L'ÉCO & YOU - L'exception Chanel
La deuxième marque de luxe mondiale a réalisé des résultats record en 2023. Mais le directeur financier a douché tout le secteur en avouant que le marché allait être plus difficile en 2024. C'est la fin de l'âge d'or des marques de luxe après le Covid.
Regardez L'éco & You avec Martial You du 23 mai 2024
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00:00 L'écho à New Martial You, Chanel a publié hier des résultats records sur l'année 2023
00:06 et pourtant, et pourtant, le groupe a plombé tout le secteur du luxe en annonçant la fin de l'âge d'or.
00:12 Mais oui, alors il faut dire que les années 2021-2022 post-Covid ont vraiment été exceptionnelles
00:18 puisque les acteurs du luxe enregistraient des bénéfices qui progressaient de 20% par an.
00:23 Bon ben là, on est en train de revenir à des niveaux, on va dire, un peu plus raisonnables.
00:26 Ça veut dire que le secteur du luxe va continuer à progresser quand même ?
00:29 Oui, ça va continuer à grimper, mais de 4% environ si on en croit le cabinet Bain.
00:33 D'ailleurs, le bénéfice de Chanel est en hausse de 3% en 2023, mais il bondissait de 14,2% en 2022.
00:41 Ça reste exceptionnel parce qu'on fait encore mieux que 2022 qui était déjà une année record.
00:46 Mais le directeur financier de Chanel a reconnu que l'année 2024 serait plus difficile
00:50 et c'est ça qui inquiète tout le secteur puisqu'hier, cette petite phrase,
00:54 elle a fait chuter LVMH de 2%, Kering de quasiment 1% et Hermès de 4,25% à la bourse.
00:59 Mais pourquoi le luxe des plus tendance ?
01:01 Attention à ce qu'il y ait tendance dans la mode, parce que Karl Lagerfeld disait
01:05 "la tendance c'est le dernier stade avant le ringard".
01:08 Donc disons que vous avez des éléments exceptionnels qui se retournent en ce moment.
01:11 Au moment du Covid, il y a eu ce qu'on a appelé la sur-épargne, je vous en parlais beaucoup à l'époque.
01:16 Les plus riches avaient de l'argent en stock qu'ils ne dépensaient plus
01:19 et à la fin du confinement, ils se sont jetés sur les produits de luxe.
01:23 Ces achats-là sont terminés.
01:24 Il y a eu aussi des achats spéculatifs.
01:26 On achetait des produits de luxe parce qu'ils allaient prendre de la valeur.
01:29 Souvenez-vous, vous aviez des paires de baskets de joueurs ou de rappeurs
01:32 qui partaient à des prix absolument stratosphériques lors de ventes aux enchères.
01:37 C'est moins fort aujourd'hui et ceux qui ont acheté cherchent désormais à revendre
01:41 pour réaliser leur plus-value.
01:42 Ça réduit les ventes.
01:43 - Et est-ce que les riches achètent moins ?
01:45 - Oui, vous avez les deux plus gros marchés mondiaux du luxe qui tournent au ralenti.
01:51 - C'est pas la même chose en ce moment.
01:53 - Le luxe qui tourne au ralenti.
01:55 - Donc les géants du luxe, ce sont les Etats-Unis et la Chine.
02:01 J'ajoute aussi la Russie qui est sous embargo en ce moment.
02:03 Donc le plus inquiétant, c'est la Chine qui était vraiment le nouveau territoire de croissance
02:07 pour les marques de luxe.
02:09 Mais il y a eu un confinement plus long qu'ailleurs.
02:11 Les jeunes Chinois sont confrontés à des problèmes d'emploi, consomment moins.
02:15 Et le pays est confronté aussi à une crise immobilière
02:17 qui réduit le pouvoir d'achat des plus aisés.
02:19 - Vous parlez des jeunes Chinois, mais qui fait marcher le business du luxe ?
02:22 Les jeunes ?
02:23 - Ça peut surprendre, mais oui.
02:24 Du coup, la démographie pénalise le luxe.
02:27 Puisque 45% des acheteurs de produits de luxe sont des millenials.
02:31 C'est-à-dire qu'ils ont entre 30 et 35 ans.
02:34 Et actuellement, cette catégorie fait des arbitrages qui ne vont pas vers le luxe autant qu'avant.
02:38 Et puis les baby-boomers de plus de 65 ans,
02:40 eux, ils ne représentent que 11% des clients des marques de luxe.
02:43 Donc plus la population mondiale vieillit et moins elle achète de montres, de sacs ou de parfums.
02:47 - Votre plus, Martial, le démantèlement de l'empire Lagardère se poursuit.
02:51 - Le groupe vient d'annoncer un protocole pour vendre Paris Match,
02:55 cette fois au groupe LVMH qui possède déjà les échos et le parisien notamment.
02:58 - Votre note, un petit 12/20 au livret A.
03:00 - Oui, parce que les versements ont ralenti en avril sur le livret A.
03:03 Le livret de développement durable,
03:04 et on a même retiré des sous des livrets d'épargne populaire pour la première fois depuis mai 2022.
03:09 Ça, c'est le signe que les Français ont besoin de leur badelaine avant l'été.
03:12 Et puis c'est aussi le retour en force de l'assurance-vie et des comptes à terme.
03:15 Le livret A est rémunéré à 3%.
03:17 Mais on sait déjà que le niveau va finir par baisser dans les prochains mois
03:20 à cause de la baisse de l'inflation et de la baisse des taux directeurs.