Rires]
09:31 - À son point,
09:33 absolument Art Blakey
09:35 et le message de la jazz.
09:37 Parce que Pream a des décennies
09:39 d'influence sur
09:41 tellement de crews et des rappeurs.
09:43 Et l'influence
09:45 se déploie comme un web
09:47 dans l'industrie.
09:49 Et en plus,
09:51 il n'est jamais parti.
09:53 Donc c'est toujours comme
09:55 Blakey l'a fait jusqu'à présent.
09:57 Il a toujours apporté des nouveaux gars
09:59 et ils sont partis pour les propres choses.
10:01 - Ça leur donne l'opportunité de grandir
10:03 et d'avoir des expériences
10:05 sans quelqu'un comme Art Blakey
10:07 ou quelqu'un que vous n'auriez jamais rencontré.
10:09 - Je voulais définitivement faire un projet d'album.
10:14 Quand on se réchauffe,
10:16 on se rend compte
10:18 qu'on fait tout genre de choses
10:20 et c'est amusant.
10:22 Je sais qu'on peut trouver un album cool,
10:24 peut-être qu'on peut trouver des artistes
10:26 pour chanter sur ça, des choses vocales.
10:28 Mais oui, j'aimerais ça.
10:30 ♪ ♪ ♪
10:38 - Au revoir. - Au revoir.
10:39 Merci à tous !