Agents pénitentiaires tués à Incarville : Arnaud Garcia et Fabrice Moello décorés de la Légion d'honneur

  • il y a 4 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur l'attaque des deux agents pénitentiaires à Incarville, et notamment sur la Légion d'honneur qu'ils ont reçue à titre posthume.
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Transcript
00:00Voilà, il est 18h01 et 30 secondes. Nous sommes avec Grégory Geron, qui est policier, qui est secrétaire général du syndicat Unité.
00:07Bonsoir à vous.
00:07Bonsoir.
00:08Avec Vincent Hervouët, qui est éditorialiste de Politique étrangère. Bonsoir, Vincent.
00:12Geoffroy Lejeune, journaliste, le patron du JDD. Eric Revelle, journaliste aussi.
00:16Merci d'être là, mon cher Eric.
00:18On va commencer, si vous le voulez bien, par cet hommage national qui a été rendu aujourd'hui à Caen aux deux agents pénitentiaires tués la semaine dernière dans l'attaque meurtrière de l'Orfogo à Incarville.
00:27Il y avait la cérémonie officielle avec le Premier ministre, avec Brigitte Macron, qui était sur place, évidemment, puisque son mari était parti à Nouméa.
00:34Et puis, il y a eu une autre cérémonie. Enfin, elle va se dérouler d'ici quelques instants.
00:38Elle va se dérouler tout près de sa commune d'origine, la commune d'origine de Fabrice Muelot, qui a 52 ans.
00:44C'est dans cette petite ville de Turie-Arcourt que nous allons rejoindre Audrey Berthaud, notre envoyée spéciale, avec Raphaël Lasregues.
00:51Qu'est-ce qui va se passer ? C'est un hommage plus familial, plus personnel qui va se dérouler. Audrey, bonsoir.
00:57Bonsoir, Laurence. En effet, nous sommes ici devant la mairie de Turie-Arcourt.
01:02Et oui, à 18h30 précise, un temps de recueillement sera respecté.
01:07Fabrice Muelot a vécu les 25 dernières années de sa vie ici, dans cette commune du Calvados, à quelques kilomètres de Caen.
01:15Donc, vous imaginez bien l'émotion ici des habitants, l'incompréhension même.
01:21Alors, sa compagne devrait être présente, ainsi que ses deux fils jumeaux âgés de seulement 21 ans.
01:27Et donc, la mairie, en accord avec la famille, a donc souhaité réunir la population et tous ceux des communes voisines qui souhaitent se recueillir pour honorer, évidemment, sa mémoire.
01:39Alors, nous avons aussi interrogé des commerçants qui ont pris la décision de fermer leur boutique juste avant cet hommage en honneur, et donc pour honorer sa mémoire.
01:51Je vous propose de les écouter.
01:53Comme beaucoup de commerçants étaient demandeurs, compte tenu que M. Muelot venait chez nous également dans nos commerces, on a voulu leur rendre hommage.
02:02Et la moindre des choses, c'est de se mettre en berne le temps de l'inhumation et le temps quand on va faire l'hommage.
02:09Tous les arcourtois sont quand même touchés par ce qui est arrivé. Donc, à 18h30, le magasin fermera et puis on rouvrira demain.
02:17On connaît des gens qui travaillent dans cette profession depuis des années, et malheureusement, ça doit arriver quelque part.
02:27On est en train de délaisser la sécurité dans les prisons. Tout ce qui est en rapport avec le pénitentiaire est délaissé.
02:35Voilà, ici, les habitants de la commune et des communes voisines commencent à arriver tout doucement devant la mairie avec, évidemment, toujours cette émotion très forte ici.
02:46Merci beaucoup, ma chère Audrey Berto avec Raphaël Lazareque sur place.
02:50Ce qui me frappe, Grégoire Giron, quand on entend ces habitants, c'est qu'abord, il y a une très profonde émotion chez les Français, qui n'est pas du tout feinte.
02:56Ils ressentent profondément la perte de ces deux agents de la pénitentiaire, et il y a une vraie compréhension de ce qui se joue dans les prisons.
03:02Parce qu'ils disent, voilà, on a laissé tomber la pénitentiaire. Et ça, tout le monde l'a bien compris.
03:06Oui, les Français sont quand même plutôt éclairés, pour le coup, réellement.
03:10D'ailleurs, premièrement, c'est la majorité saoulue, silencieuse, finalement, qu'on entend pour une fois.
03:15Celle qui soutient les forces de l'ordre, l'autorité, qui a besoin de sécurité, qui fait souvent preuve de bon sens assez simple,
03:23et qui a une lecture, justement, pas politique des choses, mais plutôt citoyenne, et qui attend justement du gouvernement des choses assez simples.
03:32Que les délinquants soient punis, qu'on puisse y réinsérer ses laceries sur le gâteau, mais avant tout qu'ils soient punis,
03:39et que ceux qui sont en charge de les surveiller soient en sécurité aussi, et ça me parait juste normal, et ça fait du bien entendre.
03:45Vincent Herouet, quand on voit ces hommages qui se déroulent, officiels, remises de décorations, et c'est tout à fait normal pour ces deux agents de la pénitentiaire qui ont perdu la vie,
03:53quand on voit les mêmes mots utilisés à chaque fois, la nation ne tremblera pas, l'autorité sera restaurée, et que rien ne se passe, ça permet aussi...
04:02Oui, c'est le rituel de la République, mais c'est vrai que quand on regarde le visage fermé du Premier ministre, si juvénile, qui passe les troupes en revue,
04:12en jetant ses épaules en arrière, on a du mal à être convaincu de la solidité. Pourquoi ? Parce que c'est une scène rituelle qui arrive bien trop souvent.
04:23Si elle était exceptionnelle, si tout d'un coup il y avait une sorte de... c'est pas saisissant, on a l'impression d'avoir déjà vu cette scène,
04:33sauf que là ce sont les fenêtres d'une centrale qui dominent la cour, c'est pas les Invalides, mais ça devient tellement banal, on a l'impression que dans l'agenda du chef de l'État,
04:47du Premier ministre, de ses ministres, il y a comme ça toutes les semaines, deux ou trois cérémonies du même type.
04:54Absolument. Nicolas Baverez nous a rejoint, historien et séisme, bonsoir à vous.
04:57Bonsoir.
04:58On va parler avec vous de la Nouvelle-Calédonie, de cette guerre civile que vous décrivez qui se déroule là-bas, mais là aussi on est sur des épiphénomènes qui sont très signifiants pour les Français.
05:09Je crois justement que ce qui vient d'être dit, ce ne sont pas des épiphénomènes, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la violence est vraiment une arme de destruction massive pour la démocratie,
05:18parce que quand la violence s'installe, il n'y a plus de paix civile, s'il n'y a plus de paix civile, ça devient la guerre de tous contre tous, et il va de soi que c'est incompatible avec la liberté.
05:30Et aujourd'hui, comme on l'a dit, on veut traiter ce qui se passe comme une succession de faits divers, mais aujourd'hui la violence, où qu'on la prenne, elle devient un système.
05:40On a les attaques à l'arme blanche qui se multiplient, on a ces meurtres entre jeunes, ces agressions à répétition, on a la montée du narcotrafic, on a les agressions contre les agents et les élus de l'État,
05:54et comme on l'a dit, en face, on a une commémonation. Donc la réaction, c'est d'organiser des cérémonies, et il n'y a pas d'action.
06:03Et derrière, il y a un grand mouvement depuis des décennies, qui est la fonte de l'État régalien, qui absorbait un peu plus de 6% du PIB dans les années 60, qui est tombé à autour de 3%,
06:18et l'explosion de l'État-providence, qui absorbe 34% du PIB. Et que ce soit vis-à-vis de Vladimir Poutine, de la Chine, de Xi, d'Erdogan, ou que ce soit vis-à-vis de gens qui sont violents,
06:32et il faut y rajouter évidemment les islamistes, avec quand même un nombre de morts par la suite des attentats extrêmement impressionnant,
06:41la seule réponse maintenant, c'est une réponse collective, qui est de dire qu'on refait de la sécurité une vraie priorité, et qu'on remet vraiment de l'argent sur la sécurité intérieure et sur la sécurité extérieure.
06:55Et que cet argent, comme on est dans un pays sûrement endetté, on va aller le prendre sur les dépenses sociales pour le remettre sur la sécurité. Et ça, c'est un message qui sera compris par tout le monde.
07:07Et qu'il n'arrivera pas. Pourquoi ? Parce qu'ils n'auront pas le courage ?
07:12Non, parce qu'on voit bien, quand Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d'économies, on voit bien exactement le réflexe qui a été celui du gouvernement, ou du chef de l'État, ou de je ne sais qui qui a arbitré.
07:25Ils ont pu couper les budgets de justice ?
07:28On a perdu 134 millions dans la police nationale, pas sur les salaires, pas sur les primes, pas sur les engagements, mais sur du bâtimentaire, sur du matériel, sur le plan de renouvellement automobile, qui demain déjà ne sera pas remplacé.
07:43Donc, en fait, les leçons de toutes ces années que monsieur a très bien résumées en quelques minutes sur l'ensemble des plans ne sont pas retenues. C'est-à-dire que les variables d'ajustement, de toute façon, finissent par être équitablement réparties et la sécurité, malheureusement, fait partie.
08:00Éric Rebel, je vais vous voir réagir.
08:02Moi, je ne manque jamais une occasion, quand je vois Nicolas Baverez, je le dis parce que ça a été l'un des premiers qui a éclairé cette route-là.
08:08On l'avait traité de décliniste, on l'avait montré du doigt, mais la France qui tombe 2003, il y a 21 ans, un livre un peu prophétique sur cette France qui allait s'écrouler ou s'effriter, elle tombe et son autorité est en train de tomber avec.
08:24Et les moyens dont on parle, en réalité, comme vous voyez, vous allez voir le parallèle que je vais faire, il est osé, mais il est significatif.
08:30La réforme de l'assurance-chômage, les 3,6 milliards que l'État essaie de récupérer, on peut penser que le système français est trop généreux, mais en fait, quelle est la justification de tout cela ?
08:42C'est parce qu'on cherche de l'argent, on cherche du désespérément de l'argent. La façon dont l'État, par exemple, fonctionne dans la caisse de l'assurance-chômage, ils ont pris 10 milliards déjà, alors qu'il y a un excédent.
08:52En fait, l'État cherche de l'argent pour combler les trous, plus, me semble-t-il, que pour donner des moyens à des services publics qui en manquent cruellement. Donc, la France, ce n'est pas que la France qui tombe, c'est la France est tombée.
09:04Terrible. Vous êtes d'accord avec ce constat que vous avez fait il y a longtemps, 20 ans, Nicolas Baverez ?
09:10Je crois qu'on est effectivement à un moment critique, c'est-à-dire que pendant longtemps, les choses se sont dégradées, mais doucement. On a perdu un point de croissance par décennie depuis les années 70, on s'est installé dans un chômage structurel qui touche autour de 10% de la population, la productivité a aussi baissé, et puis par ailleurs, l'État s'est dégradé, et finalement, c'est un peu comme une fuite d'eau dans un plafond, c'est-à-dire que pendant un certain temps,
09:38l'eau s'accumule et on voit rien, et puis tout d'un coup, le plafond tombe, et nous sommes au moment où le plafond tombe, et les Français s'en rendent compte, mais tout le monde s'en rend compte, et aussi, on voit très bien que la France n'est plus prise au sérieux par ses partenaires européens,
09:56puisque c'est un pays qui ne tient pas ses finances publiques et qui est incapable de se réformer, elle n'est pas davantage prise au sérieux aujourd'hui par les autocrates qui sont en train d'essayer de structurer le monde du XXIe siècle, donc il faut bien revenir, j'allais dire, au fond, c'est-à-dire qu'il faut remettre en route et bouleverser le modèle économique et social pour pouvoir financer l'État,
10:21et il faut réformer l'État pour le remettre sur ses missions fondamentales qu'on a évoquées là, et pas sur des interventions qui font plus de mal que de bien, parce que si vous voulez, le paradoxe, c'est qu'en mettant 34% du PIB dans les transferts sociaux, on a plus de pauvreté, on a plus de délinquance, et on a une société qui se désagrège et une République qui se décompose.
10:44Donc, au bout de... ça fait 40 ans que ça dure, maintenant, il faut en tirer les conséquences, et il faut changer pour de bon.
10:52Alors, petite pause, on va partir en Nouvelle-Calédonie, où on va voir là que c'est carrément le spectre de la guerre civile qui est à l'œuvre, le président Macron doit arriver dans la nuit, sur place à tout de suite, dans Punchline.

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