L’armée israélienne a déployé ce mardi des chars dans Rafah, au sud de la bande de Gaza, et pris le contrôle du passage frontalier avec l’Égypte. Tsahal affirme mener une opération de “contreterrorisme” dans des “zones spécifiques”, après avoir effectué des bombardements la veille. L’ONU a appelé l’État hébreu à “arrêter l’escalade” et à rouvrir les points de passage frontaliers de Rafah et de Kerem Shalom, par lesquels transitent l’aide humanitaire
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00:00Manifestement, il y avait cette volonté des Israéliens d'attaquer.
00:03Nous avons vu une recrudescence des bombardements.
00:06Il y avait eu, dès mon arrivée le 29 mai,
00:11il y avait une situation, le 29 avril,
00:13il y avait une situation de relatif calme.
00:16La population était dehors.
00:18Il y avait vraiment une grande animation dans les rues.
00:21C'était, on avait l'impression d'une situation de cesser le feu,
00:25si vous voulez. Et puis, brutalement, il y a 48 heures,
00:29les choses se sont accélérées, les bombardements étaient beaucoup plus intenses.
00:32Au même temps, se disait la volonté des Israéliens de prendre Rafah.
00:37Et nous avons senti le fait que nous devions nous évacuer assez rapidement.
00:43Normalement, on devait partir le 8.
00:45Et nous avons pris la décision assez rapidement de partir le 6.
00:48D'ailleurs, nous avons été bloqués au poste frontière pendant plus d'une heure
00:52sans savoir si nous pouvions ou pas sortir le 6 en fin de matinée.
00:57Et donc, voilà, seulement le soir, les chars israéliens étaient au poste de passage,
01:04dans la zone de passage de Rafah.
01:06Est-ce que vous étiez encore sur place lorsque les appels à évacuer Rafah
01:13ont été lancés par le gouvernement israélien ?
01:16Et est-ce que ces appels ont été entendus par la population de Rafah ?
01:22Oui, je vous l'ai dit que ça s'accompagnait au même temps
01:24d'une recrudescence des bombardements.
01:26Et des drones qui étaient beaucoup plus actifs là pendant ces 48 heures.
01:33Et donc, les gens ont bien senti qu'il fallait partir.
01:35Et certains d'entre eux commençaient à le faire.
01:38Il était entendu qu'ils devaient évacuer toute la partie est et sud de Rafah.
01:46Avant le lancement de cette opération
01:49et donc le fait que la ville de Rafah bascule d'une certaine manière dans une autre dimension,
01:55qu'avez-vous vu sur place dans cette ville de Rafah ?
01:58Comment vivent les gens ?
02:00Quelle est la situation humanitaire, Raphaël Pitti ?
02:03Nous n'avons pas cessé.
02:04C'est mon deuxième voyage à Rafah.
02:06J'y étais en janvier.
02:07La situation était déjà dans une situation de grande précarité.
02:11Les gens étaient dans une ville de 240 000 habitants
02:15qui passait brutalement à plus de 1,4 million.
02:18Ils vivaient dans une grande situation de pauvreté, de misérable,
02:23manquant d'eau, d'électricité, de nourriture, etc.
02:27Là, dans les premiers jours de mon arrivée,
02:30on avait plutôt l'impression que l'approvisionnement était plus important,
02:34que les gens étaient dans les rues,
02:35il y avait plus d'activité économique, etc.
02:38Et puis tout brutalement en 48 heures a basculé.
02:41J'ai vu une foule qui s'attendait justement à l'arrivée des Israéliens
02:46se précipiter dans les commerces
02:47pour essayer de faire des réserves de provisions pour ceux qui pouvaient acheter.
02:52Et c'était vraiment très impressionnant de voir toute cette foule crier, etc.
02:56Les magasins avaient pris la décision le 5 au soir de fermer à 17h
03:01parce qu'ils voulaient aussi partir et se protéger.
03:05Et donc il y a eu cette période d'animation très intense
03:08où les gens faisaient leurs courses le plus rapidement possible,
03:11comme une fin de Noël, je ne sais pas comment expliquer ça,
03:15mais c'était vraiment très important à vivre.
03:18On entend souvent parler de famine,
03:20on entend souvent dire aussi que les gens meurent de faim à Gaza.
03:25Ce n'est pas le cas à Rafah, c'est ce que vous êtes en train de nous expliquer.
03:29La faim, elle est surtout dans le Nord, bien évidemment.
03:33La famine, elle est surtout dans le Nord.
03:35Mais ce que l'on constate beaucoup à Rafah, c'est la dénutrition.
03:38Cette population n'a pas un régime équilibré,
03:41surtout les enfants, les personnes âgées.
03:43Et il y a beaucoup, beaucoup de dénutrition
03:45et donc des difficultés dans les cicatrisations qui prennent du retard
03:49et qui s'infectent assez facilement.
03:51Cela se constate très fortement au niveau de l'hôpital en particulier.
03:57Raphaël Pitti, les condamnations internationales sont nombreuses,
04:01mais on a quand même le sentiment qu'elles ne changent pas grand-chose.
04:04Aujourd'hui, le Premier ministre, à l'Assemblée nationale,
04:08a appelé une fois de plus à un cessez-le-feu.
04:10Et hier, dans un communiqué, l'Élysée a expliqué
04:15que ces déplacements de population qui étaient en cours en ce moment à Rafah
04:18constituaient un crime de guerre.
04:21Est-ce que vous considérez que la voix de la France,
04:25les mots de la France en ce moment sont à la hauteur ?
04:30Non, pas du tout, pas du tout.
04:31Bien évidemment, dans la situation que nous connaissons,
04:34que nous n'arrêtons pas, nous, les ONG, de dénoncer,
04:37il faut maintenant passer aux actes.
04:38Il ne suffit pas simplement de condamner.
04:40Et la France pourrait se singulariser justement par une prise d'opposition
04:44et d'action contre Israël
04:49du fait de ces crimes de guerre, de ces crimes contre l'humanité.
04:52Et même, j'en appelle à la population israélienne,
04:55si nous voulons sauver les otages,
04:56si nous voulons arrêter ce massacre contre une population innocente,
05:00alors il faut maintenant arrêter de fournir des armes à Israël,
05:03il faut rappeler notre ambassadeur,
05:05il faut limiter la sortie des dirigeants israéliens,
05:09il faut mettre en place des sanctions économiques.
05:11Il faut passer maintenant à l'action.
05:13Nous sommes en train d'assister à un massacre d'une population.
05:16Nous ne pouvons pas dire demain que nous ne savions pas.
05:19Nous le savons, nous le voyons, c'est au vu et au su de tout le monde
05:22et il faut maintenant réagir.
05:23Et j'en appelle surtout à la population israélienne.
05:26Si vous voulez voir vos otages vivants,
05:28il est vraiment important qu'il y ait ce cessez-le-feu.
05:32Et si nous voulons tous, sur le plan de l'humanité
05:35et de notre défense des droits de l'homme,
05:38il est vraiment très, très important que nous passons à l'action
05:40contre ce gouvernement fasciste de Netanyahou.