• il y a 5 mois
Une affiche de campagne du RN avant les Européennes a provoqué la polémique, avec le texte "Je suis gendarme, je vote Bardella". Sur ce visuel on voit un gendarme de dos. La campagne est diffusée sur les réseaux sociaux. Elle a provoqué la colère du patron de la gendarmerie. Pour en parler, Jean-Baptiste Djebbari, ancien ministre des Transports, Isabelle Saporta, éditrice, et Carl Meuss, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 03 juin 2024

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Transcription
00:00 Julien Célier, Cyprien Signy, RTL bonsoir.
00:04 Les grands débats de la deuxième heure, maintenant on discute, on se confronte jusqu'à 20h en studio ce soir.
00:09 Voici le trio, Jean-Baptiste Djebari, ancien ministre des transports, bonsoir.
00:13 Isabelle Saporta, éditrice, bonsoir Isabelle.
00:16 Karl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine, bonsoir Karl.
00:20 Le premier débat ce soir, très vif depuis maintenant 24h autour d'une affiche de campagne du RN avant les européennes.
00:27 Je suis gendarme, je vote Bardella.
00:29 Sur ce visuel, on voit un gendarme de dos, la campagne est diffusée sur les réseaux sociaux,
00:34 elle a provoqué la colère du patron de la gendarmerie qui a dit que c'était inadmissible, c'est le général Rodríguez.
00:40 Écoutez le commandant Marc Rolland, porte-parole de l'Association professionnelle nationale des militaires de gendarmerie au micro de Pierre Bazin.
00:47 C'est une erreur de communication dont je pense que le parti en question ne cessera de se mordre les doigts.
00:54 Donc à mon sens, c'est très malsain, c'est très maladroit que d'évoquer possiblement une obédience particulière au sein des forces de l'ordre.
01:02 Et au RN, le porte-parole de la campagne, Laurent Jacobelli, se défend.
01:07 C'est un appel au vote, ça veut dire si vous êtes gendarme, si vous avez envie d'être soutenu par enfin des élus qui comprennent que la justice elle est de votre côté
01:15 et qu'il faut rétablir l'ordre dans les rues, si vous voulez vous protéger des dangereux députés d'extrême gauche qui veulent vous désarmer,
01:22 alors oui, votez pour nous, c'est un appel, c'est évidemment pas une affirmation.
01:25 Cette affaire tourne à la foire d'empoigne, Jordan Bardella accuse le patron de la gendarmerie de prendre parti,
01:31 Gérald Darmanin tacle Bardella, "politicien insultant" dit le ministre.
01:35 Autour de la table, cette utilisation d'une profession sur cette affiche, le RN a fait la même chose avec les militaires d'ailleurs.
01:42 Ça vous choque ? Ça vous interpelle ? Ou au contraire, est-ce que la réaction du patron des gendarmes vous interpelle ?
01:47 Isabelle Saporta, je vous ai voulu soupirer pendant les différences au nord.
01:51 Écoutez, soit le RN est une bande d'incompétents, c'est une question qu'on peut se poser,
01:57 parce que de fait, on a appris ce week-end que Jordan Bardella rêvait d'être influenceur plutôt que d'être politique,
02:03 donc peut-être qu'il est passé à côté d'une grande carrière d'influenceur,
02:06 soit ce sont des pyromanes en fait, parce qu'ils savent très bien ce qu'ils font.
02:09 Je suis désolée, aujourd'hui, quand vous avez une police nationale, une gendarmerie nationale, des militaires français,
02:17 en fait, ils sont là, c'est le monopole de la violence légitime, c'est comme ça qu'on appelle,
02:22 pour défendre tous les français, quelles que soient leurs convictions, quelles que soient leurs couleurs de peau,
02:26 quelles que soient leurs obédiences.
02:28 Donc c'est comme ça, et c'est comme ça que ça fonctionne,
02:30 et c'est pour ça qu'en fait, on ne doit pas savoir pour qui votent nos gendarmes, nos militaires, nos policiers en fait,
02:36 parce qu'ils sont censés nous défendre de la même manière, qui que nous soyons.
02:40 Donc quand le Rassemblement National, qui fait mine de dire qu'il veut imposer l'autorité, rétablir une France de la discipline, etc.,
02:49 en fait, pose les ferments de ce qui pourrait être la guerre civile demain,
02:53 moi je trouve ça très très grave en fait, parce que qu'est-ce que ça veut dire ?
02:56 Ça veut dire en fait que, voilà, notre police nationale, nos gendarmes, nos militaires, sont tous des fachos,
03:02 ou sont plutôt intéressés par les fachos, parce que c'est ça en fait que ça veut dire.
03:06 Et donc demain, peut-être, vous aurez des black blocs qui se diront "bah, puisque j'ai un fachon en face de moi,
03:11 et bien, je peux le buter, je peux lui tirer dessus, et alors qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?"
03:15 Vous voyez ? Donc ça veut dire que demain, quand vous êtes de gauche, quand vous êtes noir,
03:18 quand vous êtes de telle ou telle obédience, vous devez avoir votre ministre privé,
03:21 parce que vous ne pouvez plus faire confiance à la police nationale.
03:23 Donc ce qu'ils font là en fait, c'est...
03:25 - Ils se prennent pour des patriotes. - Ils se prennent pour des patriotes.
03:28 - C'est un appel au vote. - Et bien c'est l'anti-France, vous voyez, le RN, c'est l'anti-France.
03:31 Voilà, c'est tout. Pour moi, c'est ça que ça veut dire.
03:33 - Carl Meus, qu'est-ce qui vous interpelle ?
03:36 L'utilisation d'une profession, ou à l'inverse, le fait que le patron de la gendarmerie sorte du bois ?
03:42 - Ah, les deux, je vais vous dire !
03:44 Je vais faire un en même temps, je suis désolé, je pique peut-être le créneau de...
03:47 - Les formules ! - Tu es bien, Carl, tu es bien !
03:49 - Il reste trois ans pour convertir !
03:52 - Non, mais en fait, l'utilisation d'une profession, ça s'est déjà fait.
03:55 Les agriculteurs... - C'est pas n'importe quelle profession, là, on est d'accord.
03:59 - Bien sûr, c'est pas n'importe quelle profession, mais on va pas non plus faire comme si on savait pas
04:04 que les gendarmes et les policiers, en majorité, votent pour le RN.
04:09 - Alors, d'après le Cevipof, avant la présidentielle 2022, c'est la dernière enquête à la date,
04:13 60% des policiers et militaires comptaient voter RN.
04:16 - Voilà ! Et l'IFOP a fait, sur une dernière campagne aussi, en regardant dans les villes de casernes,
04:23 est-ce qu'il y avait une surreprésentation du vote RN ?
04:29 - Ben oui ! Donc, ça croise exactement ça.
04:32 Je pense que, pour rebondir sur ce que disait Isabelle Saporta,
04:36 c'est le Black Bloc qui va pas se poser la question de savoir si le gendarme ou le policier qui est en face de lui
04:40 vote RN ou vote à gauche. Ils veulent de toute façon le tabasser, voire le tuer.
04:44 Donc, ça changera rien. Ce qu'il y a, c'est que je trouve que ça montre que cette dernière semaine de campagne,
04:51 on savait que ça serait une dernière ligne droite, ça serait compliqué,
04:55 mais va être dans une tension incroyable.
04:58 - Tous les coups sont permis, c'est ce que vous avez envie de dire ?
05:00 - Alors, tous les coups sont permis, de chaque côté, mais surtout, la tension est énorme.
05:06 - Et en même temps, là, il n'y a rien a priori d'illégal.
05:09 En tout cas, le ministère de l'Intérieur n'a pas trouvé le défaut juridique qui permettrait d'attaquer...
05:15 - Peut-être l'utilisation du logo "Gendarmerie".
05:17 Il y a peut-être là un biais, j'entendais un avocat dire ça.
05:20 - Il faut voir.
05:21 - Et par ailleurs, il y a quand même des trucs qui sont sortis en 2022 de la part de l'armée
05:27 qui disent que ça n'est pas possible.
05:28 Mais le problème, il n'est pas là.
05:29 Si vous voyez, c'est un truc de mauvais élève.
05:31 Pour moi, le RN fait un truc de mauvais élève, c'est-à-dire de dire,
05:33 alors, cherchant dans la virgule, on sait très bien qu'on ne dit pas pour qui vote la police, l'armée.
05:39 Et c'est fait exactement...
05:41 Alors, vous avez raison, c'est peut-être une illusion, ils votent tous peut-être RN,
05:43 mais cette illusion, il faut la maintenir, parce que sinon, on va vers la guerre civile, en fait.
05:48 - Jean-Baptiste Djebari ?
05:50 - Moi, je pense que c'est certainement une faute,
05:51 et tout aussi certainement un symptôme de fébrilité de fin de campagne.
05:56 Et la faute, je crois qu'elle est assez facilement qualifiable sur l'utilisation d'un logo
06:01 qui, a priori, tant pour la police que pour la Gendarmerie Nationale, relève de la loi,
06:05 donc il faudra vérifier, je ne suis pas un juriste férien en la matière,
06:07 mais a priori, c'est ce que disait Christian Rodriguez,
06:10 le directeur général de la Gendarmerie Nationale,
06:12 qui, je pense, pour le coup, avait raison de défendre son institution,
06:14 qui est l'institution républicaine au service de tous,
06:16 et qui n'a pas à être instrumentalisée,
06:18 vu la dernière ligne droite d'une campagne, effectivement, qui devient assez brutale.
06:23 Et peut-être, effectivement, que ça marque un symptôme de fébrilité du Rassemblement National,
06:28 qui était promis à de grands scores, et qui, dans ces dernières lignes droites, commet des erreurs,
06:32 et je pense que les explications de Jacobly sont tous au front d'un camp.
06:35 - Je voudrais qu'on revienne sur cette question que vous avez évoquée, Isabelle et Karl,
06:39 du vote, notamment chez les militaires, Rassemblement National.
06:43 Dans cette émission, il y a quelques semaines, à votre place, Isabelle,
06:46 il y avait l'ex-officier, le lieutenant-colonel Guillaume Ancel, qui nous disait ceci, écoutez-le.
06:50 - Il y a à peu près 20% en tout cas de mes camarades syncyriens,
06:53 qui sont des gens marqués par l'extrême droite,
06:55 qui aujourd'hui, dans la guerre contre l'Ukraine, tiennent des positions qui sont carrément pro-poutinienne.
07:00 - Ça, vous l'avez entendu ?
07:01 - Non mais, attendez, on en a l'exemple, pardon, mais reprenez les interviews de Pierre De Villiers,
07:05 l'ancien chef d'état-major des armées, sur la guerre en Ukraine, pardon, mais c'est pro-poutinien !
07:10 C'est extrêmement grave ! Se dire que ces personnes-là ont joué des rôles clés dans l'armée,
07:15 et qu'aujourd'hui, ils se retrouvent directeurs de campagne chez Éric Zemmour,
07:19 je suis désolé, mais moi, ça me glace le sang !
07:21 - Il y va fort Guillaume Ancel, en plus il fait le lien effectivement avec la Russie,
07:24 mais Karl Meus vous disait tout à l'heure, on ne va pas faire semblant de découvrir
07:27 qu'une partie des militaires votent à droite ou très à droite.
07:31 - Oui, on le sait, vous l'avez évoqué vous-même, il y a les études, il y a les statistiques.
07:38 La question c'est, pour quelle raison, au fond,
07:43 y a-t-il un vote RN peut-être plus important que dans d'autres professions ?
07:47 C'est une anecdote, ils ne m'ont pas dit pour qui ils votaient,
07:51 mais j'ai fait un reportage à Briançon.
07:53 Briançon, c'est la première petite ville que les migrants traversaient
07:57 une fois que la frontière était fermée à Nice.
07:59 Ils les arrêtaient, ils les reconduisaient à la frontière,
08:02 leurs homologues italiens les reprenaient, ils les libéraient dans la foulée,
08:06 et donc ils pouvaient les arrêter comme ça, mais 4 à 5 fois !
08:09 Et en fait, ils donnaient cette statistique qui était,
08:11 on arrête 80% des migrants qu'on voit passer,
08:14 mais 100% des migrants arrivent à passer.
08:17 Et au fond, ils en arrivent à dire "en fait, on ne sert à rien".
08:19 Et il y a quelque part une sorte de désespoir
08:21 que cherche à capter le Rassemblement National quand il dit
08:25 toute sa campagne sur les frontières, l'impuissance du gouvernement.
08:29 Et il y a un moment, le policier de gendarme, il voit ça.
08:32 - C'est vrai que le Rassemblement National est le seul parti
08:35 à s'adresser aujourd'hui à l'offense de l'ordre ?
08:37 - Non mais d'abord, je pense que si on remonte l'histoire,
08:39 et il n'y a pas si longtemps, il y a toujours eu des mouvements
08:41 dits d'extrême droite, y compris un mouvement politico-militaire
08:45 comme le boulangisme, ça existait.
08:47 Je pense qu'il y a toujours eu une fraction de ceux qui exerçaient
08:50 des responsabilités importantes dans ces secteurs-là,
08:54 de la sécurité et de la défense intérieure,
08:56 qui ont été tentés par les voix d'une action politique
08:58 plutôt jugée à l'extrême droite.
08:59 Donc je pense que ce n'est pas récent.
09:01 Le sujet, c'est est-ce que c'est en croissance ou pas,
09:02 est-ce que ça progresse ou pas,
09:03 est-ce que ça progresse dans toutes les catégories ?
09:04 D'ailleurs, je ne suis pas du tout sûr que ce soit
09:06 complètement homogène, cette petite affaire-là.
09:10 Et après, je crois que ça renvoie assez bien à ce que disait Karl,
09:14 et pour le coup, ce qui est dit par le président
09:16 depuis quand même maintenant sept ans,
09:18 c'est qu'on est face à une crise d'efficacité,
09:19 et que ces mouvements dits d'extrême droite,
09:22 ont souvent tendance à s'appuyer sur les frustrations des sociétés
09:26 pour essayer de faire valoir leurs solutions.
09:27 Et là, je crois qu'on est exactement dans ça.
09:29 Donc, voilà, j'espère, moi je fais toujours le pari
09:32 de l'intelligence en toutes circonstances,
09:33 et j'espère qu'effectivement, ces manipulations,
09:36 cette propagande électorale de fin de semaine
09:39 ne trompera personne.
09:40 Isabelle, le mot de la fin sur ce sujet ?
09:41 Alors, moi, je vais juste sauver l'honneur de Pierre de Villiers,
09:43 que j'ai eu la chance et l'honneur de publier.
09:45 Il se trouve, Pierre de Villiers, vous vous souvenez,
09:47 c'était le chef d'état-major des armées,
09:49 chef des états-majors des armées,
09:51 que le président Macron a humilié.
09:53 Il l'a humilié comment ? Il l'a humilié en 2017,
09:56 parce que le général de Villiers se battait, en fait,
09:58 pour que ses hommes aient plus de moyens, en fait,
10:02 pour se défendre, et il s'est fait humilier
10:04 par le président Macron.
10:05 Et effectivement, je vous souvenais,
10:07 cette espèce de haie d'honneur qu'il y avait
10:09 pour le saluer, saluer son départ.
10:11 Il n'est pas d'extrême droite,
10:13 donc je ne sais pas pourquoi votre interlocuteur
10:16 avait dit ça, il n'est pas d'extrême droite,
10:17 je l'ai publié, je sais qu'il n'est pas d'extrême droite,
10:19 enfin, il pourrait l'être, mais de fait, il ne l'est pas.
10:21 Et par contre, ça, je pense que ça a joué.
10:23 C'est-à-dire que la Macronie n'a pas respecté l'armée.
10:25 Et ça, ça a été vraiment quelque chose.
10:27 On prend 20 points de plus, effectivement,
10:29 de voix terraines dans l'armée,
10:31 depuis que Macron a été élu président.
10:35 Et je pense qu'effectivement,
10:37 le respect des armées, le respect des forces de l'ordre
10:39 ferait que ça se passerait mieux.
10:41 Isabelle Saporta, Jean-Baptiste Gébari,
10:43 Karl Meus, vous restez autour de cette table.
10:46 Les grands débats de RTL Bonsoir vont se poursuivre
10:48 juste après la pause.
10:49 La prochaine question, mais pourquoi donc Emmanuel Macron
10:51 prend la parole à la télé jeudi soir,
10:53 à trois jours des européennes ?
10:55 Est-ce qu'il peut sauver la liste Renaissance ?
10:57 Est-ce qu'il enjambe les règles du temps de parole ?
10:59 On va en discuter juste après ça.
11:01 Julien Célier. Cyprien Simi.
11:03 RTL Bonsoir

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