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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00de tennis Alizé Cornet. Elle a commencé le tennis à 4 ans et en 2002, elle remportait
00:04déjà ses premiers tours.
00:05C'était comme un rêve. Je sais pas, j'ai sauté. Vraiment, c'est l'étonnement parce
00:10que Claire, que je l'avais vue jouer, c'est vraiment une très bonne joueuse et je pensais
00:14pas être à ce niveau vraiment. Je m'étonne moi-même.
00:16Et à 15 ans, elle remporte sa première victoire à Roland-Garros. Au total, elle comptabilise
00:20545 victoires tout au long de sa carrière. Mais il y a un mois, il s'est passé ça.
00:25J'ai une annonce très spéciale à vous faire. Je vais jouer mon dernier Roland-Garros dans
00:30un mois, tout pile, et je prendrai ma retraite dans la foulée. Donc voilà, ça me fait
00:35bizarre de dire c'est moi à voix haute. Ça fait longtemps que j'y pense, mais de
00:39l'annoncer officiellement, ça fait un petit quelque chose.
00:41Et c'est chose faite avant-hier. C'était son ultime match ensemble à Roland-Garros.
00:46Son discours d'adieu, elle l'a fait devant son public, sa famille, mais aussi son modèle,
00:50Amélie Mauresmois.
00:52C'est une sacrée page qui se tourne. Une page de 20 ans de tennis professionnel, mais
00:58en fait plutôt de 30 ans, puisque j'ai commencé le tennis à 4 ans. Et donc, je vais devoir
01:03laisser tout ça derrière moi et empamer un deuxième chapitre de ma vie. C'est effrayant
01:10en un sens. Surtout que j'ai eu une chance inouïe de vivre cette vie. Mais là, l'émotion
01:17me submerge parce que je vois le chemin parcouru. Et je suis super fière de moi, super fière
01:23de ce que j'ai accompli. J'aurais voulu faire plus, comme toujours.
01:27Ce qui m'a tenue pendant toutes ces années, c'est cet amour que j'ai reçu du public.
01:31C'est vraiment cette envie de tout vous donner, de faire le spectacle. C'est des
01:37émotions incroyables que vous m'avez procurées.
01:39Bravo. Bravo. Bravo Alizée. J'amuse. Nous aussi, on est émus.
01:49Il y a à peine 24 heures. On est très, très heureux de vous recevoir sur le plateau de
01:52Clif. Je vous présente Christophe Willem. Grande fan. Avant-hier, Alizée Cornet, vous
01:58avez joué votre 20e et dernier match ensemble à Roland-Garros. Vous êtes désormais à
02:02la retraite. C'est officiel. Le tennis, c'est 30 ans de votre vie. Comment ça va ?
02:06Attendez, il me reste encore quelques matchs de double avant d'être officiellement retraitée.
02:09Je vais en profiter jusqu'au bout. Mais oui, c'est une page qui se tourne. C'est
02:14un moment très spécial dans ma vie d'athlète et dans ma vie de femme. Je saute dans l'inconnu.
02:21Je ne sais pas ce qui va m'attendre, mais il y a quelque chose d'excitant là-dedans
02:24aussi.
02:25À côté de vous, pendant ce discours, il y a Amélie Mauresmo. Elle est très émue
02:28aussi. Vous dites la boucle est bouclée. Pourquoi ?
02:30Tout simplement parce qu'avec Amélie, on a une histoire un peu spéciale. Moi, j'étais
02:34sa ramasseuse de balles quand j'avais 11 ans. Quatre ans plus tard, je l'ai affrontée
02:38sur le cours Suzanne Langley. Encore peut-être sept ou huit ans plus tard, elle est devenue
02:42ma capitaine de Fed Cup en équipe de France. Et là, je prends ma retraite dans le tournoi
02:48dont elle est la directrice. J'avais vraiment l'impression d'un symbole, comme si elle
02:53avait jalonné mon parcours toutes ces années. En plus, c'est vraiment une femme que j'admire
02:59énormément. Elle a eu une carrière déjà en tant que joueuse de tennis incroyable.
03:03Maintenant, elle trace sa route de différentes manières et elle force le respect.
03:06Qu'est-ce qui a motivé votre décision de prendre votre retraite ?
03:08Parce que déjà, dans le tennis, je suis vieille. À 34 ans, on commence à baisser un petit peu
03:16physiquement. L'envie, elle est un petit peu moins là, surtout quand on a commencé à 15 ans comme
03:20moi et quand ça fait 20 ans qu'on fait la même chose avec le stress qui accompagne notre rythme
03:25de vie. C'est un peu comme des performances sur scène. Je ne sais pas.
03:30Mais vous, c'est une vie hallucinante. Il y a beaucoup, beaucoup.
03:34Oui, on peut passer une journée sans s'entraîner, par exemple.
03:36Ah oui, non, ça, ce n'est pas possible.
03:38Non, mais pour les sportifs, c'est incroyable. C'est une discipline dingue.
03:43Oui, c'est une discipline de fer pendant toutes ces années. Et c'est vrai que là,
03:46je sentais sur cette dernière année que j'avais un petit peu moins à donner sur le cours,
03:49que mon niveau baissait un petit peu aussi. Et j'avais envie de choisir ma sortie. J'avais
03:54vraiment envie de ne pas être poussée dehors par mon classement, par le fait que je ne puisse
03:57plus rentrer dans les tournois. Et voilà, je me suis dit, quoi de mieux que de finir à Rouland-Garros.
04:02Au final, c'est le tournoi où tout a commencé et ça devait être le tournoi où tout devait finir.
04:06Et c'est un moment assez difficile. On le sait, la retraite chez les sportifs,
04:09il y a même un mot qui n'est pas très heureux. On parle de petite mort.
04:11Petite mort, tout à fait. Je l'ai ressentie ce matin en me réveillant.
04:13Ah ouais ?
04:14Oui, complètement.
04:15Et c'est quoi la sensation ?
04:16J'ai fait une crise d'angoisse à 6 heures du matin. Je me suis réveillée. J'en parle,
04:20je me tripote les mains et tout.
04:22C'est comment physiquement, dans la tête, quand on ressent ça, quand on se lève ?
04:25En fait, il y a quelque chose qui m'a traversée. Je me suis dit,
04:29il va falloir que je retrouve un sens à ma vie. Alors, c'est très fort de dire ces mots-là,
04:33mais je les assume parce qu'en fait, je me rends compte que ça fait 30 ans que je vis pour le
04:37tennis. Pas que, on va en parler plus tard, j'ai un autre métier, j'ai l'écriture, j'ai ma famille,
04:42j'ai plein de choses qui m'attendent et je suis super excitée finalement de pouvoir explorer
04:47ce deuxième chapitre de ma vie. Mais quand même, le sens principal de ma vie depuis 20 ans,
04:51c'est le tennis. Je pense à ça, je m'entraîne pour ça tous les jours au quotidien. Je me pose
04:56des questions, comment m'améliorer ? Où est-ce que je vais m'inscrire en tournoi ? Je voyage
05:00pour ça. Et du coup, là, il y a quand même la petite mort, elle prend tout son sens.
05:03Et vous êtes accompagnée, en coulisses, vous n'êtes pas venue seule, il y a votre frère.
05:06Il y a mon frère qui a été là dès le début et qui est encore là. Et c'était notre 20e Roland-Garros
05:10à tous les deux. Et évidemment, ma famille ne va pas me lâcher. J'ai mon compagnon aussi qui est
05:15très présent. Donc, j'ai l'entourage déjà qu'il faut. Mais je pense que ça demande un gros travail
05:20psychologique pour vraiment faire le deuil de cette vie-là. Alizé, vous avez 34 ans. Parce qu'on
05:24parle de retraite, mais vous êtes jeune. Vous êtes née à Nice. Vous commencez le tennis dès l'âge
05:28de 4 ans avec votre frère Sébastien. Et en 2004, vous remportez le titre de championne de France
05:33des 13-14 ans. Et c'est parti. Là, vous allez enchaîner les victoires. Au final, vous avez un
05:37palmarès énorme. C'est 69 participations consécutives en grand chelm. C'est un record.
05:42C'est quoi le souvenir le plus fou que vous ayez de cette carrière ? C'est difficile de choisir un
05:46souvenir en particulier quand on a joué plus de mille matchs dans sa carrière et qu'on a une
05:51carrière aussi remplie. Je dirais qu'il y a quand même deux grands moments dans ma carrière qui
05:56m'ont subjuguée. C'était ma victoire contre Serena Williams à Wimbledon en 2014 pour me qualifier
06:02pour les huitièmes de finale. Et puis ensuite, il y a eu cette victoire contre Simona Alep en
06:06Australie en 2022, donc il y a seulement deux ans, pour me qualifier pour mon premier quart de finale
06:11en grand chelm, ce qui était quasiment inespéré puisque j'avais 32 ans, je n'y attendais plus.
06:16J'étais quasiment... Je pensais arrêter, finalement, ma carrière cette année-là. Et voilà, il se passe
06:22ce petit miracle. Nous, on a un petit cadeau pour vous. Il y a Christophe Willem. Vous êtes fan. Si
06:27vous lui demandiez de lui fredonner une chanson à lui, ça serait laquelle ? Une chanson ? Ouais. Il est
06:32à côté, on en profite. Moi, j'adore... Il y en a beaucoup que j'aime quand même, mais je ne me souviens
06:38plus du titre. Je pourrais la fredonner, moi, mais je ne me souviens plus du titre. C'est comme ça,
06:41qu'est-ce que tu veux ? Double jeu. Double jeu, j'adore. Quand je serai, quand je serai vieille dix,
06:47je reviens pile là de Formule 1. En attendant, je me déguise. C'est vrai que tous les costumes
06:55me vont bien. Le rouge noir, le blues, l'espoir en moi. De toutes les couleurs, j'aime mon voix. C'est
07:06comme ça, qu'est-ce que j'y peux ? C'est comme ça, qu'est-ce que j'y peux ? Faudrait savoir ce que tu veux.
07:11Faudrait savoir ce que tu veux. Oh, bravo ! Merci. Mauvaise transition, mais quelle voix, mon dieu.
07:18En vrai, ça fait encore plus... Waouh. Alors, vous savez ce que vous voulez. Vous le savez aussi,
07:22depuis que vous êtes toute petite, vous rêvez d'écrire. Et là, ça y est, c'est ce qui est en
07:26train de se passer. Vous êtes romancière. C'est votre deuxième roman. Comment vous est venue cette
07:30passion de l'écriture ? C'est un peu mon double jeu à moi, au final. L'espoir et l'écriture,
07:34sans transition. Ça, c'est une tennis humaine qui s'est renvoyée là-bas. Exactement. Non, mais c'est
07:41exactement ça. Ça fait partie de ma personnalité, de moi-même, depuis que je suis toute petite.
07:45Ça a été une passion de toujours, l'écriture. Après, de là, en faire un métier, honnêtement,
07:49je ne m'attendais pas à ça. Et surtout, de le faire concorder aussi avec ma carrière, on va dire,
07:55de coordonner les deux, d'être joueuse de tennis d'un côté, romancière de l'autre, c'est quand
07:59même quelque chose de très difficile, vu les plannings, surtout en tant qu'athlète de haut
08:04niveau. Mais écoutez, j'ai écrit mon premier roman il y a deux ans. Enfin, je l'ai publié il y a
08:10deux ans. Qui était inspiré de la vie de votre maman. Voilà, de l'enfance de ma mère. J'ai eu
08:13des excellents retours. Il s'est plutôt bien vendu. Et surtout, en fait, les retours que j'ai eu du
08:18public et l'émotion que j'ai pu communiquer au lecteur grâce à ça, ça m'a tout de suite donné
08:24envie d'en écrire un autre. Après la petite mort sportive, la grande naissance littéraire. Oui,
08:28c'est un peu le début d'une deuxième vie. Mais c'est fou parce que l'écriture, c'est aussi un
08:33vecteur d'émotions. Et en fait, moi, c'est ce que j'ai adoré faire en tant qu'athlète. C'était
08:37donner des émotions aux gens, en recevoir en retour. Et en fait, je retrouve ça avec l'écriture d'une
08:42manière très différente, mais aussi très forte. Et donner ces émotions-là, entendre des gens me
08:47dire qu'ils ont versé leurs larmes à la fin d'un de mes livres, c'est une super récompense. Et je
08:52suis trop heureuse de ça. Donc, j'ai très hâte de continuer d'en écrire plein d'autres. On a
08:56hâte, nous aussi. Ça s'appelle « Ce qui manque à la mort », c'est aux éditions Albert Michel,
09:00et c'est une très, très belle histoire d'amitié. Merci beaucoup.