• il y a 7 mois
Durée de la transition : Entretien exclusif du Premier guinéen sur TV5

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Transcription
00:00 Bonjour Monsieur le Premier ministre.
00:01 Bonjour.
00:02 Merci d'avoir accepté l'interview de TV5Monde.
00:04 C'est un plaisir.
00:06 Première question.
00:07 Depuis la crise sanitaire du Covid-19 et plus récemment la guerre en Ukraine,
00:11 la Guinée est confrontée à une inflation record.
00:13 Quelles sont les réformes économiques et politiques que le gouvernement de transition
00:19 a mis en place pour venir à bout de cette crise ?
00:22 Je pense notamment à la révision du contrat d'exploitation du mont Simandou.
00:27 Bon, d'abord permettez-moi de préciser certains aspects.
00:33 La Guinée pendant cette dernière décennie a été frappée par des calamités.
00:38 Vous savez qu'il y a eu la fièvre hémorragique Ebola à partir de 2014.
00:45 Ensuite, vous connaissez les situations que nous avons connues avec une instabilité politique
00:52 du fait d'une volonté obstinée à obtenir un troisième mandat.
00:56 Par la suite, la crise Covid est venue impacter négativement l'évolution économique et sociale de la Guinée.
01:03 Donc nous avons été vraiment fortement secoués,
01:06 ce qui fait que nous sommes dans une phase de convalescence.
01:11 Ceci dit, quelles sont les mesures que nous sommes en train de prendre pour juguler une inflation
01:17 qui malgré tout s'avère modérée aux alentours de 8-9 %,
01:22 donc malgré les difficultés que nous avons connues, cette inflation reste toutefois modérée.
01:29 En plus de cela, nous avons pris une ferme résolution de s'attaquer au conservatisme
01:37 qui fait que la Guinée pendant très longtemps a évolué dans une logique inflationniste.
01:42 C'est la raison pour laquelle dans les prochains jours,
01:45 on va annoncer la suppression de beaucoup d'établissements publics administratifs
01:51 qui d'une manière ou d'une autre ont impacté négativement la répartition des revenus de transfert de notre pays.
01:58 À quel établissement faisiez-vous référence ?
02:00 Bon, vous savez, nous avons constaté que les administrations publiques
02:05 ont eu une propension à déléguer une partie des responsabilités ministérielles au profit de ces établissements publics.
02:16 Donc il faut dans une certaine mesure rationaliser, mieux utiliser les maigres ressources dont nous disposons.
02:23 Ça c'est un aspect. De l'autre aspect, ce que je voulais rajouter,
02:27 nous avons été choqués par l'explosion du dépôt de carburant qui fait que l'économie guinéenne dans la phase actuelle
02:35 est impactée par un déficit d'approvisionnement, notamment en essence, qui fait que l'économie souffre de ce côté-là.
02:44 Mais ceci dit, sur le plan de l'électricité également, la situation n'était pas bonne du fait de tous ces facteurs que je viens de souligner.
02:56 En plus, la gouvernance de l'entreprise EDG n'a pas été de tout orthodoxe ni vertueuse pendant une longue période
03:05 et ce qui fait qu'aujourd'hui nous sommes en train de prendre des mesures.
03:09 Grâce à l'interconnexion avec le Sénégal et la Côte d'Ivoire, nous avons pu satisfaire les besoins de manière minimale
03:17 de certaines électricités et nous envisageons d'un côté de relancer la production d'électricité
03:28 et en plus de changer la gouvernance de l'entreprise pour que nous puissions, d'ici l'année prochaine,
03:36 être dans une meilleure disposition pour satisfaire les besoins essentiels de la population et des entreprises en électricité.
03:44 Mais concrètement, on parle de quelles entreprises qui vont être touchées par ces décisions ?
03:48 Pratiquement, la grande majorité. Sur 277 EPA, nous allons ramener ces EPA à un nombre qui avoisine simplement les 98 ou les 99.
04:00 Vous êtes au Rwanda, plus précisément à Kigali. Ces derniers mois, nous avons vu les visites de travail s'intensifier entre les deux pays
04:08 avec tout dernièrement un pont à Konakry baptisé du nom du président rwandais Paul Kagame.
04:14 Devons-nous nous attendre à la signature de nouveaux accords ?
04:17 Nous avons des relations assez profondes avec le Rwanda pour de multiples raisons.
04:24 Le président Kagame a montré un leadership qui est un leadership très important sur le continent africain
04:32 de prise en compte pour nous-mêmes et par nous-mêmes de nos responsabilités pour satisfaire les intérêts de notre pays
04:39 et cette approche est partagée par le général Mamadi Dumbuya qui voit à travers le président Kagame
04:45 une inspiration que nous devons suivre sur la volonté de permettre à la Guinée de se relever, de se redresser.
04:56 Et aussi du côté du Rwanda, ils ont mis en avant des techniques, des technologies, des approches de gouvernance
05:06 qui ont fait leur preuve et nous aussi, nous ne sommes pas pour réinventer la roue si elle existe déjà.
05:14 Nous tirons des leçons de ces expériences pour les implémenter dans notre pays pour gagner du temps et puis pour avancer.
05:23 Et je pense que dans les temps à venir, cette relation de coopération va s'intensifier davantage dans les domaines les plus variés.
05:31 Il y a deux ans, le président de la transition Mamadi Dumbuya a sommé les entreprises minières de mettre sur pied
05:38 une usine de transformation locale de la bauxite en aluminium. Où en est ce projet ?
05:44 D'où est déjà, je peux vous dire que nous avons déjà une raffinerie qui est en voie de construction du côté de la région de Kamsar,
05:52 c'est-à-dire au nord-ouest avec Alteu, avec des intérêts de l'Union européenne et de la France qui va transformer la bauxite en aluminium.
06:03 Et le bassin industriel qui va se créer à ce niveau-là est un bassin prometteur pour les années à venir.
06:09 Mais ce qui est le plus manifeste et le plus majestueux, c'est le projet de Simandou.
06:15 D'ici un an à un an et demi, de permettre à la Guinée d'avoir un revenu qui pourrait aller entre 2 et 3 milliards de dollars de revenus pour l'État par an.
06:29 Donc c'est une transformation majeure de l'économie guinéenne et qui permettra une gouvernance beaucoup plus effective
06:37 pour la satisfaction des intérêts de la population en termes de développement du capital humain,
06:42 en termes aussi de transformation de l'ensemble de l'écosystème avec, disons, une volonté d'en finir avec une économie de rente qui nous plomberait
06:54 et qui nous immobiliserait uniquement comme un pays exportateur de matières premières,
07:01 mais un pays qui, par d'autres biais, permettra le développement d'un secteur privé diversifié, compétent et efficient,
07:10 et puis qui permettra de changer la Guinée.
07:14 Et de ce point de vue, c'est quelque chose de fondamental, de majeur.
07:18 Et c'est à ce niveau-là que j'appelle tous mes compatriotes à espérer et à en croire à l'avenir parce que la Guinée va changer.
07:26 L'économie de tout pays est dépendante des décisions gouvernementales.
07:31 Selon le calendrier annoncé, il ne reste plus que 7 mois au gouvernement de transition.
07:36 Est-ce que ce calendrier vous semble réalisable au vu de vos objectifs, notamment économiques ?
07:42 Il y avait un accord entre la Guinée et la CEDEAO par rapport à un agenda pour la réalisation des 10 points du chronogramme.
07:52 Il y a eu un retard. Nous assumons ce retard-là.
07:57 Nous sommes en train de nous activer, comme le président Dumbouyala a déclaré le 31 décembre dernier,
08:03 à ce que le référendum constitutionnel puisse se tenir à la fin de cette année.
08:10 Et nous ne pouvons pas nous permettre de jouer avec l'intérêt du pays, la stabilité du pays et par conséquent la paix.
08:17 Nous allons mettre tout en œuvre pour le retour à l'ordre constitutionnel dans le sens où, par la suite,
08:24 la Guinée pourra faire un bon en avant spectaculaire grâce à ses ressources, grâce aux travaux qui permettront d'avoir une économie forte, résiliente
08:36 et qui sera un pôle de développement dans cette partie de l'Afrique de l'Ouest.
08:41 Donc le calendrier sera respecté ?
08:43 Le calendrier pour le retour à l'ordre constitutionnel, tel qu'il a été défini, ne le sera pas.
08:50 Parce qu'initialement, il était prévu la fin de la transition à la fin de cette année.
08:57 Mais à la fin de cette année, ce qui pourrait être organisé, ce sera le référendum constitutionnel.
09:06 Et donc quand est-ce qu'on devra s'attendre pour une élection ?
09:09 Vous savez, à partir du moment où nous aurons le fichier électoral consolidé, l'organisation du référendum,
09:16 tout le reste, ce sera une question de calendrier qui fera l'objet d'une concertation dans le respect des termes réglementaires.
09:25 D'accord. Et on n'a pas d'idée pour le moment de à peu près quand, plutôt fin 2025, début d'année ?
09:32 Ce qui est le plus important, c'est le fichier électoral.
09:36 Par la suite, le premier test, c'est le référendum constitutionnel.
09:41 Et après ça, tout le reste deviendra très facile.
09:45 Merci beaucoup Monsieur le Premier ministre.
09:46 Merci beaucoup.

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