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00:00Chut ! Europe 1, il est 6h42.
00:02Attention secteur en grand danger, jamais le marché du logement neuf n'avait connu un tel recul.
00:06Chantier annulé, vente en chute libre, entreprise au bord du gouffre,
00:10c'est un véritable SOS que lancent aujourd'hui les professionnels du logement neuf.
00:14Et pour en parler, votre invité Lionel Gougelot, c'est Pascal Boulanger,
00:17président de la Fédération des promoteurs immobiliers.
00:19Bonjour Pascal Boulanger.
00:20Bonjour Lionel, bonjour.
00:21Merci d'être en direct dans le studio d'Europe 1 ce matin.
00:24La Fédération des promoteurs immobiliers va donc présenter ce matin à 9h, c'est ça ?
00:27Oui.
00:28Les chiffres du premier trimestre 2004, on peut dire que c'est une catastrophe ?
00:32Ils ne sont pas bons à ce point-là ?
00:34Je ne sais pas ce qu'il y a au-dessus de catastrophe comme mot,
00:38puisque j'emploie ce mot déjà depuis un an.
00:40L'année dernière, je croyais qu'on avait touché le fond,
00:42et là on a des chiffres qui sont encore bien bien plus mauvais
00:45que ce que je présentais l'année dernière à la même époque.
00:47C'est-à-dire ?
00:48C'est-à-dire qu'on est à moins de la moitié d'une année normale,
00:50aussi bien sur les mises en vente,
00:52aussi bien sur les autorisations de construire que sur les réservations.
00:56Une année normale, nous sommes heureux,
00:58nous à la FPI, Fédération des promoteurs immobiliers,
01:00quand nous réalisons 160 000 logements,
01:02c'est une vitesse de croisière classique.
01:04L'année dernière, on est tombé à 90 000,
01:06et cette année, rien que sur le premier trimestre,
01:09on est à 19 000, donc ça fait 19 000 fois 4,
01:13on sera en dessous de 80 000,
01:14et surtout le vrai problème, c'est que nous faisons beaucoup de ventes en bloc,
01:18c'est-à-dire des ventes aux bailleurs sociaux,
01:20et nous réalisons des marges nulles voire négatives sur ces ventes-là,
01:24on déstocke en fait aux bailleurs sociaux,
01:26donc on est passé de 25 % de ventes aux bailleurs sociaux à 40 %,
01:30donc on fait deux fois moins de réservations en général,
01:34et deux fois plus à perte.
01:36Qu'est-ce qui explique cette conjoncture, Pascal Boulanger ?
01:38Écoutez, elle est multifactorielle.
01:41Au départ, depuis les dernières élections municipales,
01:43nous manquons totalement d'offres.
01:44Les maires étaient très réticents à signer des permis de construire
01:47depuis ces dernières élections,
01:48sous le vieil adage, maire bâtisseur, maire battu.
01:51Donc moi, ça fait très longtemps que je disais,
01:52attention, nous n'aurons plus d'offres.
01:54Aujourd'hui, nous n'avons plus d'offres.
01:56J'ai presque envie de vous dire, pour être un peu cynique,
01:59c'est une bonne nouvelle puisqu'on n'a plus de demande du tout.
02:02En ayant une offre qui a été divisée par plus de deux,
02:06nous sommes passés de 11 mois d'un délai moyen d'écoulement à 22 mois,
02:12c'est-à-dire qu'en ayant deux fois moins d'offres,
02:14nous mettons deux fois plus de temps à vendre.
02:16Donc tout est divisé par deux, par trois,
02:19des chiffres catastrophiques.
02:21Ça a démarré, je vous le disais, avec une crise de l'offre.
02:24Aujourd'hui, on est dans une crise totale de la demande
02:26depuis la montée des taux d'intérêt.
02:28Après, on a une crise des matières premières.
02:30Et donc, rien ne va, pour être très clair avec vous.
02:33On attend vraiment une réaction rapide,
02:36as soon as possible, comme on dit du gouvernement,
02:39et on ne répond rien.
02:40Alors, qu'est-ce que vous attendez concrètement
02:42pour que l'on construise à nouveau, Pascal Boulanger,
02:45des logements neufs en France ?
02:48Qu'est-ce qui pourrait être le déclic ?
02:49Alors, aujourd'hui, le gouvernement parle de choc de l'offre.
02:52Il fait une petite erreur.
02:54Aujourd'hui, on a besoin d'un choc de la demande.
02:56C'est quoi le choc de la demande ?
02:58Il nous faut absolument qu'on retravaille
03:01les modes de financement, les prêts,
03:02les prêts aux acquéreurs.
03:03Nous, on propose ce qu'on appelle un prêt hybride,
03:06c'est-à-dire qu'on rembourserait 80% en amortissement
03:09et 20% qui correspond à peu près à la valeur du foncier,
03:12à la valeur du terrain en prêts in fine.
03:14Ça resolvabilise beaucoup la clientèle.
03:17On propose aussi un prêt portable,
03:19c'est-à-dire que le prêt, si vous le traitez aujourd'hui,
03:21a un taux d'intérêt relativement intéressant.
03:23Si vous changez de logement dans 10 ou 15 ans,
03:25vous pouvez garder votre taux d'intérêt.
03:27Et je propose des mesures fiscales
03:29qui rapportent à l'État et qui ne coûtent pas,
03:31notamment des exonérations de droits de succession.
03:34C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand vous achetez un logement neuf,
03:36ça rentrerait tout de suite 20% de TVA.
03:40Et l'exonération de droits de succession,
03:41c'est dans 20 ou 30 ans,
03:43parce que les gens qui font ça ont 55 ou 60 ans.
03:45Et souvent, entre-temps d'ailleurs, ils ont changé d'avis,
03:47ils ne bénéficient pas du dispositif parce qu'ils ont dû revendre.
03:49Donc voilà, on attend un choc de la demande.
03:51Si ce choc de la demande a lieu,
03:53on aura un problème juste derrière.
03:55De fourniture ?
03:55On n'aura pas d'offre.
03:56De logement ?
03:56On n'aura pas d'offre.
03:57Donc il faut aussi aider les maires bâtisseurs.
03:59Je ne sais pas si vous le savez Lionel,
04:01mais aujourd'hui les PLU, les plans locaux d'urbanisme,
04:04sont restrictifs.
04:05Et surtout, ils ne sont utilisés dans la vraie vie
04:08qu'à 65% de leur capacité.
04:10Et donc il faut trouver une motivation
04:13une subvention, une indemnité
04:15pour les maires qui construisent plus que d'habitude.
04:17Et nous ce qu'on a proposé,
04:19c'est que, je vois ça avec les services de Bercy
04:21qui sont un peu réticents,
04:22pourquoi pas au-dessus de ce qu'une ville
04:24fait d'habitude en nombre de logements,
04:26il y aurait un partage de la TVA.
04:28Bercy est gagnant puisqu'on va chercher sur l'unité marginale,
04:30sur ce qui se fait en plus.
04:32Et la ville aurait un argument pour pouvoir
04:34dire à ses contribuables, à ses concitoyens,
04:36regardez ce qui se passe.
04:38Donc les mesures très techniques et fiscales,
04:40elles existent, vous attendez que le gouvernement
04:42réagisse. Mais pour revenir sur le bilan,
04:44le constat que vous faites pour la profession,
04:46des entreprises en difficulté,
04:48ce sont aussi des emplois qui sont menacés,
04:50Pascal Boulanger ?
04:51C'est très clair. Alors nous, nous ne sommes pas
04:53des grands employeurs, puisque
04:55le secteur de la promotion immobilière, c'est environ
04:5735 000 salariés, et on sait qu'on va en perdre
05:00une petite moitié, un gros tiers, une petite moitié, à peu près.
05:03Ce qui n'est pas rien quand même.
05:04Ce qui n'est pas rien. Mais au total, quand on prend
05:06toute l'activité, quand on prend le bâtiment,
05:08quand on prend tous ceux qui travaillent dans l'acte de construire,
05:10les notaires, les géomètres, les bureaux d'études,
05:12les bureaux de contrôle, les architectes, les déménageurs,
05:14les cuisinistes, etc., le calcul est clair,
05:17on sera sur 300 000 pertes d'emploi.
05:19Tout le monde est d'accord sur ce chiffre, on a créé l'alliance,
05:21une dizaine de fédérations, avec la fédération du bâtiment,
05:23l'USH, etc., et on est tous d'accord sur
05:26à peu près 300 000 emplois de perdus.
05:28Donc il est temps que le gouvernement prenne ce dossier en main,
05:31sinon c'est une catastrophe sociale à laquelle on va assister.
05:33Alors d'abord, il faut bien penser à tout ça.
05:35On est là aussi pour loger les Français.
05:37Le premier sujet, c'est comment allons-nous loger
05:39les Français ? Le deuxième sujet, c'est effectivement
05:41catastrophe sociale, catastrophe d'emploi.
05:44Comme par hasard, Bruno Le Maire dit qu'il ne manque
05:46que quelques milliards, c'est exactement
05:48ce qu'ils n'ont pas rentré en TVA,
05:50sur la TVA de vente immobilière.
05:5220% quand vous achetez un logement neuf.
05:54Les droits d'enregistrement dans l'ancien
05:56n'existent pas, ce qu'on appelle les DMTO,
05:58les droits de mutation qui tournent erreux.
06:00Donc tout ça, pourquoi ? Je ne sais pas.
06:02Nous, ce qu'on nous dit, c'est qu'ils veulent faire baisser le prix du logement.
06:04C'est peut-être possible dans l'ancien,
06:06puisque c'est un prix de marché.
06:08Nous, c'est un prix technique.
06:10J'annonce tout à l'heure, dans quelques heures,
06:12que le logement neuf a encore augmenté,
06:14malgré la crise,
06:16légèrement augmenté,
06:18c'est 1,9% sur l'année.
06:20Donc les logements neufs qui sont malgré tout construits,
06:22ils vont coûter plus cher ?
06:24Ils ont mis des normes, la complexité des normes,
06:26la complexité du système,
06:28de la construction en France,
06:30fait que oui, ça ne baissera pas.
06:32Merci Pascal Boulanger, merci d'avoir été en direct
06:34ce matin dans les studios d'Europe 1,
06:36de la Fédération des promoteurs immobiliers.
06:38Merci et courage pour l'ensemble de la profession.