Paris à l'aube. Un parterre de zinc et de petites cheminées immuables. Dans un instant, les quelques onze millions d'âmes qu'abrite la ville vont glisser de leurs lits, s'habiller, s'embrasser, encore embués, pour sortir, courir, traçant autant de trajectoires qu'ils portent de possibles. Pour aller où ? Pour chercher quoi ? Qu'est-ce qui les anime ?
Soixante ans après "Le Joli Mai" de Chris Marker et Pierre Lhomme, posons à nouveau la question qu'est Paris un jour du mois de mai...
À quoi rêvent ces visages aux allures pressées que nous croisons chaque jour ? D'amour ? De carrières ? De vacances, de fêtes, de planter des arbres ? Est-ce que la société de consommation et de confort a répondu aux attentes, aux espoirs de leurs grands-parents puis de leurs parents ? Croit-on encore aux lendemains qui chantent ?
Documentaire écrit et réalisé par Vanya Chokrollahi et Romain Rampillon / Année : 2023 / Durée : 65' / Coproduction : Bellota Films / LCP-Assemblée nationale
Soixante ans après "Le Joli Mai" de Chris Marker et Pierre Lhomme, posons à nouveau la question qu'est Paris un jour du mois de mai...
À quoi rêvent ces visages aux allures pressées que nous croisons chaque jour ? D'amour ? De carrières ? De vacances, de fêtes, de planter des arbres ? Est-ce que la société de consommation et de confort a répondu aux attentes, aux espoirs de leurs grands-parents puis de leurs parents ? Croit-on encore aux lendemains qui chantent ?
Documentaire écrit et réalisé par Vanya Chokrollahi et Romain Rampillon / Année : 2023 / Durée : 65' / Coproduction : Bellota Films / LCP-Assemblée nationale
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00:00:00 C'est une capitale du monde, qui s'offre à cette heure pudique comme une vue d'éternité.
00:00:20 Devant nous, un parterre de zincs et de petites cheminées immuables, parsemées çà et là
00:00:29 d'un arc de triomphe, d'une tour Eiffel ou Montparnasse.
00:00:33 Un voyageur du temps, revenu après une longue errance et embrassant d'un large coup d'œil
00:00:44 cette vue, reconnaîtrait sans mal sa ville, à quelques détails près.
00:00:48 Pourtant, les serrures ne s'ouvrent plus aux mêmes clés.
00:00:56 Les fenêtres que nous observons, et qui s'éclairent une à une, nous paraissent d'étonnantes
00:01:08 constellations.
00:01:09 Dans un instant, les quelques onze millions d'âmes qu'abritent la ville vont glisser
00:01:16 de leur lit, s'habiller, s'embrasser, encore embuées, un peu gauche, pour sortir, courir,
00:01:23 se presser, traçant autant de trajectoires qu'ils portent de possibles.
00:01:27 Pour aller où ? Pour chercher quoi ? Qu'est-ce qui les anime ?
00:01:40 En ce jour de printemps, l'aube comme un rideau va se lever, et chaque parisien s'apprête
00:01:47 une fois de plus à jouer la pièce ou la siffler, et nous de leur demander de quoi est fait
00:01:55 cette ville, un jour du mois de mai.
00:01:57 Le jour du jour, le monde s'ouvre, et nous nous réveillons.
00:02:23 Le jour du jour.
00:02:51 Bonjour monsieur, on fait un film sur la vie des parisiens.
00:03:09 Non, j'ai pas le temps, j'en ai tellement.
00:03:10 D'accord.
00:03:11 Bonjour.
00:03:12 Est-ce que vous êtes heureux ? Je vais pas juger objectivement si je suis
00:03:17 heureux, parce qu'aujourd'hui je le suis pas, mais parce qu'il y a beaucoup de choses
00:03:19 à changer.
00:03:20 On est en galère pour trouver un appartement, parce que même ici, quand on gagne de l'argent,
00:03:24 bah, c'est compliqué.
00:03:25 C'est compliqué le logement à Paris ? Ah c'est une horreur.
00:03:28 C'est une horreur.
00:03:29 En Luxembourg, ça n'a rien à voir.
00:03:30 On montre qu'on a de l'argent, et c'est parti quoi.
00:03:32 Ici, ma copine est en période d'essai, donc tout repose sur mes épaules, et donc
00:03:36 faut que je gagne 6 000 euros pour aller là où on veut aller.
00:03:39 Et vous gagnez les 6 000 euros ? Ah bah non.
00:03:42 Bonjour madame, on fait un film pour le cinéma, sur les parisiens, les parisiennes.
00:03:47 Je suis pas du tout parisienne, il se disparaît.
00:03:49 Ah bon ? Ouais.
00:03:50 Bon courage et bonne journée à vous.
00:03:53 Pourquoi ce grand changement ? Pourquoi vous êtes venue à Paris ?
00:03:56 Pour donner un petit peu plus de bonheur à ma femme, j'ai décidé de tout changer,
00:04:00 mais là c'est compliqué.
00:04:01 Donc vous êtes venue à Paris par amour ? Oui.
00:04:04 Ah oui, clairement oui.
00:04:06 C'est la ville de l'amour, non ?
00:04:08 Est-ce que vous êtes heureux ? Oui, oui, oui.
00:04:11 Alors qu'est-ce que c'est que le bonheur pour vous ?
00:04:13 Bon c'est... c'est le mieux qu'on fait.
00:04:16 On peut vous poser deux trois questions ? Non, je suis en retard déjà.
00:04:19 Et vous courez vers où ? Mon patron sera pas le heureux.
00:04:23 Est-ce que vous êtes heureuse ? Ah oui.
00:04:25 Alors qu'est-ce que c'est que le bonheur pour vous ?
00:04:27 Je... l'amour.
00:04:29 Bonjour madame.
00:04:38 Est-ce que vous êtes heureuse ?
00:04:41 Une bonne question !
00:04:43 Oui.
00:04:45 Alors qu'est-ce que c'est que le bonheur pour vous ?
00:04:47 Le bonheur, c'est d'avoir une famille, d'avoir un conjoint, d'être heureux.
00:04:55 Le bonheur c'est aussi voir le bon côté des choses, le côté positif de la vie.
00:05:02 Et que les épreuves nous rendent plus fort.
00:05:05 Je dis toujours, je disais encore à une collègue d'hier,
00:05:08 il faut que tu fasses les moments négatifs pour en sortir les moments positifs.
00:05:14 Et vous êtes dans un moment positif ?
00:05:16 Je m'efforce d'y être.
00:05:21 Est-ce que vous êtes heureux ?
00:05:23 Oui.
00:05:24 Qu'est-ce que c'est que le bonheur pour vous ?
00:05:26 La famille.
00:05:27 La famille ? Vous courez où là ?
00:05:29 Au travail.
00:05:31 Ça vous plaît, votre travail ?
00:05:32 Oui, je développe une voix, je fais pas mal de choses.
00:05:35 Vous avez deux minutes pour répondre à des questions ?
00:05:37 Sûrement non, regardez, j'ai des rignes.
00:05:39 Je m'excuse.
00:05:40 Bon courage.
00:05:41 Vous venez tous les jours ?
00:05:43 Tous les jours, oui, je préfère venir ici.
00:05:45 Étonnamment, je pensais pas au début, mais j'ai trouvé ça vraiment agréable, la défense,
00:05:49 le côté accessible à tout, le fait d'avoir la cantine, les super locaux, etc.
00:05:55 La belle vue par les verrières.
00:05:57 Je viens tous les jours, même si on a le droit de faire du télétravail.
00:06:00 Qu'est-ce que vous faites avant vous ?
00:06:01 Programmeur informatique.
00:06:03 Pour, donc, on va dire RTE, je vais pas détailler, parce que c'est toujours ennuyeux de détailler l'informatique.
00:06:09 Avec le smile, vas-y.
00:06:11 Goûte et souffrance jeune verterre, ça n'a pas grand chose à voir avec la défense, c'est clair.
00:06:15 C'est peut-être pour ça aussi, c'est romantisme allemand, la nature c'est super beau, les grands sentiments,
00:06:21 ouais, je dois compenser quelque chose quelque part.
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00:14:13 Ce que j'aime bien dans cette vue, c'est que quand tu vois toutes les
00:14:23 petites cheminées comme ça, c'est comme des vases, non ?
00:14:26 Tu vois, en céramique. Tu pourrais juste mettre plein de
00:14:29 plantes. Ça ferait genre plein de bouquets.
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00:15:42 On est privilégié, on fait partie d'une grosse entreprise.
00:15:48 Nous avons un tas de moyens mis à notre disposition.
00:15:51 À nous aussi de se mettre dans les meilleures conditions pour garder cette chance.
00:15:55 On va dire travaillement.
00:15:58 Aujourd'hui, la réalité est qu'il faut être
00:16:02 rentable. Et c'est une chance.
00:16:05 On a l'opportunité d'être rentable.
00:16:08 C'est une chance d'être rentable ? C'est une chance.
00:16:11 C'est une chance aujourd'hui qu'on nous donne une grue toute équipée,
00:16:14 qu'on nous donne tout ce qu'il faut pour pouvoir nourrir notre famille.
00:16:19 Le bonheur, il faut le trouver dans son intérieur.
00:16:23 Parce que si on ne trouve pas le bonheur à l'intérieur,
00:16:28 c'est pas la peine de le chercher ailleurs.
00:16:31 Comme une machine, ça tourne tout seul.
00:16:35 Le bonheur c'est comme une machine ?
00:16:37 Moi je trouve que c'est ça. On a bien préparé.
00:16:40 C'est comme le chantier, exactement la même chose.
00:16:43 Les préparations sont bien faites, ça tourne tout seul.
00:16:46 Regardez, je ne sais pas combien de grues, il y a 6 grues.
00:16:50 Il y a plein de bonhommes qui travaillent, il y a plein de machines.
00:16:53 Et ça tourne. Parce que c'est bien préparé.
00:16:57 On ne sera jamais riches, on travaillera toute notre vie
00:17:01 pour voir le bon côté des choses.
00:17:03 Comme mon collègue l'a dit, certains travailleurs qui y sont,
00:17:06 ils n'ont pas cette chance que nous on a.
00:17:08 Nous la chance qu'on a aujourd'hui c'est de construire, bâtir des bâtiments.
00:17:11 On pourra même repasser 20 ans derrière,
00:17:14 je pourrais dire à mes enfants "vous voyez, papa a contribué
00:17:17 à la construction de l'aréna pour les Jeux Olympiques".
00:17:20 C'est une fierté.
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00:17:28 [Bruit de moteur]
00:17:32 [Bruit de moteur]
00:17:35 [Bruit de moteur]
00:17:43 [Bruit de moteur]
00:17:48 [Bruit de moteur]
00:18:00 [Bruit de moteur]
00:18:03 Ce n'est pas nous qui avons demandé les JO.
00:18:16 Donc ceux qui ont organisé les JO doivent trouver une alternative,
00:18:20 une solution pour nous les habitants innocents
00:18:23 qui sont sur le terrain,
00:18:25 qui n'ont rien demandé à qui que ce soit.
00:18:28 Donc quand on bouge, j'ai vraiment résisté comme je pouvais.
00:18:32 Je n'ai pas baissé les bras.
00:18:34 Dans cette affaire-là,
00:18:37 il y a plus de business que sport.
00:18:40 Parce que notre bailleur, il a fait son jeu.
00:18:45 La Solidéo a fait son jeu.
00:18:49 Comment ça se fait qu'on va dépenser, je ne sais pas, 6 milliards,
00:18:56 6 milliards d'euros
00:18:59 dans des équipements olympiques,
00:19:03 on n'arrive pas à trouver, à reloger 300 résidents d'un foyer,
00:19:09 des travailleurs innocents qui n'ont demandé rien à personne.
00:19:14 C'est quoi votre métier ?
00:19:19 Je suis dans le travail public.
00:19:21 Alors comment on apprend à lutter comme ça, à s'organiser ?
00:19:24 C'était infernal pour moi, c'était trop dur.
00:19:27 Parce que je me suis retrouvé devant mes responsabilités.
00:19:31 Je suis un élu.
00:19:33 Vous vous rendez compte ?
00:19:35 C'est 300 personnes qui m'ont élu pour les représenter.
00:19:39 Dans le meilleur et dans le pire.
00:19:44 Dans le meilleur et dans le pire.
00:19:48 - Vous pouvez le trouver dans votre chemin.
00:19:51 - Super.
00:19:53 - Au revoir.
00:19:55 - Au revoir.
00:20:08 - A l'autre côté.
00:20:13 - A l'autre côté.
00:20:16 - A l'autre côté.
00:20:18 - A l'autre côté.
00:20:24 - Normalement, j'espère que ça va bien se passer.
00:20:30 Mais si ça ne se passe pas bien, j'ai quand même une appréhension
00:20:34 par rapport à ce qui pourrait se passer,
00:20:36 par rapport à ce que ça pourrait provoquer.
00:20:39 Sans dire les mots, tout le monde voit ce que je veux dire.
00:20:43 J'ai bon espoir.
00:20:45 Mais il faut que...
00:20:47 Je ne peux pas le dire maintenant.
00:20:50 Il faut attendre la prochaine génération.
00:20:55 C'est-à-dire qu'en fait, je pense qu'il y a quand même
00:20:58 un bon nombre de personnes qui vont voter pour Macron ou pour Le Pen
00:21:01 qui dans 10 ans seront mortes.
00:21:03 Ou même moins.
00:21:05 Donc en fait, c'est horrible pour moi.
00:21:07 Je trouve ça épouvantable.
00:21:09 Ils vont voter pour la retraite à 65 ans, alors qu'ils sont tous à la retraite.
00:21:12 Pour moi, c'est un égoïsme...
00:21:14 Je trouve le français con, égoïste, égocentrique.
00:21:19 Il n'y a pas le sens de l'humain et de la communauté.
00:21:24 - J'exerce la profession d'assistante sociale
00:21:28 et je passe ma vie à ça, en fait.
00:21:30 Beaucoup trop.
00:21:32 - Est-ce que vous pouvez me raconter une journée ?
00:21:34 Qu'est-ce que vous faites le bel matin ?
00:21:36 - Dans les bons jours, je peux avoir quelques minutes de méditation.
00:21:40 Dans les mauvais jours, je suis plutôt en retard
00:21:42 parce que j'ai du mal à me lever.
00:21:44 Et je prends mon vélo ou je prends mes pieds, ça dépend de l'heure.
00:21:48 Et je peux aller travailler maintenant à côté de chez moi
00:21:51 parce que j'ai trop de la chance, depuis pas longtemps,
00:21:55 de travailler pas trop loin.
00:21:57 D'apprécier mon quartier que j'adore.
00:21:59 Le nord-est parisien que j'adore.
00:22:02 Et de vivre le nez dans le guidon toute la journée.
00:22:08 Au travail.
00:22:11 - Donc le travail prend une grande part de votre temps ?
00:22:14 - Oui, il prend vraiment beaucoup de temps.
00:22:16 - Et ensuite, qu'est-ce que vous faites ?
00:22:18 - De mon énergie.
00:22:20 Et bien ensuite, je sors pour aller me soigner du stress
00:22:22 que m'a provoqué le travail.
00:22:24 En ce moment, ce qui me fait vivre, c'est ma vie.
00:22:28 Le reste, j'en ai rien à foutre.
00:22:30 - Et qu'est-ce que vous souhaitez pour la génération ?
00:22:32 - Elle va en chier.
00:22:34 Je suis dédosée, je suis grossière,
00:22:36 mais je pense que ça va être terrible.
00:22:38 - Du coup, les gens m'ont dit que les jeunes ne font plus rien.
00:22:40 - Mais ça, c'est faux.
00:22:42 - Pour le moment, ils font des TikTok.
00:22:44 - Ils font des TikTok, mais pas tous.
00:22:46 Il y en a qui font notre Indélande.
00:22:48 Donc, j'ai du bon espoir.
00:22:50 - Mais ils ne mettent plus le feu à la porte de leur lycée.
00:22:52 - J'ai toujours été en colère.
00:22:54 - Il y a des chiffres qui sont rassurants, là, quand même.
00:22:56 Pour ces élections.
00:22:58 Mais pour les jeunes, du coup...
00:23:00 - Elle aussi, elle est en colère.
00:23:02 - Oui.
00:23:04 - Je ne suis pas très... Je ne suis pas démonstrative.
00:23:06 - Non, elle ne est plus démonstrative qu'elle,
00:23:08 mais je pense que c'est génétique.
00:23:10 Je sais que la colère est génétique.
00:23:12 Et j'avais un grand-père qui était très, très en colère.
00:23:14 Un militant communiste et tout.
00:23:16 Donc, je pense que ça vient de là.
00:23:18 Mais je suis très fière de sa petite-fille.
00:23:20 - Est-ce que vous êtes heureuse ?
00:23:22 - Oui.
00:23:24 Oui.
00:23:26 Et en même temps, insatisfaite.
00:23:28 Donc...
00:23:30 Mais...
00:23:32 Oui, je suis dans la gratitude de ce que j'ai,
00:23:34 du milieu dans lequel je vis,
00:23:36 et de la chance que j'ai de faire le métier que je fais,
00:23:38 parce que je l'aime.
00:23:40 Et que je suis en contact avec des êtres humains tous les jours.
00:23:42 Et que j'ai l'impression de servir un minimum à quelque chose,
00:23:46 même si c'est imparfait, et voilà.
00:23:48 Mais que je vis dans un pays en paix,
00:23:50 et que je suis une femme dans une société
00:23:52 où je peux... Où je suis libre,
00:23:54 et c'est pas le cas partout.
00:23:56 - C'est important d'être ?
00:23:58 - Ouais. Et vitale.
00:24:00 Carrément vitale.
00:24:02 Je crois que c'est le plus important, en fait.
00:24:04 Et j'ai de la chance d'avoir ça.
00:24:08 Donc oui, je suis heureuse.
00:24:12 Après, bah...
00:24:14 Je voudrais être amoureuse,
00:24:16 je voudrais...
00:24:18 Je voudrais...
00:24:20 Je voudrais vivre dans un milieu
00:24:22 où justement je me sentirais plus apaisée.
00:24:24 Au soleil,
00:24:26 au bord de la mer,
00:24:28 où je vis plus saine.
00:24:30 J'en sais rien.
00:24:32 Respecter davantage mon nom,
00:24:34 le rythme de mon corps,
00:24:36 et voilà.
00:24:38 - Et qu'est-ce qui vous en protège ?
00:24:40 - Eh bien...
00:24:42 Mon incapacité à concrétiser
00:24:44 des rêves.
00:24:46 De pas savoir dans quelle direction aller.
00:24:48 Peut-être un manque de confiance en moi
00:24:50 qui me sabote un peu le truc.
00:24:56 Il y a plusieurs facteurs.
00:24:58 Des peurs, certainement.
00:25:00 Quoi d'autre, je sais pas.
00:25:04 Y a pas grand-chose qui m'en empêche, en fait.
00:25:06 Parce que je suis assez libre, en fait.
00:25:08 Mais je suis toujours là, quand même.
00:25:10 - Quand t'as la merde jusqu'au cou,
00:25:18 il faut surtout pas baisser la tête.
00:25:20 C'est exactement ça.
00:25:22 Faut toujours lever la tête,
00:25:24 être dans l'espérance, croire
00:25:26 et espérer que les choses iront mieux.
00:25:28 Parce que si on se met à être
00:25:30 trop pessimiste...
00:25:32 - Moi j'ai très peu d'espoir.
00:25:34 Je fais partie de ces pessimistes-là.
00:25:36 Pas qui pensent qu'il n'y a plus rien à faire
00:25:38 et qu'il faut tout abandonner.
00:25:40 Je pense qu'il y a encore des choses à faire.
00:25:42 Mais c'est vrai que...
00:25:44 Quand on voit nos dirigeants actuels,
00:25:46 surtout dans les pays
00:25:48 les plus puissants,
00:25:50 moi je me dis
00:25:52 que tout est foutu.
00:25:54 Clairement, moi...
00:25:56 Je me dis, pour moi, ça ira.
00:25:58 Le temps que je vive,
00:26:00 je vais faire ma vie
00:26:02 et puis ça ira.
00:26:04 Pour les générations futures, moi j'ai des 9 aînés,
00:26:06 j'en ai 7.
00:26:08 Et je m'inquiète aussi pour eux.
00:26:10 - J'ai du mal à comprendre quelqu'un
00:26:12 qui, par exemple, est totalement indifférent
00:26:14 par rapport à tout ce qui se passe en Ukraine.
00:26:16 C'est pas juste en Ukraine, il y a le Sahel,
00:26:18 il y a partout un peu dans le monde.
00:26:20 J'ai l'impression, par exemple, de certains étudiants
00:26:22 qu'on a ici en France,
00:26:24 quelqu'un qui restait chez soi et qui dirait
00:26:26 "Ah, bon ben, ça ne le toucherait pas
00:26:28 parce que c'est pas dans son monde,
00:26:30 parce que c'est des sujets qui...
00:26:32 J'ai vraiment du mal parce que...
00:26:34 On vit pas tout seul.
00:26:36 Et on vit avec les autres,
00:26:38 on a besoin des autres.
00:26:40 Quand on va au travail, c'est qu'il y a des autres
00:26:42 qui travaillent pour nous ou avec nous,
00:26:44 qui sont dans des situations totalement différentes.
00:26:46 Donc on peut pas dire "leur situation ne touche pas
00:26:48 parce que ça ne me touche pas".
00:26:50 Ça nous touche forcément
00:26:52 parce qu'on a interagi avec eux.
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00:29:18 Je pense qu'il n'a jamais été brillant mon regard vers l'avenir.
00:29:21 Quand tu es en manif et qu'il y a des gens qui chantent l'international,
00:29:24 c'est absolument magnifique.
00:29:26 Et en même temps, tu te dis que cette chanson, quand elle a été écrite, les gens y croyaient.
00:29:29 Il y avait cette idée que c'était possible, que le combat politique notamment pouvait permettre ça.
00:29:34 Et maintenant, en tout cas moi, je n'ai plus du tout cette impression-là.
00:29:38 Je n'ai pas l'impression que s'unir politiquement pour faire changer les choses,
00:29:41 ça va améliorer sur le long terme,
00:29:44 ou qu'il est possible qu'on arrive à une situation d'équité ou des choses comme ça.
00:29:47 Parce que les choses ont été tentées et on est dans des cercles de régression.
00:29:55 Ça ne donne pas l'impression qu'on peut de manière pérenne accéder à un meilleur équilibre.
00:30:02 Et que globalement, on est en crise depuis les années au moins 90.
00:30:07 On exécute toujours qu'il va falloir se serrer plus la ceinture,
00:30:10 qu'il va falloir faire des efforts, qu'il faut toujours faire des choix
00:30:13 qui ne sont pas forcément ceux de nos envies mais ceux du rationnel.
00:30:16 Là-dessus, ça évoute une crise climatique qui dit que globalement,
00:30:18 l'endroit même dans lequel on vit est fortement menacé,
00:30:21 qu'on va transformer ça en espèce de désert aride à faire palier le siphère.
00:30:26 Et du coup, ça ne donne pas...
00:30:29 Je me demande comment ont grandi les gens qui pouvaient se tourner
00:30:32 en espérant quelque chose de mieux du futur.
00:30:36 Et je pense que c'est ça qui manque.
00:30:37 Il manque un côté enchanté, même en politique.
00:30:40 Je ne sais pas, on manque de bienveillance globalement.
00:30:43 Les gens ont très peur.
00:30:45 On manque de bienveillance les uns envers les autres.
00:30:49 Je pense que ça passe nécessairement par une plus grande sobriété.
00:30:53 Et toi, t'as peur ?
00:30:57 Ben oui.
00:31:00 T'as peur de quoi ?
00:31:06 J'ai peur de l'avenir.
00:31:10 J'espère que ça ne soit jamais aussi bien qu'on le souhaite.
00:31:15 Comment vous voyez l'avenir ?
00:31:38 Pourquoi mal ?
00:31:41 Plutôt contente avec l'avenir.
00:31:44 On n'a pas d'ailleurs pression.
00:31:46 Je ne sais pas, il y a plein de découvertes.
00:31:47 On a envie de faire plein de trucs.
00:31:48 On va avoir du temps.
00:31:49 Après, quand nos études sont finies, on aura plus de temps libre.
00:31:52 On peut travailler, gagner des sous.
00:31:55 On peut faire plus de choses.
00:31:58 Je suis content.
00:31:59 Oui, dans ce sens-là, oui.
00:32:00 Mais c'est plus environnementalement parlant.
00:32:06 Je ne le vois pas super bien.
00:32:10 Ça ne va pas gâcher ton quotidien ?
00:32:13 Ça peut.
00:32:16 Si on me dit que je dois être enfermé parce que je ne peux plus respirer l'air dehors.
00:32:21 Tu vois, c'est...
00:32:23 Moi, je suis collatéologue.
00:32:26 Quand on pense au futur, on pense aussi à enfant, travail, responsabilité.
00:32:32 Et ce sont des choses qui sont pile l'inverse de la liberté d'avoir toutes ces responsabilités.
00:32:40 Et donc peut-être que là, on essaie de fuir un peu la société et toutes les responsabilités pour se sentir bien.
00:32:46 Est-ce que vous êtes heureux tous les quatre ?
00:32:48 Qu'est-ce que ça veut dire en vrai, être heureux ?
00:32:50 Je ne sais pas trop.
00:32:51 Je ne sais pas si ça veut dire.
00:32:53 Je ne sais pas non plus.
00:32:54 Je pense que le bonheur et être heureux, c'est des courts instants.
00:32:59 C'est des petits moments et tout, mais la recherche de...
00:33:03 Ce n'est pas un état général.
00:33:05 J'ai été heureux cette année.
00:33:07 C'est ça.
00:33:08 Je pense que c'est un peu à l'heure de rechercher le bonheur, l'idéal.
00:33:17 Non, il faut juste composer avec les choses qui se passent
00:33:22 et essayer de provoquer aussi ces petits moments de bonheur qu'on a envie de vivre.
00:33:28 Il ne faut pas vouloir que ce soit constant, sinon ça n'existe pas.
00:33:32 Et on fait en sorte de provoquer des moments où là, on va être heureux ce week-end.
00:33:38 Là, on est en préparation du délire.
00:33:41 Alors vous vivez à Paris ?
00:33:46 Oui.
00:33:47 Je vis à Paris.
00:33:49 C'est là, le parc Montsoré.
00:33:53 Je vis là, au parc Montsoré.
00:33:55 Dans le parc Montsoré ?
00:33:56 Oui.
00:33:57 Et vous vous asseyez dans le parc ?
00:33:59 Oui, je dors ici et je fais mes trucs ici.
00:34:03 Je n'ai pas de domicile.
00:34:05 Est-ce que vous pouvez nous raconter une de vos journées ?
00:34:10 Quand je me réveille le matin, je bois un café,
00:34:18 je jogge et je me pose pour prendre de l'air.
00:34:23 Toujours dans le parc Montsoré ?
00:34:24 Oui.
00:34:25 Je suis toujours là.
00:34:26 Je connaissais beaucoup de militaires français.
00:34:41 C'est eux qui ont installé la Légion dans ma tête.
00:34:43 "Tu es bien costaud, la Légion s'est bien faite pour toi."
00:34:46 Je me suis dit "Pourquoi pas ?"
00:34:48 Je n'ai pas de métier, la Légion est là pour moi.
00:34:52 Je n'ai pas de grande études non plus.
00:34:54 La Légion est juste pour me présenter avec mon passeport.
00:34:56 Si j'ai la chance d'être retenu, je peux faire une carrière.
00:34:59 C'était devenu un rêve.
00:35:01 Je suis venu en France, je me suis engagé et ça ne s'est pas passé comme je voulais.
00:35:06 Je ne peux pas retourner chez moi comme ça.
00:35:10 J'attends.
00:35:11 Qu'est-ce que c'est le bonheur pour toi ?
00:35:16 Pour moi, le bonheur c'est d'être tranquille.
00:35:22 C'est d'être bien et tranquille.
00:35:24 Avoir une bonne santé et être vraiment cool dans sa vie.
00:35:31 Tu te réveilles le matin, tu vas au travail.
00:35:33 Tu reviens, tu t'occupes de ta famille, ta femme, tes enfants.
00:35:37 Pour moi, il n'y a pas mieux que ça.
00:35:39 La famille c'est important ?
00:35:44 Oui.
00:35:45 C'est le sens du tout.
00:35:50 Je pense que c'est ce qui se construit.
00:35:52 On apprend parce que ça s'éduque.
00:35:54 L'amour entre frères et sœurs, ça s'éduque.
00:35:57 Si on a ça, on apprend à aimer le monde aussi.
00:36:01 C'est intéressant que vous dites que l'amour s'apprend.
00:36:04 Oui, ça s'éduque bien sûr.
00:36:06 On apprend aux frères et sœurs à s'aimer.
00:36:08 Il y a quelque chose qui est inné, mais je pense qu'il y a un apprentissage.
00:36:12 Ça s'apprend.
00:36:14 Pourquoi on apprend l'amour ?
00:36:17 Pour rendre plus fort ?
00:36:19 Oui, pour se protéger.
00:36:21 Se protéger de quoi ?
00:36:24 Toujours pareil, des méchants.
00:36:26 Parce qu'il y en a.
00:36:28 Parce que la vie est dure.
00:36:30 Et parce que c'est bon de s'aimer aussi.
00:36:32 Oui.
00:36:34 [Bruit de la rue]
00:36:37 [Bruit de la rue]
00:36:39 [Bruit de la rue]
00:37:06 J'ai le cœur qui bat. Allez-y.
00:37:09 On fait un film pour comprendre un peu comment les gens vivent aujourd'hui.
00:37:12 Vous vivez comment ?
00:37:14 Mal.
00:37:15 C'est bien.
00:37:16 Hier, trop cher. Aujourd'hui, c'est trop cher.
00:37:19 Qu'est-ce qui est trop cher ? Le loyer ?
00:37:21 Le loyer, le marché, le commerce, l'électricité, les transports.
00:37:28 Si on a des enfants qui vont à l'école pour les soins de loisirs, c'est cher.
00:37:33 Qu'est-ce qu'il y a encore qui est cher ?
00:37:35 Surtout la banque, quand on fait des retraits.
00:37:37 Quand vous n'avez pas votre carte bancaire, on vous demande 5 euros.
00:37:41 C'est pas normal.
00:37:43 C'est pas normal.
00:37:44 Moi, je viens au marché parce que je connais quelqu'un,
00:37:46 parce que je prends toujours des éponges parce que j'en ai besoin.
00:37:49 Des éponges ?
00:37:50 Des éponges pour faire...
00:37:51 Ça, c'est tout ?
00:37:52 Aujourd'hui, c'est cher.
00:37:53 Parce que le mois de juin, les tarifs vont remonter.
00:37:57 C'est pas vrai.
00:37:59 Comment ?
00:38:00 On dit que tout augmente.
00:38:01 Quand vous voulez une tomate, c'est déjà 80 centimes.
00:38:05 Et que vous n'avez rien dans votre caddie.
00:38:08 Alors moi, qu'est-ce que je dis ?
00:38:10 Qu'on baisse un peu.
00:38:12 Parce que...
00:38:13 Comment je vais dire ?
00:38:14 On dit que ça n'a pas monté, mais les tarifs ont monté bien avant le mois de juin.
00:38:19 Le salaire, il ne monte pas, mais tout monte.
00:38:21 Pourquoi le salaire, il ne monte pas ?
00:38:23 Pourquoi toujours 2 % ?
00:38:24 Ça ne suffit pas de 2 %.
00:38:25 On devrait le monter pour un maximum de 10 %.
00:38:29 La recherche du bonheur, ce serait une recherche de confort aussi.
00:38:31 Ah oui, oui, quand même.
00:38:33 Oui, oui.
00:38:34 Ce n'est pas que vivre d'amour et d'eau fraîche au milieu de la nature
00:38:38 et dire "Ah bah moi, je travaille, je fais que ce que j'aime".
00:38:41 Non, non.
00:38:42 Au bout d'un moment, le quotidien nous rattrape.
00:38:44 Il y a des frais, il y a des charges.
00:38:46 On ne peut pas vivre indépendamment d'un minimum de confort.
00:38:51 Après, ça dépend à quel niveau on situe le confort.
00:38:55 Il y en a qui vont se dire "Avec 1 500 euros, je vis bien".
00:38:58 Il y en a qui vont dire "Non, non, moi j'ai besoin de plus".
00:39:01 Chacun met le curseur là.
00:39:03 Alors, si vous travaillez, s'il y a des frais, est-ce qu'on est libre ?
00:39:06 Ah non, on n'est pas libre.
00:39:08 Ah non.
00:39:09 Ah non.
00:39:10 Ah non, non, on n'est pas libre.
00:39:13 On n'est pas libre.
00:39:14 On n'a que des contraintes aujourd'hui.
00:39:18 Même si on veut se détacher, se libérer, c'est impossible.
00:39:22 Je pense qu'on n'est pas libre.
00:39:24 On est dans un milieu de la France où c'est démocratique.
00:39:27 Oui, oui.
00:39:28 La liberté, je l'avis, c'est personnel.
00:39:32 Moi, je ne me sens pas libre.
00:39:35 Qu'est-ce qu'on fait ? On rentre là-dedans ?
00:39:37 Oui.
00:39:38 On les fait prendre la main ?
00:39:40 Vous voulez rester à Paris ?
00:39:58 C'est la question piège un peu.
00:40:00 Pourquoi la question piège ?
00:40:02 Parce qu'on ne peut pas trop pousser les murs.
00:40:04 On en parle un peu tous les jours de cette histoire-là.
00:40:07 La question, c'est soit pour rester à Paris,
00:40:11 trouver un truc, quelque chose pour pousser un peu les murs,
00:40:15 soit on n'aura pas trop le choix,
00:40:17 on va devoir quitter la région parisienne.
00:40:21 Parce qu'en plus, nous qui sommes provinciaux,
00:40:27 c'est Paris qui nous attire.
00:40:29 Ce n'est pas la banlieue.
00:40:31 On a des potes qui sont banlieusards.
00:40:33 C'est leur vie, c'est une vie, la banlieue parisienne.
00:40:37 Renzo, parfois, ça le met un peu en trance.
00:40:41 Qu'est-ce que ça veut dire, en trance ?
00:40:43 Tu as des idées, Renzo, sur l'immobilier ?
00:40:49 C'est quelque chose qui me crispe à fond, l'immobilier.
00:40:54 Les gens ne sont pas libres de s'installer où ils veulent à cause de ça.
00:40:58 Il y a une grande injustice.
00:41:00 Les gens se retrouvent relégués aux confins d'une ville,
00:41:03 loin de là où ils travaillent.
00:41:05 Il n'y a pas la liberté d'installation en France.
00:41:07 Les gens ne peuvent pas habiter près de là où ils bossent
00:41:10 parce que le marché immobilier est complètement délirant.
00:41:14 Et ça amène plein de problèmes, plus larges.
00:41:17 Ce point de crispation fait que...
00:41:22 Je pense que c'est le problème.
00:41:24 Les gens ne se logent pas bien,
00:41:26 les gens perdent leur vie dans des transports en commun,
00:41:29 au pire, dans des bagnoles.
00:41:32 Chacun achète au détriment de celui à qui il va revendre,
00:41:35 jusqu'au point où on ne peut pas acheter, on ne peut pas se loger.
00:41:41 C'est pareil pour les loyers.
00:41:43 On paye un loyer, c'est indécent, c'est une rente.
00:41:49 Ce n'est pas normal.
00:41:51 Et là, l'été passe et arrive l'automne.
00:41:58 Alors, elle se construit un cocon.
00:42:02 [Musique]
00:42:06 [Musique]
00:42:33 Ça va, on est tranquilles.
00:42:36 Tu es chez toi.
00:42:38 A Paris, je vais juste pour aller au resto.
00:42:41 Il y a de bons restos là-bas.
00:42:43 Et faire un tour sur les Champs-Elysées.
00:42:45 Quand je vais, je vais à Pierre-Armé.
00:42:48 Je vais récupérer des macarons que j'ai ramenés à ma mère.
00:42:52 C'est trop mal les macarons.
00:42:56 Même la vie n'est pas faite pareil.
00:42:59 Sur Paris, on mange souvent sur les trottoirs.
00:43:01 A chaque fois, je vois, c'est étonnant pour moi.
00:43:03 Personne ne mange sur le trottoir à Aubervilliers.
00:43:05 A Paris, tu prends deux ou trois ruelles, tu vas tomber sur un...
00:43:09 Sur des tables, des bières.
00:43:12 Il n'y a pas ça ici.
00:43:15 Et même la façon de s'habiller, de parler, on n'a pas le même dialecte.
00:43:22 Sur Paris, c'est plus individualiste qu'ici.
00:43:25 Sans mentir.
00:43:27 Comment vous l'expliquez ça ?
00:43:29 Par exemple, c'est tout bête, mais...
00:43:33 Sur Paris, tu vas demander le chemin à quelqu'un.
00:43:35 Moi, personnellement, je ne sais même pas si la personne va me répondre.
00:43:38 Alors que sur Aubervilliers, je sais que je demande à n'importe qui.
00:43:41 Je sais que j'aurai au moins 50% d'avoir une réponse.
00:43:43 Mais sur Paris, je ne suis pas sûr qu'on me réponde carrément.
00:43:46 Non.
00:43:48 Et pourquoi on ne vous répond pas ?
00:43:50 Enfin, pourquoi les gens répondent moins à Paris ?
00:43:53 Ils sont, comme vous avez dit, des préjugés.
00:43:57 Ils sont dans leur monde.
00:44:00 Moi, je ne suis pas de leur monde.
00:44:02 Comme eux, ils ne sont pas du mien.
00:44:04 S'ils viennent ici, on va peut-être être brusqués.
00:44:06 C'est pareil pour moi.
00:44:08 Si je vais sur Paris et que je demande le chemin à quelqu'un...
00:44:10 Et que je ne parle pas comme eux, ou que je ne m'inscrive pas comme eux...
00:44:12 Ou que je n'ai pas leur mimique...
00:44:14 Ils ne vont pas me répondre, tout simplement.
00:44:16 Paris, c'est un monde à part.
00:44:18 Ça, c'est clair, ça.
00:44:20 C'est clair.
00:44:22 Tout le monde sait que Paris, c'est un monde à part.
00:44:26 Oui, ils sont...
00:44:28 Non, les Parisiens sont dans un délire.
00:44:30 C'est énorme.
00:44:32 Qu'est-ce que c'est que le bonheur pour vous ?
00:44:34 Le bonheur, c'est large.
00:44:38 Le bonheur, c'est tout ce que tu as voulu.
00:44:40 Et même quand tu as raté, tu vas te dire après.
00:44:43 Tu ne peux pas te contenter de ce que tu as.
00:44:49 - On est des êtres humains. - Non, tu ne peux pas.
00:44:52 C'est en nous. Enfin, c'est en moi, personnellement.
00:44:55 Je ne sais pas pour vous, mais moi...
00:44:57 Je sais que je voudrais toujours plus.
00:45:00 Je suis sûr.
00:45:03 Et le bonheur, c'est quoi, alors, pour toi ?
00:45:07 Le bonheur, c'est le paradis.
00:45:10 On n'est que de passage, ici.
00:45:13 Le bonheur, c'est après.
00:45:16 C'est pour après.
00:45:18 Pourquoi pas, maintenant ?
00:45:20 On peut profiter, maintenant et après, aussi.
00:45:23 - Moi, je n'ai pas dit que vous ne pouvez pas. - Oui.
00:45:26 Ça existe partout, le bonheur.
00:45:28 Il ne faut pas vraiment limiter le bonheur pour après la mort.
00:45:33 On ne sait rien après la mort, c'est ça ?
00:45:35 Toi, qu'est-ce qui te fait peur, alors ?
00:45:40 Non, je n'ai pas de...
00:45:47 Je n'ai pas de crainte.
00:45:50 Je n'ai pas forcément de grande crainte, mais...
00:45:53 J'en ai plusieurs, mais ce sont des petites craintes.
00:45:56 J'aimerais bien...
00:45:58 J'ai la crainte de ne pas réussir.
00:46:03 Déjà, d'accomplir ma vie de femme religieusement.
00:46:10 J'ai peut-être la crainte, je ne sais pas, en tant que femme,
00:46:14 que ma mère voit peut-être ses petits-enfants.
00:46:17 J'ai peur de finir pauvre.
00:46:20 Moi, j'ai peur de finir pauvre.
00:46:22 C'est tout.
00:46:24 C'est quoi, ça ?
00:46:25 C'est un truc de fou.
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