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00:00 Mais de notre côté, comme je dis, je ne suis pas étonnée non plus parce qu'on m'avait prévenu, avant de rentrer en Guinée, que la Guinée détruit ses cadres.
00:11 La Guinée refoule les gens qui l'aiment. Et donc, quand j'ai pris la décision de rentrer en Guinée, je me suis dit que tout était possible.
00:21 Et lorsque j'ai pris la décision de me lancer en politique, je me suis encore réitéré que tout était possible.
00:27 Merci, M. le Président. Honorable, vous avez dit que, en votre qualité de député, vous avez été élue par vos pères en qualité de deuxième casteur.
00:46 Effectivement.
00:48 Et à ce niveau, vous étiez exclusivement chargée du matériel et du stock. Est-ce que vous confirmez cela?
01:02 Je le confirme, Maître.
01:04 Bien.
01:08 Alors, ici, vous êtes poursuivie, comme les autres prévenus, par plusieurs infractions, dont le détournement. Est-ce que vous avez détourné?
01:25 Non, Maître.
01:27 Bien. Ce détournement porte sur un montant de 15 milliards de francs guinéens. Est-ce que vous vous êtes appropriée d'une partie ou de l'intégralité de ces 15 milliards?
01:48 Non, Maître.
01:50 Non. Bien. Ensuite, on vous dit que vous vous êtes poursuivie aussi par le blanchiment d'argent en étant député, deuxième casteur de la neuvième législature.
02:17 Est-ce que vous avez arrivé une seule fois à recevoir ou à percevoir un montant d'origine criminelle?
02:32 Pas du tout.
02:34 Cela ne vous est jamais arrivé?
02:36 Pas du tout, Maître.
02:38 Bien. Vous êtes en même temps poursuivie par le enrichissement. Est-ce que, depuis l'entente de cette procédure, une enquête a été relévée?
03:01 La détention d'un bien, quelconque par vous, qui ne soit pas en rapport avec vos revenus.
03:13 Non, Maître. Pas de ce que je sache.
03:16 Absolument non. Bien. Vous êtes poursuivie aussi par la prise illégale d'intérêts, sans préciser avec qui vous auriez pris cet intérêt.
03:41 Néanmoins, il y a un contrat en jeu, le contrat de M. Kim. Votre prédécesseur, à savoir M. Michel Kamano, a bien précisé devant cette cour que le contrat dont M. Kim est bénéficiaire a été passé avant la neuvième législature. Est-ce que vous confirmez cela?
04:09 Nous avons entendu les mêmes propos ici.
04:12 Bien. Cela signifie que c'est un contrat avant vous.
04:18 Alors, selon vous, honnêtement, est-ce que vous pouvez avoir un intérêt dans l'obtention d'un contrat qui a été signé bien avant votre arrivée?
04:35 Non, je ne pense pas.
04:38 Cela est impossible.
04:41 Bien.
04:44 Alors, tout à l'heure, l'un de mes prédécesseurs parlait de quelque chose de très important. C'est la personnalité de l'agent pénal.
05:02 Vous avez déjà décliné votre parcours universitaire et professionnel.
05:18 Cela a commencé par l'Angleterre, le ministère de l'Administration, Rio Tinto, le ministère de l'Enseignement supérieur, avant de finir par l'Assemblée.
05:32 Cela dégage déjà votre personnalité.
05:36 Je veux vous poser la question. Si réellement, c'était pour de l'argent, est-ce que vous seriez venu en Guinée?
05:50 Maître, je pense que si nous avons des amis de la diaspora ici, c'est que pour ceux qui en ont le minimum, revenir en Guinée, c'est surtout un sacrifice.
06:05 Mais de toute façon, pour la Guinée, il n'y a jamais de sacrifice assez important.
06:10 Je ne dirais pas que c'est un sacrifice négatif, mais c'est un sacrifice positif.
06:15 Ce n'est pas pour de l'argent. Pas du tout.
06:19 Depuis que j'ai 15 ans, je savais que j'allais travailler en Guinée dans l'administration.
06:25 C'est un parcours que j'ai eu à bâtir, sachant qu'un jour je rentrerai chez moi pour travailler dans l'administration.
06:34 Donc à 15 ans, je ne pense pas qu'un enfant puisse déjà penser à rentrer pour être corrompu dans son pays. Je ne le pense pas.
06:43 C'est un rêve que nous avons et nous nous battons pour réaliser ce rêve.
06:47 Bien. Et vous l'avez dit également devant cette cour.
06:55 Mais avant vous, votre prédécesseur l'avait déjà signifié.
07:02 Que c'est vous, en tant que deuxième questionneur, qui avez pris l'initiative de l'élaboration d'un manuel de procédure relativement à la passation des marchés.
07:20 En ce qui concerne, bien entendu, parce qu'il faut préciser, les matériels.
07:29 Oui ou non, vous avez pris cette initiative dans le cadre de la moralisation de la source publique.
07:42 Oui, je pense que c'était un devoir de le faire. Et c'était peut-être, comme je disais, une déformation professionnelle.
07:51 Partout où je passe, que ce soit dans ma carrière professionnelle ou dans les ONG, la première des choses que je mets en place déjà, c'est les règles.
08:00 Pour que tout le monde soit au même niveau d'information et que chacun puisse connaître ses préoccupations.
08:06 Et cette approche, je l'ai adoptée et je l'ai acquise depuis Rio Tinto, où j'étais la directrice de la conformité.
08:15 Donc, je n'ai pas d'excuses. Si je ne mets pas de procédure, je n'ai pas d'excuses.
08:19 Parce que c'était mon poste, c'est ce que je faisais, mettre les procédures en place.
08:24 Et quand j'ai quitté, je suis arrivée à l'enseignement supérieur, je pense que les archives sont là.
08:30 On a également recruté des grands cabinets pour venir mettre en place des manuels de procédure au niveau du cabinet du ministère de l'enseignement supérieur,
08:38 mais également au niveau des institutions d'enseignement supérieur.
08:42 Donc, les archives sont là, ou bien il y a des témoignages dans ce sens.
08:46 Et quand je suis arrivée à l'Assemblée, c'était la même démarche que je voulais imposer.
08:51 Parce que vous ne pouvez pas parler de moralisation de l'administration si les règles ne sont pas connues.
08:56 Donc, c'est la moindre des choses de mettre ces procédures en place.
09:00 Bien. Alors, tout à l'heure, de l'autre côté, j'ai entendu une question qui était relative au respect du Code du marché public.
09:15 Alors, sans évoquer aucune disposition de ce Code, on me posait en tout état de cause la question de savoir.
09:30 Est-ce que l'Assemblée a respecté ce Code ? Vous, en tant que deuxième questionneur, chargé du matériel et du stock,
09:47 si un tel Code du marché public n'était pas respecté par l'Assemblée, est-ce que cela vous incombe ?
09:59 En votre qualité de deuxième questionneur.
10:02 Non, normalement, cela n'incombe pas au deuxième questionneur.
10:05 Vous savez, l'Assemblée, c'est une question de réglementation, de procédure interne.
10:12 Le règlement intérieur, les règlements administratifs et financiers.
10:16 Donc, c'est ce qui régissait l'Assemblée.
10:21 Comme je l'ai dit, c'est ce que les fonctionnaires parlementaires et d'autres nous ont signifié.
10:30 Bien. En votre qualité de deuxième questionneur, et dans le souci d'une transparence,
10:40 vous avez eu à Nenna produire 25 rapports. Est-ce qu'il vous est arrivé une seule fois
10:57 qu'un des rapports que vous avez produits par rapport à votre gestion soit critiqué par vos pairs ou par un auditeur ?
11:07 Non, pas du tout.
11:10 N'est-ce pas la preuve d'une bonne gestion de votre part ?
11:16 Je l'espère bien.
11:19 Bien. Revenons un peu à vos biens.
11:25 Puisque vous êtes poursuivie ici pour enrichissement,
11:31 vous avez déjà dit que depuis 2005, à l'âge de 25 ans, vous avez acheté votre première maison en Angleterre.
11:43 Effectivement, Maître.
11:46 Et lorsque vous êtes venue, vous avez un peu travaillé, soit trois ans avant d'aller à Rio Tinto.
11:53 A Rio Tinto, vous étiez payée à 55 millions.
11:58 En quittant Rio Tinto, vous avez été endemnisée à hauteur de plus d'un milliard.
12:04 Effectivement.
12:07 Alors, si nous évaluons ces revenus cumulés par rapport aux biens que vous avez aujourd'hui,
12:21 est-ce que vous pensez qu'on peut vous poursuivre pour l'enrichissement ?
12:29 Autrement dit, est-ce qu'il y a un déséquilibre entre les biens que vous avez acquis et les revenus que vous avez eus depuis que vous avez commencé votre carrière ?
12:43 Oui, absolument.
12:45 Absolument.
12:46 Un déséquilibre total.
12:48 Un déséquilibre, mais c'est que...
12:52 C'est beaucoup plus que les biens que...
12:55 En réalité, si vous étiez quelqu'un, comme vous l'avez dit ici, ambitieux, vous auriez fait beaucoup plus que ce que vous avez.
13:05 Beaucoup, beaucoup plus, mais chacun a ses ambitions dans la vie.
13:09 Bien.
13:11 Alors, parmi ces biens, puisque vous avez déjà, heureusement, communiqué les titres de propriété,
13:25 et vous l'avez dit tout à l'heure, parmi tous les terrains que vous avez, il n'y a qu'un seul terrain que vous avez eu pendant que vous étiez député.
13:37 Et c'est là, deux ou trois mois seulement après.
13:41 Est-ce que vous confirmez cela ?
13:43 Oui, effectivement.
13:45 Bien. Les 15 milliards dont on parle, qui sont censés être détournés, sont arrivés sur le compte de l'Assemblée en quel mois de 2021 ?
14:05 Je ne pourrais pas dire quand ils sont arrivés sur le compte de l'Assemblée, mais on nous a informé lors d'une réunion au mois d'août 2021.
14:13 Au mois d'août 2021.
14:16 Est-ce que réellement, vous pensez que les biens qui sont antérieurement acquis,
14:26 à l'arrivée de ce montant, leurs acquisitions peuvent avoir un rapport avec ce montant ?
14:37 Réellement.
14:38 Normalement, non, Maître.
14:40 Bien.
14:50 Par rapport à M. Kim, vous l'avez déjà dit, ce monsieur, vous l'avez vu pour la première fois
15:03 dans la direction centrale des investigations lors de votre audition.
15:10 Effectivement.
15:14 Est-ce que vous pensez avoir pris un intérêt quelconque avec une personne dont vous ne connaissez pas réellement ?
15:26 Pas du tout.
15:27 Pas du tout.
15:31 Alors, si aujourd'hui vous êtes traduite devant cette cour pour toutes ces infractions,
15:45 toutes ces infractions, j'allais dire, est-ce que cela ne vous étonne pas réellement ?
15:54 Vous êtes vraiment étonnée ?
15:56 Non, je suis...
15:58 Bon, j'ai deux sentiments. Le premier, oui, depuis le début, c'était l'étonnement,
16:05 lorsque j'avais déjà été appelée, mais je me suis dit que je suis appelée peut-être en tant que témoin.
16:11 Le deuxième étonnement, c'était lorsque j'ai vu le mandat d'arrêt national, je ne savais pas que cela existait,
16:19 pendant que j'étais en Guinée, que je n'avais pas bougé, que je n'étais pas cachée.
16:23 Mais de notre côté, comme je dis, je ne suis pas étonnée non plus, parce qu'on m'avait prévenue,
16:29 avant de rentrer en Guinée, que la Guinée détruit ses cadres, la Guinée refoule les gens qui l'aiment.
16:38 Et donc, quand j'ai pris la décision de rentrer en Guinée, je me suis dit que tout était possible.
16:45 Et lorsque j'ai pris la décision de me lancer en politique, je me suis encore réitéré que tout était possible.
16:51 Et donc, en tant que parlementaire ou en tant qu'agent de l'État, je savais qu'un jour, de toute façon,
16:58 il fallait que je réponde de ma gestion, je pensais que c'était normal.
17:02 Mais je pourrais peut-être vouloir répondre de ma gestion devant la Cour des comptes,
17:08 mais pas devant une juridiction pénale. Donc, mon étonnement était des deux.
17:13 Donc, je m'attendais à tout avec la Guinée. Mais comme je dis, il n'y a jamais assez de prix pour la Guinée, de toute façon.
17:19 Bien, enfin... Maître, vous allez poursuivre tout à l'heure, permettez-nous.
17:24 J'ai juste une question maintenant. D'accord, allez-y.
17:28 Enfin, puisque vous êtes en Guinée depuis 2009 et vous êtes là depuis quelques mois dans ce dossier,
17:37 est-ce que vous avez quand même le sentiment de confiance à l'égard de votre justice?
17:47 Parce que seule la justice peut vous blanchir dans cette affaire. Oui ou non, vous avez ce sentiment?
17:54 Maître, si je n'avais pas confiance à la justice, je pense que j'aurais peut-être... je suis comme beaucoup d'autres.
18:00 Mais je me suis dit que je suis guinéenne, je n'ai rien à me reprocher.
18:06 Et comme je dis, j'ai été un agent de l'État, donc je suis soumise à répondre lorsque je suis appelée par l'État.
18:13 Et lorsque j'ai été interpellée par la justice, je me suis présentée.
18:17 Parce que je suis une femme politique qui aspire encore à être engagée dans ce pays,
18:22 donc ce n'est pas responsable de faire ça à la justice.
18:25 Donc j'ai confiance à la justice, c'est pour cela que je suis l'une des premières lorsqu'il y a des audiences,
18:31 pour venir me présenter et poursuivre les audiences.
18:34 Merci, honorable. Je vous remercie, M. le Président, M. le Conseiller.
18:38 Merci, cher Maître.

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