L'ancien ministre des Transports, pilote de formation, raconte comment un avion peut "travailler" lorsqu'il est balloté par de fortes turbulences.
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00:00Jean-Baptiste Djebari, ancien ministre des transports et entrepreneurs, bonsoir Jean-Baptiste.
00:04Bonsoir à tous.
00:05Jean-Baptiste, tiens, juste avant d'entamer les débats du jour, on se posait la question
00:08dans le bureau de RTL, bonsoir, cet après-midi, parce qu'on a beaucoup parlé depuis 24 heures
00:12sur cette antenne de l'incident sur le vol Londres-Singapour, vous me voyez venir, avec
00:17d'énormes turbulences, une trentaine de blessés et même une crise cardiaque.
00:20Vous, vous avez été pilote dans votre carrière, vous avez déjà vécu comme ça un sale quart
00:25d'heure dans les airs, c'est courant ou alors c'est rarissime ?
00:28C'est courant, on peut essayer de les éviter avec des radars météo, on arrive assez bien
00:32à voir les zones dans lesquelles il y a le plus de turbulences, mais quand ça arrive,
00:36ça peut être impressionnant.
00:37Je me souviens d'un vol entre Bordeaux et Zurich où j'entendais la structure de l'avion
00:41travailler, donc craquer.
00:42On sait que c'est fait pour, un avion, c'est assez élastique, c'est assez souple, mais
00:46c'est des moments qui ne sont pas très agréables pour un pilote et a fortiori pour ceux qui
00:49subissent le vol derrière.
00:50Quand vous dites que c'est élastique, ça veut dire ?
00:52Ça veut dire que les ailes, elles se déforment, et heureusement d'ailleurs, sinon on ne
00:56pourrait pas supporter les turbulences.
00:57Les ailes sont élastiques et d'ailleurs dans les tests de certification des avions, vous
01:01voyez, on tire les ailes de manière à voir ce qu'elles supportent en termes de charge
01:05et c'est bien utile dans ces moments de turbulences.
01:07Alors un avion, c'est très solide et c'est plus solide d'ailleurs que les passagers
01:09qui sont dedans, c'est bien le sujet.
01:11Mais là, c'est vrai que je n'ai pas regardé en détail l'accident d'hier, je n'ai pas
01:15vu la cause réelle.
01:16Mais qu'est-ce qu'on ressent quand on est dans un Bordeaux-Zurich comme ça et qu'on
01:19sent que l'avion...
01:20On regarde son radar météo, on voit que tout est rouge, voire violet.
01:23On se demande où on va passer précisément.
01:25Et puis après, on sait que c'est un moment un peu difficile à passer.
01:28On y arrive en général finalement assez bien.
01:30Mais c'est vrai que pour un pilote, ces turbulences sévères, comme on les appelle, c'est un
01:34moment délicat, compliqué.
01:35Donc là, quand les pilotes ont plongé de 2000 mètres, ils ont bien fait.
01:39Ça veut dire qu'ils cherchaient à éviter en quelque sorte la turbulence ?
01:41En général, ce qu'on essaie de faire quand on est effectivement à un niveau de croisière,
01:44c'est trouver un niveau de croisière inférieur ou supérieur dans lequel on a moins de turbulences
01:48et moins de turbulences sévères.
01:49Et ça marche assez bien.
01:50Aujourd'hui, on a beaucoup d'informations satellitaires sur la météo.
01:52On arrive en général à plutôt bien choisir les niveaux de vol.
01:55Mais il y a des événements qu'on ne maîtrise pas et des ajustements nécessaires.
01:58Notre curiosité est satisfaite.