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Transcription
00:00Mathieu Mabin, bonjour, on vous retrouve comme chaque jour en direct de Washington.
00:03Alors sur cette suspension de livraison d'armes, la Maison-Blanche et le
00:06Pentagone se sont refusés à tout commentaire.
00:08Mais ça a filtré dans la presse, c'est un responsable américain qui en a parlé.
00:12Ça veut dire que les américains, là, ont un message à faire passer.
00:18Oui, même si la dernière chose dont le public sera réellement informé dans
00:23cette guerre à Gaza, c'est probablement l'état réel des stocks de munitions
00:27de l'armée israélienne qui, vous l'aurez noté, et malgré la consommation
00:32considérable qui en a été faite ces derniers mois, n'a jamais vraiment
00:36semblé constituer un problème pour le Sahel.
00:39Cela n'est absolument pas un secret.
00:41Les chaînes d'approvisionnement en munitions pour l'armée israélienne
00:44n'ont pas été vraiment perturbées depuis le début du conflit.
00:48Et ce, malgré le fait que le Congrès des Etats-Unis a mis plusieurs mois
00:52à valider l'aide militaire américaine à Israël.
00:55En réalité, les munitions dont on parle ici sont des bombes de presque
01:00une tonne, qu'on vient d'évoquer à l'instant, et qui équipent
01:04les bombardiers de l'armée de l'air israélienne.
01:07Elles ont effectivement été utilisées en nombre au début du conflit,
01:11on s'en souvient, et jusqu'à ce que Rafah devienne le dernier réduit
01:15des combattants du Hamas.
01:16C'est la situation d'aujourd'hui.
01:17Mais en communiquant sur le fait que ces munitions ne seraient plus livrées
01:22par le Pentagone, même s'il ne s'agit que d'une suspension,
01:25la diplomatie américaine confirme sa volonté, bien réelle cette fois,
01:29de contraindre l'armée israélienne à changer de méthode.
01:32Il n'est plus question pour Washington de tolérer les bombardements massifs
01:36qui, évidemment, ont causé ces derniers mois des pertes importantes
01:40dans la population de Gaza.
01:42Il s'agit au contraire de contraindre le ministère de la Défense israélien
01:46et les Etats-majors à mener des opérations plus ciblées,
01:50et notamment avec l'aide de la CIA.
01:52Et on va en parler dans quelques minutes.
01:53Mais surtout, de s'emparer de Rafa en menant des opérations d'infanterie,
01:58appuyées par des frappes aériennes beaucoup plus légères, on l'a dit.
02:02Et c'est là que la combinaison du renseignement, des frappes ciblées
02:07et des manœuvres d'infanterie va jouer un rôle déterminant.
02:09Aussi cynique que cela puisse paraître, il est parfaitement admis
02:14à la Maison-Blanche et dans l'environnement du président Biden
02:17que chaque mort civile à Gaza complique le dialogue entre Washington
02:22et les pays arabes voisins d'Israël, qui travaillent, on le rappelle depuis octobre,
02:28à maintenir un fragile équilibre diplomatique dans la région.
02:32C'est aussi une donnée qui a été largement intégrée par le Hamas, évidemment,
02:36qui choisit de livrer le combat exclusivement dans des zones densément peuplées, on le sait.
02:42Ces derniers jours, le Pentagone a d'ailleurs organisé,
02:45et vous y faisiez allusion à l'instant,
02:47une fuite par l'intermédiaire d'un général américain en retraite,
02:51révélant que Yahya Sinwar, le leader du Hamas le plus recherché par l'armée israélienne,
02:57pourrait se trouver à Rafah avec sa famille,
03:00dans quelques quartiers d'habitation très peuplés et surtout entourés de 15 à 20 otages.
03:05Ce qui aide Israël dans sa communication en reportant la faute des pertes civiles à Gaza,
03:11évidemment sur le Hamas,
03:13et en dénonçant l'utilisation de boucliers humains par l'organisation islamiste.
03:17Un argument, en revanche, qui n'a évidemment que très peu d'effet sur les opinions arabes,
03:22et même, je dirais, sur une partie de l'opinion américaine.
03:25La même opinion américaine qui reproche aujourd'hui à Joe Biden son soutien à Israël, à Gaza.
03:31Et donc, pour répondre directement à votre question,
03:34quand la diplomatie américaine annonce confisquer, en quelque sorte,
03:37à l'armée israélienne ses bombes les plus puissantes,
03:40il faut en réalité y voir un message de la Maison Blanche très clair aux opinions publiques,
03:44et particulièrement à cette frange de l'électorat américain
03:47qui ne supporte plus que les États-Unis participent aux opérations militaires à Gaza.
03:53Revenons aussi, Mathieu, sur ce déplacement,
03:55nouveau déplacement de William Burns, le patron de la CIA à Jérusalem.
03:59Il l'a rencontré tout à l'heure Benjamin Netanyahou.
04:02Très actif depuis le 7 octobre, et il le fait savoir.
04:05Ce n'est pas un peu surprenant pour un maître espion ?
04:11Oui, effectivement, il y a une vraie rupture,
04:13mais on constate une véritable rupture, sinon dans les méthodes de la CIA,
04:17au moins dans l'affichage.
04:19Quand je serais tenté de situer cette rupture,
04:22non pas à la guerre à Gaza, en réalité,
04:24mais au déclenchement de la guerre en Ukraine,
04:27quand les semaines qui ont précédé l'offensive,
04:30durant ces semaines qui ont précédé l'offensive russe en Ukraine,
04:33on a constaté ici à Washington, au Pentagone et à Langley, le siège de la CIA,
04:38un changement radical dans la communication de ces administrations
04:42qui ne sont pas particulièrement connues pour communiquer.
04:44Et là, on s'inscrit clairement dans le virage opéré par les puissances occidentales
04:49dans l'omène de la guerre informationnelle.
04:52Jusqu'à voir des notes de renseignements de la CIA rapidement déclassifiées,
04:56très inhabituellement rapidement déclassifiées,
05:00et converties en véritables communiqués de presse, en tout cas presque.
05:04C'est ce que j'ai évoqué à l'instant,
05:05quand on peut lire dans les colonnes du New York Times
05:08la situation des leaders de la branche armée du Hamas à Gaza
05:11et la manière dont ils se protègent derrière les otages et les civils.
05:15C'est une source de renseignements.
05:17Seule la CIA et les services de renseignement israéliens
05:20peuvent produire ce genre d'informations.
05:22Mais plus généralement, les déplacements visibles de William Burns,
05:25le patron de l'agence, sont une manière pour la diplomatie américaine
05:29d'afficher la coopération des services de renseignement dans la région.
05:33Cela a notamment été un sujet lors de la dernière rencontre
05:37entre Joe Biden et le roi Abdallah II de Jordanie,
05:40ces derniers jours ici à Washington.
05:42Le département d'État travaille dans une direction quasi unique
05:46depuis les jours qui ont suivi le 7 octobre
05:49et s'inscrit dans l'unique perspective d'un dialogue post-Hamas
05:53et l'émergence d'une autorité palestinienne renouvelée
05:57qui ne pourra pas non plus être le fatard.
05:59On en a beaucoup parlé sur notre antenne.
06:01Dans ce dialogue, l'administration israélienne est évidemment présente,
06:05mais elle n'est plus au premier plan.
06:07Il semble que les chancelleries arabes voisines d'Israël
06:10s'accordent avec Washington sur le fait qu'une solution à deux États
06:14ne sera possible que si et seulement si
06:18le projet est porté par des acteurs extérieurs à la crise.
06:21C'est-à-dire ni le Hamas, ni Benjamin Netanyahou bien sûr.
06:25Parmi les administrations qui survivent aux alternances dans le bureau ovale,
06:29la CIA reste la plus solide, celle qui a le plus de mémoire.
06:33En clair, il y aura un après Antony Blinken,
06:36il y aura un après Joe Biden à Washington,
06:38mais il n'y aura pas d'après CIA, même si le directeur change.
06:42Et enfin, si Washington veut voir Gaza libérée du Hamas,
06:46ce qui est le cas, l'administration américaine doit assumer
06:49quasiment ouvertement un travail d'identification
06:53et de protection des réseaux palestiniens potentiellement post-Hamas à Gaza.
06:59Merci infiniment Mathieu Mavin.

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