Alain Bauer, professeur en criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), était l'invité de BFM Politique.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 -Alain Bauer, je voudrais qu'on parle de la situation au Proche-Orient,
00:02 et plus particulièrement à Rafa.
00:03 Environ 300 000 Palestiniens ont quitté le sud de l'enclave,
00:06 selon Israël, où les combats s'intensifient avec le Hamas.
00:08 Ça veut dire que la menace du président américain, Joe Biden,
00:10 de cesser les livraisons d'armes, ça n'a pas d'effet ?
00:13 -D'abord, c'est cesser les livraisons d'armes à venir,
00:15 pas celles qui sont déjà là,
00:17 et c'est cesser les livraisons de certains types d'armes
00:19 dont on considère... -Qui pourraient être utilisées
00:21 dans l'enfant-témoin. -Non.
00:23 Y compris les experts israéliens considèrent que ce type d'armes,
00:30 à cause de la proximité avec la frontière égyptienne,
00:32 et à cause du risque que cela représente,
00:34 non pas vis-à-vis des Palestiniens, du Hamas
00:36 ou de l'autorité palestinienne, mais de l'Égypte.
00:38 Donc voilà. Mais c'était une menace,
00:40 c'est la première fois qu'elle est exprimée dans ce sens.
00:42 -Quand on sait les relations entre Israël et les Etats-Unis,
00:45 est-ce qu'il y a une nouveauté ?
00:46 -Oui, pas parce qu'il y a des très mauvaises relations
00:48 entre monsieur Netanyahou et monsieur Biden,
00:50 parce qu'elles ont toujours été très mauvaises,
00:52 mais il existe une nouveauté d'arriver à ce niveau de menace.
00:56 En fait, le vrai problème d'Israël,
00:58 comme le raconte d'ailleurs une partie de l'état-major israélien
01:00 et même dans le cabinet de guerre, c'est qu'il n'y a pas d'après.
01:04 C'est la première guerre sans objectif stratégique d'après.
01:07 Il n'y a pas d'après. Il n'y a pas d'après
01:08 sur ce qu'on fait des deux millions de Palestiniens,
01:10 il n'y a pas d'après sur qui gère Gaza
01:13 et qui gère d'ailleurs la Cisjordanie,
01:16 où l'autorité palestinienne fait régner un semblant d'ordre,
01:18 alors qu'il y a des dizaines d'opérations tous les jours,
01:21 moins visibles, moins bombardées, mais avec de nombreuses armes.
01:23 - Benjamin Netanyahou a esquissé la possibilité d'un gouvernement,
01:26 je cite, à Gaza, avec des Gazaouis qui ne veulent pas notre destruction,
01:29 avec l'aide des Émirats Arabes Unis, de l'Arabie saoudite, d'autres pays.
01:31 - Oui. - C'est une menace dilatoire ?
01:33 - Oui, pour l'instant, les autres, on ne les voit pas bien.
01:35 Il y a effectivement un pays qui a la clé de la reconstruction de Gaza
01:39 et de sa pacification, c'est l'Arabie saoudite, et personne d'autre,
01:41 à cause des moyens considérables qu'il va falloir pour reconstruire Gaza.
01:45 Je ne sais pas ce que les Gazaouis en pensent,
01:47 ni ce qui reste du Hamas, ni de l'autorité palestinienne,
01:49 mais le vrai problème de toute cette affaire, c'est que depuis le début,
01:52 à part les représailles liées à l'horreur de l'opération terroriste du 7 octobre,
01:57 il n'y a aucun plan stratégique de c'est quoi la fin de la guerre,
02:01 quand est-ce qu'elle se termine,
02:02 puisque les objectifs de guerre sont inatteignables.