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00:00 8h19 les pharmaciens sont en grève ce jeudi en Bretagne entre 80 et 90% des officines seront fermées toute la journée.
00:06 Des pharmacies ont été réquisitionnées seulement pour les urgences. Est-ce que vous comprenez et soutenez ce mouvement ?
00:11 Avez-vous déjà été confronté à un manque de médicaments pour vous ou vos proches en allant à la pharmacie ?
00:15 Venez nous le dire au 02 99 67 35 35.
00:19 Et pour parler des raisons de cette grève on accueille le président du conseil régional de l'ordre des pharmaciens de Bretagne.
00:24 Bonjour Jean-François Guillerme.
00:26 Bonjour.
00:26 Alors pour que nos auditeurs comprennent bien pourquoi vous faites grève aujourd'hui, pourquoi les pharmaciens ont laissé leurs officines fermées ce matin ?
00:33 C'est assez rare. La dernière grève d'il y a environ 10 ans.
00:37 Aujourd'hui il y a quatre thèmes qui préoccupent nos confrères.
00:41 C'est l'épénurie de médicaments, c'est les fermetures des officines en zone rurale,
00:47 c'est la régulation de la vente des médicaments sur internet pour plus de, comment dire, de libéralisme
00:54 et enfin c'est le volet conventionnel, c'est la rémunération des pharmaciens.
00:59 Donc en ce moment ce sont les syndicats qui négocient avec l'assurance maladie.
01:03 Ces négociations doivent se terminer dans quelques jours, c'est ça ?
01:06 Et vous espérez, vous demandez que les honoraires soient revalorisés, c'est ça ?
01:10 Exactement.
01:10 Comme les médecins ont pu le faire par exemple pour leur consultation.
01:12 Voilà exactement. En fait comme toutes les entreprises on a subi l'inflation, à la fois sur les charges et aussi sur les salaires,
01:17 on demande à être revalorisés pour pouvoir soutenir les finances de nos entreprises.
01:23 Vous avez parlé des pénuries de médicaments, effectivement on a tous je pense plus ou moins été confrontés,
01:28 ou on en a entendu parler en tout cas ces derniers mois,
01:30 phénomène qui s'accentue depuis le Covid, où est-ce qu'on en est actuellement ?
01:34 Est-ce que ça va un peu mieux ou pas du tout ?
01:36 Pas du tout en fait. Le nombre de pénuries augmente de jour en jour.
01:41 Les dernières ruptures en date ce sont les anti-épileptiques, un médicament très connu comme la dépakine.
01:46 Donc là ça pose des vrais vrais vrais problèmes pour les patients
01:49 parce qu'ils sont obligés de faire des dizaines d'officines, des dizaines de kilomètres
01:52 pour essayer de se dépanner en médicaments. Ça ne peut plus durer.
01:56 Et même pour les pharmaciens, vous essayez aussi d'aider vos patients,
02:00 d'appeler des collègues, des confrères pour voir si le médicament existe.
02:03 Oui on est très bien organisé, on passe à peu près deux heures par jour à trouver des médicaments.
02:07 On a des systèmes qui nous permettent de visualiser les stocks de médicaments
02:11 ou du moins la disponibilité des médicaments dans certaines officines.
02:14 Donc ça nous permet en fait d'orienter les patients mais c'est pas toujours facile.
02:17 Et c'est pas une solution à terme.
02:19 Alors Jean-François Guillermes, vous êtes président du conseil régional de l'ordre des pharmaciens de Bretagne.
02:25 Finalement vous diriez qu'aujourd'hui c'est un modèle que vous défendez,
02:28 celui des pharmacies, de la pharmacie, partout sur le territoire,
02:31 à la fois dans les grandes villes mais aussi en zone rurale.
02:34 Bien sûr, le maillage pharmaceutique c'est ce qui fait la force de notre métier.
02:37 C'est notre présence sur les territoires.
02:39 On est souvent la dernière porte d'accès pour les patients dans les zones rurales.
02:44 Il faut la conserver mais pour la conserver il faut redonner du dynamisme
02:48 en professionnel de santé dans les territoires.
02:50 On doit pouvoir retrouver des médecins, des infirmiers, des kinés, des pharmacies.
02:54 Il y a tout un tissu qu'il faut reconstruire dans les zones rurales pour pouvoir le garder longtemps dans le temps.
03:00 Et qu'en est-il de ce maillage en Bretagne ?
03:03 Malgré tout à l'heure où je vous parle il est plutôt encore cohérent mais il s'étiole de jour en jour.
03:09 On a fermé une vingtaine d'officines l'année dernière en Bretagne.
03:11 Sur les 300 c'est ça qu'ils ont fermé en France ?
03:14 Exactement.
03:15 On en ferme plus d'une tous les mois depuis début janvier 2024.
03:21 Ça reste des signaux très inquiétants.
03:23 Il ne faut pas les prendre à la légère.
03:25 Et pourquoi donc ça ferme ? Parce qu'on ne trouve pas de pharmaciens pour reprendre ?
03:28 Parce que les gens, vos confrères, certains ne veulent pas aller s'installer dans ces zones rurales
03:32 parce qu'il n'y a pas assez de travail ?
03:34 Dans les zones rurales, je vous l'expliquais, on a perdu le réseau des professionnels de santé.
03:38 Et de fait on a perdu de l'attractivité pour les confrères.
03:41 Généralement ces officines sont largement viables économiquement.
03:45 Mais par contre elles ont perdu de l'attractivité parce qu'il n'y a plus de réseau de professionnels autour de la pharmacie.
03:49 Et vous nous disiez avant le début de cette interview, il y a une petite particularité en Bretagne, nos îles.
03:55 On parle souvent des problèmes de santé sur nos îles bretonnes.
03:58 Et c'est le cas aussi pour les pharmacies ?
04:01 Oui, il y a une vraie particularité sur les îles bretonnes.
04:04 Il y a des endroits où il y a des pharmacies, d'autres où il n'y en a pas.
04:07 Je prends l'exemple de Wessent, il y a quelques mois on est passé à deux doigts de la correctionnelle
04:10 parce qu'on n'arrivait pas à trouver de repreneur sur la pharmacie de Wessent.
04:15 Heureusement il y a une pharmacienne de l'Est et son mari qui ont décidé de venir s'installer sur l'île.
04:20 On a pu permettre d'assurer la desserte pharmaceutique sur l'île,
04:23 mais on sait qu'il y a d'autres points de vigilance.
04:25 On parle de Lille aux moines où le pharmacien voudrait faire valoir ses droits à la retraite dans quelques mois.
04:30 Donc on est très attentif à la situation des îles.
04:33 Alors on l'a dit, journée de grève unique des pharmaciens.
04:36 Aujourd'hui avec un rassemblement à Rennes à partir de 10h devant la CPAM.
04:41 Et ensuite il y a une manifestation à Paris, mais est-ce que le mouvement pourrait se poursuivre, prendre de l'ampleur encore ?
04:46 Bien sûr, à partir du moment où on n'a pas eu gain-cause et on a l'impression que les pouvoirs publics ne nous écoutent pas,
04:52 évidemment la profession sera capable de se mobiliser sur de nouvelles actions dans les semaines ou dans les mois à venir.
04:58 Et que disent vos patients, pour ceux que vous avez pu voir avant cette grève ?
05:02 C'est facile, on a fait signe d'une pétition, les patients nous soutiennent.
05:05 Eux ils veulent conserver leurs officines, ils veulent avoir des médicaments au quotidien.
05:11 Et si on pouvait donner un petit conseil aujourd'hui aux patients,
05:14 si ce n'est pas urgent, eh bien reportez vos demandes à demain,
05:17 parce que le si peu de pharmacies qui seront ouvertes en Bretagne aujourd'hui
05:21 risquent d'être un peu surchargées par l'activité malgré tout.
05:24 Et bien le message est passé. Merci beaucoup Jean-François Guillerm d'avoir été l'invité de France Blanc-Amorique.
05:28 Vous êtes président du Conseil Régional de l'Ordre des Pharmaciens de Bretagne.
05:32 Et effectivement vous le disiez, des officines sont ouvertes puisqu'elles ont été réquisitionnées par l'Agence Régionale de Santé.
05:38 On vous a mis la liste de ces pharmacies ouvertes aujourd'hui,
05:41 mais seulement pour les urgences, c'est sur francebleu.fr.

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