80 ans de la Libération - Paroles de survivants et récits du massacre d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944

  • il y a 3 mois
Dans une semaine, une cérémonie de commémoration aura lieu à Oradour-sur-Glane pour les 80 ans du massacre. France Bleu vous propose de vous replonger dans les témoignages et les récits des survivants du 10 juin 1944.

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00:00Des rescapés aujourd'hui tous disparus, mais certains ont consacré une partie de leur vie à témoigner,
00:04comme Robert Hébras et Marcel D'Artout.
00:07Ils ont 19 et 20 ans lorsque les soldats allemands arrivent à Ouradour-sur-Glane.
00:12Je me souviens de l'heure exacte, 14 heures,
00:14et c'est là que j'ai commencé à entendre un bruit de camions qui venaient.
00:18Deux véhicules à chenilles qui font un bruit d'enfer.
00:21Tout le monde était là, qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que c'est ?
00:24De toute façon, les voitures n'ont pas le droit de circuler,
00:26qu'est-ce que tu veux que ce soit ?
00:28De plus que des Allemands, et c'était vrai, hélas.
00:30Ils se sont arrêtés en haut du village.
00:32De ces véhicules sont descendus des soldats qui se sont déployés de chaque côté du village.
00:37Les SS font évacuer toutes les maisons, les écoles,
00:40et rassemblent la population sur le champ de foire.
00:43Les soldats passent au milieu de nous et séparent les femmes des enfants sans rien dire.
00:47Les femmes étaient inquiètes, elles pleuraient.
00:48Pas de quoi s'affoler, pense pourtant Robert Hébras sur le moment.
00:52C'était quatre jours après le débarquement,
00:54c'est-à-dire que dans notre esprit, la guerre était pratiquement finie.
00:57Mais les hommes de plus de 14 ans sont alors séparés en plusieurs groupes
01:01et conduits dans des granges où ils sont mitraillés.
01:04On entend tirer partout.
01:05Je suis touché de deux balles en bas des jambes.
01:08Et quand je suis tombé, les autres ont commencé à attraper sur moi.
01:11Moi, je ne sais pas comment je me suis trouvé sur les autres.
01:13Oui, je suis proche, j'étais sur les autres.
01:16Et c'est les autres qui nous ont sauvé la vie.
01:17Mais l'horreur ne s'arrête pas là, les nazis mettent le feu au bâtiment.
01:22J'ai entendu le petit pétillement du foin qui brûle.
01:25Le feu me faisait mal.
01:27C'est là que j'ai dit, il faut sortir, il faut s'en aller.
01:29Moi, quand je sors, je n'ai pas le choix.
01:31Ou je vais mourir beau des vifs, ou je vais mourir tué par une balle.
01:36Mais ils ne sont plus là.
01:37Cinq hommes en réchappent.
01:39Tandis que plus de 450 femmes et enfants sont enfermés dans l'église,
01:43incendies avec un engin explosif,
01:46Marguerite Roufanche est la seule qui parvient à s'enfuir.
01:49Ça nous a asphyxiés, ça a été pêle-mêle des cris de tous les côtés.
01:54J'ai couru dans la sacristie avec mes filles.
01:58Un moment après, j'ai aperçu ma fille à côté de moi
02:01qui avait été tuée d'une balle traversant la carotide,
02:05car les Allemands ont tiré.
02:07Et alors, voyant arriver les flammes dans cette sacristie,
02:10je sors pour me cacher derrière le maître-hôtel.
02:13Je trouve un escabeau, je monte dessus.
02:17Sans réfléchir, je me jette par la fenêtre.
02:19Dans sa fuite, Marguerite Roufanche reçoit cinq balles
02:22et est finalement retrouvée agonisante dans un champ 24 heures plus tard,
02:26comme les cinq autres survivants.
02:28Elle passera de longs mois à l'hôpital pour se rétablir.
02:31Mais tous resteront marqués à vie par la perte de leurs proches,
02:35enfants, parents, frères et sœurs, 643 victimes.
02:39C'est le plus important massacre de civils commis en France
02:42par l'armée allemande.

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