L’ancien ministre Philippe de Villiers était l’invité de Face à De Villiers, ce vendredi 24 mai, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la situation en Ukraine : «Nous sommes près de la Guerre mondiale, c’est l’engrenage de 1914».
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00:00Nous sommes près de la guerre mondiale, c'est incroyable ce qu'il se passe, ça ne fait pas un sujet de la presse ce que je dis.
00:20Il y a eu une interview, il y a deux jours, de Nicolas Sarkozy, qui était remarquable, où il dit, attention, aux conséquences, alors, j'explique ce que je veux dire.
00:38Il y a deux verrous qui viennent de sauter. Le premier verrou, c'est « no boots on the ground ». C'était la position des États-Unis qui commandent l'OTAN, pas de troupes au sol.
01:02Pourquoi ? Parce qu'on aide les Ukrainiens, mais on ne veut pas être partie prenante de cette guerre, qui n'est pas la nôtre. Voilà la position de l'OTAN, la position des États-Unis.
01:17Et voilà que le 27 février, vous vous en souvenez, on avait parlé ici, Emmanuel Macron, lui, dit « on va envoyer les troupes au sol ». C'est un risque insensé, d'ailleurs, il était seul à l'époque, sauf que depuis, il a gagné des parts de marché, si l'on peut dire, et il a décidé d'envoyer des instructeurs.
01:45Et c'est ça qui a déclenché Poutine, parce qu'à partir du moment où il envoie des instructeurs, on change la qualification de la France, sans d'ailleurs aucun vote du Parlement. Mais là, on entre en guerre avec les instructeurs.
02:01Et deuxièmement, et c'est plus grave encore, le deuxième verrou, c'était « ni l'OTAN, ni la Russie ». C'est-à-dire qu'on neutralise les deux territoires. L'OTAN ne frappe pas la Russie, et la Russie ne frappe pas le territoire de l'OTAN.
02:23Et voilà que Macron, une fois de plus, explique qu'il faut autoriser l'Ukraine à utiliser les armes de l'OTAN, les scalpes, les missiles, pour frapper la Russie. D'où la phrase de Poutine.
02:44Alors comment qualifier cette nouvelle situation, maintenant que ces deux verrous ont sauté ? Ça s'appelle la co-belligérance. Et je pense que les téléspectateurs qui nous regardent doivent être attentifs.
02:57Qu'est-ce que ça veut dire la co-belligérance ? Ça veut dire qu'on a quatre puissances nucléaires qui s'observent et qui vont être en guerre. C'est-à-dire la Russie, l'Angleterre, la France et naturellement l'OTAN, les États-Unis.
03:19Et comme l'a très bien dit Nicolas Sarkozy, qui a une grande expérience internationale, qui avait réglé le problème de la géologie en son temps, on marche sur des allumettes. Pourquoi ?
03:36Je vais essayer d'expliquer pourquoi. D'une phrase. Il y a une grande différence entre les démocraties occidentales, et spécialement la démocratie macraonienne, et Poutine qui est un chef d'État.
03:50C'est que lui, il prend au pied de la lettre ce qu'on lui dit. Il est dans l'action. Et nous, on est dans les éléments de langage, comme disent les diplomates.
04:03Donc on croit que le verbe se suffit à lui-même. Mais lui, il prend le verbe au premier degré, Vladimir Poutine. Et donc c'est en cela que c'est extrêmement dangereux de voir l'OTAN et la Russie se mettre du persil sous le nez.
04:20L'erreur que nous commettons... Vous savez, Nicolas Sarkozy a dit qu'il serait désastreux de voir Tolstoy et Balzac se faire la guerre parce que la Russie ne va pas changer d'adresse.
04:40Admirable propos. En fait, ce qui risque de se passer, c'est qu'on va passer au stade d'après. Et la grande erreur de tous nos politiciens, toutes catégories confondues, c'est qu'ils ont peur d'être muniquois.
05:09Mais là, on n'est pas à Munich, on est à Sarajevo. C'est pas pareil. Il faut quand même savoir lire l'histoire avant de parler. Et c'est l'engrenage de 14. Et non pas de 40. Munich, c'est Sarajevo.
05:26Et on a vécu, moi j'étais petit, l'affaire de Cuba, les missiles. Ça a duré 12 jours. Là, on est dans un équilibre instable avec maintenant l'idée qu'on passe à la belligérance. C'est extrêmement dangereux.