A Oradour-sur-Glane, 643 personnes, dont plus de 200 enfants ont été tués par les nazis le 10 juin 1944. Et même si aujourd'hui il n'y a plus de survivants, le combat se poursuit pour perpétuer la mémoire de ce drame.
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00:00 Ce devoir de mémoire, il n'allait pas de soi juste après le massacre,
00:03 témoigne Maurice Gauthier, né en 1949.
00:06 Il fait partie de ce qu'on appelle les enfants de la première génération
00:10 et a vécu ses premières années dans des baraquements juste à côté des ruines,
00:14 sans vraiment savoir de quoi il s'agissait.
00:16 Dans les ruines, on y allait, enfin moi c'était pas...
00:19 J'ai toujours connu ça avec ma mère, on y allait souvent, mais...
00:22 Elle disait rien, elle parlait pas beaucoup.
00:24 Juste elle faisait voir l'emplacement de...
00:26 Où étaient ses parents et tout, la pâtisserie, le bar, qu'ils avaient...
00:29 Mais c'est tout.
00:30 Puis y avait pas de psy à cette époque-là,
00:33 alors donc elle avait intérêt à ça, puis on la laissait faire,
00:36 on essayait de lui questionner de temps en temps,
00:37 lui poser une petite question à droite à gauche, mais sans plus.
00:39 Parce que parler, c'est raviver la douleur,
00:42 mais aussi pour une autre raison selon Agathe Hébras,
00:44 dont le grand-père, Robert Hébras, a survécu au massacre.
00:48 Mon grand-père ne va pas parler pendant près de 40 ans,
00:51 pas parce qu'il n'en ressent pas le besoin,
00:53 mais parce que pour lui, les gens n'ont pas envie de l'entendre,
00:56 parce que ce qu'ils ont à raconter est trop dur,
00:58 et donc ils veulent pas embêter les gens avec leur souffrance.
01:02 Mais à la fin des années 80, émerge un projet de centre de la mémoire
01:06 et des disparitions de rescapés.
01:08 De témoins déclenchent chez Robert Hébras le besoin de raconter.
01:12 Pour la mémoire des victimes, qu'on ne les oublie pas,
01:15 parce qu'après nous, j'ai peur qu'Horadour soit un peu délaissé ou transformé.
01:23 Jusqu'à plus de 90 ans, il multiplie donc les conférences
01:27 et les visites guidées dans les ruines du village martyr,
01:29 souvent suivies de près par sa petite-fille, dont il a fait son héritière.
01:34 Depuis son décès, Agathe a pris le relais,
01:37 et c'était une évidence autant qu'une nécessité.
01:39 Oui, il faut se souvenir du massacre d'Horadour,
01:42 parce que c'est fondamental, que c'est dans notre histoire nationale.
01:46 Aujourd'hui, Horadour nous rappelle ce qu'il peut se passer en Ukraine,
01:50 nous rappelle que des massacres de civils existent toujours,
01:54 et donc c'est aussi le caractère et le message universel d'Horadour,
01:57 c'est le symbole de l'assassinat de civils lors de conflits.
02:00 Et donc c'est aussi en ce sens-là qu'on veut pouvoir s'engager.
02:03 Et notamment auprès des jeunes, avec des actions dans les établissements scolaires
02:06 et de nombreux projets portés par l'Association des Familles de Martyrs d'Horadour,
02:10 ou encore par le Centre de la Mémoire, dirigé par Babette Robert.
02:14 Je crois que lorsque des jeunes s'investissent dans un projet artistique et culturel,
02:20 et qu'ils en deviennent porteurs,
02:22 ils s'approprient l'événement sur lequel ils ont travaillé,
02:25 ils en garderont, on peut en être certain, la mémoire toute leur vie.
02:29 Et pour toucher un public encore plus large,
02:31 les réseaux sociaux jouent désormais un grand rôle.
02:33 On l'a vu en 2022, lorsque le chanteur Matt Pokora est venu pour une visite privée
02:38 dans les ruines du village martyr,
02:39 qui a ensuite relayé à ses millions d'abonnés un éclairage bienvenu.
02:44 A condition que la démarche soit faite avec respect,
02:47 c'est l'autre défi des années à venir.